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La Révolution tranquille a profondément affirmé l’identité québécoise, jusqu’à l’aboutissement du mouvement séparatiste. Aunger (1999, p. 292) affirme que depuis : « […] l’autonomie politique dévolue à chaque province par le régime fédéral semble affaiblir [l’] identité pancanadienne [et que] la nation canadienne-française actuelle se trouve de plus en plus fragmentée en groupements provinciaux. » Plusieurs identités ont effectivement émergé. Les francophones vivant à l’ouest du Québec s’identifient maintenant en tant que Franco-ontariens, Franco-manitobains, Fransaskois, Franco-albertains et même Franco-colombiens.

Dans notre communication, nous présenterons les résultats d’une analyse qui vise à évaluer l’impact de l’identité linguistique sur le parler de 30 jeunes Franco-Ontariens natifs de Casselman. Notre étude est fondée sur l’examen d’un corpus d’entrevues semi-dirigées recueillies en 2010.

Dans un premier temps, nous exposerons brièvement les origines de la communauté franco-ontarienne de Casselman, ainsi que ses principales caractéristiques démolinguistiques. Puis, nous présenterons la méthodologie de notre recherche. Par la suite, nous traiterons des différentes identités auxquelles se rapportent actuellement les jeunes interviewés. Enfin, nous mesurerons concrètement l’influence du facteur « identité linguistique » sur les productions réelles de ces locuteurs, par le biais d’une analyse variationnelle de l’emploi de so / fait que / donc / alors.

Il existe peu de renseignements sur le traducteur à la Chambre des communes qu’a été Sylva Clapin, entre 1902 et 1921, puisque les traductions officielles conservées au Parlement canadien ne sont tout simplement pas signées. On peut cependant estimer que Sylva Clapin était très bien préparé à la tâche de traducteur. Il venait, en effet, de publier en 1902 un dictionnaire d’américanismes ayant pour objet de répertorier et de définir les particularismes américains ainsi que ceux appartenant, selon la formulation de l’auteur, au Dominion of Canada.

Pour apprécier pleinement la contribution de SylvaClapin à la pratique canadienne de la traduction, nous nous proposons ici de faire un bref rappel des outils lexicographiques que ce linguiste a développés afin de faciliter la tâche du traducteur en Amérique du Nord. Ensuite, nous tenterons de dégager la conception théorique sous-jacente à la traduction de réalités spécifiquement canadiennes. Finalement, nous mettrons en lumière, à partir d’exemples tirés du récit historique de la vie de Sir George-Étienne Cartier (Sir George Étienne Cartier, Bart. His Life and Times : A Political History of Canada from 1814 until 1873,  écrit par John Boyd en 1914), les diverses techniques de traduction utilisées par le linguiste dans cette biographie remarquable à propos d’un des pères de la confédération canadienne.

Les expressions polylexicales (EPL), comme « au fur et à mesure » ou « prendre une décision », contiennent plusieurs lexèmes et démontrent de l’idiomaticité sur la sélection et la combinaison de leurs composantes. Ces expressions sont omniprésentes dans les langues et restent un grand défi pour la linguistique et le traitement automatique des langues (TAL). Il n’y a pas de consensus théorique sur les EPL dans la littérature linguistique. Étant donnée la nature hétérogène des EPL, des modèles de TAL différents doivent être développés pour traiter des EPL de types variés. La catégorisation des EPL est, de ce fait, une étape cruciale pour le traitement automatique des EPL. Notre recherche propose une méthodologie pour catégoriser des EPL de façon automatique et fine. Nous nous appuyons sur la Théorie Sens-Texte, qui définit et classifie les EPL selon leur compositionnalité sémantique. Nous développerons des approches statistiques à l’aide des modèles de langue comme BERT pour mesurer le degré de compositionnalité des EPL et établir ensuite la catégorisation. Cette approche envisage de faciliter et d’automatiser l’annotation du type d’EPL. Nous l’utiliserons dans la constitution automatique des corpus d’EPL, et surtout dans notre future recherche pour l'identification automatique des EPL, où nous distinguerons les vrais EPL des candidats potentiels.

La neutralité et l’invisibilité du traducteur sont deux idéaux souvent véhiculés en traduction littéraire. Pourtant, un traducteur est nécessairement subjectif; ses choix de traductions reflètent sa position traductive (Berman). Assumant cette situation, certains traducteurs choisissent de s’approprier le texte qu’ils traduisent et d’y exposer leur subjectivité.

C’est le cas de l’écrivaine et traductrice Erin Mouré qui, dans sa traduction vers l’anglais de l’auteur portugais Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, Sheep’s Vigil by a Fervent Person (2001), a opté pour ce qu’elle appelle une transelation, où elle incarne (embodies) la traduction en faisant le texte sien. Car selon Mouré, une traduction ne dépend pas seulement de l’original, mais surtout de la culture du traducteur ainsi que de ses préférences de lecture; la traduction devient une performance mettant en scène la traductrice et son environnement. Voilà qui explique que le texte de Pessoa revu par Mouré migre du Portugal vers Toronto, comporte quelques mots de français tout en conservant certains mots en portugais.

En s’appropriant le texte de Pessoa, Mouré va au-delà de la traduction et adopte le statut d’auteure. Toutefois, dans sa transelation, elle garde Pessoa au cœur de sa démarche. Son incursion dans le texte de Pessoa, à la fois audacieuse et respectueuse, confère à la traductrice une certaine visibilité et conteste l’idée d’une traduction neutre et objective.

Dans cette communication, nous voudrions nous pencher sur deux classes d’arguments mis en avant par les opposants à la féminisation des noms de professions  : les arguments linguistiques et sur ceux relatifs à la politique linguistique. En effet, on constate que souvent, les opposants à la féminisation mobilisent dans leurs discours un savoir sur la langue et parfois même la terminologie du spécialiste : « le genre est arbitraire », « le masculin est non marqué », « les nouveaux féminins créent de l’ambigüité parce beaucoup de formes sont homonymes » (qu’on pense à la célèbre cafetière, forme emblématique des opposants), « l’euphonie est menacée », « on ne respecte pas la morphologie du français », « mais c’est Babel ! » ou encore « laissons faire l’Usage ». Ces arguments, qu’ils soient convoqués isolément ou mis bout à bout, prennent sous la plume de leurs auteurs une valeur de vérité scientifique imparable, notamment parce qu’ils empruntent au métalangage des linguistes. A travers des courriers des lecteurs, des blogs et autres publications sur les réseaux sociaux, nous tenterons de voir ce que ce métalangage recouvre exactement, ainsi que les supposées connaissances de la langue et de ses mécanismes qu’il met en avant.

Dans cette communication, nous analysons la variation liée à l’emploi du il explétif non argumental (Auger 1994, Rizzi 1986) avec les verbes falloir, sembler et rester en français montréalais. À l’oral, cette variation se manifeste par l’alternance observée dans les énoncés (1) et (2).

(1) Il faut qu’elle fasse sonner le cadran à huit heures. (Loc. 34, Montréal 84)

(2) Ø faut que tu les connaisses pour conter des histoires. (Loc. 44, Montréal 84)

L’usage variable de il n’a pas encore fait l’objet d’une étude variationniste à Montréal, d’où l’importance de notre étude. En plus d’une étude préliminaire qui a révélé un changement vers l’omission à Orléans (Widera 2017), les études antérieures sur les structures impersonnelles sans sujet (Culbertson 2010, Zimmerman et Kaiser 2013, Culbertson et Legendre 2014) nous ont permis d’identifier les contraintes linguistiques pouvant influencer l’utilisation de il.

Les données analysées proviennent du corpus Montréal 84 (Thibault & Vincent 1990) et notre analyse s’appuie sur 3041 occurrences, soit 1080 présences et 1961 absences. Chaque occurrence a été codifiée pour des facteurs linguistiques (identité lexicale, temps verbal, type de complément) et sociaux (sexe, âge, classe socioéconomique) et analysée grâce au logiciel GoldVarb.

L’omission de il est importante (65%) à Montréal et favorisée par les verbes à forte fréquence. On assiste à un changement en cours mené par les femmes de la classe moyenne, mais plutôt vers la réalisation de il.

Les études sur l’acquisition du système phonologique en L2 ont montré que les difficultés à produire des sons de la L2 peuvent être dues à une difficulté de perception (Lado, 1957, Best et Tyler, 2007), au niveau allophonique (Flege, 1995, Sheldon et Strange, 1982) ou à un effet de l’orthographe de la L1 (Erdener et Burnham, 2005). Cette communication vise à présenter les résultats d’une étude menée à Montréal dans le but d’examiner l’effet de l’orthographe du français comme L1 sur le choix entre phonèmes /u/ et /y/ dans les mots de l’espagnol comportant le graphème «u». Puisque ce graphème représente le phonème /u/ en espagnol et /y/ en français, nous voulons vérifier si les erreurs des apprenants («u» réalisé /y/ au lieu de /u/) peuvent être reliées à la graphie. Un total de 20 étudiants d’espagnol du niveau élémentaire a participé à l’étude ainsi que 10 participants ayant très peu ou aucune connaissance en espagnol. La collecte de données a été fait à partir de deux tâches: lecture de mots à voix haute (stimulus écrit) et répétition de mots (stimulus auditif). Les analyses sont fait à l’aide de PRAAT en comparant les formants des voyelles produites dans les deux tâches. Les résultats préliminaires montrent que (1) l’orthographe pourrait avoir un effet négatif sur la prononciation chez les participants qui ne maitrisent pas la relation graphème-phonème « u »-/u/ en espagnol et (2) l’effet de l’orthographe chez ces participants disparait dans une tâche purement auditive.

Les apprenantsdu FLS rencontrent souvent des problèmes dans la compréhension du sens et des
fonctions des connecteurs logiques (« désormais »,« néanmoins », etc.),  et neparviennent donc pas à les intégrer correctement dans leurs productions écrites. Or, en dépit de ces problèmes et du rôle primordial que ces mots
jouent dans la création d’un texte cohérent et cohésif,  très peu d’études systématiques sur
l’approche pédagogique de ces connecteurs ont été menées jusqu’à présent. 

Cette étude examine le traitement des connecteurs dans les manuels d’écriture et de grammaire de
FLS.  Notre analyse d’environ 150 manuels illustre certaines limitations en ce qui
concerne l’explication des nuances de sens parmi les connecteurs appartenant à
la même catégorie, les différentes fonctions du même connecteur, les
informations sur le mot charnière (le registre auquel il appartient), ou encore
le type d’exercices et de tâches proposés pour la pratique des apprenants.

Dans cette communication, nous partagerons ces résultats ainsi que leurs implications pour
améliorer l’enseignement des connecteurs logiques.

 

Dans le domaine de la prononciation en langues secondes, plusieurs pratiques sont basées sur l'intuition des praticiens plutôt que sur les résultats de recherches scientifiques (Derwind & Munro, 2005). Lors de cette discussion, la présentatrice partage de quelle façon les résultats de recherches empiriques ont modifié son approche de l’enseignement de la prononciation du français langue seconde et comment elle les intègre à son enseignement. Cet enseignement spécifique de la prononciation porte principalement sur la prosodie puisque la littérature démontre son lien avec l'intelligibilité  (Derwing, Munro & Wiebe, 97; 98; Derwing& Rossiter, 2003; Kang, Ruben & Pickering, 2010). Elle s'intéresse entre autres au cas des apprenants anglophones qui de façon typique transfèrent en FL2  le patron mélodique du mot anglais (Guilbault & Beaudoin, 2009). Son intervention est composée de plusieurs étapes: l'explication (Schmidt, 1990; Venkatagiri & Levis, 2007), la perception auditive intégrée au programme d'enseignement (Zielinski, 2008) qui inclut la désyllabification (Saunders,2007). Une pratique étendue de l'expression orale est essentielle à l'amélioration de le prononciation (Gilbert, 2009; Reed & Michaud, 2011; Tremblay, 2009).

 Enseigner comment communiquer clairement et correctement son message à l’écrit constitue un des objectifs fondamentaux de toute école, peu importe la langue d’enseignement. La production de résumé est un des exercices proposés dans le programme de français langue première (FL1) au Manitoba: premièrement, au stade d’éveil pour les élèves du niveau intermédiaire et plus tard, en voie d’acquisition au niveau secondaire. Avec le temps, les élèves devraient pouvoir exprimer des idées de plus en plus complexes et nous devrions donc pouvoir observer une évolution des compétences dans la production écrite de résumés. Dans cette étude, 487 élèves, répartis par niveaux (sec. 1 à la 1re année des études universitaires) et par programmes (FL1 et immersion française, ou FL2) ont préparé un résumé à partir d’un texte de vulgarisation sur la réintroduction de loups au parc Yellowstone. Nous avons évalué la complexité syntaxique des résumés produits par ces élèves en faisant appel à l’unité de mesure T-unit, ou minimal terminal unit (Hunt, 1965). Pour chacun des programmes, des comparaisons entre les différents niveaux de scolarité ont été menées sur des mesures syntaxiques à l’aide des modèles d’ANOVA. Dans le programme FL1, on note des différences significatives entre les différents niveaux pour la longueur moyenne des propositions. Tandis que celles réalisées pour le programme FL2 indiquent que les différences sont significatives pour le nombre moyen de propositions par unité T. 

Le football et la publicité se croisent au stade depuis des années. Cette rencontre, qui remonte déjà au 19e S avec l’autorisation de la présence des panneaux publicitaires autour des terrains de jeu, et qui se manifeste aujourd’hui sous plusieurs formes : le phénomène de sponsoring, la publicité sur les maillots des joueurs ou sur les écrans de télévision lors de la diffusion d’un match, etc., est souvent saisie dans sa dimension « extérieure », laquelle met en avant le rôle joué par certains déterminants, comme la finance. Cependant, ces manifestations expressives de « surface », sont sous-tendues, au niveau des profondeurs, par toute une structure du sens qui les rend possibles et qui conditionne même leur efficacité. L’analyse du croisement du football et la publicité au stade que nous proposons décrit ce système sémiotique sous-jacent qui semble particulièrement se construire à travers la mise en place d’un système de modalisation actancielle singulier articulé autour de deux sujets d’énonciation : un informateur et un observateur, lesquels interagissent dans un procès du sens qui semble viser l’ « englobement » de deux espaces énoncés (le jeu du football et le panneau publicitaire) par un espace d’énonciation (le stade).

Notre communication propose un regard croisé sur la problématique de la normativité et de la dynamique des discours épilinguistiques chez les jeunes Québécois. Le corpus de presque 700 questionnaires, établi en 2012 dans quatre collèges de la province du Québec (à Gatineau, à Montréal, à Québec-ville et dans la région rurale québécoise) fournira des exemples pertinents pour rediscuter cette problématique complexe. La situation québécoise, et franco-américaine en général, en matière de représentations socio-langagières connaît une dynamique importante (Dupuis, 1997, Boudreau & Boudreau, 2004). Une palette d’attitudes des locuteurs, allant de l’insécurité linguistique jusqu’aux affirmations assurée des acteurs publics, oscillent autour de la prise de position par rapport à la question des anglicismes. Depuis les études sociolinguistiques brisant les mythes (p.ex.Poplack & Sankoff & Miller, 1988), les appels à la vigilance contre « le stade ultime de déstabilisation » (Pergnier 1989) ou bien les proclamations du type « seuil de tolérance » (évalué autour de 15 % du lexique d’origine anglaise en français selon Hagège (2006)) ne semblent recueillir que peu d’écho auprès des sociolinguistes. Or, il n’empêche que les imaginaires de la jeune génération vis-à-vis des anglicismes sont intéressants à observer car ils traduisent les espoirs et les angoisses des jeunes quant à la langue et culture francophone.  

Notre proposition de communication a pour objet le discours politique gabonais. Il ressort de l’observation de ce dernier une forte prégnance de Bongo, mettant en lumière une relation particulièrement asymétrique entre les énonciateurs de ces discours et le Président gabonais. Cette présence ostentatoire du Chef gabonais dans le discours interpelle. S’agirait-il d’un cas d’effacement des politiques gabonais face à ce que nous qualifierons d’une « haute autorité énonciative » ? L’effacement énonciatif, dorénavant (EE), se définit principalement par une absence plus ou moins « claire » de source énonciative. La question de la neutralité énonciative au sens d’un énonciateur ²universel² [Vion, 2001 :334] qui chercherait à effacer les marques d’une quelconque subjectivité se pose. A partir d’une approche énonciative et argumentative émanant de l'analyse du discours, nous souhaitons examiner les différents procédés linguistiques qui permettent de soutenir un effacement énonciatif opérable dans les discours politiques gabonais. Notre démarche nous mènera préalablement à expliciter le phénomène d’EE avant d’être conduit par la suite à voir en quoi celui-ci peut être corrélé aux discours politiques gabonais, notamment, à travers le discours rapporté. Nous ferons la démonstration, in fine, que l'EE participe d’une énonciation supérieure, c’est-à-dire d’un hyperénonciateur tel que l’entend notamment Maingueneau [2004].









Dans une recherche portant sur l’acquisition des constructions nominales en français, Karmiloff-Smith (1979) expose que des enfants de 4 à 5 ans ont tendance à associer l’article ‘les’ à la pluralité mais pas à la maximalité. Caponigro et al. (2012) et Tieu et al. (2017) ont obtenu des résultats semblables chez des enfants anglophones, hispanophones et francophones âgés de 4 à 6 ans. Dans la présente étude, nous cherchons à vérifier si les enfants observent la maximalité des expressions nominales définies au pluriel, et ce, en fonction de différents groupes d’âge. 57 enfants âgés de 3 à 5;6 ans provenant de sept CPE au Québec ainsi que 25 adultes francophones ont participé à cette étude. Alors que les adultes donnent toujours des interprétations maximales aux constructions définies plurielles (97,3%), peu d’enfants le font. Dans le groupe le plus jeune (de 3 à 3;6 ans), nous observons des interprétations maximales seulement 14% du temps. Les enfants des groupes II, III et IV (de 3;6 à 5 ans) donnent des réponses maximales presque la moitié du temps, tandis que les enfants les plus vieux (de 5 à 5;6 ans) le font 69% du temps. Ces résultats démontrent que les enfants acquièrent la maximalité de l’article défini pluriel en plusieurs étapes. En suivant Modyanova (2009) et Wexler (2011), nous suggérons que, malgré la production précoce des déterminants, l’acquisition des différentes interprétations de ces derniers et des restrictions qui les régissent pourrait être tardive.

 

L'analyse d'une centaine d'appels d'urgence 911 démontre que plusieurs appelants, lorsqu’ils répondent aux questions du répartiteur, produisent des marqueurs épistémiques (Whalen et Zimmerman, 1990). Ces marqueurs, des éléments linguistiques de formes diverses, leur permettent d'exprimer leur degré de certitude à propos des informations qu'ils fournissent au répartiteur ainsi que la source de leur savoir (ex. la perception sensorielle) (Dendale, 1991). En produisant des marqueurs épistémiques, l’appelant peut moduler sa responsabilité énonciative (Kronning, 2012), soit l’intensité de son engagement concernant la fiabilité des informations qu’il fournit au répartiteur. L’objectif de cette étude, fondée sur un corpus de 100 appels d’urgence, est de voir s’il existe une relation entre la nature de l’information fournie par l’appelant et l’éventuel marquage épistémique de cette information. Tous les marqueurs épistémiques présents dans le discours des appelants ont d’abord été relevés. Nous avons ensuite catégorisé la nature de l’information marquée, sur une base qualitative (ex. l’apparence physique). Nous faisons l’hypothèse que le marquage de certaines informations donne des indices de la manière dont l'appelant se représente le service d'urgence (Laforest, 2011). Cette analyse est susceptible d'accroître notre compréhension du comportement de l'appelant au 911, un appelant généralement inexpérimenté, puisque l’appel d’urgence est un événement rare dans la vie d’un individu.

Le champ onomasiologique est un domaine dans lequel se trouve un ensemble de mots ayant un sème commun, donc qui se substituent entre eux, mais cette commutation ne se vérifie pas dans tous les cas.L’analyse onomasiologique nous permet  d’étudier l’organisation des mots à l’intérieur d’un champ lexical. Notre choix porte sur le champ lexical du jugement. Dans une perspective onomasiologique, nous étudierons les mécanismes qui font qu’un verbe ou une expression peut, dans certains contextes, avoir le sens du jugement.Pour étudier des verbes ou des expressions ayant le sens du jugement nous devons nous référer à un corpus fiable. Dans cet article, nous justifierons notre choix d’un corpus clos et informatisé, en décrivant son contenu et la méthode de son maniement.Ensuite, nous présenterons le champ sémantique du verbe « juger » à partir d’un graphique, extrait de notre corpus informatisé. Enfin, nous présenterons un exemplier extrait de FRANTEXT contenant le verbe « juger » et le verbe « trouver » dans différentes constructions syntaxiques.Cet exemplier nous servira à montrer comment la construction syntaxique du verbe participe à son changement de sens.  Nous présenterons quelques emplois de la locution « quelle horreur » considérée comme expression d’un jugement.Cette variante devrait nous montrer comment cette expression a le sens du jugement sans être employée avec un verbe de jugement.Nous expliquerons comment « quelle horreur » est équivalente à « je juge+SN+horrible ».

L’identification visuelle à l’aide d’une parade d’individus est une technique connue dans les milieux judiciaire. Or il arrive dans certaines enquêtes portant sur les menaces par téléphone qu’il n’y ait aucun témoin oculaire et que les seules preuves pouvant mener à l’identification d’un suspect soient auditives. Dans ces situations, un témoin, un proche ou une victime pourrait alors être en mesure de reconnaître la voix dans une « parade vocale », mais plusieurs facteurs peuvent invalider ce type d’identification.

Notre résumons d’abord les considérations méthodologiques dans l’élaboration de la parade vocale. Plusieurs aspects de méthode ont fait l’objet de standardisation. Nous revoyons certains protocoles avec pour objectif d’élaborer une procédure applicable à des appels.  Puis nous présentons les facteurs intrinsèques et extrinsèques à considérer dans une parade vocale. Pour les facteurs intrinsèques, on considère la qualité des enregistrements, la similitude acoustique des voix présentées, la similitude dans le dialecte et la longueur des énoncés présentés. Pour les facteurs extrinsèques, on considère le niveau de familiarité de la voix. Ce dernier facteur peu considéré dans la littérature et constitue l’objet premier de notre études. Notre recherche vise à définir le niveau de familiarité nécessaire à une identification vocale fiable en tenant compte de différentes variables extrinsèques. Nous présenterons l’essentiel de notre protocole et nos résultats.

 Les unités lexicales à charge culturelle, c'est-à-dire celles qui peuvent porter en elles un poids culturel qui les rendraient opaques aux personnes de cultures différentes, touchent plusieurs domaines. Des catégories sont établies par les linguistes qui se sont penchés sur la question. Selon Surmont (2000:193-194), les domaines « [...] sont entre autres les événements historiques, les fêtes calendaires, l'éducation, la politique, l'économie, le droit, les unités de temps, la technologie, les devises, l'histoire littéraire, les croyances, les coutumes, les institutions, les activités artisanales ou agricole[...]» Dans cette présentation, nous proposons une analyse du traitement lexicographique des entrées relevant du domaine de l'éducation, un domaine culturel par excellence. Il s'agit de dresser un portrait des différentes stratégies auxquelles les lexicographes ont recours afin de proposer un équivalent  en langue cible d'entrées non seulement similaires dans les deux cultures, mais aussi de celles qui sont porteuses d'une culture inexistante ou vécue différemment. L'ouvrage de référence soumis à l'étude est le Grand Robert et Collins 2008. Les recherches ont démontré que les procédés sont multiples. Nous retrouvons des équivalents dénotatifs (traduction directe de l'entrée, un emprunt ou une glose), des équivalents connotatifs (équivalent culturel ou une approximation culturelle) ou une combinaison d'équivalents dénotatifs et d'équivalents connotatifs.

Dans les 40 dernières années, l’alternance entre les marqueurs de conséquence (ça) fait que/donc/alors a fait l’objet de nombreuses études basées sur des corpus de français laurentien (entre autres Dessureault-Dober 1974, Thibault et Daveluy 1989, Mougeon et Beniak 1991, Blondeau et al. 2018). Néanmoins, aucune ne s’est penchée sur ces marqueurs en discours plus soutenu.

            Dans cette communication, nous présentons une analyse variationniste évaluant l’impact du degré de formalité sur les marqueurs de conséquences. Les données proviennent d’entrevues avec 32 personnalités publiques québécoises, diffusées dans le cadre de deux émissions télévisuelles. Les résultats montrent que la distribution des formes en discours plus soutenu se distingue des tendances relevées dans les études antérieures: les trois formes sont employées dans des proportions égales dans les entrevues semi-formelles (N=341), mais (ça) fait que, connecteur majoritaire dans les vernaculaires québécois, est très peu employé par les locuteurs qui sont vouvoyés. De plus, l’analyse comparative de 8 locuteurs ayant participé aux deux émissions révèle une différence significative entre les contextes, en particulier chez deux hommes qui emploient alors comme marqueur de formalité.

            En mesurant l’influence de la formalité sur les productions réelles des locuteurs, la présente étude sociolinguistique offre des pistes didactiques pertinentes pour l’enseignement du français en contexte nord-américain.

En français, les noms à voyelle-initiale sont généralement prononcés avec différentes consonnes initiales (par ex., un /n/avion, des /z/avions, etc.) dû à des contextes de liaisons variables. Cette étude examine l’encodage des formes des noms à voyelle-initiale chez les enfants de 30 mois. Nous utilisons un eye-tracker où chaque essai présente les images de deux objets (gauche-droite) alors qu’un objet est nommé (par ex., « Oh regarde, joli avion »). Le regard de l’enfant sur les objets est enregistré en ligne à une résolution de 16 msec. Nous avons 2 types d’essais. Le premier présente les formes correctes à voyelle-initiale (par ex. joli avion) et à z-initiale (par ex. jolis /z/avions). Le deuxième, les formes incorrectes, présente une intrusion d’une consonne de liaison /t/ (par ex. joli /t/avion, dérivé de : petit /t/avion) et une consonne /g/ non reliée à la liaison (par ex. joli /g/avion). Les résultats (20 enfants) montrent qu’à 0,5 sec après le début du nom, les enfants reconnaissent l’objet nommé dans les essais de « formes correctes ». La reconnaissance de l’objet nommé est retardée dans les essais de /t/, et encore plus retardée (après 1.7 sec) dans les essais de /g/. Ceci suppose que les enfants de 30 mois ont une certaine connaissance des liaisons. Bien que les noms à voyelle-initiale (par ex. avion) soient rarement prononcés sans consonne-initiale (par ex. joli/demi avion) dans la parole de parents, les enfants ont appris à encoder ces formes à voyelle-initiale.

Il a été démontré que la rétroaction auditive joue un rôle majeur dans la production de la parole. Chez les individus sourds profonds pour qui l’utilisation d’une prothèse auditive n’a pas les effets escomptés ou n’est pas possible, l’implant cochléaire est proposé. Considérant l’importance de la rétroaction auditive dans la production de la parole, qu’advient-il de la production vocalique en contexte de rétroaction auditive déficiente? Cinq adultes ayant une audition normale et cinq adultes sourds porteurs d’un implant cochléaire ont été enregistrés en contexte de production de la voyelle / u /. Des mesures acoustiques relevant des formants 1 (F1) et 2 (F2) et de la fréquence fondamentale (F0) ont été effectuées. De plus, des données articulatoires provenant d’un système d’imagerie par ultrasons ont été recueillies afin de permettre l’analyse du contour sagittal médian de la langue. Globalement, les résultats suggèrent que la rétroaction auditive joue un rôle important dans la production de la parole.

Je propose une communication sur les constructions applicatives en inuktitut. Conformément à l’hypothèse typologique de Pylkkänen (2002), la langue présente les deux types de construction applicative: les constructions hautes, qui lient un argument à un événement (p.ex. un bénéficiaire), et les constructions basses, qui expriment un transfert de possession de l’argument interne à partir ou en direction d’un argument oblique. La présentation compte trois objectifs et porte plus particulièrement sur le type de construction basse. Premièrement, les constructions applicatives de la langue sont décrites. Deuxièmement, trois tests morphosyntaxiques menés sur les constructions basses sont exposés tour à tour. Troisièmement, une analyse approfondie des propriétés et de l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions basses est effectuée. L’examen des données suggère que les têtes applicatives basse et haute aient la même position structurale au-dessus de VP, contrairement à la proposition de Pylkkänen (2002) mais comme Georgala et coll. (2008) affirment aussi. De plus, l’analyse démontre qu’une approche non dérivationnelle des constructions basses est plus appropriée, cette fois-ci à l’instar de Pylkkänen (2002) mais à l’inverse de Georgala et coll. (2008). Crucialement, toutefois, l’exposé propose une nouvelle hypothèse quant à l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions applicatives basses, celle d’une entité affectée collatéralement.          

Le Québec accueille annuellement environ 50 000 immigrants d’origines diverses, dont la moitié est allophone (Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, 2011). Ces allophones doivent atteindre un niveau de français suffisant leur permettant de s’intégrer au marché de l’emploi ou de poursuivre des études. L’Université du Québec à Montréal offre un programme de français langue seconde. Afin de faciliter l’intégration des immigrants, d’une part, et l’élargissement des compétences interculturelles de futurs professionnels, d’autre part, sont organisées des activités (appelées « jumelage interculturels ») entre de nouveaux arrivants étudiant le français langue seconde et des étudiants des programmes d’éducation, de carriérologie, de psychologie ou de travail social. Bien au-delà du jumelage linguistique (activité plus répandue), le jumelage interculturel permet l’échange entre porteurs de culture. Comment s’inscrit cette activité dans le cadre des cours de FLS? Quelle démarche est préconisée? Depuis plus de 10 ans, il est question de la perspective actionnelle et de didactique des langues-cultures. Après avoir fait un survol du cadre conceptuel dans lequel s’inscrit le jumelage (objectifs, approche préconisée, compétences de communication interculturelle), sera présenté le déroulement d’une activité réalisée dans le cadre d’un cours de communication écrite en FLS pour terminer avec la présentation des résultats d’un sondage effectué dans ce même cours.



Traditionnellement, il y a eu des problèmes pour s’approprier du registre informel. Ces problèmes sont causés parce que les apprenants ont rarement l’occasion d’utiliser leur langue cible comme un instrument  authentique de communication. Malgré les efforts des professeurs de FLE de l’Université Centrale « Marta Abreu » de Las Villas, les étudiants de la Licence de Langue Anglaise, option Langue Française ne développent pas complètement leurs compétences communicatives langagières car le registre informel reste insuffisant dans les contenus pédagogiques du cours de FLE. Pour cette raison, nous proposons un système d’activités de compréhension et production orales pour renforcer le développement des compétences communicatives langagières à partir de l’exploitation du registre informel du français. Ces activités sont destinées à des apprenants de niveaux B1-B2. Le document authentique à exploiter dans les activités sont les films, choisis en tenant compte de quatre critères fondamentaux : nationalité ; année de réalisation et époque où le film se déroule; fonction didactique; et fonction pragmatique. Cette étude contribuera à un développement plus efficace de compétences communicatives langagières des apprenants. En outre, cette recherche offrira une autre façon de rapprocher les apprenants à la culture cible à travers du langage. Cela rendra possible aussi le développement des compétences générales individuelles, ainsi que la préparation interculturelle des apprenants.

Cette contribution propose une étude acoustique, auditive et perceptive de la voyelle /ɛ/ en finale absolue. Les 480 occurrences analysées ont été produites en contexte formel (lecture en chambre sourde) par 40 jeunes universitaires originaires des villes de Saguenay et de Québec. L’analyse acoustique des caractéristiques spectrales (fréquence fondamentale et 3 premiers formants) des voyelles atteste d’une distinction très nette des occurrences en fonction de l’origine géographique des locuteurs : les Saguenéens produisent des /ɛ/ finaux présentant un plus haut degré d’aperture. Puisqu’à notre connaissance, un tel résultat n’a jamais été rapporté dans la littérature, un accord inter-juges a été effectué : 5 auditeurs expérimentés ont confirmé que le timbre des occurrences produites par les locuteurs de Saguenay était majoritairement plus ouvert. 20 auditeurs naïfs de Saguenay et de Québec ont également été soumis à deux tests de perception dont les résultats sont en cours de dépouillement. Le premier test, de type AXB, visait à évaluer la sensibilité des auditeurs à cette fine variation phonétique. Dans le second, ils étaient amenés à identifier l’origine géographique des locuteurs d’après leur prononciation de la voyelle /ɛ/. Ces tests ont pour objectif de vérifier si des auditeurs naïfs perçoivent l’ouverture du /ɛ/ et s’ils sont en mesure d’établir le lien attesté par nos résultats acoustiques et auditifs entre cette variation et l’origine géographique des locuteurs.