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Notre communication propose un regard croisé sur la problématique de la normativité et de la dynamique des discours épilinguistiques chez les jeunes Québécois. Le corpus de presque 700 questionnaires, établi en 2012 dans quatre collèges de la province du Québec (à Gatineau, à Montréal, à Québec-ville et dans la région rurale québécoise) fournira des exemples pertinents pour rediscuter cette problématique complexe. La situation québécoise, et franco-américaine en général, en matière de représentations socio-langagières connaît une dynamique importante (Dupuis, 1997, Boudreau & Boudreau, 2004). Une palette d’attitudes des locuteurs, allant de l’insécurité linguistique jusqu’aux affirmations assurée des acteurs publics, oscillent autour de la prise de position par rapport à la question des anglicismes. Depuis les études sociolinguistiques brisant les mythes (p.ex.Poplack & Sankoff & Miller, 1988), les appels à la vigilance contre « le stade ultime de déstabilisation » (Pergnier 1989) ou bien les proclamations du type « seuil de tolérance » (évalué autour de 15 % du lexique d’origine anglaise en français selon Hagège (2006)) ne semblent recueillir que peu d’écho auprès des sociolinguistes. Or, il n’empêche que les imaginaires de la jeune génération vis-à-vis des anglicismes sont intéressants à observer car ils traduisent les espoirs et les angoisses des jeunes quant à la langue et culture francophone.  

Notre proposition de communication a pour objet le discours politique gabonais. Il ressort de l’observation de ce dernier une forte prégnance de Bongo, mettant en lumière une relation particulièrement asymétrique entre les énonciateurs de ces discours et le Président gabonais. Cette présence ostentatoire du Chef gabonais dans le discours interpelle. S’agirait-il d’un cas d’effacement des politiques gabonais face à ce que nous qualifierons d’une « haute autorité énonciative » ? L’effacement énonciatif, dorénavant (EE), se définit principalement par une absence plus ou moins « claire » de source énonciative. La question de la neutralité énonciative au sens d’un énonciateur ²universel² [Vion, 2001 :334] qui chercherait à effacer les marques d’une quelconque subjectivité se pose. A partir d’une approche énonciative et argumentative émanant de l'analyse du discours, nous souhaitons examiner les différents procédés linguistiques qui permettent de soutenir un effacement énonciatif opérable dans les discours politiques gabonais. Notre démarche nous mènera préalablement à expliciter le phénomène d’EE avant d’être conduit par la suite à voir en quoi celui-ci peut être corrélé aux discours politiques gabonais, notamment, à travers le discours rapporté. Nous ferons la démonstration, in fine, que l'EE participe d’une énonciation supérieure, c’est-à-dire d’un hyperénonciateur tel que l’entend notamment Maingueneau [2004].









Dans une recherche portant sur l’acquisition des constructions nominales en français, Karmiloff-Smith (1979) expose que des enfants de 4 à 5 ans ont tendance à associer l’article ‘les’ à la pluralité mais pas à la maximalité. Caponigro et al. (2012) et Tieu et al. (2017) ont obtenu des résultats semblables chez des enfants anglophones, hispanophones et francophones âgés de 4 à 6 ans. Dans la présente étude, nous cherchons à vérifier si les enfants observent la maximalité des expressions nominales définies au pluriel, et ce, en fonction de différents groupes d’âge. 57 enfants âgés de 3 à 5;6 ans provenant de sept CPE au Québec ainsi que 25 adultes francophones ont participé à cette étude. Alors que les adultes donnent toujours des interprétations maximales aux constructions définies plurielles (97,3%), peu d’enfants le font. Dans le groupe le plus jeune (de 3 à 3;6 ans), nous observons des interprétations maximales seulement 14% du temps. Les enfants des groupes II, III et IV (de 3;6 à 5 ans) donnent des réponses maximales presque la moitié du temps, tandis que les enfants les plus vieux (de 5 à 5;6 ans) le font 69% du temps. Ces résultats démontrent que les enfants acquièrent la maximalité de l’article défini pluriel en plusieurs étapes. En suivant Modyanova (2009) et Wexler (2011), nous suggérons que, malgré la production précoce des déterminants, l’acquisition des différentes interprétations de ces derniers et des restrictions qui les régissent pourrait être tardive.

 

L'analyse d'une centaine d'appels d'urgence 911 démontre que plusieurs appelants, lorsqu’ils répondent aux questions du répartiteur, produisent des marqueurs épistémiques (Whalen et Zimmerman, 1990). Ces marqueurs, des éléments linguistiques de formes diverses, leur permettent d'exprimer leur degré de certitude à propos des informations qu'ils fournissent au répartiteur ainsi que la source de leur savoir (ex. la perception sensorielle) (Dendale, 1991). En produisant des marqueurs épistémiques, l’appelant peut moduler sa responsabilité énonciative (Kronning, 2012), soit l’intensité de son engagement concernant la fiabilité des informations qu’il fournit au répartiteur. L’objectif de cette étude, fondée sur un corpus de 100 appels d’urgence, est de voir s’il existe une relation entre la nature de l’information fournie par l’appelant et l’éventuel marquage épistémique de cette information. Tous les marqueurs épistémiques présents dans le discours des appelants ont d’abord été relevés. Nous avons ensuite catégorisé la nature de l’information marquée, sur une base qualitative (ex. l’apparence physique). Nous faisons l’hypothèse que le marquage de certaines informations donne des indices de la manière dont l'appelant se représente le service d'urgence (Laforest, 2011). Cette analyse est susceptible d'accroître notre compréhension du comportement de l'appelant au 911, un appelant généralement inexpérimenté, puisque l’appel d’urgence est un événement rare dans la vie d’un individu.

Le champ onomasiologique est un domaine dans lequel se trouve un ensemble de mots ayant un sème commun, donc qui se substituent entre eux, mais cette commutation ne se vérifie pas dans tous les cas.L’analyse onomasiologique nous permet  d’étudier l’organisation des mots à l’intérieur d’un champ lexical. Notre choix porte sur le champ lexical du jugement. Dans une perspective onomasiologique, nous étudierons les mécanismes qui font qu’un verbe ou une expression peut, dans certains contextes, avoir le sens du jugement.Pour étudier des verbes ou des expressions ayant le sens du jugement nous devons nous référer à un corpus fiable. Dans cet article, nous justifierons notre choix d’un corpus clos et informatisé, en décrivant son contenu et la méthode de son maniement.Ensuite, nous présenterons le champ sémantique du verbe « juger » à partir d’un graphique, extrait de notre corpus informatisé. Enfin, nous présenterons un exemplier extrait de FRANTEXT contenant le verbe « juger » et le verbe « trouver » dans différentes constructions syntaxiques.Cet exemplier nous servira à montrer comment la construction syntaxique du verbe participe à son changement de sens.  Nous présenterons quelques emplois de la locution « quelle horreur » considérée comme expression d’un jugement.Cette variante devrait nous montrer comment cette expression a le sens du jugement sans être employée avec un verbe de jugement.Nous expliquerons comment « quelle horreur » est équivalente à « je juge+SN+horrible ».

L’identification visuelle à l’aide d’une parade d’individus est une technique connue dans les milieux judiciaire. Or il arrive dans certaines enquêtes portant sur les menaces par téléphone qu’il n’y ait aucun témoin oculaire et que les seules preuves pouvant mener à l’identification d’un suspect soient auditives. Dans ces situations, un témoin, un proche ou une victime pourrait alors être en mesure de reconnaître la voix dans une « parade vocale », mais plusieurs facteurs peuvent invalider ce type d’identification.

Notre résumons d’abord les considérations méthodologiques dans l’élaboration de la parade vocale. Plusieurs aspects de méthode ont fait l’objet de standardisation. Nous revoyons certains protocoles avec pour objectif d’élaborer une procédure applicable à des appels.  Puis nous présentons les facteurs intrinsèques et extrinsèques à considérer dans une parade vocale. Pour les facteurs intrinsèques, on considère la qualité des enregistrements, la similitude acoustique des voix présentées, la similitude dans le dialecte et la longueur des énoncés présentés. Pour les facteurs extrinsèques, on considère le niveau de familiarité de la voix. Ce dernier facteur peu considéré dans la littérature et constitue l’objet premier de notre études. Notre recherche vise à définir le niveau de familiarité nécessaire à une identification vocale fiable en tenant compte de différentes variables extrinsèques. Nous présenterons l’essentiel de notre protocole et nos résultats.

 Les unités lexicales à charge culturelle, c'est-à-dire celles qui peuvent porter en elles un poids culturel qui les rendraient opaques aux personnes de cultures différentes, touchent plusieurs domaines. Des catégories sont établies par les linguistes qui se sont penchés sur la question. Selon Surmont (2000:193-194), les domaines « [...] sont entre autres les événements historiques, les fêtes calendaires, l'éducation, la politique, l'économie, le droit, les unités de temps, la technologie, les devises, l'histoire littéraire, les croyances, les coutumes, les institutions, les activités artisanales ou agricole[...]» Dans cette présentation, nous proposons une analyse du traitement lexicographique des entrées relevant du domaine de l'éducation, un domaine culturel par excellence. Il s'agit de dresser un portrait des différentes stratégies auxquelles les lexicographes ont recours afin de proposer un équivalent  en langue cible d'entrées non seulement similaires dans les deux cultures, mais aussi de celles qui sont porteuses d'une culture inexistante ou vécue différemment. L'ouvrage de référence soumis à l'étude est le Grand Robert et Collins 2008. Les recherches ont démontré que les procédés sont multiples. Nous retrouvons des équivalents dénotatifs (traduction directe de l'entrée, un emprunt ou une glose), des équivalents connotatifs (équivalent culturel ou une approximation culturelle) ou une combinaison d'équivalents dénotatifs et d'équivalents connotatifs.

Dans les 40 dernières années, l’alternance entre les marqueurs de conséquence (ça) fait que/donc/alors a fait l’objet de nombreuses études basées sur des corpus de français laurentien (entre autres Dessureault-Dober 1974, Thibault et Daveluy 1989, Mougeon et Beniak 1991, Blondeau et al. 2018). Néanmoins, aucune ne s’est penchée sur ces marqueurs en discours plus soutenu.

            Dans cette communication, nous présentons une analyse variationniste évaluant l’impact du degré de formalité sur les marqueurs de conséquences. Les données proviennent d’entrevues avec 32 personnalités publiques québécoises, diffusées dans le cadre de deux émissions télévisuelles. Les résultats montrent que la distribution des formes en discours plus soutenu se distingue des tendances relevées dans les études antérieures: les trois formes sont employées dans des proportions égales dans les entrevues semi-formelles (N=341), mais (ça) fait que, connecteur majoritaire dans les vernaculaires québécois, est très peu employé par les locuteurs qui sont vouvoyés. De plus, l’analyse comparative de 8 locuteurs ayant participé aux deux émissions révèle une différence significative entre les contextes, en particulier chez deux hommes qui emploient alors comme marqueur de formalité.

            En mesurant l’influence de la formalité sur les productions réelles des locuteurs, la présente étude sociolinguistique offre des pistes didactiques pertinentes pour l’enseignement du français en contexte nord-américain.

En français, les noms à voyelle-initiale sont généralement prononcés avec différentes consonnes initiales (par ex., un /n/avion, des /z/avions, etc.) dû à des contextes de liaisons variables. Cette étude examine l’encodage des formes des noms à voyelle-initiale chez les enfants de 30 mois. Nous utilisons un eye-tracker où chaque essai présente les images de deux objets (gauche-droite) alors qu’un objet est nommé (par ex., « Oh regarde, joli avion »). Le regard de l’enfant sur les objets est enregistré en ligne à une résolution de 16 msec. Nous avons 2 types d’essais. Le premier présente les formes correctes à voyelle-initiale (par ex. joli avion) et à z-initiale (par ex. jolis /z/avions). Le deuxième, les formes incorrectes, présente une intrusion d’une consonne de liaison /t/ (par ex. joli /t/avion, dérivé de : petit /t/avion) et une consonne /g/ non reliée à la liaison (par ex. joli /g/avion). Les résultats (20 enfants) montrent qu’à 0,5 sec après le début du nom, les enfants reconnaissent l’objet nommé dans les essais de « formes correctes ». La reconnaissance de l’objet nommé est retardée dans les essais de /t/, et encore plus retardée (après 1.7 sec) dans les essais de /g/. Ceci suppose que les enfants de 30 mois ont une certaine connaissance des liaisons. Bien que les noms à voyelle-initiale (par ex. avion) soient rarement prononcés sans consonne-initiale (par ex. joli/demi avion) dans la parole de parents, les enfants ont appris à encoder ces formes à voyelle-initiale.

Il a été démontré que la rétroaction auditive joue un rôle majeur dans la production de la parole. Chez les individus sourds profonds pour qui l’utilisation d’une prothèse auditive n’a pas les effets escomptés ou n’est pas possible, l’implant cochléaire est proposé. Considérant l’importance de la rétroaction auditive dans la production de la parole, qu’advient-il de la production vocalique en contexte de rétroaction auditive déficiente? Cinq adultes ayant une audition normale et cinq adultes sourds porteurs d’un implant cochléaire ont été enregistrés en contexte de production de la voyelle / u /. Des mesures acoustiques relevant des formants 1 (F1) et 2 (F2) et de la fréquence fondamentale (F0) ont été effectuées. De plus, des données articulatoires provenant d’un système d’imagerie par ultrasons ont été recueillies afin de permettre l’analyse du contour sagittal médian de la langue. Globalement, les résultats suggèrent que la rétroaction auditive joue un rôle important dans la production de la parole.

Je propose une communication sur les constructions applicatives en inuktitut. Conformément à l’hypothèse typologique de Pylkkänen (2002), la langue présente les deux types de construction applicative: les constructions hautes, qui lient un argument à un événement (p.ex. un bénéficiaire), et les constructions basses, qui expriment un transfert de possession de l’argument interne à partir ou en direction d’un argument oblique. La présentation compte trois objectifs et porte plus particulièrement sur le type de construction basse. Premièrement, les constructions applicatives de la langue sont décrites. Deuxièmement, trois tests morphosyntaxiques menés sur les constructions basses sont exposés tour à tour. Troisièmement, une analyse approfondie des propriétés et de l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions basses est effectuée. L’examen des données suggère que les têtes applicatives basse et haute aient la même position structurale au-dessus de VP, contrairement à la proposition de Pylkkänen (2002) mais comme Georgala et coll. (2008) affirment aussi. De plus, l’analyse démontre qu’une approche non dérivationnelle des constructions basses est plus appropriée, cette fois-ci à l’instar de Pylkkänen (2002) mais à l’inverse de Georgala et coll. (2008). Crucialement, toutefois, l’exposé propose une nouvelle hypothèse quant à l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions applicatives basses, celle d’une entité affectée collatéralement.          

Le Québec accueille annuellement environ 50 000 immigrants d’origines diverses, dont la moitié est allophone (Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, 2011). Ces allophones doivent atteindre un niveau de français suffisant leur permettant de s’intégrer au marché de l’emploi ou de poursuivre des études. L’Université du Québec à Montréal offre un programme de français langue seconde. Afin de faciliter l’intégration des immigrants, d’une part, et l’élargissement des compétences interculturelles de futurs professionnels, d’autre part, sont organisées des activités (appelées « jumelage interculturels ») entre de nouveaux arrivants étudiant le français langue seconde et des étudiants des programmes d’éducation, de carriérologie, de psychologie ou de travail social. Bien au-delà du jumelage linguistique (activité plus répandue), le jumelage interculturel permet l’échange entre porteurs de culture. Comment s’inscrit cette activité dans le cadre des cours de FLS? Quelle démarche est préconisée? Depuis plus de 10 ans, il est question de la perspective actionnelle et de didactique des langues-cultures. Après avoir fait un survol du cadre conceptuel dans lequel s’inscrit le jumelage (objectifs, approche préconisée, compétences de communication interculturelle), sera présenté le déroulement d’une activité réalisée dans le cadre d’un cours de communication écrite en FLS pour terminer avec la présentation des résultats d’un sondage effectué dans ce même cours.



Traditionnellement, il y a eu des problèmes pour s’approprier du registre informel. Ces problèmes sont causés parce que les apprenants ont rarement l’occasion d’utiliser leur langue cible comme un instrument  authentique de communication. Malgré les efforts des professeurs de FLE de l’Université Centrale « Marta Abreu » de Las Villas, les étudiants de la Licence de Langue Anglaise, option Langue Française ne développent pas complètement leurs compétences communicatives langagières car le registre informel reste insuffisant dans les contenus pédagogiques du cours de FLE. Pour cette raison, nous proposons un système d’activités de compréhension et production orales pour renforcer le développement des compétences communicatives langagières à partir de l’exploitation du registre informel du français. Ces activités sont destinées à des apprenants de niveaux B1-B2. Le document authentique à exploiter dans les activités sont les films, choisis en tenant compte de quatre critères fondamentaux : nationalité ; année de réalisation et époque où le film se déroule; fonction didactique; et fonction pragmatique. Cette étude contribuera à un développement plus efficace de compétences communicatives langagières des apprenants. En outre, cette recherche offrira une autre façon de rapprocher les apprenants à la culture cible à travers du langage. Cela rendra possible aussi le développement des compétences générales individuelles, ainsi que la préparation interculturelle des apprenants.

Cette contribution propose une étude acoustique, auditive et perceptive de la voyelle /ɛ/ en finale absolue. Les 480 occurrences analysées ont été produites en contexte formel (lecture en chambre sourde) par 40 jeunes universitaires originaires des villes de Saguenay et de Québec. L’analyse acoustique des caractéristiques spectrales (fréquence fondamentale et 3 premiers formants) des voyelles atteste d’une distinction très nette des occurrences en fonction de l’origine géographique des locuteurs : les Saguenéens produisent des /ɛ/ finaux présentant un plus haut degré d’aperture. Puisqu’à notre connaissance, un tel résultat n’a jamais été rapporté dans la littérature, un accord inter-juges a été effectué : 5 auditeurs expérimentés ont confirmé que le timbre des occurrences produites par les locuteurs de Saguenay était majoritairement plus ouvert. 20 auditeurs naïfs de Saguenay et de Québec ont également été soumis à deux tests de perception dont les résultats sont en cours de dépouillement. Le premier test, de type AXB, visait à évaluer la sensibilité des auditeurs à cette fine variation phonétique. Dans le second, ils étaient amenés à identifier l’origine géographique des locuteurs d’après leur prononciation de la voyelle /ɛ/. Ces tests ont pour objectif de vérifier si des auditeurs naïfs perçoivent l’ouverture du /ɛ/ et s’ils sont en mesure d’établir le lien attesté par nos résultats acoustiques et auditifs entre cette variation et l’origine géographique des locuteurs.

Nous présentons le projet QALB (Qatar Arabic Language Bank) qui porte sur la création d’un corpus en langue arabe de 2 millions de mots annotés manuellement avec les erreurs et leurs corrections (orthographe, syntaxe, grammaire, ponctuation et l’usage des dialectes). Le deuxième volet de ce projet porte sur la création d’un système de correction automatique des erreurs pour la langue arabe.

Afin de couvrir une plus grande variété de textes, le corpus couvre trois sources : commentaires sur des articles en ligne par des lecteurs du site Aljazeera.net, des travaux d’étudiants natifs arabophones, des travaux d’apprenants de l’arabe ainsi qu’un ensemble de textes de Wikipédia traduits automatiquement de l’anglais vers l’arabe.
L’annotation manuelle d’un corpus de 2 millions de mots présente plusieurs défis. Tout d'abord, nous avons rédigé un manuel d’annotation d’une centaine de pages afin de guider l’équipe d’annotateurs dans leur tâche et pour les aider à produire une annotation consistante. Ensuite, plusieurs séances de formation ont été nécessaires pour former l’équipe d’annotateurs.

Afin de s’assurer de la qualité de l’annotation durant ce projet, des mesures d’accords inter-annotateurs sont prises régulièrement d’une manière aléatoire. L’accord moyen inter-annotateurs est de l’ordre de 95%, ce qui prouve que les guides d’annotation ont été bien appliqués par les annotateurs durant ce projet.

Les études en analyse de la conversation ont souvent porté sur les dyades ou sur les groupes, mais très rarement sur la conversation à trois. Pour bien comprendre les particularités de la triade, j’ai produit  un enregistrement audio et vidéo d’une conversation entre trois personnes qui discutaient dans un environnement qui favorisait une dynamique non-contraignante et naturelle. Grâce à une analyse détaillée de la direction du regard et des signaux de back-channels, je compte montrer l'influence de ces derniers sur les changements de tours de paroles. Je présenterai mes résultats sous la forme d’une analyse temporelle des interactions entre chacun des participants en mettant l’accent sur la dynamique des tours de parole et sur les vecteurs d’interactions (p.ex. interactions entre 1 et 2 pendant que 3 possède le droit de parole). Mes résultats tendent à confirmer l’importance du regard sur les changements de tours de parole, mais ils permettent aussi de montrer l’importance des back-channels pour la dynamique conversationnelle. Je décrirai aussi les différentes fonctions possibles des back-channels selon leurs types et selon la personne ciblée par ceux-ci. Mes résultats montrent également une connexion forte entre l’aspect dynamique et l’aspect sémantique d’une conversation et je proposerai une modification au concept de plancher conversationnel pour rendre compte de cette dépendance entre la sémantique et la dynamique.

La génération automatique de texte est une branche de la linguistique computationnelle qui vise la production automatique d'énoncés en langue naturelle qui expriment de l'information qu'on veut communiquer. Je présenterai d'abord l'architecture classique d'un générateur de texte, en m'attardant plus particulièrement aux modules linguistiques d'un tel système. Je montrerai quel type d'information est nécessaire pour cette tâche, et comment elle se représente formellement. Ensuite, je parlerai plus en détail de l'étape de la lexicalisation (le choix des mots pour l'expression d'un message). Traditionnellement, cette opération s'effectue en une seule étape. Or, je montrerai que pour obtenir des textes fluides et naturels, il faut un modèle stratifié de la lexicalisation afin de traiter un type particulier de locution appelé collocation, c'est-à-dire une expression idiomatique où il existe un lien privilégié entre des mots qui «vont ensemble» (par exemple, «procéder à l'arrestation» au lieu de «arrêter»). Il existe dans les langue une grande variété de collocations («subir une perte», «peur bleue», «porter des accusations», etc.) et le phénomène, loin d'être marginal dans l'usage, est omniprésent. L'arbitraire de ces combinaisons de mots exige que l'information soit encodée d'une façon ou d'une autre dans un système de génération de texte, et c'est de cet encodage que je parlerai plus en détail.

Dans le texte original de Champlain, les éléments culturels et la religiosité amérindienne contribuent à produire une certaine représentation du « Sauvage », et celle-ci se transforme au fil des versions anglaises. 

Premièrement, il existe deux catégories d’éléments culturels. La première inclut les noms de lieux et les personnages historiques, alors que la deuxième inclut les pratiques, les habitudes, et les comportements marqués par les conditions et les traditions d’un endroit (Gambier, 2008, p. 179). Ces catégories comprennent donc le vocabulaire propre à l’environnement et au mode de vie des « Sauvages ». La représentation de l’Amérindien devient donc faussée lorsque ces éléments ne sont pas rendus adéquatement dans les traductions. 

Deuxièmement, la religiosité amérindienne est un autre point qui influence la représentation de l’Autochtone. Lorsque Champlain décrit les pratiques spirituelles des Amérindiens, il utilise un vocabulaire religieux qui lui est familier et donc marqué par le christianisme. Nous cherchons à déterminer si les traducteurs produisent une traduction adéquate ou s’ils décrivent les Autochtones différemment de Champlain, et si oui, quel type de représentation ils produisent.

Depuis quelques années, la théorie sémiotique a exploré le territoire des signes en relation aux faits sociaux. Le concept de sociosémiotique s’est alors imposé dans la recherche sémiotique à partir de certains ouvrages de sémiologie française (Landowsky [1989], Greimas [1976]) et italienne (Pozzato [1992, 1998, 1999]). Au Québec, cette question, en plus des enjeux épistémologiques qu’elle soulève au sein de la sémiologie générale, est pourtant laissée pour compte. La sociosémiotique n’est pas une application élargie des méthodes de la sociolinguistique (Klinkemberg [1996]), mais plutôt l’étude des conditions de possibilité du social. Ainsi, le social ne serait pas une donnée empirique à l’état brut, mais un effet de sens construit par des processus particuliers (Marrone [2001]).

L’objet principal de la sémiologie est la relation entre deux termes (expression et contenu) construite par les agents cognitifs: la signification. Notre thèse cherchera alors à démontrer en quelle mesure ce lien est socialisé, par exemple via des institutions et des codes sociaux et collectifs qui caractérisent la signification comme étant supra-individuelle.

Le but de notre communication sera à la fois d’ouvrir ce débat au Québec et d’illustrer les principaux concepts théoriques à travers une analyse concrète du printemps érable, afin de répondre au principal défi de la sociosémiotique: construire le chaînon manquant entre philosophie du langage et analyse des phénomènes sociaux (Fabbri [1998]).

Zatorre et Gandour (2008) montrent que le traitement des variations de pitch dans la langue est latéralisé dans l'hémisphère droit du cerveau chez les locuteurs de langues non-tonales (LNT, ex. français, anglais), et dans le gauche chez les locuteurs de langues tonales (ex. chinois). Avec les théories de Patel (2003, 2011) sur les liens musique-langage, on peut se demander si l’expertise musicale influence la capacité à percevoir les variations de pitch du mandarin chez les locuteurs de LNT. Plusieurs études appuient cette hypothèse (Marie et al., 2011; etc.) mais négligent 2 aspects: le temps de réaction et le traitement sémantique par les sujets chinois. Ces études utilisent la syllabe comme support pour les tons. Or, toute syllabe C+V+ton pouvant avoir un sens en mandarin, les sujets chinois risquent d’être plus lents et de faire plus d’erreurs, parce qu’ils tenteraient d’extraire un sens de chaque stimulus.

Pour cette étude, nos sujets (musiciens, non-musiciens, chinois) ont effectué une tâche pareil/différent, consistant en 28 paires de suites de 4 tons purs (i.e. sans support C+V) du mandarin. Nos résultats montrent que les musiciens et les chinois ont en moyenne un nombre de bonnes réponses et un temps de réaction similaires, alors que les non-musiciens ont moins bien performé. Ces résultats corroborent les conclusions de la littérature existante à ce sujet. Effectuer l’étude avec plus de stimuli et plus de participants pourrait offrir des résultats plus significatifs.

La sociolinguistique a bien montré que, du point de vue linguistique et fonctionnel, toutes les variétés d’une langue s’équivalent. Cette idée a fait son chemin au point où de plus en plus de personnes conçoivent le français comme étant une langue pluricentrique où les normes endogènes de la francophonie (p.ex. du Québec) côtoient la norme exogène du « centre » (de la France). Or, cette valorisation a ses limites, comme le montre le cas du doublage québécois. Bien que les Québécois veuillent se reconnaître dans la langue des films doublés, l'Union des Artistes considère que le doublage doit être fait dans un français international neutre qui, selon elle, ne laisserait transparaitre que quelques particularités de la culture québécoise.

L’objectif de cette étude est de savoir si les Québécois sont en mesure de reconnaître un doublage fait au Québec. 296 énoncés extraits de 5 films américains préalablement sélectionnés ont été présentés à des participants âgés de 19 à 39 ans (n=40) à l’aide du logiciel de perception Parsour. Ceux-ci devaient écouter les énoncés et dire s’il s’agissait d’un extrait de la version québécoise ou française. Les résultats démontrent que l’accent québécois est souvent confondu avec l’accent français. Une analyse des énoncés en fonction de leurs caractéristiques linguistiques permettra de déterminer ce qui contribue à la perception d’un énoncé donné comme étant québécois ou français.

Les clitiques du serbo-croate dans le cadre du programme minimaliste

Les clitiques qui sont gouvernés par la loi de Wackernagel occupent nécessairement la deuxième position au sein d'un énoncé. Un tel comportement des clitiques est bien observable en serbo-croate (Brown, 1974, 2004, 2014).

     Plusieurs auteurs soulignent que les clitiques dans cette langue apparaissent toujours soit après le premier mot prosodique, soit après le syntagme entier placé en tête de phrase. Ces particules dépendent ainsi prosodiquement de l'élément phonologique ou syntaxique auquel ils s'attachent et avec lequel ils ne partagent pas nécessairement de propriétés sémantiques ou syntaxiques. En raison de cela, de nombreux chercheurs ont proposé que les clitiques du serbo-croate obéissent soit aux lois prosodiques, soit aux lois syntaxiques, soit aux lois morphologiques semant ainsi une grande confusion en ce qui a trait au traitement de ces particules.

     Contrairement à cela, nous démontrerons, dans le cadre du Programme Minimaliste, qu'un nouveau regard sur les données proposées dans la littérature révèle un lien entre les clitiques et le trait EPP (Extended Projection Principle) tel que proposé par Chomsky (2015, 2001, 2000, 1995) peu importe s’il s’agit des clitiques auxiliaires, pronominaux ou phrastiques et que, bien qu'ils puissent créer une unité prosodique avec plusieurs constituants syntaxiques, ce sont uniquement les verbes principaux qui leur servent d'hôte.  

 

La plupart des phrases contiennent plusieurs types de significations: le point principal, ce qu’on présuppose/implicite, divers points secondaires ou « a-partés », la source de l’information, notre engagement par rapport au contenu, comment on se sent vers le sujet, etc. Les participants à une conversation peuvent exprimer leur désaccord avec n’importe quelle signification, mais cela ne se fait pas toujours de la même manière. Par exemple, plusieurs chercheurs, suivant Von Fintel 2004 et Simons et al. 2011, croient qu’il existe un contraste entre (1b) qui réfute l’assertion de (1a), et (1c) qui réfute sa présupposition.

(1) a. Personne 1: John est à nouveau au zoo.

     b. Personne 2: Non, il est malade chez lui.

     c. Personne 2: # Non, il n'a jamais été au zoo jusqu'à présent.

Cette comminication vise à répondre aux questions suivantes: (i) Quelles sont les  significations qui peuvent être directement réfutées, et (ii) quelles sont les propriétés qui déterminent si une signification peut être directement réfutée ou non. Nous présenterons notre étude qui a traité les cas de l'anglais, de l'espagnol et du catalan et dont les résultats ont démontré que ces langues sont plus hétérogènes que ce qui a été prédit dans la littérature. Nous  proposerons enfin les révisions nécessaires aux théories de contextes structurés, afin de mieux les adapter aux résultats expérimentaux, en expliquant le rôle que jouent conjointement les propriétés syntaxiques, sémantiques, et pragmatiques. 

L’apprentissage des habiletés réceptives d’une langue seconde est largement influencé par l’authenticité, l’intérêt, la pertinence, et l’adaptabilité de documents choisis, en ligne ou existant sur un support plus traditionnel. L’exploitation adéquate de ces outils est aussi tributaire de l’emploi privilégié ou non qu’en font les didacticiens et praticiens en enseignement, en fonction de leurs intentions de représentations socioculturelles et identitaires.

La réflexion que nous proposons sert au questionnement associé à la conceptualisation et la réalisation de matériel pédagogique, à partir d’un outil didactique et projet pilote publié en 2012. Une entente interinstitutionnelle a permis à 18 étudiants finalistes en journalisme de contribuer à l’élaboration d’un recueil d’activités destiné à l’apprentissage du français langue seconde (FLS).  Les activités pédagogiques proposées servent de continuum entre la langue parlée par des francophones de la communauté et les répertoires linguistiques traditionnels utilisés dans les pratiques d’enseignement du FLS. Cette initiative est un exemple de la vitalité, de la vigueur et de la richesse des communautés francophones en situation minoritaire, tout en étant en lien avec les visées pédagogiques du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ainsi qu’en témoigne l’accueil enthousiaste que lui ont réservé  une cinquantaine d’enseignants de FLS au Canada, en France, en Belgique, au Mexique et aux États-Unis.

La pratique discursive franco-créole des Martiniquais est constituée d’alternances codiques et d’emprunts, qui confèrent à ces gens un ensemble d’expressions propres. Les études qui se sont attachées à décrire les particularismes du français martiniquais (FM) ne l’ont pas encore fait concernant l’expression du déplacement. En effet, l’encodage de la trajectoire (T) et de la manière (M) de se déplacer dépend moins de la typologie de la langue que des préférences expressives (style rhétorique) d’une communauté donnée. C’est pourquoi il existe différentes stratégies pour lexicaliser ces informations sémantiques au sein d’une même langue et de ses variétés. Pour vérifier si l’encodage de M et de T est différent en FM (en raison des particularités culturelles et linguistiques de la Martinique, ile française), nous avons demandé à des enfants de 7 ans (=18) et à des adultes (=10) parlant le FM de raconter une histoire à partir d’images (Frog, where are you?) puis de décrire des images de déplacements. Les données recueillies seront comparées aux enfants de 7 ans (=20) et aux adultes (=5) du Frog Story/French-Lyon Corpus de Hickmann et Kern en ligne sur CHILDES. L’analyse préliminaire du FM nous montre la présence de constructions verbe + préposition qui divergent de l’emploi français. Des analyses quantitatives nous indiqueront la fréquence d’utilisation des différentes constructions pour parler du déplacement en FM ainsi que la présence de constructions propres au FM.