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La complicité qui existe entre les cultures irlandaises et québécoises nous permet de comprendre pourquoi la traduction des pièces de théâtre irlandaises occupe une grande partie du milieu théâtral québécois. Néanmoins, l’étrangeté des pièces de théâtre irlandaises présente une altérité. La problématique de ce projet consiste à voir comment s’exprime l’altérité sur scène quand il existe une telle complicité. Cette étude porte en premier lieu sur The Beauty Queen of Leenane de Martin McDonough et Howie the Rookie de Mark O’Rowe, deux pièces irlandaises contemporaines, traduites récemment au Québec. Selon Annie Brisset, la traduction sert à souligner l’étrangeté ou à assimiler un texte. De cette façon, la question se pose aussi de savoir comment différentes manières de l’étrangeté traversent ces deux pièces, par le biais de leur traduction. La méthode de travail consiste en une comparaison linguistique et culturelle entre ces deux pièces de théâtre. L’étrangeté prend plutôt la forme d’une subversion linguistique du français et de l’anglais standard. En ce qui concerne les différences entre les versions en français, la traduction québécoise évoque plus l’oralité du langage populaire de ces pièces que la traduction française. Il n’est pas tant question d’un effort pour souligner l’étrangeté du texte, que pour le rendre accessible aux spectateurs, surtout aux Québécois, et de valoriser la culture et le langage reconnaissables de l’Irlande.

A la suite de Bakhtine, Paveau [2006 : 17] ratifie l’absence de génération spontanée de discours, tout acte de parole s’inscrivant dans une chaîne continue de dires aussi bien antérieurs que futurs, l’altérité étant une donnée fondamentale du discours. Cette conception dialogique sous-tend la présence de l’autre. Cet autre qui, dans la situation qui nous préoccupe, traverse systématiquement les discours politiques gabonais. Tout discours est par définition à la fois assumé et destiné, en cela que chaque énoncé est l’expression d’une prise de parole d’un sujet dont la marque est je s’adressant in fine à un autre, symbolisé par tu. L’un et l’autre de ces pronoms ont la particularité d’être substituables. Toutefois, s’il est avéré que je destine l’énoncé dont il est l’auteur à un tu, on note que ces personnes sont amenées à discuter de quelque chose ou de quelqu’un. Il s’agit de ce, ou celui dont il est parlé : le délocuté (il). Le triptyque je, tu, il est par conséquent une combinaison linguistique constitutive de tout discours. Nous soupçonnons, à côté d’un auditoire identifié, l’existence d’un allocutaire autre ; d’autant plus que les discours permettent de réaliser qu’il (cet autre) n’en est pas le plus souvent l’énonciataire désigné. Nos investigations nous conduiront à questionner préalablement à la notion de tiers. Il s’agira par ailleurs de voir si ce dernier n’est pas en filigrane ce qu'il convient d'appeler un surdestinataire à travers le trope communicationnel.

La téléréalité Occupation double offre un accès inédit à la parole spontanée ainsi qu’aux discours épilinguistiques émis dans et autour de l’émission, permettant d’observer les attitudes linguistiques quant à ces usages. L’objectif de la communication est d’identifier les traits linguistiques et sociaux des candidat·e·s qui font le plus réagir, tout en offrant une analyse critique des arguments avancés pour révéler les attitudes sous-jacentes.

Notre corpus est constitué de tous les épisodes de l’édition 2020 d’Occupation double, des émissions du talk-show La semaine des 4 Julie, de 155 articles journalistiques, de plus de 21 000 commentaires Facebook et les tweets comprenant le mot-clé #ODChezNous. Nous retenons 905 commentaires de types épi-/métalinguistiques, analysés de façon qualitative grâce au logiciel Nvivo.

Les résultats indiquent que les réactions portent notamment sur le recours à l’anglais, des éléments lexicaux, morphosyntaxiques et de prononciation s’écartant de la norme socialement favorisée. Nous remarquons, entre autres, que le fait que les candidat·e·s soient jeunes semble faire réagir, et que les pratiques langagières de personnes issues de la diversité ethnique et/ou de communautés de pratique non francophones sont la cible de vives critiques. La compréhension de ces opinions exprimées dans la sphère médiatique est essentielle, puisqu’elles peuvent renforcer les préjugés et stéréotypes qui circulent dans la société quant à des groupes déjà marginalisés.

Une vaste étude interlinguistique a récemment établi que les quantificateurs étaient acquis selon des patrons universels (Katsos et al., 2016). Il semble également que l’acquisition de la quantification soit basée sur des éléments purement linguistiques plutôt que sur des compétences cognitives non verbales ou sur la cognition sociale (Katsos et al., 2011). Ainsi, l’évaluation des habiletés réceptives et expressives de la quantification s’avérerait un indice fort révélateur de la présence d’un trouble développemental du langage (TDL). 

Bien que les quantificateurs soient acquis selon des étapes universelles, la trajectoire développementale de la quantification en contexte de phrases varierait en fonction de facteurs syntaxiques, sémantiques et pragmatiques (Labelle et Valois, 2003; Philip, 1995; Noveck, 2001). La maîtrise de la quantification serait non seulement soumise à la compréhension du concept du quantificateur, mais également à différents facteurs linguistiques, auxquels nous proposons d’intégrer des facteurs dialectaux (Bélanger, 2003). Cette communication vise à présenter les procédés linguistiques influençant l’acquisition typique et atypique de la quantification en français québécois. Cette mise à jour permettra ultérieurement, nous l’espérons, de procéder expérimentalement à l'identification de critères diagnostiques linguistiques du TDL basés sur la quantification. 

L’accord du participe passé reste un problème pernicieux de la grammaire française pour les francophones et apprenants du français pareil. Les règles de l’accord codifiés sous les littéraires du XVIe et XVIIe sìecle tels Clément Marot et Vaugelas peuvent paraître compliquées et non sensées poussant certains grammairiens à revendiquer leur élimination. Cet article défend l’hypothèse que les troubles liés à l’accord sont la conséquence d’une mauvaise interprétation des structures profondes du participe passé. On cherche alors à présenter les « véritables » structures adjectivales et nominales du participe pour démontrer qu’il agit dans un système cohérent. Ainsi nous démontrons l'évolution du participe passé passif latin à travers l'ancien français jusqu'au français moderne avec des exemples tirés de la littérature. Ensuite, par l'illustration des caractéristiques des catégories verbales et nominales nous démontrons l'intérêt de traiter le participe en tant qu'élément adjectival tout en démontrant la déficience de l'analyse traditionnel. Étape par étape nous élaborons les bases d'une analyse capable de prendre en compte les accords distincts du participe passé avec avoir et être pour démontrer la logique dans l'orthographe des accords. Bien que cette recherche se base sur des aspects théoriques traités dans ma thèse, les arguments et les conclusions sont tout à fait adaptés pour un public non-spécialiste. 

Notre recherche traite de l’accord du participe passé, souvent perçu comme la bête noire de la langue française (Chervel, 1977). Il est bien connu qu’il n’y a pas d’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir (PPavoir) lorsque le complément direct se trouve à la suite du PP, mais que l’accord est présent sur le PP lorsque ce CD est extrait de sa position de base pour être antéposé au PP (Kayne, 1989; Boivin, 2005). Nous observerons d’abord ce qui, dans l’évolution de la théorie grammaticale, justifie le fait que l’accord du PPavoir précédé de en ait été traité différemment de l’accord avec les autres pronoms CD. Ensuite, en observant d’abord les cas les plus simples où cette règle s’applique, par exemple en présence des pronoms CD le, la et les, il sera proposé que la règle devrait également inclure les cas où le PPavoir est précédé du pronom CD en reprenant un GN entier. Ainsi, non seulement cet accord pourrait être appliqué dans cette structure syntaxique (Arrêté Haby, 1976; Boivin et Pinsonneault, 2008; Riegel et al., 2009), mais il devrait l’être.

Nous nous appuierons ensuite sur des données actuelles collectées auprès d’une centaine d’étudiants universitaires afin de dresser un portrait de l’usage relatif à l’accord du PP et, plus précisément, dans le cas où il est précédé de l’auxiliaire avoir et du pronom CD en. Ces données reposent sur une dictée de phrases présentant les différents contextes syntaxiques dans lesquels peut apparaitre le PP.



Cette étude a examiné si la parole des adultes comprend des indices acoustiques qui marquent les catégories syntaxiques. Les sujets étaient des adultes Québécois francophones. Dans l’expérience 1, les sujets ont lu des énoncés [Dét+Nom] et [Pron+Verbe]. Les noms et les verbes étaient des pseudo-mots (par ex., mige, crâle) contrebalancés dans la présentation des énoncés. Les résultats suggèrent que les deux types d’énoncés ne diffèrent pas dans les mesures de leur prosodie : la production des pseudo-mots en nom ou en verbe était équivalente au niveau des caractéristiques prosodiques. L’expérience 2 a mesuré si des énoncés plus longs étaient produits avec des indices acoustiques qui supportent les unités grammaticales. Les mêmes pseudo-mots furent les derniers mots (contrebalancés) dans les deux structures suivantes: 1) [Dét+Adj+Nom] et 2) [[Dét+Nom]+Verbe]. Les résultats ont montré que le dernier mot en tant que nom vs verbe diffère significativement au niveau de la durée, amplitude et intensité; la consonne initiale dans la production du verbe était plus longue, et précédée d’une pause distincte. Le mot précédant le verbe (2) a présenté des indices de frontière distincts (durée, amplitude, intensité), significativement différents que le mot précédant le nom (1). Nous suggérons que les indices dans la parole peuvent aider les bébés à segmenter des énoncés, pour par la suite acquérir les propriétés syntactiques des mots et autres unités syntaxiques selon leur distribution.

L’étude que nous avons menée avait pour principal objectif de déterminer si l’on peut détecter le sarcasme en s’appuyant uniquement sur les indices prosodiques présents dans la parole.  Pour ce faire, nous avons élaboré un test constitué de pseudo-mots afin de comparer la capacité des participants à identifier le sarcasme, en opposition avec quatre autres émotions. Lors de l’élaboration du test, nous avons fait plusieurs choix méthodologiques pour vérifier l’effet de la prosodie.  L’un de ces choix impliquait l’insertion d’un accent d’insistance posé stratégiquement sur un mot fonctionnel placé en milieu de phrase afin de déterminer si cet ajout pouvait faciliter l’identification des états d’esprit mis en scène.  En nous appuyant sur les travaux de Boivin et Valois (2009), nous postulions que la présence d’un adverbe pouvait servir d’intensificateur et rendre la phrase plus théâtrale.  En effet, ces récents travaux nous indiquent qu’en français québécois, l’adverbe, habituellement en position atone dans un énoncé, peut jouer le rôle d’intensificateur et donc recevoir un accent d’insistance permettant de marquer efficacement son rôle syntaxique (Boivin et Valois, 2009). Nos résultats montrent cependant que l’accent d’insistance posé sur l’adverbe ne semble pas favoriser la reconnaissance des états d’esprit puisque nos analyses statistiques ne montrent aucune différence significative entre les taux d’identification.

La Charte de la langue française reflète un désir québécois d’assurer la pérennité du français en tant que langue de cohésion sociale (CSLF, 2008). Le processus décisionnel ayant trait aux politiques linguistiques favorise un droit collectif au maintien de la langue officielle plutôt qu’un droit linguistique et de langue de scolarisation individuel (Rousseau & Côté, 2017). Les politiques linguistiques québécoises sont un sujet abondamment discuté dans la littérature académique, tant pour les risques que pose le déclin du français (Castonguay, 2002; Poirier, 2016; Termote, 2017), que pour les contraintes qu'elles imposent (Bourhis, 2019, 2020; Gérin-Lajoie, 2021; Lamarre, 2007). Cependant, l’opinion des parents québécois quant à ces politiques et l’impact qu’elles ont sur l’expérience scolaire de leurs enfants est un enjeu peu étudié (Kircher, 2019; Surrain, 2018).

Cette présentation des résultats finaux d'une étude menée auprès de parents québécois (n=44) ayant des enfants d'âge scolaire met en lumière leurs opinions et expériences en ce qui concerne les politiques linguistiques en milieu scolaire et leur effet sur l’apprentissage des langues chez leurs enfants. Des données générées lors de 13 groupes de discussion sont examinées thématiquement et font l’objet d’une analyse de 3 variables – le lieu de résidence, le profil culturel et le statut d’admissibilité à l'éducation en anglais – susceptibles d’influencer le type et la qualité de l’enseignement reçu par les élèves.

Les jeunes descendants de migrants algériens peuvent être considérés comme une source indéniable d’apprentissage pour les locuteurs algériens, non seulement pendant leurs séjours en Algérie, mais aussi quand ils sont en France à travers les différents moyens de communication tels que les Technologies de l’Information et de la Communication (TICES) considérées comme l’une des modalités d’échange les plus répandues de nos jours.

Pourrait-on considérer les TICES comme un moyen efficace pour apprendre et perfectionner le niveau des étudiants dans la langue française à travers leurs échanges avec des locuteurs français?

L’objectif de cette communication est de déterminer le rôle des TICES dans l’apprentissage informel du français en Algérie.

Afin de mieux connaître les modalités langagières utilisées lors des tchats entre les locuteurs algériens et leurs cousins habitant en France, nous avons décidé d’effectuer des entretiens semi- directifs avec des étudiants de 1ére année de langue française de l’université de Guelma.

Notre étude porte sur les inférences épistémiques de la désagentivisation en contexte de procès, plus précisément les instances des formes inaccusatives. Les constructions inaccusatives se font avec des verbes intransitifs dont le sujet est sous-jacent (Perlmutter, 1978). Nous voyons comment les personnes participant au processus judiciaire s’en servent pour réitérer le niveau de responsabilité d’une personne dans l’évènement décrit par la phrase. Nous nous intéressons à ce phénomène syntaxique, car la position syntaxique du constituant qui représente l’agent, c’est-à-dire la personne ou l’objet qui accomplit l’évènement décrit par le verbe, n’est pas dans la position de sujet. Ehrlich (2001) note, dans une analyse de procès d’agressions sexuelles, que les formes inaccusatives permettent de rendre plus flou le niveau de responsabilité de l’agent sur l’évènement décrit par verbe. Notre recherche cherche donc à voir comment les avocats et les témoins utilisent les constructions inaccusatives du français comme mécanisme de désagentivisation et quelles sont les interprétations pragmatiques qui découlent de ces formes. Pour ce faire, nous analysons les résultats obtenus du codage des transcriptions de procès et voyons la fréquence d’utilisation des formes inaccusatives par les locuteurs. La méthode inductive proposée nous permet de réfléchir aux enjeux liés à la catégorisation des constructions syntaxiques et des informations discursives.

Depuis les années 1960, la question de la norme linguistique au Québec a été soulevée à de nombreuses reprises. En 1965, l’Office de la langue française soulignait l’importance d’aligner cette norme sur le français standard international. En 1977, l’Association québécoise des professeurs de français proposait que la norme du français québécois soit basée sur le français formel des Québécois. Cependant, aucune de ces deux propositions n’a réellement fait consensus.

Quelques années plus tard, Cajolet-Laganière et Martel (1995) affirmaient qu’il existait une norme québécoise basée ni sur du français populaire québécois, ni sur du français standard de France, mais que cette norme n’était encore décrite nulle part. Depuis, plusieurs études ont fourni des éléments descriptifs du français standard québécois oral. Cox (1998), Reinke (2005) et Bigot et Papen (2013) se sont penchés sur la prononciation. Bigot (2011) a, lui, centré son étude sur la morphosyntaxique.

Dans notre exposé, nous nous proposons de dresser un portrait exhaustif du français standard oral en usage au Québec. Dans un premier temps, nous reviendrons brièvement sur le débat entourant la question de la norme linguistique québécoise. Par la suite, nous fournirons une description de cette norme du point de vue phonique et du point de vue grammatical. Nous terminerons notre présentation par une réflexion sur l’importance didactique de ce standard québécois dans l’enseignement du français au Québec.

Il est établi que la production de la parole est étroitement reliée à la perception audio-visuelle de celle-ci. Chez des aveugles congénitaux, la privation visuelle entraîne une réduction des mouvements labiaux lors de la production de voyelles. En guise de compensation, ces personnes accordent-elles plus d’importance à la perception auditive que leurs pairs voyants? L’objectif de l’étude est d’évaluer, via le paradigme de perturbation sensorielle, le poids de la vision dans la production vocalique.

Des enregistrements acoustiques et articulatoires (EMA) de 10 voyants et de 10 aveugles congénitaux ont été effectués. Des répétitions de la voyelle /ø/ en condition normale ont d’abord été produites. Ensuite, en condition perturbée, une version altérée de leur propre parole leur était transmise via un casque d’écoute, en temps réel. La production entendue différait donc de celle produite. Ainsi, pour compenser, le sujet devait adapter sa prononciation. L’adaptation sera d'autant plus grande que le poids de la perception auditive est important pour lui.

Les résultats préliminaires montrent que les sujets aveugles accordent un poids plus important à la rétroaction auditive que leurs pairs voyants en compensant différemment à la perturbation provoquée. Cette étude permet d’observer le rôle de la vision sur la perception et la production de la parole et de confirmer l’hypothèse selon laquelle la vision occupe une place majeure dans l'implémentation phonétique des cibles phonologiques.

Il est généralement reconnu que l’élision de [l], dans les pronoms « il(s) » et « elle(s) », est un trait distinctif du français québécois oral. Toutefois, peu d’études se penchent sur ce phénomène et lorsqu’elles le font, ne se concentrent que sur « il(s) ».

Est-il vrai que tous les Québécois font systématiquement cette élision? Une analyse de type sociolinguistique (Goldvarb, par régressions multiples) portant sur des données de 2006 du corpus Phonologie du français contemporain (PFC) permet de répondre à cette question. Elles concernent 5 locuteurs natifs du français québécois, soit 2 hommes et 3 femmes, pour un total de 148 occurrences de la variable (dépendante).

Plusieurs contraintes (variables indépendantes) peuvent expliquer la variation constatée. Parmi celles-ci, les contraintes linguistiques suivantes ont été identifiées : le contexte phonologique précédent et suivant, la catégorie grammaticale suivante, le type de pronom et la position de son référent. Il se peut aussi qu’une contrainte stylistique contribue à expliquer la variation : le type de conversation, libre ou dirigée. Le genre, l'âge et le lieu de naissance des locuteurs constituent les contraintes sociales analysées dans l’étude.

Les résultats préliminaires montrent que l’élision est beaucoup plus fréquente lorsqu’il est question du pronom « il(s) » que du pronom « elle(s) » et lorsque le type de conversation est libre.

Cette communication proposera une explication de la montée du sujet/objet et du contrôle par le sujet/objet dans les constructions composées de ‘adjectif + à + infinitif’ en français, en partant d’une description du signifié des unités linguistiques en jeu – à savoir, l’adjectif, l’infinitif et la préposition à – complétée par l’intervention de processus pragmatiques. Face aux approches purement formelles ou notionnelles, une analyse fondée sur la fonction sémiologique du langage sera proposée, qui voit celui-ci comme impliquant la symbolisation de conceptualisations au moyen de séquences phonologiques. Il sera démontré que cette analyse peut rendre compte de phénomènes de montée et de contrôle non expliqués par d’autres approches, tels le fait que la séquence apte + à + infinitif implique invariablement la montée du sujet, la séquence facile + à + infinitif implique invariablement la montée de l’objet, alors que la structure prêt + à + infinitif permet la montée ou bien de l’objet, ou bien du sujet, selon la nature animée ou inanimée de celui-ci (Les hamburgers / Les invités sont prêts à manger). À partir d’un corpus de 700 occurrences de la construction en question, un classement des types d’adjectifs attestés avec les différentes interprétations sera proposé. Le rôle de la présence d’un complément d’objet direct de l’infinitif sera également mis en lumière (Le fax est prêt à envoyer / prêt à envoyer le document).

Le sens est au cœur des langues et de l’apprentissage des langues. Notre proposition de communication porte sur un des aspects les plus délicats de la (re)construction du sens : la polysémie. Or, ce phénomène de la variation du sens des mots, lié à la compréhension plutôt qu’à l’expression (Nation, 2001), constitue une difficulté, qui déstabilise l’apprenant de langue seconde dont le recours sera souvent le dictionnaire occasionnant coût élevé en temps, surcharge cognitive, rupture avec le texte et baisse de la motivation. Dès lors, comment aborder ces glissements de sens et concilier « variation » et « stabilité » spécifiques à la polysémie? Dans un premier temps, notre réflexion portera sur le concept-même de polysémie, les apports des grammaires cognitives (Fuchs, 2007; Victorri, 1996) et leurs potentielles implications en classe de L2, notamment sur le processus d’interprétation comme « construction dynamique du sens ». Dans un deuxième temps, nous analyserons des situations de classe dans lesquelles les apprenants, en lecture, font face à la polysémie de lexèmes verbaux (i) en ayant la possibilité de recourir au dictionnaire ou (ii) en s’appuyant sur le seul contexte. Les résultats préliminaires montrent que le recours au dictionnaire, qui détourne de la focalisation sur le contexte, multiplie la divergence des réponses et des interprétations des apprenants. L’appui du seul contexte permet une prise de conscience de « l’espace sémantique » du mot et diminue les écarts.

Nous cherchons le changement linguistique dans l’industrie musicale au Québec à cause de la stigmatisation vers leur dialecte quand les chanteurs québécois lancent leurs albums en France. Les variétés formelles du français québécois ne sont plus stigmatisées chez les Québécois (Kircher, 2012), mais elles sont stigmatisées chez les Français (Szlezák, 2015). Ainsi, il y deux niveaux de stigmatisation opposants. Nous analysons l’effet de la stigmatisation sur la réalisation des formes phonétiques qui distinguent le dialecte d’autres Français. L’étude actuelle analyse le relâchement qui s’applique aux voyelles fermées /i y u/ dans les syllabes finales fermées (p. ex. panique). Nous analysons 4 931 voyelles qui pourraient relâcher dans un corpus de 79 albums de 20 chanteurs québécois. Ils étaient codés comme étant la variante québécoise ou la variante française. Le relâchement est catégorique dans la parole (Côté, 2012), mais il n’est que catégorique dans un album. De plus, le taux de relâchement dans les albums est prévisible selon le genre musical; les chanteurs de la pop utilisent les variantes québécoises moins que ceux d’autres genres. Ces résultats montrent que la stigmatisation pourrait jouer un rôle dans la réalisation des traits dialectaux dans la musique parce que les chanteurs n’utilisent pas les variantes québécoises catégoriquement et aussi parce que les chanteurs de pop sont probablement plus affectés par la stigmatisation des Français plutôt que ceux d’autres genres.

Le projet de recherche vise essentiellement à vérifier si l’effet de convergence phonétique est présent chez les aveugles congénitaux locuteurs du français québécois. Il est généralement admis que la parole est multimodale, c’est-à-dire que l’on encode en mémoire des informations auditives, visuelles et somatosensorielles, mais est-il possible que le fait d’avoir toujours été privés d'informations visuelles est un impact sur la convergence phonétique chez les aveugles congénitaux? Aucune information concernant la possible relation entre l’effet de convergence et la manière dont les locuteurs sont exposés à l'information ou sur la convergence phonétique chez les aveugles n’a été trouvée à travers les recherches effectuées. Pour répondre à ce questionnement, des sujets voyants et non-voyants ont effectués une tâche de répétition à la suite de deux modèles avec chacun une variété de français différente. Ces répétitions ont été présentées à des juges naïfs locuteurs du français québécois pour un test de perception, à savoir si les productions ressemblaient davantage à la variété de français québécois ou de français européen afin de vérifier si l’effet de convergence est présent ou non chez les aveugles. L'analyse des résultats révèlent que l'effet de convergence est présent chez les aveugles congénitaux.

Notre recherche analyse les pratiques linguistiques des jeunes de la 2ème génération de migrants congolais à Bruxelles, afin d’identifier les stratégies identitaires qu’ils mettent en place, et d’établir les profils correspondants à ces stratégies.

Considérant une conception dynamique de l’identité, notre étude prolonge celles sur les stratégies identitaires, et se situe dans le cadre de la théorie de l’identité sociale et de l’auto catégorisation. Quant à la méthodologie elle est qualitative, inspirée de la méthode de théorisation ancrée, et procède par entretiens individuels et semi-directifs.

Notre hypothèse de départ suggérait un système de choix à 3 niveaux (extrême-radical, de modération situationnelle, ou de métissage). Sur cette base, nous avons réalisé un 1er terrain exploratoire qui nous a permis de préciser le thème des pratiques linguistiques. Lors du 2ème terrain, actuellement en cours d’analyse, nous avons étudié la thématique linguistique en contexte. Et pour le 3ème terrain à venir, nous envisageons de nous orienter vers les structures d’apprentissage des langues ethniques à Bruxelles.

Dans le cadre de ce congrès, nous présenterons les résultats du 2ème terrain, c.à.d. la construction identitaire des jeunes de la 2ème génération de migration congolaise en Belgique, en lien avec leurs modes de socialisation primaire, leur sociabilité, leurs pratiques linguistiques, ainsi que leurs appréhensions et réactions aux expériences de racisme et/ou de rejet.

La théorie du contrôle moteur de la parole par buts auditifs soutient qu’une fois qu’un modèle interne associant articulation et résultat acoustique est construit, l’audition ne sert plus qu’à le maintenir à jour et à ajuster la parole en temps réel. Or, ces fonctions ne sont pas remplies chez les sourds profonds, et les implants cochléaires ne pallient pas totalement la perte d’audition. Cette recherche vise à étudier l’importance de l’audition dans la production de la modalité d’énoncés et à voir si l’implantation permet aux sourds de percevoir la modalité comme les entendants. Trois sourds postlinguistiques implantés (avec implant éteint puis en marche) et trois contrôles ont produit des énoncés dont la modalité a été cotée par 5 juges (donnant aux énoncés un score modal moyen, ou SMM), puis ils ont passé un test de perception où ils devaient indiquer la modalité d’énoncés. En production, le SMM des énoncés interrogatifs était meilleur chez les contrôles, et pour ces énoncés, le passage d’implant éteint à en marche a profité à l’un des sourds. Les facteurs influençant le plus le SMM sont la différence de hauteur entre les deux dernières syllabes et le ratio durée de la dernière syllabe/durée totale de l’énoncé. L’audition jouerait donc un rôle dans la production de la modalité d’énoncés. En perception, il y a une différence dans l’acuité de perception des modalités entre les deux groupes. L’implant cochléaire ne permettrait donc pas de percevoir normalement la modalité.

Plusieurs études explorent la manière dont divers facteurs liés à l’identité, la motivation et l’utilisation d’une langue étrangère (LE) interagissent dans l’acquisition de la prononciation d’une LE. Toutefois, peu de recherches portent sur l’apprentissage d’une LE lorsque cette LE n’est pas la langue du territoire d’apprentissage. Nous nous sommes penchés principalement sur l’interaction de ces quatre facteurs : 1) le sentiment d’appartenance à un groupe ethnique ; (2) ses relations avec la motivation à la communication ; (3) l’utilisation de la LE ; et (4) le niveau d’accent étranger d’un groupe d’étudiants d’anglais en Argentine. Les résultats montrent que, si l’analyse quantitative n’a pas démontré de résultats significatifs, une analyse qualitative d’une portion des participants ayant répondu au questionnaire d’utilisation de la LE pourrait nous aider à comprendre les raisons de leur haut niveau d’accent étranger. Les conclusions de cette étude suggèrent que les caractéristiques ethno-identitaires et motivationnelles pourraient avoir un impact inférieur à la quantité et la qualité de l’input, ainsi qu’aux opportunités d’utilisation de la LE. Une interprétation possible de ces résultats serait que l’utilisation d’une LE n’est pas nécessairement liée à la volonté d’utilisation. Par conséquent, le contexte d’apprentissage et ses caractéristiques particulières devraient être pris en compte lorsque nous étudions le niveau d’accent étranger en contextes de non immersion.

Au Québec,le français est la principale façon d’accéder à la vie publique, au marché du travail, en plus d’être un symbole de partage des valeurs culturelles et de la citoyenneté (Bélanger,Sabourin, & Lachapelle,2011;Pagé,2012).Même si 60% des migrants nouvellement arrivés mentionnent avoir une connaissance du français, une large proportion devra apprendre le français comme langue seconde (Palardy,2015).Plusieurs vont ainsi assister aux cours de francisation offerts par le gouvernement du Québec (Leroux & Moisan,2011) durant les mois et les années suivants leur arrivée.Cette mesure d’intégration linguistique a redessiné le visage de la «francophonie» québécoise, devenue composite.La définition identitaire ethnicisée de «francophone» tend à s’ouvrir aux francophones du Québec qui ont une pratique régulière du français, associée ou non à d’autres langues (Calinon,2015).Cette proposition est basée sur une étude ethnographique(2016) qui rend compte de l’expérience de 12 migrants qui font des cours de francisation à Montréal et qui sont dans le processus d’intégrer une nouvelle communauté en tant que «new speakers»(O'Rourke, 2011,2015).Les résultats de recherche démontreront leurs perceptions de l’apprentissage du français lorsqu’ils sont à l’extérieur des classes de francisation selon les thèmes suivants : contexte, compétence, médias et expérience.Nous rendrons donc compte des enjeux d'inclusion et d'exclusion auxquels ces migrants font face durant le processus de francisation. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les subordonnées relatives ont fait l'objet de travaux dans plusieurs langues des signes (allemande, américaine, française, italienne...), mais à ce jour, rien n'a encore été publié sur l'expression de la relativisation en LSQ. Au cours de ma maitrise, je me suis donc penchée sur la description des subordonnées relatives dans cette langue. Dans cette présentation, j'exposerai mes premiers résultats de recherche : sachant que la localisation spatiale et l’utilisation de marqueurs non manuels sont définis comme des éléments formels du marquage des relations propositionnelles en LSQ (Parisot, 2020; Chénier et James, 2014), le focus sera mis sur les stratégies spatiales et non manuelles utilisées par les signeur·e·s pour exprimer des subordonnées relatives en LSQ. Dans un premier temps, j'effectuerai une synthèse des caractéristiques sémantiques et syntaxiques qui définissent la subordination relative dans différentes langues, puis je présenterai la définition retenue pour mon analyse de corpus. Dans un deuxième temps, je présenterai les stratégies spatiales et non manuelles typiquement employées pour exprimer les subordonnées relatives en LSQ dans un échantillon de mon corpus (productions de dix signeur·e·s natif·ive·s de la LSQ), que j'ai implanté dans le logiciel ELAN pour l'annotation et la transcription matricielle de données multicouches. Cette contribution brossera un premier portrait de l’expression de la relativisation en LSQ.

Les enfants anglophones présentant un trouble développemental du langage (TDL) ont des difficultés importantes au plan de l’acquisition et de la maîtrise de la morphologie verbale. Pour le français, moins de données sont disponibles. Cette étude a pour objectif principal de comparer la trajectoire développementale de l’utilisation des morphèmes grammaticaux qui marquent les temps de verbe d’un groupe d’enfants TDL âgés de 2 ans ½ à 4 ans ½ à celle d’un groupe d’enfants au développement typique (DT) du même âge. Trente-cinq enfants ont participé à l’étude, soit 17 enfants TDL et 18 enfants DT. Les enfants ont été rencontrés à 2 ans ½, 3 ans ½ et 4 ans ½. Des échantillons de langage spontané ont été enregistrés, transcrits et analysés pour ces trois temps de mesure. Des analyses statistiques ont permis de comparer la présence et la justesse des morphèmes marquant les temps de verbe pour les 2 groupes, aux 3 temps de mesure. Les analyses indiquent que les enfants TDL accusent un retard pour presque tous les temps de verbe par rapport à leurs pairs au DT. Alors que les enfants DT diversifient les temps verbaux qu’ils utilisent à 3 ans ½ et à 4 ans ½, les enfants TDL augmentent leur utilisation du présent de l’indicatif et de l’impératif.

Plusieurs disciplines scientifiques ont recours aux fréquences d’utilisation des mots afin de répondre à leurs questions de recherche. Les fréquences lexicales sont notamment utilisées en éducation afin de guider l’enseignement du vocabulaire ou en psychologie dans les tâches de décisions lexicales. Puisqu’il existe des distinctions propres au français québécois, il s’avère crucial de développer une liste de fréquences lexicales du français parlé au Québec afin que les études abordant le sujet reflètent bien le phénomène. Bien que des listes de fréquences lexicales du français parlé québécois existent, elles sont basées sur un nombre restreint de mots et peuvent donc être limitées quant à leur contenu. Notre objectif est de présenter un nouveau répertoire de la fréquence lexicale du français parlé au Québec, Lexiqc. Nous avons recueilli les sous-titres de films et de séries télévisées produits au Québec depuis les années 2000, pour un total de près de dix millions de mots. Les fichiers de sous-titres ont été lemmatisés et la fréquence d’utilisation de chaque mot a été calculée pour plus de 65 000 mots uniques. Nous avons comparé nos résultats à ceux du Corpus du français parlé québécois, une liste déjà établie. Des analyses de corrélation indiquent un degré d’accord élevé entre les deux listes. Les fréquences lexicales ont aussi été comparées à celles de Lexique 3, une liste française, afin de faire ressortir les mots utilisés plus fréquemment à l’oral au Québec qu’en France.