Dans le cadre de la Saison des francophonies canadiennes et du centième anniversaire de l’Acfas, l’Acfas-Nouvel-Ontario (anciennement connue sous le nom de l’Acfas-Sudbury) a eu l’idée de tenir un concours différent; un concours qui solliciterait dans une même formule la créativité interdisciplinaire des acteurs et actrices qui œuvrent du côté des savoirs expérientiels comme de ceux et celles du côté de la science. C’est la formule photovoix ou photovoice qui a été retenue, puisqu’il s’agit d’une démarche de recherche participative sur un thème fort, racontée en images et en quelques mots, teintés de la sensibilité disciplinaire du créateur. Cette méthode est généralement utilisée pour documenter la réalité d’une communauté ou refléter une réalité sociale par rapport à un enjeu en particulier. Ici, ce sont les savoirs, les recherches et les innovations en action dans le Nord ontarien qui sont mis de l’avant.
Dans le cadre de ce concours, la composition photographique devient un élément qui permettra de brosser un portrait du thème, de découvrir l'angle de l'étude et de rencontrer des chercheurs et chercheuses. Comme l’ont dit en 1997 les initiatrices de la démarche photovoix, Wang et Burris, la sensibilité et l’expertise multidisciplinaire de la recherche doivent voir dans la photographie « un outil de collecte de données et un ingrédient indéniablement important de cette collecte. […] il reflète une réalité telle que vue et vécue par un individu et une communauté. » [traduction libre].
C’est à la suite d’un remue-méninge d’équipe, que le comité organisateur de l’événement a opté pour le thème Le Nord sait (c’est) grandir encore! Il y avait unanimité sur les notions que portait l’énoncé qui référait à l’espace, à la vastitude du territoire nord-ontarien sur lequel grandissent les institutions postsecondaires membres de l’Acfas-Nouvel-Ontario : le Collège Boréal, l’Université de Hearst, l’Université de Sudbury et l’Université Laurentienne. La centralité du verbe savoir, jumelée au verbe grandir, se voulait éloquente quant à l’importance de l’avancement et de la promotion du savoir dans notre espace septentrional si particulier. La temporalité, la durée et la mémoire étaient portées par le encore, et invitaient à montrer que les coups durs n’arrêtent pas notre quête de savoir. Les notions d’espace, de savoir et de temps invitaient ainsi les chercheur·se·s, étudiant·e·s et professeur·e·s des institutions postsecondaires de la région à produire images et mots exprimant leur expérience singulière des sciences et des savoirs.
Toutes les personnes inspirées par notre thème étaient invitées à participer, mais les prix étaient réservés aux étudiantes et étudiants des collèges et des universités de la vaste région que desservent nos institutions.
Les gagnantes et gagnants du concours photovoix Le Nord sait ('est) grandir encore! 2023 sont :
1ère place : Catégorie « collégial et universitaire - premier cycle »
Olivia Baudet, Collège Boréal
Titre du projet : Sudbury : Un reverdissement sans précédent
2e place : « Collégial et universitaire - premier cycle »
Dan Yangary, Université de Hearst
Titre du projet : Un conte sur la glace
3e place : Catégorie « Collégial et universitaire - premier cycle »
Adja Aissatou Sall, Collège Boréal
Titre du projet : Mieux s’intégrer dans le Nord de l’Ontario à travers l’alimentation
Catégorie « Universitaire - 2e et 3e cycles »
Heidi Morin, Université de Hearst
Titre du projet : L’apprentissage : un échange de savoir
Nous félicitons toutes les participantes et les participants et comptons bien récidiver l’an prochain avec un nouveau thème.
L’exposition virtuelle répertoriant les différentes candidatures est maintenant accessible sur le site Internet de l’Acfas-Nouvel-Ontario : https://acfas-nouvel-ontario.com/photovoix-exposition-virtuelle
- Marie LeBel
Université de Hearst
Marie LeBel est historienne et professeure au programme d’études interdisciplinaires de l’Université de Hearst. Détentrice d’un doctorat en histoire de l’Université Laval, elle a étudié les contributions d’intellectuels franco-ontariens aux discours sur et pour la communauté d’appartenance. Formée aussi en histoire des idées, de l’Europe et du monde contemporain, elle est titulaire des cours d’idées politiques et sociales, de géopolitique et d’interdisciplinarité. Depuis 2012, en collaboration avec la chaire de recherche de la francophonie canadienne en santé de l’Université d’Ottawa et l’Unité de recherche en histoire du nursing de l’Université d’Ottawa, elle a contribué à dresser l’histoire des soins et services en santé mentale pour les communautés francophones du nord-est ontarien. Dans une perspective complémentaire, elle recourt à l’approche des récits de vies, pour éclairer à partir de trajectoires individuelles minutieusement documentées les lendemains de la déshospitalisation psychiatrique et l’évolution des thérapeutiques de la santé mentale en Ontario. Elle a publié au printemps 2021 Dérives, une histoire sensible des parcours psychiatriques en Ontario français aux Presses de l’Université d’Ottawa, un ouvrage co-écrit avec l’historienne Marie-Claude Thifault. Elle a fait partie du collectif international qui a publié en 2020 l’importante synthèse La fin de l’asile aux Presses universitaires de Rennes.
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