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Notre proposition a pour but de présenter un outil d’analyse de discours élaboré entre 2008 et 2011 et testé par la chercheure lors d’enquêtes et d’analyses menées pour sa thèse de Doctorat. Le présent outil est une grille d’analyse discursive dans laquelle nous faisons la distinction entre le phénotexte (le texte dans sa manifestation matérielle) comportant des traits issus de la situation d'énonciation orale d'origine que nous noterons, et le génotexte, composé des structures productrices du texte. Nous en donnons ici les principes essentiels, appliqués au champ du conflit structurant, analysé dans les rapports des couples multiculturels à La Réunion. Épistémologiquement, l’approche adoptée pose une axiologie et des positions sociosubjectives souvent potentialisées (Lupasco), qu’un contexte vient mobiliser dans des stratégies discursives variées appliquées au matériau linguistique (champs et réseaux lexicosémantiques, actes langagiers…) en fonction d’une visée pragmatique. Le modèle privilégie ainsi une perspective dynamique, créative, émergente au fil du discours (Varela), que l’analyse se propose de décrire. Notre objectif, dans cet article,  outre que de présenter un outil original vise la dimension épistémologique et méthodologique, mais nous fournirons aussi des résultats de cette recherche en montrant  des exemples d’analyse textuelle à travers l’application de notre outil.

 

Dans ce travail, nous nous proposons d’étudier la paraphrase basée sur les collocations à verbes supports en malgache et en français qui se distinguent surtout par leurs verbes et leurs structures syntaxiques. Ce sont les paraphrases  telles manome fanampiana ‘donner de l’aide’ ≈ mahazo fanampiana ‘recevoir de l’aide’ ≈ avy… ny fanampiana ‘l’aide vient de…’ ≈ mahakasika… ny fanampiana ‘l’aide concerne’. Nous allons déterminer les caractéristiques lexicales, sémantiques et syntaxiques des paraphrases collocationnelles mettant en jeu des collocations à verbes supports en malgache et faire la comparaison avec le français afin de ressortir leurs ressemblances et leurs différences; identifier les liens paraphrastiques sous-jacents aux paraphrases basées sur ces collocations en malgache et faire la comparaison avec le français et finalement appliquer les règles de paraphrasage impliquant les verbes supports de la Théorie Sens-Texte en malgache afin de les tester et de proposer de nouvelles règles, le cas échéant.

Pour faire notre analyse, nous allons adopter la Théorie Sens-Texte, une théorie linguistique développée par Mel’čuk (2016). Elle accorde une place importante à la paraphrase. Elle propose un modèle fonctionnel de la langue naturelle, le modèle Sens-Texte, qui permet de relier un sens donné à l’ensemble des paraphrases, qui expriment ce sens.

Bibliographie

Mel’čuk, I. A. (2016). Language : From meaning to Text. (Ed.) David Beck. Boston : Academic Studies Press.

 

Dans plusieurs structures de l’anglais et du français, la portée des quantificateurs est ambigüe. Par contre, il a été constaté que leur portée est « gelée » dans certaines structures, entre-autres, dans l’alternance locative des compléments de verbes « spray-load » en anglais, et de verbes apparentés en français ((1) et (2)).

(1)  a. The workers loaded a truck WITH every box. (a>every, *every>a)

     b. Les ouvriers ont chargé un camion DE chaque boite. (un>chaque, *chaque>un)

(2)  a. The waiter cleared a table OF every dish. (a>every, *every>a)

     b. Le serveur a débarrassé une table DE chaque assiette. (un>chaque, *chaque>un)

(3)  Les ouvriers ont chargé un camion AVEC chaque boite. (un>chaque, chaque>un)

Nous avons collecté des jugements d’acceptabilité pour l’interprétation du Lieu en (1) et (2) comme singulier ou pluriel, pour l'anglais. Les données de 56 locuteurs natifs ont montré que tandis que la portée en (1) n’est pas figée, elle l’est en (2), quand la préposition qui introduit le Thème est of. Pour expliquer ce résultat, nous proposons une analyse syntaxique qui réunit les faits de l’anglais à ceux du français : la portée est figée quand la préposition est of/de, mais ambigüe quand elle est with/avec. La phrase anglaise en (1) se comporte plutôt comme sa paire en (3). Nous suggérons que le constat original est dû à des facteurs sémantiques et de traitement de phrase qui mènent à une forte préférence pour la portée de surface en (1). 



Ma communication vise une réflexion sur la norme écrite franco-canadienne en proposant une étude métalexicographique du nouveau dictionnaire québécois de langue française informatisé Usito. Ce dernier propose une description globale du lexique français, tout en intégrant à sa nomenclature un lexique à l’usage et au contexte québécois, mais également nord-américain (Cajolet-Laganière & Martel 2008). Dans le but de mieux comprendre la façon dont le discours métalinguistique de cet ouvrage s’articule, j'ai entrepris un dépouillement et une analyse métalexicographique de ses régionalismes, ses archaïsmes, ses anglicismes et ses francismes. Je me penche à la fois sur la macrostructure et la microstructure de ses entrées. De manière parallèle, je relève également les entrées semblables dans le dictionnaire non différentiel de langue française sur support électronique, le Petit Robert informatisé  2013, afin de comparer les similarités et différences de ses choix lexicographiques.  Mes résultats préliminaires montrent plusieurs différences importantes dans la microstructure des entrées de ces deux dictionnaires, en particulier les marques d’usage, ce qui s’explique évidemment par leur projet différent. En conclusion, en démystifiant Usito, je participe à l'avancement des connaissances sur le paysage lexicographique francophone, les outils lexicographiques étant de bons objets d’étude pour comprendre l’importance que l’on donne à la légitimité d’une langue et à ses variétés.

La rétroaction corrective écrite (RCE) a été amplement étudiée dans la littérature sur l’acquisition d’une langue seconde. Bien qu’il y ait maintenant un consensus sur le fait que la RCE est bénéfique pour l’apprentissage des langues secondes/étrangères, peu de recherches ont examiné la manière dont les apprenants analysent les différents types de rétroaction. 

Dans cette communication, on présente une étude de méthodes mixtes comparant comment les apprenants du français langue étrangère (FLE) analysent deux types de RCE : la rétroaction indirecte (codes) et la rétroaction directe. 27 apprenants adultes du FLE qui ont suivi un cours d’expression écrite dans une université publique au Costa Rica ont participé à cette étude. 

La collecte de données a compris deux tâches d’écriture et des réflexions à haute voix de la part des apprenants au moment d’analyser la RCE reçue dans leurs textes.

Bien que les résultats n’aient montré aucune relation significative entre le type de rétroaction et la profondeur d’analyse de la RCE des apprenants, des relations significatives ont été trouvées pour la profondeur d’analyse de la RCE et certains types d’erreurs. L’analyse a montré une interaction significative entre le type d’erreur et la condition de rétroaction, ainsi que le type d’erreur et la profondeur d’analyse de la RCE. Les implications pédagogiques et avenues de recherche quant à l’analyse en profondeur de la rétroaction corrective écrite en français langue étrangère sont discutées.

Une langue peut susciter aussi violemment passions que frustrations. Au fil des siècles, changeante, elle engendre l’appréhension. Pourtant  « [l]’évolution de l’orthographe n’est […] pas nouvelle – au contraire : c’est une caractéristique des langues vivantes. » (Renouvo, 2011, 2). Souscrire à une évolution commande souplesse et adaptabilité. La réforme de 1990 est encensée ou décriée : « [s]es propositions […] tiennent plus d’une bonne action, modeste, que d’une réforme en règle. » (Desrochers et al., 2008, 17).

 

Nous avons provoqué une réflexion sur le rôle que devraient jouer les décideurs dans sa diffusion ou son étouffement en sollicitant la collaboration de plus de 450 étudiants inscrits au 1er cycle à l’UQTR et de membres du corps professoral. Notre échantillon ne se limite pas à des personnes spécialisées dans l’enseignement du français à différents ordres d’enseignement (Simard, 1994), mais à une gente en milieu universitaire francophone appelée à recourir au français écrit pour mener à bien ses tâches quotidiennes.

 

À partir d’items ciblés à juger selon une échelle graduée, suivis d’une question ouverte, chacun a exprimé ses expectatives sur le sujet. Après avoir discuté les résultats obtenus à partir des données quantitatives et présenté les données qualitatives compilées à l’issue de la question ouverte, nous esquisserons des recommandations à destination d’instances qui ont en charge la gestion de la qualité de la langue française écrite en milieu universitaire.

Chaque langue possède des mots techniques qui appartiennent à des domaines spécifiques et comptent, en général, pour 5% de mots des textes spécialisés (Nation, 2001). La connaissance de ces mots techniques est utile pour les buts spécifiques comme lire des articles, écrire des rapports techniques, etc. (Nation, 2001). L’élaboration des listes de mots spécialisés est une tâche complexe. Le progrès de l’informatique nous permet aujourd’hui de travailler sur les corpus de langue afin d’établir ces listes. Le but de cette étude est de créer une liste du vocabulaire spécialisé du football (soccer au Canada) en français en utilisant les outils conçus par Tom Cobb, sur le site d’internet de Lextutor et de répondre aux questions portant sur la possibilité d’établir une liste de mots spécialisés du football, sa validité, le pourcentage de mots dans un texte du football, couvert par la liste des mots spécialisés du football et la ressemblance du vocabulaire du football avec d’autres domaines.

Un corpus de 200,000 mots des textes du football a été réuni et une liste de 368 mots les plus récurrents dans le corpus du football a été établie. Les analyses et les tests de validation corroborent en grand partie la fiabilité de la liste technique. En fait, la liste des mots techniques du football fournit une couverture de 5.04% des mots d’un texte du football et a très peu en commun avec le vocabulaire des autres domaines. Les outils et les limites de la recherche sont également analysés.

 

Parmi les nombreux apprentissages que doit faire l’enfant au cours de son développement langagier, ce dernier doit distinguer des structures grammaticales différentes mais qui semblent similaires en surface. Un exemple d'un tel apprentissage est la forme réflexive (par ex. il se lave) et la forme transitive (par ex. il le lave), dont le sens est différent mais qui sont identiques dans l'ordre des mots. Puisqu’aucune étude en français ne s’est encore intéressée à ces connaissances grammaticales, dans le cadre de cette recherche, nous avons examiné si les jeunes enfants de 30 mois comprennent la différence entre ces deux structures. Un logiciel a présenté deux images côte à côte, une montrant une scène transitive et l’autre réfléchie, et cela tout en présentant un discours préenregistré décrivant l’une des deux scènes (par ex., il se lave). Les données ont été recueillies avec un système de suivi oculaire (eye-tracker). Les résultats (36 enfants) indiquent que lorsque les enfants ont entendu la phrase, ils ont regardé l’image cible significativement plus que le hasard et qu’avant la phrase, ce qui démontre que les enfants comprennent la différence entre pronoms réflexifs et transitifs.

La comparaison du timbre de schwa (/ə/) avec celui des deux autres voyelles moyennes antérieures arrondies (VMAA), /œ/ et /ø/, est parfois utilisée pour justifier un statut phonologique en français (ex : Burki et al. 2008). Toutefois, certains facteurs, notamment la distribution des VMAA, sont susceptibles d’introduire des différences de timbre. Sur le plan syllabique, la distribution est quasi-complémentaire, comme le résume la figure 1, inspirée de Séguin (2010). Pour ce qui est de la distribution morphologique, Andreassen (2011) montre que, dans le contexte de [C_C(C)…], les VMAA orthographiées <eu> (donc typiquement catégorisées comme un /œ/ ou un /ø/) se retrouvent dans des morphèmes monosyllabiques (ex : meuble, jeun-esse). Au contraire, les VMAA orthographiées <e> (typiquement catégorisées comme schwa) se retrouvent en syllabes non finales de morphèmes polysyllabiques (ex : cerise).  À la lumière de la base de données Lexique 3, je propose qu’il est possible de généraliser le constat d’Andreassen (2011) : /œ/ ne se retrouve qu’en syllabe finale de morphème. Schwa et /œ/ se retrouvent donc en distribution morphologique complémentaire. À la lumière de cette distribution, en français laurentien, des différences phonétiques minimes retrouvées entre schwa et /œ/ dans un même contexte syllabique pourraient s’expliquer par la distribution morphologique, puisque le contexte morphologique est susceptible d’influencer la réalisation phonétique (Dumas, 1974).

Dans le cadre d'une recherche en cours (financée par l'Agence Nationale de la Recherche française) sur l'acquisition en dialogue des expressions référentielles par l'enfant (Salazar-Orvig et al. 2006 ; 2010) nous avons filmé 24 enfants (âgés de 3 à 6 ans) dans des situations de jeu et de lecture (album avec et sans texte) à l'école et à la maison. L'un des buts de cette recherche est de montrer l'influence des contextes (Marcos et al., 2004) et des activités sur l'usage des expressions référentielles et donc conséquemment celle de l'adulte dont le discours fournit à l'enfant l'étayage nécessaire pour construire son propre discours. Notre communication présente une première étude comparative et exploratoire sur une partie des données (6 enfants, 2 par section de maternelle) de l'étayage (Bruner, 1983, Hudelot, 1999) de l'enseignant et de la mère (plus rarement du père) dans les séances de lecture dialoguée d’albums sans texte. Les axes d’analyse retenus pour cette étude sont :

-les demandes de dénomination,

-la gestion de la narration : narration vs description, gestion de la continuité thématique,

-la gestion de la deixis verbale et non verbale.

Les résultats obtenus sont ensuite croisés avec les productions de l'enfant : le nombre et les types d'expressions référentielles (noms définis ou indéfinis, pronoms, démonstratifs principalement) afin de montrer les effets des diverses conduites d'étayage sur les productions langagières des enfants. 



Il existe plusieurs outils de correction pour le français, tels qu'Antidote et Le Bon Patron, pour ne citer que ces deux-là. Cependant, ces systèmes, basés sur des règles, peinent à saisir les spécificités des écrits en langue seconde, souvent déviants des normes (Affes et al., 2023), ce qui provoque un échec d'analyse. Cette approche rend difficile la détection d'erreurs pour les apprenants de français langue seconde. Une solution plus adaptée serait d’utiliser des modèles linguistiques de grande envergure (LLM), qui nécessitent cependant d'importantes quantités de données parallèles, souvent rares pour le français. Les systèmes commerciaux ont tendance à surcorriger, dépassant parfois la correction grammaticale traditionnelle et interprétant mal certaines phrases. Les corpus publics, comme Lang-8, sont inadéquats sans adaptation, et d'autres corpus générés artificiellement produisent des erreurs non représentatives de la compétence réelle des apprenants. Notre projet vise à créer un corpus de 25 000 exemples, corrigés et annotés, ainsi qu'un modèle logiciel ouvert (open source), basé sur Llama 3.1, nommé Le Grammairien, surpassant les correcteurs actuels dans les tâches de correction automatique des productions écrites des apprenants du français langue seconde.

Les locuteurs du français québécois n’attribuent pas la même valeur perceptive, dans une tâche de reconnaissance dialectale, aux principaux phénomènes caractéristiques du français québécois, le phénomène ayant la plus grande pertinence perceptive étant le relâchement des voyelles hautes (Brasseur & Ménard 2011). De plus, la réalisation de ce phénomène avec chacune des voyelles hautes du français (/i/, /y/ et /u/) n’a pas la même pertinence perceptive; le relâchement de /i/ et de /u/ étant mieux reconnu que le relâchement de /y/.

Afin de vérifier si la pertinence perceptive est due aux propriétés acoustiques des segments, deux tests de discrimination dans le bruit, RSB de 0 à 21 dB, (/i/ tendu et relâché dans le mot rapide, /y/ tendu et relâché dans le mot perruque) ont été soumis à 62 participants locuteurs natifs du français québécois. Les résultats montrent une meilleure discrimination de /y/. La valeur de marqueur dialectal attribuée par les locuteurs au relâchement de /i/ n’est pas due à une plus grande robustesse de ce segment, ce qui indique qu’un traitement auditif primaire de l’information n’est pas suffisant pour expliquer les différences de perception des marqueurs dialectaux et qu’un traitement phonétique catégoriel doit nécessairement être inclus dans ce processus.

BRASSEUR, Annie & MÉNARD, Lucie, 2011. Les marqueurs dialectaux du français québécois : Perception de locuteurs québécois. La perception des accents du français hors de France. Avignon : 2011.

La littérature migrante produite par les écrivains d’origine ouest-africaine est souvent marquée par une diversité linguistique et culturelle. À la différence de la littérature occidentale, elle se colore très souvent d’une altérité, mélangeant plusieurs codes et couches linguistiques, accueillant des inflexions, des tournures, des étrangetés syntaxiques, lexicales et des références à la culture ouest-africaine. Dans son roman Half of a Yellow Sun, Adichie joue, de manière pertinente, avec plusieurs couches linguistiques et crée un texte hybride qui traduit sa personnalité multilingue et multiculturelle. Si les textes littéraires ne doivent pas poser de difficultés au traducteur, c’est l’écriture migrante d’Adichie qui lui pose de sérieux problèmes en raison de son caractère hybride. La préoccupation principale de travail est de relever quelques créations linguistiques dans le roman d’Adichie et d’explorer les défis liés à leur traduction. Dans l’analyse, une approche contrastive sera appliquée à leur traduction afin d’évaluer les différentes stratégies de traduction adoptées par la traductrice pour faire face aux difficultés. Tout au long de cette étude, nous serons amener à souligner comment les choix de la traductrice peuvent affecter le rapport d’équivalence entre les textes source et cible. Nous proposerons également des solutions qui permettront de bien traduire les textes des auteurs d’origine ouest-africaine sans nuire à leur lisibilité dans le monde.

Les médias sociaux étaient inondés des commentaires et des critiques vis-à-vis de l’interprétation du discours prononcé par le Président Donald Trump des États-Unis lors de l’ouverture de la 72e assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies tenue en septembre 2017. Dans ce discours, Trump n’a pas hésité à lancer des attaques verbales à l’endroit de certains pays et plus particulièrement leurs dirigeants. La partie qui nous interpelle dans le présent travail est celle concernant l’Iran. À plusieurs reprises, le Président Trump critiquait amèrement le Président iranien. Au moment où le discours de Trump était prononcé, celui-ci était en train d’être interprété simultanément en langue persane par un interprète nommé Nima Chitsaz de la IRIB (la chaine de télévision nationale appartenant au gouvernement iranien). Chitsaz n’a pas fait justice au discours de Donald Trump ayant délibéramment et changé le vouloir dire de l’orateur en substituant les gros mots de Trump par des propos plus légers et moins sensibles. Ce scenario a justement attiré notre attention et a suscité en nous un intérêt particulier notamment à la lumière de la fameuse notion de trahison en traduction. En empruntant une approche d’analyse de discours, nous voulons mettre en exergue ce que nous considérons comme la trahison dans la version persane du discours de Donald Trump. Sont proposées quelques mesures pouvant aider le traducteur lorsqu’il se trouve dans la même situation que Chitsaz.

Le sujet de ma communication s’inscrit dans la discipline de la sociologie. Il s’agit de la trudeauisation de la langue française au Québec, un phénomène étudié lors de mon mémoire de maîtrise. La notion de trudeauisation est empruntée à l’historien Éric Bédard et fait référence à un processus d’individualisation radical de la société, entamé au Québec après 95 et qui s’oppose à toute subordination de l’individu au droit collectif. Lors de la communication, je me pencherai tout particulièrement sur son évolution dans la politique linguistique québécoise, en présentant chronologiquement la pensée de trois intellectuels québécois: Camille Laurin, Gérald Larose et Gérard Bouchard. Il en ressort que la trudeauisation se caractérise principalement par une incapacité d’aménager la langue française au nom de la culture nationale. Alors que la « Loi 101 » s’inscrivait initialement dans la continuité d’une culture nationale historiquement constituée, aujourd’hui, comme le concevait Trudeau, le droit individuel l’emporte inconditionnellement sur le droit collectif. Cela met en échec toute réforme de la politique linguistique basée sur la culture. Or, au nom de quoi peut-on maintenant promouvoir le français au Québec? Cette question en ouverture terminera la communication. Enfin, ma communication se résumerait à expliquer le phénomène de la trudeauisation dans la politique linguistique québécoise par l’entremise de Camille Laurin, Gérald Larose puis Gérard Bouchard.

Le potentiel d’altération de l’identité que présente le cyberespace est à la source de bien des délits d’imposture, qu’ils soient mineurs, comme la prise contrôle du compte Facebook d’un ami pour faire une blague; ou majeurs, comme le leurre d’enfant par un adulte se faisant lui-même passer pour une enfant. Cependant, endosser une identité qui n’est pas nôtre sur internet peut aussi permettre de résoudre ou de prévenir certains crimes.

Nous nous sommes intéressée à l’identification des stratégies discursives utilisées par des agents provocateurs (AP) pour se faire passer pour des adolescents et, ainsi, débusquer des cyberpédoprédateurs (CPP).

Pour ce faire, nous avons fait une analyse de conversations tirées du site pervertedjustice.com et prenant part entre des AP et des CPP avérés. Les stratégies de (re)construction de l’identité linguistique créée par les AP ont été identifiées par le biais des composantes sociopragmatique et interactionnelle et ont permis de dresser les grandes lignes de la représentation que se fait l’adulte du discours adolescent.

Cette analyse s’inscrit dans une démarche doctorale plus large qui, nous l’espérons, contribuera à élaborer un cadre d’analyse pour l’identification des CPP se faisant passer pour des (pré)adolescents sur les réseaux sociaux, collaborera à l’amélioration des techniques d’hameçonnage utilisées par les AP pour attirer les CPP et concourra à l’amélioration des programmes de prévention offerts aux (pré)adolescents.

Les  jeunes d’aujourd’hui consultent et produisent des textes/hypertextes multimodaux qui incluent des images fixes (graphiques, illustrations, photographies, etc.) ou mobiles (clips vidéos, animations visuelles, etc.), des hyperliens, etc. qui ont tendance à prolonger le sens traditionnellement porté par les mots écrits (Kress, 2003; Lanham, 2001). Afin de mieux préparer les élèves à faire face aux nombreux défis que comporte la lecture et l’écriture de ces nouveaux formats de texte, il s’avère nécessaire d’élaborer un portrait théorique des processus et stratégies de compréhension et de production impliqués dans la compréhension et la production de ce type de textes (Spires et Estes, 2002). Dans le cadre de cette présentation, nous présenterons une recherche design qui a pour but d’identifier et d’expliquer les processus et les stratégies de compréhension/production de textes/hypertextes multimodaux mobilisés par des élèves du 3e cycle du primaire en contexte scolaire. Cette recherche permettra, nous l’espérons, d’éventuellement renouveler les approches didactiques en contexte scolaire et d’inclure dans les programmes ministériels les compétences en littératie médiatique multimodale afin que puissent être enseignées celles-ci en classe, et ce dès le primaire.

La Révolution tranquille a profondément affirmé l’identité québécoise, jusqu’à l’aboutissement du mouvement séparatiste. Aunger (1999, p. 292) affirme que depuis : « […] l’autonomie politique dévolue à chaque province par le régime fédéral semble affaiblir [l’] identité pancanadienne [et que] la nation canadienne-française actuelle se trouve de plus en plus fragmentée en groupements provinciaux. » Plusieurs identités ont effectivement émergé. Les francophones vivant à l’ouest du Québec s’identifient maintenant en tant que Franco-ontariens, Franco-manitobains, Fransaskois, Franco-albertains et même Franco-colombiens.

Dans notre communication, nous présenterons les résultats d’une analyse qui vise à évaluer l’impact de l’identité linguistique sur le parler de 30 jeunes Franco-Ontariens natifs de Casselman. Notre étude est fondée sur l’examen d’un corpus d’entrevues semi-dirigées recueillies en 2010.

Dans un premier temps, nous exposerons brièvement les origines de la communauté franco-ontarienne de Casselman, ainsi que ses principales caractéristiques démolinguistiques. Puis, nous présenterons la méthodologie de notre recherche. Par la suite, nous traiterons des différentes identités auxquelles se rapportent actuellement les jeunes interviewés. Enfin, nous mesurerons concrètement l’influence du facteur « identité linguistique » sur les productions réelles de ces locuteurs, par le biais d’une analyse variationnelle de l’emploi de so / fait que / donc / alors.

Il existe peu de renseignements sur le traducteur à la Chambre des communes qu’a été Sylva Clapin, entre 1902 et 1921, puisque les traductions officielles conservées au Parlement canadien ne sont tout simplement pas signées. On peut cependant estimer que Sylva Clapin était très bien préparé à la tâche de traducteur. Il venait, en effet, de publier en 1902 un dictionnaire d’américanismes ayant pour objet de répertorier et de définir les particularismes américains ainsi que ceux appartenant, selon la formulation de l’auteur, au Dominion of Canada.

Pour apprécier pleinement la contribution de SylvaClapin à la pratique canadienne de la traduction, nous nous proposons ici de faire un bref rappel des outils lexicographiques que ce linguiste a développés afin de faciliter la tâche du traducteur en Amérique du Nord. Ensuite, nous tenterons de dégager la conception théorique sous-jacente à la traduction de réalités spécifiquement canadiennes. Finalement, nous mettrons en lumière, à partir d’exemples tirés du récit historique de la vie de Sir George-Étienne Cartier (Sir George Étienne Cartier, Bart. His Life and Times : A Political History of Canada from 1814 until 1873,  écrit par John Boyd en 1914), les diverses techniques de traduction utilisées par le linguiste dans cette biographie remarquable à propos d’un des pères de la confédération canadienne.

Les expressions polylexicales (EPL), comme « au fur et à mesure » ou « prendre une décision », contiennent plusieurs lexèmes et démontrent de l’idiomaticité sur la sélection et la combinaison de leurs composantes. Ces expressions sont omniprésentes dans les langues et restent un grand défi pour la linguistique et le traitement automatique des langues (TAL). Il n’y a pas de consensus théorique sur les EPL dans la littérature linguistique. Étant donnée la nature hétérogène des EPL, des modèles de TAL différents doivent être développés pour traiter des EPL de types variés. La catégorisation des EPL est, de ce fait, une étape cruciale pour le traitement automatique des EPL. Notre recherche propose une méthodologie pour catégoriser des EPL de façon automatique et fine. Nous nous appuyons sur la Théorie Sens-Texte, qui définit et classifie les EPL selon leur compositionnalité sémantique. Nous développerons des approches statistiques à l’aide des modèles de langue comme BERT pour mesurer le degré de compositionnalité des EPL et établir ensuite la catégorisation. Cette approche envisage de faciliter et d’automatiser l’annotation du type d’EPL. Nous l’utiliserons dans la constitution automatique des corpus d’EPL, et surtout dans notre future recherche pour l'identification automatique des EPL, où nous distinguerons les vrais EPL des candidats potentiels.

La neutralité et l’invisibilité du traducteur sont deux idéaux souvent véhiculés en traduction littéraire. Pourtant, un traducteur est nécessairement subjectif; ses choix de traductions reflètent sa position traductive (Berman). Assumant cette situation, certains traducteurs choisissent de s’approprier le texte qu’ils traduisent et d’y exposer leur subjectivité.

C’est le cas de l’écrivaine et traductrice Erin Mouré qui, dans sa traduction vers l’anglais de l’auteur portugais Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, Sheep’s Vigil by a Fervent Person (2001), a opté pour ce qu’elle appelle une transelation, où elle incarne (embodies) la traduction en faisant le texte sien. Car selon Mouré, une traduction ne dépend pas seulement de l’original, mais surtout de la culture du traducteur ainsi que de ses préférences de lecture; la traduction devient une performance mettant en scène la traductrice et son environnement. Voilà qui explique que le texte de Pessoa revu par Mouré migre du Portugal vers Toronto, comporte quelques mots de français tout en conservant certains mots en portugais.

En s’appropriant le texte de Pessoa, Mouré va au-delà de la traduction et adopte le statut d’auteure. Toutefois, dans sa transelation, elle garde Pessoa au cœur de sa démarche. Son incursion dans le texte de Pessoa, à la fois audacieuse et respectueuse, confère à la traductrice une certaine visibilité et conteste l’idée d’une traduction neutre et objective.

Dans cette communication, je me propose de réfléchir à la question de l’indétermination dans la production discursive. Cela implique plusieurs sous-questions : Quels processus permettent de faire sens du monde social? Peut-on relever des régularités discursives? Comment en rendre compte? Les processus discursifs sont-ils « nécessaires »? Comment se brisent ces régularités et se formulent des contre-discours?
J’ai donc choisi de me pencher sur les écrits de quatre auteurs majeurs qui me paraissent apporter une contribution considérable. Il s’agit de Laclau et Mouffe (1985), Pierre Bourdieu (1977;1982; 1984) et Stuart Hall (1997). Si mon choix s’est porté sur ces quatre auteurs, c’est qu’ils me semblent éviter les écueils des approches hyper-structuralistes, qui ne voient dans les phénomènes sociaux que des effets structurés, et certaines approches hyper-constructivistes, qui n’y voient que le résultat de choix individuels. Autrement dit, à trop prendre de la hauteur, on perd de vue la marge de manœuvre individuelle et on ne parvient pas à expliquer le changement social; à en prendre trop peu, on met tous les individus sur un pied d’égalité et on manque d’apercevoir les limites de l’agentivité et les facteurs qui sous-tendent les régularités discursives. L’intérêt de ces auteurs est justement d’avoir trouvé l’angle qui leur permet d’apercevoir les deux forces à l’œuvre et d’examiner les tensions qui les opposent. 

Lorsque les adultes utilisent le langage, la connaissance grammaticale et l’effet du traitement peuvent tous les deux influencer la performance. Par exemple, sous certaines conditions, les adultes peuvent occasionnellement produire des dans leur langue maternelle (par ex. « les élèves du professeur est … » plutôt que « les élèves du professeur sont … »). Ces erreurs sont dues à l’interférence des éléments qui s’interposent plutôt qu’à un manque de connaissances grammaticales. Certaines études (Melançon & Shi, 2014, 2016) montrent que les nourrissons de 24 mois ont une connaissance de l’accord de genre entre le nom-sujet ainsi que le pronom-sujet (par ex. «les N, Pron V… »), et ce, même lorsque les deux sont séparés par un nom non-familier (par ex. «les N en congé, Pron V … »). Dans la présente étude, nous avons examiné l’effet d’un nom familier qui interfère. Dans une procédure de préférence visuelle, des phrases ont été présentées à des enfants francophones de 30 mois. Certaines de ces phrases étaient d’accord grammatical (par ex. « La banane dans le chapeau, elle V… ») alors que d’autres étaient d’accord non-grammatical (par ex. « La banane dans le chapeau, il V… »). Les résultats démontrent que la connaissance grammaticale et l’effet du traitement ont tous les deux influencé les réponses des enfants. 

Les recherches ont montré que plusieurs facteurs, soit la connaissance du vocabulaire, les connaissances antérieures, les connaissances métalinguistiques, les connaissances syntaxiques, les stratégies de lecture, etc., influent sur la compréhension de la lecture académique en L2. Cependant, afin de mieux saisir comment les lecteurs arrivent à la compréhension réussie des textes universitaires, il s’avère important de déterminer quels facteurs ont le plus grand poids explicatif. À cette fin, nous avons mené une étude auprès de 75 étudiants iraniens, inscrits aux études supérieures, qui se sont soumis à des épreuves de compréhension en lecture (TCF-CÉ), de connaissance du vocabulaire (profondeur : Qian & Schedl, 2004 et taille en fonction de familles de mots, 2,000, 3,000, 5,000, 10,000 et académiques : Nation, 1990), de conscience syntaxique (Hammill, Brown, Larsen & Wiederholt, 2007) et de conscience métacognitive (Taraban, Kerr & Ryneason, 2004). Les résultats de l’analyse statistique SPSS et de l’analyse de régression multiple montrent que 56.88% de la variation du score de compréhension en lecture peut être expliqué par les variables Taille 3,000Totale et PhraseTotale. De ces deux variables, Taille 3,000Totale est la plus importante des deux. Elle contribue à elle seule à expliquer 49.61% de la variation du score de compréhension en lecture chez nos sujets, ce qui signifie la grande importance qui devrait être accordée à ces deux dimensions de la connaissance de la langue.

 

Sur quelque 2000 études en acquisition d’une L2 publiées depuis 25 ans, plus de 98% concernent des adultes ou des enfants d’âge scolaire, ce qui aide peu les éducateurs oeuvrant auprès d’enfants pré-alphabétisés et dépourvus de métacognition. De plus, aucune étude expérimentale n’a encore porté sur  l’acquisition par de jeunes enfants en milieu de langue étrangère. Cette étude examine l’acquisition de mots anglais par des francophones âgés de 3 à 5 ans selon deux types d’input: histoires racontées et comptines chantées. Quatre histoires et quatre comptines ont été réparties dans quatre séances d’activités ludo-pédagogiques menées auprès de 23 enfants. 45  mots de longueur et concrétude variées, ciblés dans les comptines anglaises choisies, ont été intégrés dans des histoires narrées en français. Le rappel des mots cibles, mesuré une semaine après le dernier atelier, a été évalué par la méthode standard au préscolaire qui consiste à sélectionner une  image parmi quatre après avoir entendu le mot cible (p. ex., Dunn et al, 1993). Le taux de rappel pour les deux types d’input (raconté et chanté) permettra d’identifier les activités les plus efficaces pour l’acquisition de vocabulaire en L2 pour ces apprenants. De plus, les corrélations entre le rappel et les variables liées aux  mots permettront de cerner les mots qui nécessitent davantage d’insistance, et les corrélations avec le nombre d’occurrences suggéreront un nombre de répétitions propice à optimiser l’acquisition.