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Dans les cinquante dernières années, plus d’un million de jeunes ont migré vers un nouveau pays pour y être adoptés (Selman, 2022 ; 2023). Malgré l’ampleur de ce nombre, les connaissances dont on dispose quant aux trajectoires vécues par les jeunes adoptés de l’international et quant à leurs besoins en post-adoption sont limitées. En effet, l’adoption internationale est un champ d’études qui, à ce jour, a été beaucoup investi par les chercheurs et chercheuses en psychologie (Séguin-Baril et Saint-Jacques, 2023) ce qui a donné lieu à de nombreuses études importantes traitant des problèmes développementaux des jeunes adoptés. Il apparaît cependant essentiel d’examiner d’autres dimensions de la vie de ces jeunes. La présente étude poursuit l’objectif de comprendre de quoi se compose la trajectoire adoptive de ces jeunes en examinant les évènements, les transitions et les moments décisifs qui la ponctuent, de même que leurs besoins en lien avec celle-ci. L’étude s’appuie sur une approche qualitative. Quatorze entretiens semi-dirigés utilisant la méthode du récit de vie ont été réalisés auprès de 7 jeunes adultes adoptés de l’international. Les entretiens ont été soutenus par une adaptation du Retrospective Interview Technic (Huston et al., 1981) qui a permis d’explorer l’évolution des besoins des participants à travers le temps et de comprendre l’importance qu’ils accordent à leurs besoins. Cette communication sera l’occasion de présenter des résultats préliminaires de cette étude.

Les violences à l’encontre des femmes autochtones se situent à l’intersection de plusieurs systèmes d’oppression, les rendant indissociables des structures coloniales qui continuent de marquer l’organisation des services sociojudiciaires au Québec et au Canada (NWAC, 2010). La Commission d’enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019) conclut d’ailleurs que trop peu d’études adressent les violences faites aux femmes autochtones en contexte québécois. De plus, la majorité des recherches n’abordent pas les stratégies adoptées ni les ressources utilisées par les femmes. Ainsi, en partenariat avec Femmes Autochtones du Québec et la maison d’hébergement Haven House de la communauté Mi’gmaq de Listuguj, la présente étude explore les liens entre les trajectoires de vie des femmes autochtones ayant vécu des violences et les services disponibles pour elles dans et à l’extérieur des communautés. Cette recherche partenariale emploie une méthodologie qualitative pour explorer les trajectoires de dix membres de la communauté de Listuguj. Les résultats préliminaires démontrent que les violences faites aux femmes autochtones s’enracinent dès l’enfance, et que les violences structurelles nuisent à leur parcours de recours d’aide. Malgré cela, les femmes témoignent d’une incroyable résilience, et leurs cultures sont un pilier crucial pour leur mieux-être. Ce projet démontre donc le besoin pour des services inclusifs et culturellement sécuritaires au Québec.

Au cours des dernières décennies, le travail a connu d'importante mutations. L'augmentation de la compétitivité et de la concurrence dans les milieux de travail ont amené des changements qui ont affecté les formes d'organisation du travail, maintenant de plus en plus orientées vers de nouvelles exigences de performance et de qualité (Aubert, 2012; Dejours & Gernet, 2012). Ces changements ont  creusé l'espace entre les prescriptions de la haute direction et le réel de travail sur le terrain, laissant les cadres devant des situations ambigües, où la conciliation des commandes du haut et des demandes du bas devient de plus en plus difficile (Carballeda & Garrigou, 2001). Dans un tel contexte, les cadres font face à des enjeux éthiques dans leurs fonctions de gestion du personnel et sur lesquels ils ont très peu d'espace pour en délibérer (Mispleblom Beyer, 2006). Cette communication vise à mieux comprendre l'expérience subjective de cadres portant notamment sur les enjeux éthiques qui relèvent de leurs responsabilités à l'égard de l'organisation, de leurs employés, de leur collectif de travail et d'eux-mêmes. Une stratégie de recherche narrative a été utilisée auprès d'une trentaine de cadres de divers secteurs d'activité. Cette recherche permettra de mieux comprendre la position difficile à tenir des cadres qui sont à la fois les acteurs stratégiques d'une organisation et des sujets sensibles du travail en quête de reconnaissance (Dejours, 1993).

Cette recherche compare les pratiques parentales à l’adolescence dans 5 pays : États-Unis, Québec, France, Italie et Mexique. L’échantillon compte 1751 adolescents et leurs parents. Tous ont rempli un questionnaire composé de 4 échelles:  affection, contrôle et supervision, style disciplinaire et conflits. Les adolescents ont évalué ces variables pour la mère et le père; les parents ont répondu aux mêmes questions. Une analyse MANCOVA contrôlant l’effet de variables rivales a dégagé des différences globales entre les pays. Les analyses ANCOVA ont identifié des différences systématiques sur les mesures entre les pays. Globalement le niveau de proximité perçu par les adolescents et les parents est élevé partout. En revanche, toutes les mesures de contrôle donnent lieu à des différences très significatives. Pas de différence entre le Québec et les États-Unis qui partagent en commun un plus faible niveau d’exigences et de règles, un style disciplinaire marqué par la tolérance et la négociation, un faible niveau de conflits. La France et le Mexique se caractérisent par un niveau plus élevé de règles et d’exigences, un style disciplinaire plus répressif et coercitif, davantage de conflits. Globalement l’Italie occupe un niveau intermédiaire, se différenciant par des relations plus chaleureuses avec le père. Ces résultats sont interprétés à la lumière des perspectives ethnoculturelles qui opposent les valeurs éducatives parentales des sociétés individualistes et collectivistes.

Notre étude vise à développer une typologie des partenaires violents basée sur leurs caractéristiques de personnalité, regroupées sous l'Axe II du DSM-V, puis à vérifier si notre classification correspond ou diffère des typologies existantes. Nous comparons les profils des partenaires violents à travers différents outils psychométriques mesurant la psychopathie, l'impulsivité, les styles de pensée criminelle, et enfin le type de violence qu'ils exercent au sein de la relation intime. Une analyse de trajectoire sera réalisée afin d'examiner si les partenaires violents suivent des parcours spécifiques de violence.

Nous avons analysé les données de 121 partenaires incarcérés au Québec, incluant 100 auteurs de violences physiques et 21 auteurs de violences physiques et sexuelles. La collecte de données a été effectuée sous la forme d'entretiens semi-structurés, d'évaluations psychométriques et d'analyse de dossiers officiels. Une analyse en clusters permettra de catégoriser les partenaires en fonction de traits de personnalité, avec des comparaisons ultérieures via l'analyse de variance univariée (ANOVA) dans  le logiciel SPSS. De plus, une analyse de trajectoire dans le logiciel MPLUS explorera les trajectoires de violence distinctes et les facteurs influents.

Notre objectif est d'identifier des tendances uniques associées à différents profils de partenaires violents, afin d'améliorer notre compréhension de la variabilité des comportements violents. Cette recherche vise à identifier des pistes d'interventions ciblées, destinées à prévenir ces violences.

Introduction: Le vieillissement dans le domaine du VIH est un sujet émergent en Afrique. Le nombre des personnes âgées de 50 ans et plus atteintes du VIH augmente, mais la majorité d’entre elles ne fréquentent pas les associations d’appui aux pvVIH. L'objectif était de comprendre cette sous-fréquentation dans un contexte où les associations jouent un rôle important dans la prise en charge psychosociale.

Méthodes: Dans une approche qualitative, nous avons réalisé 16 entretiens semi-directifs avec des personnes âgées de 50 ans et plus séropositives et faisant partie de la cohorte ANRS 1215 au (CRCF).

Résultats: Les personnes âgées pensent qu’elles ont des besoins spécifiques liés et leur âge et à leur statut social. Les personnes qui ne sollicitent pas l’appui des associations sont le plus souvent : 1/ peu informées sur ce que peut leur apporter les associations ; 2/ elles bénéficient d’un réseau familial ou social qui les accompagnent dans leur traitement ; 3/ elles redoutent le manque de confidentialité. Elles pensent que les associations regroupent des personnes jeunes dont les préoccupations sont différentes des leurs. Il a été constaté que les associations ne développent pas de propositions ciblées d’accompagnement spécifique à l’égard des personnes âgées, comme elles le font pour d’autres groupes sociaux.

Conclusion: L’enquête a fait apparaitre une demande d’attention spécifique vis-à-vis des personnes âgées. Plusieurs propositions seront présentées dans la communication.

 



Cette communication rend compte des résultats préliminaires de ma recherche de doctorat en anthropologie, qui porte sur les expériences des personnes impliquées dans une union transnationale au Québec. Dans cette présentation, je vais me concentrer sur le vécu des personnes qui parrainent, souvent négligées dans les recherches concernant le parrainage conjugal. 

La procédure de parrainage octroie à la personne qui parraine la responsabilité de subvenir aux besoins essentiels de la ou des personnes parrainées, via le contrat d’engagement auprès du gouvernement du Québec. 

Au cours de ma recherche, j’ai recueilli plus d’une vingtaine de récits de vie de personnes qui ont parrainé un conjoint ou une conjointe (hommes et femmes) au Québec. Ils se déploient autour de trois moments distincts : celui qui précède le parrainage ; la période pendant laquelle ont cours toutes les démarches et l’« après », c’est-à-dire tout ce qui suit cette installation.  

Mes résultats préliminaires démontrent que les pouvoirs et responsabilités conférés aux personnes qui parrainent peuvent introduire un déséquilibre dans le couple. Leurs expériences sont conditionnées par le genre, l’orientation sexuelle, l’âge, les ressources financières et le statut migratoire préalable, entre autres. Leurs témoignages démontrent que malgré les difficultés, elles sont capables de mener des négociations complexes dans le but d’atteindre leur objectif : se réunir avec leur conjoint ou conjointe en contexte québécois.  

Rester amoureux alors que la maladie d’Alzheimer (MA) s’installe chez l’un des conjoints est difficile. La relation soignant-soigné est aux antipodes de la relation amoureuse, la première étant plutôt unidirectionnelle et la seconde, bidirectionnelle. Comment conserver la réciprocité dans le couple dans un tel contexte? Cette communication présente les résultats de la première étape d’une recherche-action visant à soutenir les conjoints aidants dans le maintien de leur expression affective et de leur réciprocité avec le conjoint MA grâce à une trousse d’activité sensorielle. L’objectif de la première étape était de documenter les besoins de réciprocité des conjoints aidants avec leur conjoint souffrant de MA et de comprendre les freins et les leviers à celle-ci. Pour se faire, 15 conjoints aidants de leur partenaire atteint de la MA ont participé à une entrevue semi-dirigée de 60 minutes. Les résultats de recherche ont été obtenus à partir d’analyses qualitatives du contenu des verbatims. Des manifestations de réciprocité ont été relevées chez les couples affectés par la MA notamment s’offrir du soutien ou de l’aide, vouloir partager des moments de proximité, se démontrer sa reconnaissance, rire ensemble, partager des activités. Certains facteurs semblent faciliter la réciprocité comme le fait d’éprouver des sentiments amoureux, accepter les limites de l’autre, être connectés au moment présent alors que d’autres semblent lui nuire par exemple vivre de l’impuissance, de la détresse ou un deuil blanc.

La question de la place du savoir dans le développement des sociétés africaines à travers l’image des universités et de ses intellectuels se pose avec acuité. Le nombre d’universités et d’enseignants et le faible maillage entre ces pôles de savoir et la société constituent en soi un paradoxe. Comment comprendre ce phénomène ? On voit se reproduire au sein des institutions universitaires des stéréotypes identitaires, linguistiques, ethno-tribaux et politico-politiciens. L’université est devenue un nouveau champ d'affrontements et les contingences nationales/domestiques y sont transposées. Au point où nombre d’auteurs s’accordent sur le fait que l’Afrique est malade de ses intellectuels qui ont largement failli et entretiennent des relations incestueuses avec le pouvoir politique. À côté, une catégorie d’intellectuels ont entrepris une entreprise de restauration des mémoires violées. C’est dans cette perspective que se situent les ateliers de la pensée de Dakar depuis 2016 dont l’un des objectifs entre autres est de réfléchir sur les formes de collaboration susceptibles de donner davantage de visibilité, de densité et de force, à la pensée, l’écriture et la création Afro-diasporique. C’est pourquoi, entre les savoirs savants (théoriques) et pratiques, nous pensons que l'urgence d'une rencontre s’impose. Cette rencontre est en mesure de créer des conditions nécessaires à l’émergence d’universitaires et intellectuels porteurs de causes pour une Afrique dé-marginalisée et audible.

Dans l’étude de la transmission intergénérationnelle des pratiques parentales, l’historique développemental du parent, et plus particulièrement la façon dont celui-ci a été élevé, constitue un élément déterminant pour comprendre comment il agit envers son propre enfant (Belsky, 1984). La littérature soutient empiriquement une « tradition des pratiques parentales », c’est-à-dire une une tendance générale à la continuité des pratiques à travers les générations (van IJzendoorn, 1992). Considérant les changements importants observés au sein des familles depuis plus d'une cinquantaine d'années, particulièrement au niveau de la paternité, il est intéressant de se questionner sur les facteurs ayant une influence sur la transmission des pratiques parentales à travers les générations. Dans le cadre de la présente étude, des pères d'adolescents ont complété un questionnaire en ligne portant sur leur répertoire actuel de pratiques parentales et sur les pratiques parentales qu'ils ont reçues à l'adolescence par leurs deux parents. Par le fait même, les modérateurs suivants ont été explorés: le genre du parent, le niveau d'implication parentale et la qualité de la relation parent-enfant. Les résultats préliminaires nous permettent de constater que les pères d’aujourd’hui se comparent principalement aux pratiques de leurs pères et non à celles de leurs mères. Par ailleurs, ils rapportent un plus grand niveau d’implication parentale envers leur enfant comparativement à leurs propres pères.

Le travail de rue est une pratique d’intervention de proximité qui se caractérise par son adaptation constante à la mouvance des publics rejoints directement dans leurs milieux de vie.  Ainsi, ce mode d’intervention hors-murs pose une exigence de continuel renouvellement du sens et des usages qui lui sont accordés afin d’en assurer l’adéquation au contexte culturel du territoire investi ainsi qu’aux besoins et aux aspirations des personnes rencontrées.  Subventionnée dans le cadre du programme Développement Savoir du CRSH, une recherche ethnographique en cours vise à décrire comment les interactions directes et indirectes des travailleurs de rue (entre eux, avec leurs coordonnateurs, les jeunes, les partenaires, les bailleurs de fonds, etc.) participent à la négociation du sens et des usages de cette pratique ainsi qu'à analyser comment cette négociation plurielle influence la définition et l’adéquation de l’intervention auprès des jeunes plus ou moins en rupture sociale. Cette enquête de terrain inclut des séances d’observation participante (auprès de deux organismes communautaires en travail de rue situés à Montréal et à Québec ainsi que des milieux associatifs québécois en travail de rue), la tenue de groupes de discussion avec divers acteurs concernés ainsi que de l’analyse documentaire.  La communication décrira l’enquête ethnographique réalisée par notre équipe de recherche et mettra en relief les faits saillants tirés de l’analyse préliminaire de nos résultats.



Connaissant la prévalence élevée de l’insatisfaction de son image corporelle chez les adolescents et les répercussions négatives qui en découlent, il est essentiel d’approfondir nos connaissances pour mieux comprendre son effet sur l’estime de soi et la santé mentale. Plus de 400 adolescents de la région du Saguenay ont répondu à plusieurs questionnaires afin d’évaluer l’estime de soi (RSE, Vallières et Vallerand, 1990), la présence de symptômes d’anxiété (MASC, Leroux et Robaey,
1999) et, de dépression (CES-D-F, Riddle, Blais et Hess, 1995), ainsi que l’insatisfaction à l’égard de son image corporelle (comparaison de deux échelles représentant chacun 9 dessins de silhouettes, Thompson et Gray, 1995). Les résultats indiquent qu'une forte proportion d'adolescents sont insatisfaits de leur image corporelle, et que plusieurs ont déjà tenté de perdre du poids. Les résultats indiquent également que l’insatisfaction à l’égard de son image corporelle est associée à plusieurs indicateurs de la santé psychologique et seront discutés lors de la présentation. L’importance d’intervenir à améliorer les perceptions qu’ont les jeunes de leur image corporelle est un élément important en faveur d’une évolution positive de l’estime de soi et de leur santé psychologique. Il importe donc de mieux comprendre  les effets d’une mauvaise perception de son image pour permettre un meilleur soutien aux jeunes.

Dans cette communication il sera question de la méthodologie qui a été privilégiée lors d’une recherche qualitative en travail social sur les aspirations d’aînés nés à l’extérieur du Canada. Croisant la perspective du parcours de vie, à une perspective transnationale et une analyse intersectionnelle, cette recherche avait comme posture de donner la parole aux aînés, susciter leur réflexivité et valoriser leur pouvoir d’agir. S’inspirant de l’analyse par théorisation ancrée au sens de Paillé (1994), la démarche privilégiée dans cette étude appréhendait les aînés comme des détenteurs de connaissances et a permis de (re)connaître leurs savoirs. En cohérence avec la posture de la recherche, le récit de vie – plus précisément, le récit migratoire – a été utilisé comme outil principal de collecte des données afin de donner un droit de parole aux principaux concernés. Cela s’est traduit à travers une démarche d’aller-retour sur le terrain, laquelle a permis à la fois de valider les hypothèses et analyses de la chercheure avec celles des participants et de co-construire avec les leurs tout au long du processus de recherche.

L’approche anthropologique de la sécurité dans les pays du sud examine les dynamiques urbaines et leurs capacités à négocier avec l'organisation politique. Dans le paysage urbain, plusieurs catégories d’acteurs interviennent dans l’environnement sécuritaire. Ainsi, la privatisation de la sécurité apporte une vision nouvelle dans la conception de la gouvernementalité. Cette réflexion discute de la participation des initiatives vernaculaires dans le processus de sécurité. Et l'idée principale est d'interroger les dynamiques locales (populaires et ethniques) dans ce processus. Comment leurs actions peuvent être comprises non comme une défaillance de l'État en matière de sécurité, mais comme une stratégie politique pour gouverner les habitants dans différents quartiers de la ville. Le concept de gouvernementalité sécuritaire est convoqué à charge pour examiner les perceptions sociales de la peur. Les villes du Cameroun seront le champ social de notre observation en raison de la dynamique particulière de sa population : nous aurons Douala et Yaoundé comme principaux cas. Ainsi, nous suggérons de discuter du processus de sécurité offert par l'État ensuite, nous argumenterons sur les actions initiées par tous les acteurs impliqués dans le paysage de la sécurité. Enfin, nous pourrons comprendre les causes de la recrudescence de l'insécurité et comment l'État peut être le premier bénéficiaire d’un ‘‘malaise social’’.

Selon les écrits provenant du Canada et d'ailleurs dans le monde, il apparaît que les personnes trans sont, à l’heure actuelle, victimes de transphobie ; une problématique sociale présente partout. La binarité homme vs femme est en effet profondément ancrée dans les cultures et l’histoire, et les pressions sociales à s'y conformer sont très fortes. Ainsi, dès que des personnes dérogent de ces normes sociales, elles s’exposent à la marginalisation, au harcèlement, à l’isolement et à la violence. Les études montrent que cette situation, source de dysphorie, occasionne chez les personnes trans, des taux de plus de 60% de dépression majeure, de plus de 50% d'automutilation, de 65% d'idéations suicidaires et de 35% de tentative de suicide, et ce, au cours de la dernière année. Dans le contexte où des changements législatifs importants ont eu lieu au Québec en 2016, 13 intervenants psychosociaux spécialisés auprès de cette clientèle ont été interviewés à travers la province afin de connaître leurs perspectives concernant l'état de la situation vécue par les personnes trans. Les résultats révèlent que, bien que la situation s’améliore, plusieurs problèmes relevés dans la littérature persistent : services spécialisés quasi inexistants et forte méconnaissance de cette réalité chez les professionnels du réseau de la santé et des services sociaux, manque de reconnaissance de cette réalité, discrimination sociale, etc. Certaines pistes de solution ont finalement été explorées.

Contexte : L’immigration affecte particulièrement les enfants et les adolescents, qui sont environ dix millions à immigrer chaque année. Le processus migratoire est jalonné de défis pour les familles, qui peuvent compromettre la capacité des parents à soutenir adéquatement le développement. L’interaction entre le stress vécu par l’enfant et la difficulté de son milieu à le soutenir le mettent plus à risque de développer des problèmes de santé mentale.  

Objectif : Présenter les résultats d’une étude exploratoire visant à décrire l’adaptation d’enfants ayant vécu l’immigration au cours des trois dernières années.

Méthode : Cette étude utilise un devis mixte. Les données ont été collectées à l’aide du Dominique interactif, un questionnaire informatisé auto-administré, et d’un entretien semi-dirigé utilisant le récit narratif.

Résultats : Trente enfants âgés de de 6 à 14 ans et ayant immigré au Canada ont participé à l’étude. Les résultats mettent en lumière l’adaptation difficile de certains enfants à la transition migratoire. Les caractéristiques soécioéconomiques agissant comme facteur de risque et de protection pour la santé mentale des enfants seront présentées, de même que les principales difficultés rapportées par les enfants. 

Conclusion : Bien que l’échantillon soit petit et non représentatif, il semble que l’immigration agit comme un facteurs de risque pour la santé mentale des enfants. Les retombées de ce projet pour la pratique et la recherche seront discutées.

Cette communication s'appuie sur une recherche doctorale en cours qui examine les mécanismes sociaux à l’origine des inégalités raciales observées face au VIH et au sida en France, où les personnes noires présentent une incidence du VIH plus élevée que la population générale (Marty et al., 2018). 

Dans une approche critique et intersectionnelle, nous avons réalisé 70 entretiens entre janvier 2022 et février 2023 dans les métropoles parisienne (N = 48) et toulousaine (N = 22), auprès de « professionnel·les » des secteurs sanitaire et social et d'« individus » noir·es âgé·es de 18 ans et plus. D'une part, nous avons interrogé les pratiques professionnelles comme facteur d'amélioration de l'accès aux services sociaux et de santé ou, au contraire, de défavorisation. D'autre part, nous avons interrogé les opinions et l'expérience du VIH des individus (rétrospective et actuelle), leurs trajectoires générales de santé et leurs conditions de vie.

Nos analyses mettent en lumière l’impact de l’allophonie sur les parcours sanitaires et sociaux des personnes en France. Tout d’abord, les allophones sont désavantagées dans toutes les procédures administratives et le recours à l’interprétariat professionnalisé n’est pas systématique. Certain·es professionnel·les n’y ont jamais recours, ce qui dégrade sensiblement la qualité des soins prodigués, quand d’autres demandent à des proches de patient·es ou à des collègues de traduire les échanges, compromettant ainsi la confidentialité.

Problématique: En criminologie, il est pertinent de considérer les perspectives des victimes et des contrevenants. Ainsi, lorsqu’on étudie la réconciliation en contexte de conflit postcolonial, il faut inclure le groupe colonisateur et non uniquement les populations victimisées comme il est plus commun de voir dans la littérature. On considère donc le processus de réconciliation comme étant dynamique et multidimensionnel pour lequel la participation active des membres de la population avantagée est nécessaire. Question de recherche: Quelles sont les perceptions des étudiants allochtones (3 groupes de québécois :francophones, anglophones et immigrants) envers le processus de réconciliation avec les peuples autochtones? Cette recherche suppose que plusieurs facteurs jouent un rôle conséquent sur la réconciliation, dont la reconnaissance de la victimisation, l’expression de sentiments prosociaux, les attitudes nationalistes ainsi que la compétition entre victimes. Résultats (à l’aide de groupes focus): les 3 groupes ont émis des attitudes favorables envers le processus de réconciliation tout en exprimant des sentiments d’impuissance. Alors que la reconnaissance de la victimisation historique est unanime, celle des violences structurelles et actuelles est principalement soulevée par le groupe d’immigrants. Cette non reconnaissance de l’état actuel des peuples autochtones vient alors jouer un rôle au niveau de plusieurs attitudes pouvant restreindre le processus de réconciliation.

L’objectif de cette recherche est d’évaluer l’action du gouvernement canadien en matière de bilinguisme dans le domaine de la santé.  Le Plan d'Action de Santé Canada 2009-2013 à l'appui de la partie VII de la Loi sur les langues officielles vise à renforcer l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Celle-ci améliore l’accès aux services de santé et renforce l’égalité dans l’usage des langues officielles. Selon la théorie de la complétude institutionnelle de Raymond Breton, les groupes minoritaires prospèrent lorsque les institutions publiques régionales peuvent satisfaire à leurs besoins fondamentaux. Les services de santé sont le secteur dans lequel les citoyens sont les plus vulnérables et sont un indicateur déterminant d’une communauté active et saine. Notre méthodologie allie des analyses documentaires, des entrevues conduites avec des coordonnateurs régionaux du plan d’action de Santé Canada, et des entrevues d'usagers de la province de la Colombie-Britannique. Ce corpus nous permet d'offrir un éclairage sur l’évolution de cette politique et d'évaluer l’efficacité de son application. Il nous permet d’examiner les avantages et les désavantages de cette politique pour les communautés et pour les gouvernements. Nous pouvons alors proposer quelques recommandations de politique publique qui contribueraient à améliorer l’impact du Plan d’Action et plus largement, à la politique en faveur du bilinguisme à l’échelle du Canada en entier.

Malgré les nombreuses études sur la prostitution, peu d’entre elles procurent des informations scientifiques valides sur les personnes offrant des services sexuels dans des contextes autres que la prostitution de rue. La présente étude évalue le profil psychosocial de danseurs (n=21; M=28,7 ans; ET=7,4) et danseuses (n=50; M=25,7 ans; ET=5,1) érotiques, en utilisant des groupes contrôles d’hommes (n=26; M=26,4 ans; ET=7,8) et de femmes (n=50; M=27,6; ET=9,2) n’offrant pas de services sexuels. Les danseurs et danseuses ont été recrutés dans des bars et les participants des groupes contrôles, dans des centres d’achats. Des questionnaires ont été administrés aux participants lors d’une entrevue individuelle semi-structurée. Les résultats démontrent que, pour la majorité des variables évaluées, les danseurs et les danseuses ne diffèrent pas significativement entre eux et ne diffèrent pas significativement de leur groupe contrôle respectif. Certaines différences significatives sont toutefois observées entre les danseurs et leur groupe contrôle (ex : plus de comparutions à la Cour chez les danseurs, 62% vs 15%, χ2=10,9, p<0,01), entre les danseuses et leur groupe contrôle (ex : plus de violence au travail chez les danseuses, 70 % vs 20%, χ2=24,5, p<0,001) et entre les danseurs et les danseuses (ex : départ du foyer familial à un plus jeune âge chez les danseuses, M=18 ans vs M=20 ans, t=2,1, p<0,05). Les retombées cliniques et théoriques de ces résultats seront discutées.

La littérature suggère que les mères d’enfants dont l’attachement est sécurisé ont des interactions dyadiques optimales et que les mères d’enfants dont l’attachement est désorganisé ont des interactions dyadiques caractérisées comme étant les moins fonctionnelles (Dubois-Comtois et Moss, 2004). Toutefois, ceci n’a pas encore été testé chez les dyades père-enfant. L’objectif de la présente étude est d’examiner la qualité des interactions dyadiques  mère-enfant et père-enfant en fonction de l’attachement des enfants. Cent-dix-neuf enfants (63 filles; Mâge=46,46 mois, É.-T.=8,56) ont participé à deux visites en laboratoire avec chacun de leurs parents (ordre contrebalancé) où on demandait au parent d’exécuter une activité qui fait rire son enfant durant une période de 2 minutes. La dyade participait ensuite à une procédure de séparation-réunion (Cassidy et Marvin, 1992). Des analyses de variances avec contrastes planifiées révèlent que les interactions dyadiques mère-enfant et les interactions dyadiques père-enfant diffèrent significativement selon l’attachement de l’enfant où les enfants sécurisés (B) ont les interactions les plus fonctionnelles, les enfants désorganisés (D) ont les interactions les moins fonctionnelles et les enfants des groupes insécurisés-organisés (A, C) se situent entre les deux (Tableau 1). Ainsi, la dynamique entre l’attachement et les interactions dyadiques avec les pères est semblable à ce qui a été observé chez les mères.

Plusieurs travaux documentent les barrières d’accès et les impacts des services sur la santé sexuelle des jeunes en situation de rue (Slesnick et Kang, 2008). Or, peu d’études tentent de comprendre, à partir de leur point de vue, les motifs d’utilisation ou non des services en santé sexuelle chez ces jeunes. 33 jeunes en situation de rue (17 hommes; 16 femmes) âgés entre 18 et 25 ans ont été rencontrés en entrevue individuelle. Une analyse qualitative a été effectuée à partir des étapes de décontextualisation et de recontextualisation des données (Tesch, 1990). Les résultats préliminaires indiquent deux motifs à l’utilisation des services en santé sexuelle: 1) la peur des conséquences négatives des ITSS; 2) le sentiment de vulnérabilité en raison d’expériences sexuelles non protégées ou menaçantes pour la santé sexuelle, notamment la prostitution. La non-utilisation des services en santé sexuelle est justifiée, quant à elle, à partir de trois motifs : 1) la méconnaissance des services; 2) le malaise à discuter de sexualité avec les intervenants; 3) l’impression de ne pas avoir besoin de ces services en raison, entre autres, d’une protection sexuelle assidue. Cette étude illustre que les jeunes tendent à réduire l’utilisation qu’ils font ou non des services à la prévention des risques sexuels, sans tenir compte des enjeux affectifs liés à la sexualité. Des pistes seront discutées pour repenser et publiciser davantage l’offre de services en santé sexuelle pour ces jeunes.

Plusieurs études soulignent le rôle protecteur du soutien social pour réduire le risque de subir ou de perpétrer de la violence au sein des relations intimes à l’adolescence. Or, nous en savons peu sur les liens entre le soutien social et le contrôle (c.-à-d. exercer son pouvoir sur les pensées, les sentiments ou les comportements de son partenaire), une forme de violence courante, mais peu étudiée à l’adolescence. Cette étude vise à examiner les associations entre le soutien social des amis, de la famille et du partenaire et le contrôle subi et infligé au sein d’un échantillon de 279 dyades adolescentes. Les résultats d’une analyse par équations structurelles basée sur le modèle d’interdépendance acteur-partenaire indiquent que chez les filles, le soutien reçu des amis et du partenaire est négativement associé à leur propre perpétration de contrôle, alors qu’aucune forme de soutien ne serait liée à la perpétration de contrôle par les garçons. Chez les deux membres de la dyade, le soutien reçu du partenaire est négativement associé au fait de subir du contrôle. Le soutien de la famille ne serait pas associé au contrôle dans ce modèle. Les stratégies préventives devraient favoriser le soutien des pairs pour contribuer à réduire le contrôle perpétré par les filles. Chez les garçons, les résultats suggèrent que le soutien social, à l’exception de celui reçu du partenaire, ne constituerait pas un facteur de protection significatif contre les comportements de contrôle.

Il a été démontré dans les écrits que la socialisation des émotions, définie comme les comportements parentaux ayant une influence sur l’expression et l'expérience des émotions de leur enfant, a un effet sur la dépression adulte. Toutefois, les mécanismes expliquant les effets persistants de la socialisation des émotions sont peu connus. Une hypothèse proposée est qu’elle aurait un effet sur la régulation émotionnelle adulte, ce qui amènerait des problèmes internalisés comme la dépression. Les hypothèses de la présente étude sont : 1) Plus une personne rapporte rétrospectivement une socialisation des émotions non soutenante, plus elle aura d’affects dépressifs; 2) Cette relation sera médiatisée par la dérégulation émotionnelle. L’échantillon était composé de 138 étudiants universitaires (106 femmes, âge moyen de 21,48 ans). Les questionnaires qui ont été administrés sont le McLean Screening Instrument for Borderline Personality Disorder, le Questionnaire de Socialisation des Émotions et l’échelle de dépression du Brief Symptom Inventory, qui visaient à évaluer respectivement la dérégulation émotionnelle, la socialisation des émotions et les affects dépressifs. Des analyses de régression hiérarchique ont mis en évidence un modèle de médiation complète, c’est-à-dire que la socialisation des émotions a un impact sur la dépression adulte en passant par l’importance des traits de personnalité borderline, indicateur du niveau de  dérégulation émotionnelle.

Mon travail doctoral vise à analyser et comprendre les tendances qui traversent les politiques publiques suisses et québecoises au sujet du traitement social et de la détermination de jeunes souffrant de troubles psychiques. Avec une analyse des pratiques et des représentations des praticiens du milieu socio-sanitaire qui gravitent autour de jeunes qui souffrent de troubles psychiques, il s’agit de comprendre comment les professionnels, dans deux contextes socio-culturels différents, vont composer avec la difficulté de devoir traiter avec un public d’entre-deux, à savoir, un public qui est ni enfant, ni adulte, ni normal, ni pathologique dans leur« cheminement émancipatoire » ou leur « processus d’autonomisation ». Dans cette communication il s'agira de revenir sur les premiers résultats de mes terrains réalisés en Suisse. Comme le titre de la communication l'indique, les professionnels sont bien souvent encombrés lorsqu'ils sont amenés à évaluer les capacités à travailler de ces jeunes. Il s'agira alors de spécifier les pratiques d'intervention mobilisées qui bien souvent s'avèrent stratégiques, réactualisant alors l'idée d'un pouvoir discrétionnaire des agents intermédiaires de l'action publique (Lipsky, 1980).