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Isabelle Lacroix, Université de Sherbrooke

Nous publions ici un sondage réalisé l'an dernier et présenté une première fois dans le cadre du Congrès de l'Acfas 2023. Ces travaux ont été réalisés par Isabelle Lacroix, politologue et professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. La publication ce mois-ci de ce travail de recherche, nous a semblé des plus opportuns étant donné qu'il sera en compagnie d'un article traitant du comment les établissements d’enseignement supérieur valorisent l’engagement des chercheur·euses en communication scientifique "hors laboratoire". Place aux relations sciences et société...

La rédaction

ACCÈS AU SONDAGE RÉALISÉ EN 2023 [PDF]

Extraits du document

Introduction 

Le présent rapport clôt des travaux entrepris il y a quelque cinq ans. C’est Julie Dirwimmer, des Fonds de recherche du Québec (FRQ), qui est à l’origine de notre recherche. En effet, celle-ci, en 2018, nous proposait le mandat de mener une enquête en collaboration avec une cohorte étudiante de la maîtrise en études politiques appliquées de l’Université de Sherbrooke. Nous tenons à la remercier. Ainsi, à l’hiver 2019, un groupe d’étudiant·es procéda à une étude en vue de connaître la proportion des interventions issues de la communauté de la recherche dans le cadre des commissions parlementaires (Québec) et comités parlementaires (Canada) entre 2014 et 2018. Sans surprise, la conclusion fut que peu de mémoires (6 % au Québec et 4 % au Canada) ou d’interventions orales (2 % au Québec et 5 % au Canada) provenaient de chercheur·euses (1).

Une des hypothèses pouvant expliquer cette faible présence était le fait que les commissions et comités parlementaires se révélaient peu accueillants pour la communauté de la recherche. Au cours des mois suivants, nous nous sommes intéressées à la responsabilité sociale des chercheur·euses et à leur intérêt à interagir avec les décideurs politiques. 

Deux démarches ont suivi. 

Dans un premier temps, un atelier de formation fut offert par l’Acfas dans le cadre de sa programmation annuelle d’ateliers, pour outiller les chercheur·euses qui souhaitaient influencer les décideurs. Cet atelier a été adapté à l’occasion du premier volet d’un colloque dédié à la culture scientifique, dans le cadre des célébrations du centenaire de l’Acfas. Ce volet du colloque, Cent ans de dialogue science et société : état des lieux et prospectives en culture et communication scientifiques et technologiques, a été tenu le 11 mai 2022, dans le cadre du 89e Congrès annuel de l’Acfas. 

Dans un deuxième temps, nous avons développé un questionnaire destiné à la communauté de la recherche. Les résultats ont été présentés une première fois dans le cadre du deuxième volet du colloque, Cent ans de dialogue science et société : renforcer le dialogue pour un nouveau siècle, tenu le 10 mai 2023, dans le cadre du 90e Congrès de l’Acfas. L’ensemble de ces travaux ont bénéficié de la collaboration des Fonds de recherche du Québec et de l’Acfas.

Méthodologie du sondage en ligne

Le sondage comprenait 19 questions, dont 18 questions fermées avec choix de réponses. La seule question ouverte visait à connaître la discipline principale à laquelle se rattachaient les activités de recherche des personnes interrogées. Certaines questions ont été inspirées d’une enquête aux objectifs similaires dirigée par Yves Gingras en 2008, ce qui nous permettra de faire quelques comparaisons, tout en reconnaissant les limites d’une telle démarche (2).

Le questionnaire fut distribué par la plateforme Alchemer et rendu disponible de septembre à décembre 2022 (3). Un appel destiné aux chercheur·euses fut diffusé au moyen de la liste d’envoi de l’Acfas et de celle des FRQ. Cette démarche de diffusion, en plus de quelques actions individuelles de relais sur les médias sociaux de personnes collaboratrices, nous a permis de constituer un échantillon non probabiliste, à participation volontaire, de 425 personnes répondantes.

Nous croyons que cet échantillon, en raison de la méthode employée pour le constituer, présente un biais d’intérêt probablement important sans que nous puissions l’évaluer précisément. Il est ainsi fort possible que les personnes qui ont accepté de répondre au sondage aient une sensibilité et un intérêt élevés envers la thématique de la responsabilité sociale des chercheur·euses, qu’elles fassent montre d’une ouverture plus grande quant aux activités de diffusion hors des canaux académiques traditionnels et, donc, qu’elles soient plus enclines à agir en ce sens. Nous invitons les lecteur·trices du présent rapport à garder cet aspect en tête.

De l’ensemble des personnes répondantes, 73,2 % étaient de citoyenneté canadienne, 14,6 % de citoyenneté française et 12,2 % d’autres citoyennetés. Près de la moitié étaient professeur·es d’université alors que les étudiant·es - chercheur⸱euses représentaient près de 20 % de l’échantillon (16,2 % étudiant·es et 3,3 % postdoctorant·es).

Recommandations – Colloque Acfas mai 23

Lors de l’atelier tenu dans le cadre du colloque Cent ans de dialogue science et société : renforcer le dialogue pour un nouveau siècle, le 10 mai 2023 au Congrès annuel de l’Acfas, nous avons présenté certains de nos résultats. Nous avons ensuite invité les participant·es à commenter et à soumettre des recommandations en lien avec la responsabilité sociale des chercheur·euses.

L’influence des exigences de financement

Spontanément, les premiers commentaires portaient sur les demandes de financement et leur évaluation. Certaines personnes ont suggéré que les espaces destinés à la description des retombées ciblent, dans les critères d’évaluation, des actions associées à la responsabilité sociale de la recherche. Il pourrait s’agir, par exemple, de communication avec le grand public, en plus du transfert vers les professionnel·les de la pratique concernée. Il pourrait aussi y avoir un certain pointage attribué explicitement aux actions de vulgarisation, qui doivent être planifiées au-delà des actions de simple communication des résultats. Ces suggestions n’ont pas été contestées, et elles ont même fait l’objet du soutien des participant·es. Une autre personne a même suggéré que ces critères d’évaluation fassent l’objet d’une reddition de compte de la part des chercheur·euses, à qui on demanderait de démontrer que les actions anticipées ont bel et bien été réalisées. Si personne n’a remis ouvertement en question cette idée, certain·es ont soulevé la complexité de mettre en œuvre une telle pratique de gestion.

Enrichir la formation à la recherche

Quelques personnes ont aussi abordé la question de la formation à la recherche, qui est bien souvent déficiente en ce qui touche à la responsabilité sociale. Plusieurs éléments de réflexion ont été suggérés en cette matière : comment les acteurs politiques font-ils usage, dans leur travail, des savoirs produits par la science; quelles sont les pratiques et les institutions qui favorisent le transfert de connaissances vers les acteurs politiques; quel rôle joue la confiance dans cette relation science/politique; quelles sont les pratiques de collaboration porteuses que devraient connaître les chercheur·euses, en plus de recevoir une formation à l’interdisciplinarité et à la sociologie des sciences. Il fut aussi suggéré, dans ce cadre, de mettre sur pied un système de mentorat destiné aux chercheur·euses souhaitant accroître leurs actions en adéquation avec la notion de responsabilité sociale de la recherche.

Piste de recherche à explorer

En terminant, quant à la poursuite des visées de recherche dans ce créneau, des personnes présentes ont suggéré d’approfondir, au moyen d’études qualitatives, la mise en action de chercheur·euses en lien avec leur responsabilité sociale, à différents moments de leur carrière. Cette démarche pourrait venir alimenter les outils de formation de nouvelles connaissances concrètes et adaptées à la réalité du milieu de la recherche

  • 1

    Lacroix, I. (sous la direction de). (Octobre 2019). Participation de la communauté de recherche aux instances de consultation démocratique canadienne, Rapport de recherche – Partie II, Mandat de recherche reçu du Bureau du Scientifique en chef du Québec, École de politique appliquée, Université de Sherbrooke.

  • 2

    La recherche de 2008 reposait sur une enquête téléphonique menée par une maison de sondage reconnue. Elle s’intitule Les attitudes des chercheurs face aux attentes de la société. Présentation des résultats de l’enquête Acfas-CIRST réalisée auprès des chercheurs québécois (Yves Gingras, Jean-Louis Trudel, CIRST-UQAM).

  • 3

    Notre démarche d’enquête a obtenu un certificat du comité éthique de notre université (FLSH/UdeS) : N/Réf. 2021-3237/Lacroix.


  • Isabelle Lacroix
    Université de Sherbrooke

    Isabelle Lacroix est professeure à l’Université de Sherbrooke et vice-doyenne de la Faculté des lettres et sciences humaines. Elle concentre ses recherches sur la gouvernance multijoueurs dans un environnement démocratisé, plus spécifiquement ce qui touche les processus décisionnels auxquels participent plusieurs acteurs différents. Elle travaille essentiellement sur les politiques publiques canadiennes et québécoises, principalement les politiques sociales et d'innovation technologique.

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