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En Haïti, la communication orale est marquée par une absence progressive du français, première langue officielle du pays et langue seconde apprise à l’école. La plupart des études sur le sujet montrent que ce problème est lié à la situation sociopolitique et au contexte d’enseignement/apprentissage du français depuis plus de deux décennies (St-Germain, 1997; Chaudenson, 2006; Joint, 2006). Cependant, peu d’études ont abordé la question sous l’angle des solutions (Gadet, 2003). Pourtant, l’apprentissage du vocabulaire en contexte soutenu par les TIC peut faciliter la communication orale en langue seconde (Tréville, 2000; Strike, 2002; Myers, 2004; Schuler, 2009). Prenant appui sur ces écrits, nous avons élaboré un dispositif d’apprentissage du vocabulaire que nous avons validé auprès de 24 élèves haïtiens.

Pour ce faire, nous avons expérimenté en classe des situations d’apprentissage et de micro-activités de pratiques de l’oral, utilisé des entrevues, observé des présentations orales et  testé les connaissances. L’analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2003) a permis d’analyser les données textuelles (entrevues) et l’analyse statistique (Yergeau, 2009), a permis d’analyser le testing (grille d’observation, test de connaissances).

Lors de la communication, nous présenterons les principaux résultats qui tendent à démontrer que l’apprentissage du vocabulaire en contexte soutenu par les TIC a un effet favorable sur la capacité communicationnelle des élèves haïtiens.

 

Le sourire est une expression visuelle qui est audible également lorsqu’il est simultané à la parole. Bien que plusieurs auteurs aient démontré l'audibilité de cette parole souriante, peu d’études se sont intéressé à sa perception selon le sexe des auditeurs. Le but de cette étude est de décrire la perception de la parole souriante selon le sexe des auditeurs. Un test de perception constitué de 140 énoncés tirés du corpus Montréal 1995 a été administré à 40 auditeurs (20 hommes, 20 femmes). Les temps de réponse et le degré d’intensité du sourire perçu ont également été mesurés. Les résultats démontrent que les hommes et les femmes perçoivent la parole souriante différemment : les femmes sont plus rapides que les hommes pour faire leur choix. De plus, les temps de réponses des énoncés perçus souriants avec un fort degré d’intensité sont plus courts que ceux avec un faible degré d’intensité et ce, autant chez les hommes que chez les femmes.

Malgré de nombreuses recherches portant sur la rétroaction des enseignants de langue seconde (ex., Li et Vuono, 2019 ; Lyster et al., 2013 ; Nassaji et Kartchava, 2017), les recherches menées dans des contextes de français langue étrangère (FLÉ) sont peu abondantes. C’est le cas, notamment, des études qui examinent les croyances et les pratiques de la rétroaction corrective écrite (RCÉ) chez les enseignants de FLÉ. La présente étude cherche à combler cette lacune en étudiant les croyances et les pratiques en RCÉ des enseignants de FLÉ dans un programme de premier cycle au Costa Rica. Les participants à cette étude étaient cinq enseignants d’un programme de FLÉ dans une université publique au Costa Rica. Les données ont été recueillies au moyen d’un questionnaire en ligne, d’une entrevue semi-structurée et d’échantillons de rédactions des élèves. Les résultats ont révélé que les participants partageaient des croyances communes concernant la rédaction de textes, la didactique de la rédaction de textes, les attitudes vers la RCÉ dans une langue étrangère et la relation interdépendante entre l’enseignement, l’apprentissage et la rétroaction dans un cours de rédaction en FLÉ. Les résultats ont également montré que les croyances et les pratiques des participants concernant divers aspects de la RCÉ avaient tendance à être harmonisées, particulièrement en ce qui a trait à l’emploi d’une RCÉ comportant des codes et à l’utilisation de grilles d’évaluation. 

Aux études collégiales au Québec, le nombre d’étudiants inscrits au cours d’anglais, langue seconde (ALS) de base est élevé comparativement aux autres cours offerts.  Les constats nous démontrent qu’il y a eu un manque d’heures d’enseignement et quelques difficultés d'ordre pédagogique et administrative. Ces conditions d’apprentissage ont eu des répercussions, notamment un manque de motivation envers l’apprentissage de l’ALS. Les TIC se sont démontrées favorables à améliorer la motivation de l’apprentissage de l’ALS. Alors, les TIC du Web 2.0 pourraient-elles avoir un effet positif sur la motivation à apprendre l’ALS?  Par le biais d'un prétest et d'un post-test, nous avons identifié la perception initiale de la motivation de ces étudiants au moyen du modèle socioéducationnel de Gardner et l’utilisation des outils du Web 2.0; et avons vérifié l’effet de ces outils sur leur motivation à l'aide de ce modèle. Les conclusions de notre recherche nous encouragent à intégrer le Web 2.0 dans l’apprentissage de l’ALS:  les étudiants démontrent des attitudes favorables à l’apprentissage de l’ALS et le Web 2.0 a contribué favorablement à cette perception; l’utilisation du Web 2.0 en classe a changé positivement leurs attitudes envers la situation d’apprentissage de l’ALS; le Web 2.0 les a aidés à être plus à l’aise avec la communauté anglophone, de mieux comprendre et d’apprécier le mode de vie anglophone; et l’utilisation du Web 2.0 a considérablement diminué leur anxiété.

 

L'usage des pronoms à valeur générique (on, tu et vous) au Québec a été l'objet d'analyses sociolinguistiques notamment dans le français parlé à Montréal depuis les années 1970 (Laberge, 1977; Thibault, 1991). D'un point de vue normatif, la forme on représente la variante prônée par les grammaires, bien que la forme tu, d'abord critiquée pour son caractère informel et régressif (Laurence, 1946), semble à présent constituer une variante concurrente du on générique au Québec (Léard, 1995). 

Les analyses de Laberge et Thibault susmentionnées ont respectivement été effectuées à partir des corpus Sankoff-Cedergren de 1971 et Montréal 84. En fonction de ces études, les auteures anticipent un déclin considérable de la variante on en faveur de la variante non standard tu dans le français parlé à Montréal. Divers facteurs sociaux appuient cette hypothèse notamment que l'emploi de la forme tu est plus saillant chez les locuteurs les plus jeunes. Cependant, comme les plus récentes données soumises à une telle analyse remontent à 1984, nous proposons de dresser un portrait sociolinguistique de l'usage courant en français montréalais à partir du corpus de données actuelles de Remysen (2011) composé d'entrevues semi-dirigées avec des locuteurs franco-montréalais. Cet examen s'inscrit dans le cadre d'une analyse variationniste de forme selon la distribution proposée par Laberge (1977) et nous permettra de mieux comprendre l'évolution qu'a connue ce changement linguistique en cours.

Notre recherche menée en communication publique est née d’une interrogation sur le rôle du langage dans les pratiques sociopolitiques. Saisir le phénomène langagier dans un contexte de lutte, de discorde et d’antagonisme a à l’origine nourri et orienté notre réflexion. L’échange langagier se saisit comme une situation d’interlocution où l’on négocie sa position d’autorité et œuvre à imposer ses contraintes. L’intérêt de notre recherche est de contribuer à éclairer la thématique portant sur le fonctionnement langagier dans une procédure d’exercice du pouvoir. L’appréhension de l’activité langagière menée par des acteurs motivés par l’imposition de leurs versions de faits et de leurs cadrages des enjeux débattus nous réfère au rapport dialectique entre pouvoir et  langage.

Notre étude relève d’une analyse exploratoire fondée sur une étude de cas. Nous prenons comme un cas d'étude la crise écologique provoquée par British Petroleum au large du Golfe de Mexique. Deux populations-cibles de discours constituent notre corpus: le discours du gouvernement américain (discours d’Obama) et le discours représentant l’avis officiel de BP (communiqués de presse de BP), datant du 20 avril 2010 jusqu’au 19 septembre 2010. Nous avons utilisé la grille d’analyse élaborée par Windisch (1987) pour mettre en exergue le fonctionnement interne d’un discours conflictuel envisagé comme un vecteur du pouvoir. Nous avons utilisé deux méthodes d'analyse de données (analyse de discours et analyse de contenu).

Cette étude examine l’effet d’acquérir le français comme langue première (L1) dans un contexte minoritaire ou majoritaire sur l’acquisition de l’espagnol en tant que langue tierce (L3). Lorsque ciblé comme variable dans le domaine de l'acquisition de la L3, les chercheurs ont étudié l’effet du contexte d’acquisition de la langue seconde (L2) et de la L3, mais pas de la L1. La plupart des locuteurs acquièrent leur L1 dans un contexte majoritaire, mais ce n’est pas toujours le cas.
Entre les deux contextes d’acquisition, pouvons-nous observer différentes influences sur la prononciation de l’espagnol? Pour répondre, nous analysons le délai d’établissement du voisement (DEV) dans la production des occlusives /p t k/, une propriété dont la réalisation phonétique en français/espagnol diffère de celle en anglais. Les données proviennent de deux groupes d’adultes francophones avec niveau avancé de l’anglais (L2) et de l’espagnol (L3). Les participants du groupe A ont grandi dans un contexte où le français prédomine et ceux du groupe B ont été immergés dans un contexte anglophone. Notre hypothèse de départ est que les francophones dans un milieu anglophone ont moins d’influence positive du français vers l’espagnol. Les participants furent enregistrés lors de la lecture de 3 listes de mots qui débutent par une occlusive sourde. Les résultats démontrent que le DEV des francophones du groupe A ressemble plus à celui des hispanophones. Ceci leur donne un léger avantage sur le groupe B.

À partir d’un corpus constitué de quelque 450 séquences verbales et phrases verbales (semi-)figées à base religieuse (ex. : accouche qu’on baptise, dieu seul le sait), nous examinerons la centaine d’expressions contenant les lexèmes dieu et/ou diable qui forment le noyau du microsystème étudié. L’objectif est double.

D’une part, nous tenterons de déterminer leur degré de figement en nous basant sur une liste de critères usuels comme l’opacité sémantique, la limitation paradigmatique, etc. Ce premier examen nous permettra d’établir une taxinomie prototypique de ces deux types de figement, soit les séquences et les phrases verbales (semi-)figées. Nous optons pour une approche prototypique afin de rendre compte du caractère graduel du figement, ce que l’approche traditionnelle en termes de conditions nécessaires et suffisantes peine à faire. À notre connaissance, il n’y a eu aucune réelle entreprise pour appliquer la théorie du prototype à un corpus délimité de séquences figées.

D’autre part, nous procéderons à une analyse lexico-sémantique des expressions en cause en mettant à profit le cadre méthodologique de la lexicologie explicative et combinatoire (notamment Mel’čuk. 2006); cette analyse mènera à l’élaboration d’articles de dictionnaire. Dans cette perspective lexicographique, les expressions font l’objet d’une entrée au sein du dictionnaire; elles ne figurent pas simplement en périphérie dans une autre entrée, comme c’est généralement le cas dans les dictionnaires généraux.

Dans les années 1950, la logique juridique a fait l’objet d’un débat entre Chaïm Perelman et Georges Kalinowski. Depuis, le sujet fut quelque peu délaissé. L'objectif de cette conférence est de réactualiser l’intérêt pour cette logique, via le concept de "logique du droit". Dans cette optique, nous nous demanderons : « comment construire la logique du droit ? ». En réponse à cette question, nous présenterons un modèle de construction pour la logique du droit.

Notre conférence sera divisée en trois parties. La première partie résumera le travail de nos prédécesseurs. La deuxième partie présentera les étapes de construction de la logique du droit. La troisième partie exposera les premiers éléments de la première étape de construction de la logique du droit, soit la fondation de la logique du droit. Pour ce faire, nous nous inspirerons du modèle aristotélicien. Dans cette dernière partie, nous résumerons la logique d’Aristote (l’Organon). Ensuite, nous « juridiserons » la logique d’Aristote. Enfin, nous résumerons un arrêt de la Cour suprême en faisant ressortir, de cet arrêt, les éléments « juridisés » de la logique aristotélicienne. Nous obtiendrons ainsi la grammaire juridique du discours juridique, soit une fondation aristotélicienne du discours juridique.

Ainsi, le modèle de construction que nous proposerons sera une hypothèse de travail pour le développement de la logique du droit.

Entre 2011 et 2016, 8 500 Brésiliens ont immigré au Canada alors que 35 % et 37 % parmi eux se sont établis au Québec et en Ontario respectivement. Quoique le français, contrairement à l’anglais, ne soit pas enseigné au système scolaire brésilien, la majorité des Brésiliens qui s’installent au Québec (environ 87 %) l’adoptent comme première langue officielle parlée. Or, par l'entremise d'une approche visant la francotropie en Amérique latine, le Québec recrute activement au Brésil. Sur le plan pancanadien, les communautés francophones vivant en situation minoritaire (CFSM) ont, quant à elles, incité les gouvernements fédéral et provinciaux à mettre en place des programmes et des initiatives spécifiques aux candidats d’expression française, comme en témoigne le Plan d’action FPT visant à accroître l’immigration francophone à l’extérieur du Québec. De nature exploratoire, cette étude examine des sites web d’entreprises brésiliennes offrant des services d’immigration (y compris des cours de langue) afin de cerner, d’une part, comment y sont diffusés ces programmes et initiatives, et, d’autre part, le traitement discursif des CFSM. Les conclusions préliminaires indiquent l’absence d’information concernant l’immigration aux CFSM et la mobilisation d’un cadre discursif basé sur le dualisme linguistique (Québec français/Canada anglais).

Notre étude a pour objet le traitement du langage dans le Zhuangzi – une œuvre taoïste et chinoise datant du IVe siècle avant notre ère. Il s’agira d’expliciter en quoi, dans cette œuvre, le langage est remis en cause au nom d’une visée mystique, à savoir l’anéantissement du « je » dans son harmonisation avec la totalité des choses.

Tout d’abord, nous verrons que dans le cadre de cet horizon mystique, le langage constitue une limitation purement humaine. Nous nous concentrerons alors sur la nécessité de transformer sa fonction de catégorisation des choses en fonction purement poétique de saisie des choses dans leur globalité, soit sur la substitution de l’imaginaire ouvert sur tous les possibles à la distinction multiple. Enfin, parce que la mystique s’expérimente dans la non pensée absolue, nous nous focaliserons sur l’en deçà du langage qui conditionne le renouement avec le premier principe du monde. Nous tâcherons d’expliciter ce retour à la mère originelle en nous référant aux notions d'état embryonnaire et de « cosmogenèse » (cf. Jean Lévi).

Cette étude apporte deux contributions majeures : elle permet d’abord, par la mise en lumière d’une pensée chinoise des plus ingénieuses, de lutter contre la mainmise de l'Occident sur la sphère philosophique. Elle favorise également la valorisation d’un thème trop souvent négligé dans les travaux actuels, à savoir la mystique, qui pose des questions fondamentales sur l’origine et les premiers principes du monde.



Chaque langue possède des mots techniques qui appartiennent à des domaines spécifiques et comptent, en général, pour 5% de mots des textes spécialisés (Nation, 2001). La connaissance de ces mots techniques est utile pour les buts spécifiques comme lire des articles, écrire des rapports techniques, etc. (Nation, 2001). L’élaboration des listes de mots spécialisés est une tâche complexe. Le progrès de l’informatique nous permet aujourd’hui de travailler sur les corpus de langue afin d’établir ces listes. Le but de cette étude est de créer une liste du vocabulaire spécialisé du football (soccer au Canada) en français en utilisant les outils conçus par Tom Cobb, sur le site d’internet de Lextutor et de répondre aux questions portant sur la possibilité d’établir une liste de mots spécialisés du football, sa validité, le pourcentage de mots dans un texte du football, couvert par la liste des mots spécialisés du football et la ressemblance du vocabulaire du football avec d’autres domaines.

Un corpus de 200,000 mots des textes du football a été réuni et une liste de 368 mots les plus récurrents dans le corpus du football a été établie. Les analyses et les tests de validation corroborent en grand partie la fiabilité de la liste technique. En fait, la liste des mots techniques du football fournit une couverture de 5.04% des mots d’un texte du football et a très peu en commun avec le vocabulaire des autres domaines. Les outils et les limites de la recherche sont également analysés.

 

Parmi les nombreux apprentissages que doit faire l’enfant au cours de son développement langagier, ce dernier doit distinguer des structures grammaticales différentes mais qui semblent similaires en surface. Un exemple d'un tel apprentissage est la forme réflexive (par ex. il se lave) et la forme transitive (par ex. il le lave), dont le sens est différent mais qui sont identiques dans l'ordre des mots. Puisqu’aucune étude en français ne s’est encore intéressée à ces connaissances grammaticales, dans le cadre de cette recherche, nous avons examiné si les jeunes enfants de 30 mois comprennent la différence entre ces deux structures. Un logiciel a présenté deux images côte à côte, une montrant une scène transitive et l’autre réfléchie, et cela tout en présentant un discours préenregistré décrivant l’une des deux scènes (par ex., il se lave). Les données ont été recueillies avec un système de suivi oculaire (eye-tracker). Les résultats (36 enfants) indiquent que lorsque les enfants ont entendu la phrase, ils ont regardé l’image cible significativement plus que le hasard et qu’avant la phrase, ce qui démontre que les enfants comprennent la différence entre pronoms réflexifs et transitifs.

La comparaison du timbre de schwa (/ə/) avec celui des deux autres voyelles moyennes antérieures arrondies (VMAA), /œ/ et /ø/, est parfois utilisée pour justifier un statut phonologique en français (ex : Burki et al. 2008). Toutefois, certains facteurs, notamment la distribution des VMAA, sont susceptibles d’introduire des différences de timbre. Sur le plan syllabique, la distribution est quasi-complémentaire, comme le résume la figure 1, inspirée de Séguin (2010). Pour ce qui est de la distribution morphologique, Andreassen (2011) montre que, dans le contexte de [C_C(C)…], les VMAA orthographiées <eu> (donc typiquement catégorisées comme un /œ/ ou un /ø/) se retrouvent dans des morphèmes monosyllabiques (ex : meuble, jeun-esse). Au contraire, les VMAA orthographiées <e> (typiquement catégorisées comme schwa) se retrouvent en syllabes non finales de morphèmes polysyllabiques (ex : cerise).  À la lumière de la base de données Lexique 3, je propose qu’il est possible de généraliser le constat d’Andreassen (2011) : /œ/ ne se retrouve qu’en syllabe finale de morphème. Schwa et /œ/ se retrouvent donc en distribution morphologique complémentaire. À la lumière de cette distribution, en français laurentien, des différences phonétiques minimes retrouvées entre schwa et /œ/ dans un même contexte syllabique pourraient s’expliquer par la distribution morphologique, puisque le contexte morphologique est susceptible d’influencer la réalisation phonétique (Dumas, 1974).

Dans le cadre d'une recherche en cours (financée par l'Agence Nationale de la Recherche française) sur l'acquisition en dialogue des expressions référentielles par l'enfant (Salazar-Orvig et al. 2006 ; 2010) nous avons filmé 24 enfants (âgés de 3 à 6 ans) dans des situations de jeu et de lecture (album avec et sans texte) à l'école et à la maison. L'un des buts de cette recherche est de montrer l'influence des contextes (Marcos et al., 2004) et des activités sur l'usage des expressions référentielles et donc conséquemment celle de l'adulte dont le discours fournit à l'enfant l'étayage nécessaire pour construire son propre discours. Notre communication présente une première étude comparative et exploratoire sur une partie des données (6 enfants, 2 par section de maternelle) de l'étayage (Bruner, 1983, Hudelot, 1999) de l'enseignant et de la mère (plus rarement du père) dans les séances de lecture dialoguée d’albums sans texte. Les axes d’analyse retenus pour cette étude sont :

-les demandes de dénomination,

-la gestion de la narration : narration vs description, gestion de la continuité thématique,

-la gestion de la deixis verbale et non verbale.

Les résultats obtenus sont ensuite croisés avec les productions de l'enfant : le nombre et les types d'expressions référentielles (noms définis ou indéfinis, pronoms, démonstratifs principalement) afin de montrer les effets des diverses conduites d'étayage sur les productions langagières des enfants. 



Il existe plusieurs outils de correction pour le français, tels qu'Antidote et Le Bon Patron, pour ne citer que ces deux-là. Cependant, ces systèmes, basés sur des règles, peinent à saisir les spécificités des écrits en langue seconde, souvent déviants des normes (Affes et al., 2023), ce qui provoque un échec d'analyse. Cette approche rend difficile la détection d'erreurs pour les apprenants de français langue seconde. Une solution plus adaptée serait d’utiliser des modèles linguistiques de grande envergure (LLM), qui nécessitent cependant d'importantes quantités de données parallèles, souvent rares pour le français. Les systèmes commerciaux ont tendance à surcorriger, dépassant parfois la correction grammaticale traditionnelle et interprétant mal certaines phrases. Les corpus publics, comme Lang-8, sont inadéquats sans adaptation, et d'autres corpus générés artificiellement produisent des erreurs non représentatives de la compétence réelle des apprenants. Notre projet vise à créer un corpus de 25 000 exemples, corrigés et annotés, ainsi qu'un modèle logiciel ouvert (open source), basé sur Llama 3.1, nommé Le Grammairien, surpassant les correcteurs actuels dans les tâches de correction automatique des productions écrites des apprenants du français langue seconde.

Les locuteurs du français québécois n’attribuent pas la même valeur perceptive, dans une tâche de reconnaissance dialectale, aux principaux phénomènes caractéristiques du français québécois, le phénomène ayant la plus grande pertinence perceptive étant le relâchement des voyelles hautes (Brasseur & Ménard 2011). De plus, la réalisation de ce phénomène avec chacune des voyelles hautes du français (/i/, /y/ et /u/) n’a pas la même pertinence perceptive; le relâchement de /i/ et de /u/ étant mieux reconnu que le relâchement de /y/.

Afin de vérifier si la pertinence perceptive est due aux propriétés acoustiques des segments, deux tests de discrimination dans le bruit, RSB de 0 à 21 dB, (/i/ tendu et relâché dans le mot rapide, /y/ tendu et relâché dans le mot perruque) ont été soumis à 62 participants locuteurs natifs du français québécois. Les résultats montrent une meilleure discrimination de /y/. La valeur de marqueur dialectal attribuée par les locuteurs au relâchement de /i/ n’est pas due à une plus grande robustesse de ce segment, ce qui indique qu’un traitement auditif primaire de l’information n’est pas suffisant pour expliquer les différences de perception des marqueurs dialectaux et qu’un traitement phonétique catégoriel doit nécessairement être inclus dans ce processus.

BRASSEUR, Annie & MÉNARD, Lucie, 2011. Les marqueurs dialectaux du français québécois : Perception de locuteurs québécois. La perception des accents du français hors de France. Avignon : 2011.

La littérature migrante produite par les écrivains d’origine ouest-africaine est souvent marquée par une diversité linguistique et culturelle. À la différence de la littérature occidentale, elle se colore très souvent d’une altérité, mélangeant plusieurs codes et couches linguistiques, accueillant des inflexions, des tournures, des étrangetés syntaxiques, lexicales et des références à la culture ouest-africaine. Dans son roman Half of a Yellow Sun, Adichie joue, de manière pertinente, avec plusieurs couches linguistiques et crée un texte hybride qui traduit sa personnalité multilingue et multiculturelle. Si les textes littéraires ne doivent pas poser de difficultés au traducteur, c’est l’écriture migrante d’Adichie qui lui pose de sérieux problèmes en raison de son caractère hybride. La préoccupation principale de travail est de relever quelques créations linguistiques dans le roman d’Adichie et d’explorer les défis liés à leur traduction. Dans l’analyse, une approche contrastive sera appliquée à leur traduction afin d’évaluer les différentes stratégies de traduction adoptées par la traductrice pour faire face aux difficultés. Tout au long de cette étude, nous serons amener à souligner comment les choix de la traductrice peuvent affecter le rapport d’équivalence entre les textes source et cible. Nous proposerons également des solutions qui permettront de bien traduire les textes des auteurs d’origine ouest-africaine sans nuire à leur lisibilité dans le monde.

Les médias sociaux étaient inondés des commentaires et des critiques vis-à-vis de l’interprétation du discours prononcé par le Président Donald Trump des États-Unis lors de l’ouverture de la 72e assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies tenue en septembre 2017. Dans ce discours, Trump n’a pas hésité à lancer des attaques verbales à l’endroit de certains pays et plus particulièrement leurs dirigeants. La partie qui nous interpelle dans le présent travail est celle concernant l’Iran. À plusieurs reprises, le Président Trump critiquait amèrement le Président iranien. Au moment où le discours de Trump était prononcé, celui-ci était en train d’être interprété simultanément en langue persane par un interprète nommé Nima Chitsaz de la IRIB (la chaine de télévision nationale appartenant au gouvernement iranien). Chitsaz n’a pas fait justice au discours de Donald Trump ayant délibéramment et changé le vouloir dire de l’orateur en substituant les gros mots de Trump par des propos plus légers et moins sensibles. Ce scenario a justement attiré notre attention et a suscité en nous un intérêt particulier notamment à la lumière de la fameuse notion de trahison en traduction. En empruntant une approche d’analyse de discours, nous voulons mettre en exergue ce que nous considérons comme la trahison dans la version persane du discours de Donald Trump. Sont proposées quelques mesures pouvant aider le traducteur lorsqu’il se trouve dans la même situation que Chitsaz.

Dans l’industrie du doublage au Québec, le français québécois est généralement délaissé au profit du français international, « un langage construit, relativement artificiel, reconnaissable à son manque de couleurs et d’expressivité » (von Flotow 2010 : 28 [Nous traduisons]). Sébastien Dhavernas, acteur-doubleur, adaptateur et directeur de plateau de doublage, explique cette situation par le fait que « la population […] a mal réagi devant les rares tentatives de doublage en FQ [français québécois] » (Reinke & Ostiguy, 2012 : 44). Cette mauvaise réception n’a pourtant jamais fait l’objet d’études approfondies qui la confirmeraient et en expliqueraient les causes. C’est pourquoi, à partir d’une étude sociolinguistique de la réception, nous chercherons à savoir si la réception d’un doublage en français québécois est systématiquement mauvaise.

Pour ce faire, nous nous intéresserons à la réception du doublage de Goon, film canadien-anglais ancré dans le monde du hockey et doublé dans un français québécois très familier. Il s’agira d’identifier, à partir de l’analyse du contenu des commentaires formulés par les spectateurs sur les blogues, les forums et les sites destinés au cinéma, les éléments linguistiques (prononciation, lexique, grammaire) et extralinguistiques (sujet du film, âge et sexe des spectateurs) ayant influencé la réception de ce doublage. Nous verrons ainsi que, souvent, les mêmes facteurs ont tantôt contribué au succès de ce doublage, tantôt causé son rejet.

Notre proposition a pour but de présenter un outil d’analyse de discours élaboré entre 2008 et 2011 et testé par la chercheure lors d’enquêtes et d’analyses menées pour sa thèse de Doctorat. Le présent outil est une grille d’analyse discursive dans laquelle nous faisons la distinction entre le phénotexte (le texte dans sa manifestation matérielle) comportant des traits issus de la situation d'énonciation orale d'origine que nous noterons, et le génotexte, composé des structures productrices du texte. Nous en donnons ici les principes essentiels, appliqués au champ du conflit structurant, analysé dans les rapports des couples multiculturels à La Réunion. Épistémologiquement, l’approche adoptée pose une axiologie et des positions sociosubjectives souvent potentialisées (Lupasco), qu’un contexte vient mobiliser dans des stratégies discursives variées appliquées au matériau linguistique (champs et réseaux lexicosémantiques, actes langagiers…) en fonction d’une visée pragmatique. Le modèle privilégie ainsi une perspective dynamique, créative, émergente au fil du discours (Varela), que l’analyse se propose de décrire. Notre objectif, dans cet article,  outre que de présenter un outil original vise la dimension épistémologique et méthodologique, mais nous fournirons aussi des résultats de cette recherche en montrant  des exemples d’analyse textuelle à travers l’application de notre outil.

 

Dans ce travail, nous nous proposons d’étudier la paraphrase basée sur les collocations à verbes supports en malgache et en français qui se distinguent surtout par leurs verbes et leurs structures syntaxiques. Ce sont les paraphrases  telles manome fanampiana ‘donner de l’aide’ ≈ mahazo fanampiana ‘recevoir de l’aide’ ≈ avy… ny fanampiana ‘l’aide vient de…’ ≈ mahakasika… ny fanampiana ‘l’aide concerne’. Nous allons déterminer les caractéristiques lexicales, sémantiques et syntaxiques des paraphrases collocationnelles mettant en jeu des collocations à verbes supports en malgache et faire la comparaison avec le français afin de ressortir leurs ressemblances et leurs différences; identifier les liens paraphrastiques sous-jacents aux paraphrases basées sur ces collocations en malgache et faire la comparaison avec le français et finalement appliquer les règles de paraphrasage impliquant les verbes supports de la Théorie Sens-Texte en malgache afin de les tester et de proposer de nouvelles règles, le cas échéant.

Pour faire notre analyse, nous allons adopter la Théorie Sens-Texte, une théorie linguistique développée par Mel’čuk (2016). Elle accorde une place importante à la paraphrase. Elle propose un modèle fonctionnel de la langue naturelle, le modèle Sens-Texte, qui permet de relier un sens donné à l’ensemble des paraphrases, qui expriment ce sens.

Bibliographie

Mel’čuk, I. A. (2016). Language : From meaning to Text. (Ed.) David Beck. Boston : Academic Studies Press.

 

Dans plusieurs structures de l’anglais et du français, la portée des quantificateurs est ambigüe. Par contre, il a été constaté que leur portée est « gelée » dans certaines structures, entre-autres, dans l’alternance locative des compléments de verbes « spray-load » en anglais, et de verbes apparentés en français ((1) et (2)).

(1)  a. The workers loaded a truck WITH every box. (a>every, *every>a)

     b. Les ouvriers ont chargé un camion DE chaque boite. (un>chaque, *chaque>un)

(2)  a. The waiter cleared a table OF every dish. (a>every, *every>a)

     b. Le serveur a débarrassé une table DE chaque assiette. (un>chaque, *chaque>un)

(3)  Les ouvriers ont chargé un camion AVEC chaque boite. (un>chaque, chaque>un)

Nous avons collecté des jugements d’acceptabilité pour l’interprétation du Lieu en (1) et (2) comme singulier ou pluriel, pour l'anglais. Les données de 56 locuteurs natifs ont montré que tandis que la portée en (1) n’est pas figée, elle l’est en (2), quand la préposition qui introduit le Thème est of. Pour expliquer ce résultat, nous proposons une analyse syntaxique qui réunit les faits de l’anglais à ceux du français : la portée est figée quand la préposition est of/de, mais ambigüe quand elle est with/avec. La phrase anglaise en (1) se comporte plutôt comme sa paire en (3). Nous suggérons que le constat original est dû à des facteurs sémantiques et de traitement de phrase qui mènent à une forte préférence pour la portée de surface en (1). 



Ma communication vise une réflexion sur la norme écrite franco-canadienne en proposant une étude métalexicographique du nouveau dictionnaire québécois de langue française informatisé Usito. Ce dernier propose une description globale du lexique français, tout en intégrant à sa nomenclature un lexique à l’usage et au contexte québécois, mais également nord-américain (Cajolet-Laganière & Martel 2008). Dans le but de mieux comprendre la façon dont le discours métalinguistique de cet ouvrage s’articule, j'ai entrepris un dépouillement et une analyse métalexicographique de ses régionalismes, ses archaïsmes, ses anglicismes et ses francismes. Je me penche à la fois sur la macrostructure et la microstructure de ses entrées. De manière parallèle, je relève également les entrées semblables dans le dictionnaire non différentiel de langue française sur support électronique, le Petit Robert informatisé  2013, afin de comparer les similarités et différences de ses choix lexicographiques.  Mes résultats préliminaires montrent plusieurs différences importantes dans la microstructure des entrées de ces deux dictionnaires, en particulier les marques d’usage, ce qui s’explique évidemment par leur projet différent. En conclusion, en démystifiant Usito, je participe à l'avancement des connaissances sur le paysage lexicographique francophone, les outils lexicographiques étant de bons objets d’étude pour comprendre l’importance que l’on donne à la légitimité d’une langue et à ses variétés.

La rétroaction corrective écrite (RCE) a été amplement étudiée dans la littérature sur l’acquisition d’une langue seconde. Bien qu’il y ait maintenant un consensus sur le fait que la RCE est bénéfique pour l’apprentissage des langues secondes/étrangères, peu de recherches ont examiné la manière dont les apprenants analysent les différents types de rétroaction. 

Dans cette communication, on présente une étude de méthodes mixtes comparant comment les apprenants du français langue étrangère (FLE) analysent deux types de RCE : la rétroaction indirecte (codes) et la rétroaction directe. 27 apprenants adultes du FLE qui ont suivi un cours d’expression écrite dans une université publique au Costa Rica ont participé à cette étude. 

La collecte de données a compris deux tâches d’écriture et des réflexions à haute voix de la part des apprenants au moment d’analyser la RCE reçue dans leurs textes.

Bien que les résultats n’aient montré aucune relation significative entre le type de rétroaction et la profondeur d’analyse de la RCE des apprenants, des relations significatives ont été trouvées pour la profondeur d’analyse de la RCE et certains types d’erreurs. L’analyse a montré une interaction significative entre le type d’erreur et la condition de rétroaction, ainsi que le type d’erreur et la profondeur d’analyse de la RCE. Les implications pédagogiques et avenues de recherche quant à l’analyse en profondeur de la rétroaction corrective écrite en français langue étrangère sont discutées.