Depuis quelques années, les organismes communautaires dédiés aux femmes doivent aider de plus en plus de participantes ayant des problèmes de santé mentale, malgré le fait que ce ne soit pas leur mission.
8 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – « Les trois quarts des organismes disent recevoir des femmes qui ne sont pas référées au bon endroit », explique la chercheuse Isabelle Mimeault. « C’est ce qu’on appelle du dumping. »
Avec ses collègues Christelle Cassan et Marie Cadotte-Dionne, elle a recueilli les commentaires de 75 groupes de femmes situés aux quatre coins du Québec, pour produire le document Santé mentale au Québec : Les organismes communautaires de femmes à la croisée des chemins.
« Les organismes veulent bien aider la personne bipolaire qui sonne à leur porte, lui offrir du soutien et briser son isolement. C'est leur principale mission. Mais ils ne veulent pas discuter avec elle de la façon dont elle doit prendre ses médicaments, ce n’est pas leur rôle », explique Marie Cadotte-Dionne.
Cette situation cause une surcharge de travail pour les intervenantes des groupes de femmes. Parmi les travailleuses des 75 organisations que les trois chercheures ont rencontrées, 82 % ont affirmé « se sentir impuissantes devant l’impossibilité d’apporter une aide complète à certaines participantes ».
Isabelle Mimeault, Christelle Cassan et Marie Cadotte-Dionne ont donc rédigé une série de recommandations destinées au gouvernement. Elles proposent, entre autres, « que le ministère de la Santé et des Services sociaux intègre, dans son plan d’action en santé mentale 2012-2017, l’amélioration de l’accessibilité des services de première ligne en santé mentale ».
Le gouvernement doit aussi mettre en place des politiques sociales plus globales, affirme Isabelle Mimeault : « C’est peut-être cliché, mais il faut d’abord s’attaquer aux inégalités sociales parce que bien souvent, ce sont les femmes qui en souffrent le plus. » Au passage, elle note qu’il y a « deux fois plus de dépressions chez les femmes que chez les hommes ».
Les trois chercheuses n’ont pas l’intention d’attendre que leur message soit entendu pour agir. Elles travaillent présentement sur une nouvelle étude « plus positive », souligne Mme Mimeault. « On veut connaître les initiatives prises par certains groupes pour tenter de régler ce problème et surtout, lesquelles ont fonctionné », explique Mme Cadotte-Dionne. Par la suite, elles prévoient partager ces solutions afin de favoriser un réseautage entre différents groupes de femmes situés un peu partout au Québec.
- Marie-Christine Bouillon
Stagiaire en journalisme scientifique
Issue du domaine culturel, le journalisme est pour Marie-Christine Bouillon une deuxième carrière. En 2007, elle termine un baccalauréat multidisciplinaire en théâtre, création littéraire, cinéma et musique, à l’Université Laval. Après quelques années à cumuler les contrats d’animatrice, de gestionnaire d’événements et de comédienne, elle décide de retourner aux études. Dès le premier trimestre, elle est séduite par le métier de journaliste. Bien qu’au départ elle envisageait couvrir les arts et spectacles, elle s’est aperçue que ce métier avait beaucoup plus à offrir, trouvant dans cette profession une utilité à sa soif de savoir. C’est donc avec grand plaisir qu’elle se me joint à l’Équipe Relève média pour ce 80e Congrès de l’Acfas.
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