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Les villes d’Algérie ont subi des phénomènes très spécifiques de déstructuration de leurs cadres spatiaux durant la colonisation au début du XIX siècle. 

Si la première période de la colonisation française se caractérisait par l’emploi du style néo- classique, interprétant ainsi la force du style du vainqueur. Le style adopté dans la seconde période semble être celui de la réconciliation avec les populations indigènes. C’est le style néo-mauresque, ou le style protecteur.

Le style neo-mauresque se présente comme une tentative de réinterprétation des valeurs du patrimoine architectural et urbain traditionnel dans les constructions coloniales, une manière d’arabiser le cadre bâti.

Les architectes français ont puisé largement dans le vocabulaire maghrébin. En Algérie, on compte un nombre important de bâtiments arabisés et qui répondent à des besoins moderne, tels que: la grande poste d’Alger, la gare de Bône, l’hôtel Cirta Constantine; pour des fonctions qui n’existaient pas dans la ville traditionnelle.

Ce métissage entre deux cultures et deux architectures contradictoires a donné naissance un style très raffiné.

La présente contribution portera sur le style néo-mauresque à travers l’analyse d’une série de bâtiments publics revenant à la période coloniale dans la ville de Skikda ex Philippeville.

Il s’agit de l’hôtel de ville avec son minaret, qui fait abstraction à la mosquée, et aussi du commissariat et la banque centrale qui nous rappellent aussi les demeures arabo-musulmane.

Le Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis est un roman qui procède à une remise en cause de l’autorité narrative. Comme cette déstabilisation s’opère, entre autres, au moyen de la mise en scène d’une narratrice dont la fiabilité est presque d’emblée contestée, nous nous proposons de nous pencher sur cette figure ainsi que sur les stratégies utilisées pour ébranler sa crédibilité. Nous postulons, ainsi, que la tension qui s’installe entre le discours de la narratrice et celui des autres figures d’influence du roman contribue à la déstabilisation de l’autorité narrative, déjà minée par les accrocs à la vraisemblance qui parsèment le texte et bouleversent le cadre de référence établi. Ceci étant dit, dans le cadre de notre communication, nous analyserons plus particulièrement l’impact, sur la crédibilité de la narratrice, du discours en partie intériorisé de la mère et celui, rapporté, des spécialistes (médecins, psychiatres, pompiers) qui interviennent dans le roman. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les travaux de Frances Fortier et Andrée Mercier sur le concept d’autorité narrative. Au terme de notre étude, nous souhaitons être en mesure de montrer que les mécanismes de contestation de l’autorité narrative mis en place exigent du lecteur une participation accrue dans le processus d’interprétation et permettent de jeter un nouvel éclairage sur la notion de pacte romanesque.

 Nous souhaitons investiguer un objet d'étude méconnu, le reportage de guerre des premiers temps, en France, sous le Second Empire, en appréhendant ce genre journalistique dans une nouvelle perspective ouverte sur un croisement fertile entre littérature et presse écrite. Notre communication s'efforcera de mettre à jour un des "maillons de transition" jusqu'à maintenant manquant de l'histoire du journal en remontant aux origines d'une pratique échappant toujours à un protocole d'écriture rigide, et dont l'ancrage référentiel n'empêche nullement les emprunts à la fiction. Puisque presse et littérature étaient, au XIXe siècle, fortement en corrélation, nous jugeons pertinent d'interroger le reportage de guerre, ce récit d'expérience du monde, à la fois dans ses dimensions médiatiques spécifiques et dans ses traits fictionnels. À l'instar d'autres genres du journal, le reportage de guerre applique aux évènements un traitement subjectivé dont les enjeux se situent tant du côté de la réalité que de la fiction. Aussi, comptons-nous identifier les traits constitutifs d'une poétique spécifique du reportage de guerre tel qu'il apparait dans sa forme émergeante en France et ce, à travers les figures de cinq reporters (Edmond About, Amédée Achard, Jules Claretie, Ernest Dréolle et Albert Wolff), qui, durant les guerres franco-italienne, austro-prussienne et franco-prussienne, ont contribué à l'essor extraordinaire que connaitra le grand reportage au cours de la Belle-Époque.

Depuis l’automne 2013, la maîtrise en muséologie l’Université du Québec à Montréal et le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) ont engagé un projet de recherche collaboratif. Cette recherche de terrain exploratoire, portant sur l’évaluation du patrimoine hospitalier de trois hôpitaux, permet ainsi aux étudiants d’allier la théorie à une recherche pratique. Depuis septembre 2014, ils arpentent l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal.

Quelle mémoire et quel patrimoine hospitaliers devons-nous conserver et valoriser ? Afin de répondre à ce questionnement, les étudiants ont procédé à une recherche documentaire sur l’histoire de l’Hôtel-Dieu, son quartier et ses spécificités. Ils ont également collecté des objets et des témoignages. Au terme de ces démarches, les étudiants en extrairont des constats et proposeront des recommandations pour la préservation et la mise en valeur de ces patrimoines matériel et immatériel. À mi-chemin du projet, des conclusions intéressantes s’imposent déjà. D’une part, le patrimoine de l’Hôtel-Dieu est bien vivant et en continuel changement. Celui-ci est perceptible chez ses employés, mais aussi en ses murs, influencé par le temps, les développements techniques et technologiques. Enfin, cette recherche participe à la revalorisation du patrimoine hospitalier, à la mise en lumière de son importance sociale et culturelle. Bien plus qu’un lieu de soins, l’hôpital est également le théâtre de la vie, sans filtre, au plus près des émotions humaines.

Dans la partie occidentale de la plaine de la Mitidja en Algérie, le développement de l’habitat s’est fait à partir d’un embryon initial qui est le village colonial avec depuis quelques années la multiplication des lotissements individuels d’initiative privée ou encore des implantations d’habitat vertical. Ces développements récents s’inscrivent dans la situation du pays (tragédie nationale…) que dans les effets de la restructuration et de la récente politique agricole algérienne. (Imache et al, 2011).

Cette réflexion repose sur l’analyse détaillée de l’évolution de trois villages de la lisière septentrionale de la Mitidja Occidentale ou les transformations foncières et d’occupations du sol sont les plus marqués et les plus aptes à être étudiés. Sommes-nous face à l’affirmation d’une nouvelle identité spatiale à l’image des zones périurbaines apparues en France dans les années 70 ?

Ces évolutions témoignent-elles de l’émergence d’un nouvel espace géographique (Bryant.1992, Berger.1989, Poulot.2008) affirmé dans une ruralité nouvelle à travers des transformations économiques et sociales et face à la domination urbaine des villes limitrophes ?

Notre propos se veut une lecture critique sur la façon d’appréhender cette nouvelle dynamique avec l’idée de présenter les éléments précurseurs qui l’ont induit et son impact sur le développement de la région.

 

Les récentes années permettent d’observer une volonté d’examiner le rapport que l’homme entretient avec la nature (White, Cronon, Buekens). Pierre Schoentjes a écrit que « l’environnement naturel est moins une scène que l’on contemple à distance qu’un lieu où l’on s’efforce de trouver sa place » (2017). C’est ce rôle complexe de l’environnement que je souhaite analyser chez Gabrielle Roy, notamment dans La montagne secrète (1961).

Je tenterai de saisir les circonstances dans lesquelles la nature révèle « le connu et l’inconnu de la vie » (Roy : 1961) au personnage, qui sera par la suite mis en mouvement et porté par une volonté de saisir le monde. Je chercherai à montrer que cette fonction particulière de l’environnement est étroitement liée à l’intimité qu’entretiennent les personnages avec la nature. Alors que le sujet cherche à se comprendre en se projetant dans l’espace, il se place dans un rapport heuristique avec le paysage et, dès lors, il cherche à donner un sens à ce qui s’offre à son entendement. 

La critique a remarqué l’importance du rapport à l’espace dans les œuvres de Gabrielle Roy sans toutefois avoir posé la nature heuristique de cette relation (Sirois, Brotherson, Sechin). Pour ce faire, je m’appuierai en partie sur les études de Schoentjes sur l’écopoétique (2015) et sur les notions de « trouble des lieux » (Aragon : 1926), d’ « éco-épiphanie » (Desrochers : 2019), et d’ « horizon » en tant que « jonction du visible et de l’invisible » (Collot : 2017). 

Aux XVIe et XVIIe siècles, il n’est pas rare de voir le discours prophétique mis au service de la propagande politique, de manière à exploiter la garantie de vérité qu’assure le recours à une source supérieure d’information. Diverses figures féminines assument ce discours : elles sont parfois allégoriques, comme dans La Sibylle francoise, ou derniere remonstrance au Roy (1602), parfois davantage incarnées, telle Friquette la bohémienne (Responce de Dame Friquette Bohëmienne, 1615). Les troubles politiques du début de la modernité semblent un contexte propice à l’activation de ce type de ventriloquie faisant appel à une persona féminine dont l’autorité repose sur une inspiration censément indiscutable.

Dans ce concert, une voix se distingue par son statut privilégié dans l’imaginaire collectif français : Mélusine, qui, dans La Complainte et lamentation ou prophetie de Melusine à la France (parue en 1575), se prononce sur l’état de la France au courant de la cinquième guerre de religion. Il est intéressant de se pencher sur la façon dont cette figure féminine est utilisée afin de véhiculer un discours politique, en m’attardant à la nature de sa prophétie et à l’ethos rhétorique qui fonde sa prise de parole. Je constaterai ainsi que ce pamphlet convoque l’histoire légendaire de Mélusine afin de lui faire servir l’intérêt national, en tissant une analogie entre les conséquences du fratricide pour la famille Lusignan et celles des dissensions religieuses pour l’avenir de la nation. 

J’envisage d’étudier La biographie imaginaire de Désiré Nisard par Éric Chevillard. Désiré Nisard a réellement existé. Des fragments de sa biographie, au sens classique du terme sont insérés à l’intérieur du récit relatant sa vie telle qu’elle est imaginée par Chevillard.

Pourquoi le choix de ce personnage moins illustre, par exemple  que «Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly »? Chevillard tient son biographé  pour responsable de tous les malheurs : il est l’incarnation du mal et de tout ce qu’il déteste en littérature. Chevillard condamne ses positions critiques et sa conception de la littérature  que résume sa phrase qui suit : « Ce qui fait la gloire des siècles d’or et l’inépuisable popularité de leurs grands hommes, c’est qu’ayant fondé des monuments de raison, ils échappent aux caprices de l’imagination […] » (p.23, 24). Cette phrase peut se lire comme un plaidoyer en faveur des classiques et un réquisitoire contre les romantiques.

Le dessein de Chevillard est clair et annoncé dès le titre. Et c’est justement par les « caprices de l’imagination » qu’il entreprend sa démolition et l’écriture d’un livre sans Nisard, un livre qui rejette l’héritage classique. 

L’approche adoptée est l’approche biographique et plus précisément la biographie imaginaire. L’analyse du récit repose moins sur le portrait littéraire que sur les types de filiation élaborés par Robert Dion et Frances Fortier.

 

Dans les romans retenus pour la présente étude, on remarque que le « je » occupe une place essentielle. Le premier de ces romans Dernier amour de Christian Gailly raconte l’histoire d’un compositeur de musique contemporaine affrontant plusieurs événements décevants, le narrateur hétérodiégétique et omniscient deviendra au cours de l’histoire homodiégétique omniscient et se confondra par moments avec le personnage principal Paul Cédrat. Cette pratique narrative rend ambiguë l’histoire racontée et déstabilise les conventions de la narration réaliste puisque le statut du narrateur n’est pas constant. Le même problème apparaît dans deux autres romans choisis pour cette étude. Dans Tarmac de Nicolas Dickner, le narrateur homodiégétique rapporte l’histoire de Hope, son amie. L’invisibilité du narrateur et son incapacité à s’imposer comme sujet de son récit, de même que son omniscience non justifiée rendent  problématique son existence au sein de l’histoire et nécessitent que l’on s’y intéresse. Dans La maison des temps rompus de Pascale Quiviger l’identité de la narratrice n’est jamais révélée. Pourtant, celle-ci raconte sa propre histoire depuis sa naissance jusqu’au moment de l’écriture de sa vie. De plus, son omniscience irrégulière rend la situation narrative doublement transgressive. Il faudra donc étudier la situation narrative dans ce roman afin de comprendre le motif derrière ces entorses à la vraisemblance pragmatique. 

L’écriture et la consommation d’une drogue peuvent paraître deux activités difficilement conciliables. La drogue jette le sujet dans des bouleversements perceptifs et psychiques qui se révèlent souvent revêches à l’expression — s’ils ne sont pas carrément indicibles (de Certeau, 1982). Le psychotrope absorbé mine (parfois irrémédiablement) ses capacités de remémoration et de reconstitution. Le simple fait de tenir un crayon et de tracer des signes relève, dans certains cas, de l’exploit. Malgré ces écueils, plusieurs auteurs ont consigné par écrit leur expérience de la drogue. Leurs textes présentent en ce sens une volonté de re-tracer l’expérience, de re-trouver, à travers les réminiscences ou les quelques notes prises en cours d’expérimentation, le chemin des mots (Arslan, 2000; Fintz, 1997) : l’écriture de la drogue s’effectue à rebours. Dans le cadre de cette communication, nous proposons d’envisager ce mouvement particulier de l’écriture de la drogue en examinant les textes de différents auteurs (Michaux, Huxley, Duits, Benjamin). Il s’agit de montrer comment l’écrit se déploie dans cette entreprise de re-mise en mots de l’expérience. Nous considérons que l’écriture de la drogue est avant tout « ré-écriture » : il est question de re-composer, de re-construire  l’expérience, mais aussi (et même surtout) de la re-vivre, la re-faire — cette fois au moyen du langage. La drogue semble dès lors un pré-texte à l’écriture et le texte lui-même, un nouvel espace expérientiel. 

Dans la littérature mondiale, beaucoup de personnages principaux semblent, parfois inspirés, autrement calqués, sur différentes figures mythiques de l’Histoire mondiale. C’est entre autres le cas de Sainte Jehanne d’Arc qui continue d’inspirer romanciers et dramaturges, dont plusieurs d’entre-eux contribuent à la littérature québécoise. Cette communication aborde le procédé hypertextuel tel que défini par Genette dans son ouvrage Palimpsestes la littérature au second degré, plus précisément la transposition de la figure mythique de Jehanne d’Arc en littérature postmoderne. Pour ce faire, je me concentre sur le personnage de Bérénice Einberg, héroïne et narratrice du roman L’Avalée des avalés, de Réjean Ducharme. Celle-ci sera analysée sous l’angle de la théorie du chaos et des études féministes. Regarder un personnage aussi complexe et emblématique que Bérénice Einberg permet de plonger au cœur des personnages de Réjean Ducharme d’après une nouvelle perspective : celle du palimpseste chaotique. Après analyse, il apparaît que le personnage de Bérénice est un avatar de Jehanne d’Arc. Plus spécifiquement, Bérénice et Jehanne d’Arc apparaissent dans leurs épopées respectives comme des cyborgs tels que défini par Donna Harraway.

Les enjeux de ce travail sont avant tout théoriques : il s’agit de comprendre quel a été l’apport spécifique des romans historiques dans la réception de l’héritage humaniste au XXe siècle. Nous proposons d’aborder le problème par une analyse de la figure de l’humaniste dans L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar. Nous le ferons dans le contexte plus large des débats qui ont divisé les historiens et les philosophes autour de la « question de l’humanisme » depuis la parution de la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1946) jusqu’à la publication du roman de Yourcenar (1968).

Nous chercherons à démontrer que L’Œuvre au Noir présente de nombreux échos de ces controverses, qui ont notamment opposé Paul O. Kristeller et Eugenio Garin. Nous soutiendrons néanmoins que le texte romanesque récuse toute interprétation globale de l’humanisme, en réactivant, parfois de manière ironique, une série de lieux communs associés à la querelle opposant les historiens aux philosophes (anthropocentrisme, rationalisme exacerbé, optimisme naïf).

Le caractère novateur de cette étude consiste en son approche pluridisciplinaire visant une synthèse susceptible de regrouper la somme importante de travaux dont l’humanisme a fait l’objet au sein de disciplines aussi variées que le sont la critique littéraire, la sociologie et l’historiographie.

C'est peu dire que d'affirmer qu'un effet de spectralité est perceptible dans les fictions aurévilliennes. Tout l'univers du romancier semble, en effet, travaillé en profondeur par un clair-obscur oppressant qui spectralise les êtres et les choses. Sur cette thématique spectrale, la critique aurévillienne ne s'est par ailleurs pas vraiment attardée, la rapportant souvent à l'idéologie profondément réactionnaire d'un écrivain monarchiste.

S'il est vrai que l'idéologie antirévolutionnaire sous-tend de bout en bout l'oeuvre aurévillienne, il nous semble malaisé d'expliquer un tel déploiement de l'imaginaire spectral uniquement à travers son prisme, tant les raisons idéologiques évoquées demeurent en deçà des enjeux esthétiques de l'oeuvre en ramenant le choix du fantastique à une sorte d'impasse esthétique. Aussi nous proposons-nous de déplacer les termes de la question, et ce en s'interrogeant sur la présence d'un régime spectral de la représentation chez Barbey.

Cette communication sera donc le lieu d'un double enjeu: il s'agira dans un premier temps d'extraire la matière spectrale et d'en dresser un rapide inventaire, ensuite de voir en quoi il s'agit d'une spectralité opérante, véritable principe dynamique qui génère une poïétique des images en négatif et une politique de conjuration-hantise. Nous tenterons ainsi d'expliciter notre hypothèse de départ qui pose l'image spectrale comme une image métapoétique proposée par les textes aurévilliens pour symboliser leur propre forme.

 

Le rôle de l’architecture dans l’entreprise de propagande nazie a fait l’objet de nombreuses études historiennes dans les années 1970 (Miller-Lane 1968; Leehmann-Haupt 1973; Taylor 1974). Presque trente ans plus tard, le philosophe Miguel Abensour (1997) publie, De la Compacité, dans lequel il dénonce ce qu’il nomme la « stratégie de la disjonction » qui consiste à parler de l’aménagement du territoire nazi sans jamais y inclure les lieux de ses atrocités, les ghettos et les camps d’extermination. L’historien R.J. van Pelt (1991) affirme qu’il est courant dans la littérature « to commit these flimsy and shoddy buildings to the garbage -heap of architectural history». (Aussi, Jaskot 2000; Cole 2003).

Est-ce que la rareté de la littérature unissant l’architecture et les camps est à mettre en lien avec les thèses de la neutralité de la technique, celle-ci dépourvue de symbolique et de « sens » ? De la neutralité de l’architecte, dissociant sa création de son utilisation ultérieure? L’historiographie a abondamment traité des camps et des atrocités qui s’y sont commises. Pourquoi n’existe-t-il pas une histoire proprement architecturale des camps nazis? Serait-elle susceptible d’informer davantage de la nature du régime totalitaire nazi, et plus largement de la difficulté de nommer l’horreur?

Voilà quelques-unes des questions auxquelles se propose de réfléchir cette communication, en participant du questionnement sur l’art, l’architecture et le politique, le dicible et l’indicible.

L’industrie de la mode québécoise produit 300 000 tonnes de déchets par année (Mutrec, 2020) et aucun palier gouvernemental n’offre actuellement de solution au recyclage textile (Recyc-Qc, 2021). À la lumière de cette problématique, Trame circulaire (TC) questionne comment le design circulaire peut transformer la production manufacturière de vêtements en processus zéro déchet.

À la croisée du design textile et des sciences de l’environnement, TC est un projet de recherche-création qui examine la création d’un nouveau matériau à base de pulpe textile recyclée. La démarche se déploie en étapes d'itérations de recherche par le design (Zimmerman, 2010). Le développement et l’analyse des propriétés matérielles et esthétiques d'une série d'échantillons (Milieux Biolab, Concordia, dir. Dre Jarry) ont mené à la conception d'une collection de prototypes d’objets moulés. La conception d'une installation artistique mettant en valeur ce nouveau matériau aura lieu en 2025. Les phases de fabrication seront documentées par un portfolio annoté (Gaver and Bowers, 2012). 

Les deux grands objectifs du projet sont d’analyser les propriétés matérielles et esthétiques de matériaux composites innovants et de mobiliser les connaissances pratiques et théoriques de la recherche. Les résultats alimenteront une réflexion sur de nouvelles manières d’influencer le cycle de vie des vêtements dès les premières étapes de la conception et offriront des pistes de solutions pour les acteurs du textile.

Dans la création chorégraphique contemporaine, la reconnaissance et la compréhension du rôle du danseur dans la création des œuvres est un sujet à controverses. Car si les pratiques de création aujourd’hui se disent la plupart du temps se baser sur la sensibilité particulière de chaque interprète, le discours dominant en danse semble encore véhiculer des valeurs de soumission et d’engagement « corps et âme » au projet du chorégraphe. À travers cette communication,  je me propose d’examiner l’apport créatif du danseur dans une perspective écosystémique du processus de création, tentant de rendre compte de la complexité des échanges et des négociations en jeu entre le chorégraphe, le danseur et l’œuvre même. Cette réflexion s’appuiera sur les résultats d’une recherche-création menée au Doctorat en Études et Pratiques des Arts à l’UQAM dans laquelle je me suis plongée comme interprète dans le processus de création de trois œuvres chorégraphiques avec trois chorégraphes différents. Je proposerai alors de penser l’émergence de l’ « éco-corporéité » de chaque œuvre, expression de la rencontre de corporéités uniques dans un contexte particulier de création. Penser l’éco-corporéité de l’œuvre m’amènera à  questionner la pertinence même de chercher à connaître l’auteur réel d’une œuvre chorégraphique dans le sens de sa matière même, et mettra au cœur du débat l’importance de considérer davantage la porosité de chaque rencontre permettant l’émergence d’œuvres uniques et singulières.

Depuis la « Révolution sexuelle », bien que des études se soient intéressées au portrait de la sexualité « libérée » présenté par la culture visuelle occidentale en pleine effervescence, les efforts des chercheurs et des chercheuses ne ciblèrent pas précisément la représentation des actes sexuels en eux-mêmes; une figuration pourtant construite de toutes pièces et possiblement d’après les mêmes conventions qui régissaient cette « nouvelle » sexualité. Dans cette communication, je propose de synthétiser les résultats de l’étude empirique que j’ai menée dans le cadre de mon doctorat en Sciences humaines (PhD in Humanities, Fine Arts) à l’Université Concordia (Montréal) et qui porte sur la représentation des pratiques sexuelles telles qu’elles apparaissent dans un large échantillonnage de documents visuels diffusés en Occident de la fin des années 1950 à 1979. Plus précisément, je présenterai le portrait thématique du contenu sexuel des 872 images isolées dans 18 livres sur l’art au contenu sexuel et des 367 scènes sexuelles visibles dans une collection de 55 longs métrages de fiction commerciaux. À l’aide d’images et de graphiques, je résumerai mes constats en ce qui concerne la nature à la fois « libérée » et « conservatrice » du portrait révélé et de ses possibles conséquences sur ses spectateurs et spectatrices.

Cette recherche propose une réflexion historique sur le traitement de la figure de la reine Brunehaut dans l'hagiographie française en conduisant une analyse du motif du supplice dans des manuscrits peints (XIVe-XVe siècles). Elle interroge la pratique ancienne de la torture au Moyen-Âge en la situant dans l'espace contemporain de discussion et de confrontation des études féministes. La torture est ici fragmentation du corps et de l'identité. La souffrance est utilisée comme un mode de contrôle et de destruction des individus. Or la représentation de cette pratique de domination et de destruction porte en elle une ambiguïté, voire une antinomie, qui permet la redéfinition du sujet féminin. L'image est à la fois le théâtre du spectacle sadique de la torture dans lequel la femme est la proie du « male gaze », et un lieux de performance où les identités se déconstruisent et se reconstruisent ou encore se subvertissent et se déstabilisent. La femme suppliciée est châtiée. Elle est Ève, sorcière, pécheresse. Mais elle apparaît également comme martyre, sainte, Marie. Le motif de torture n'est plus seulement punition ; il est rédemption et salut divin. Si la figure de Brunehaut suppliciée sert dans un premier temps la propagande de Clotaire II en punissant symboliquement l'hybris de la reine noire, elle apparaît, dès le XIIIe siècle, comme l'outil de sa réhabilitation dans les manuscrits du De Casibus Virorum de Boccace et dans ses traductions.

Des années 1930 aux années 1980, Gilles Beaugrand-Champagne a dirigé, à Montréal, un atelier d'orfèvrerie qui a produit des milliers d'objets pour la clientèle ecclésiastique canadienne et américaine.

Le mode de production de son atelier était hérité de la tradition académique, dans laquelle l'objet d'art est associé au maître de l'atelier et signé de son nom, même si ce dernier n'est responsable que du dessin initial, alors que les étapes de production de l'objet étaient confiées à des artisans expérimentés. Notre présentation exposera la structuration de cette pratique, qui a permis à Gilles Beaugrand - c'est sous ce nom qu'il a fait carrière – d’être le créateur de nombreux objets de culte. Les œuvres de Beaugrand, aujourd'hui éparpillées dans des églises du Québec et de l'étranger, présentent une grande variété stylistique, en raison des goûts des clients et de l'évolution des courants artistiques. Parmi ces objets, notre communication permettra de mettre en valeur ceux qui présentent des formes et un décor hérités de l'art déco français des années vingt et trente, auquel Beaugrand était fortement attaché. Ils constituent non seulement un patrimoine moderne, à redécouvrir et à inventorier, mais aussi des ensembles décoratifs à considérer dans une perspective internationale. Une partie des données que nous utilisons proviennent du fonds d’archives de l’atelier Beaugrand, conservé à Montréal, et c’est grâce son contenu que nous pouvons aujourd’hui proposer nos analyses.



Depuis une trentaine d’années, on observe, au sein du corps professoral des universités québécoises, la présence de musiciens. Certains auteurs les nomment « chercheurs-créateurs » (Bruneau & Villeneuve 2007; Gosselin & Le Coquiec 2006). Or, des recherches récentes ont montré que ces artistes ne sont, la plupart du temps, pas engagés dans le domaine de la recherche-création, mais dans celui de la création essentiellement (Stévance & Lacasse 2013). Par conséquent, il demeure une lacune dans la compréhension des acteurs qui élaborent, développent et mènent des projets de recherche-création en musique. Pour mieux comprendre ce phénomène, je propose de rendre compte du profil du chercheur-créateur en musique, et incidemment du créateur à l’université, mais également de considérer la diversité des agents impliqués dans un projet de recherche-création dans la lignée de plusieurs auteurs (Léchot Hirt 2010, Stévance & Lacasse 2013), lesquels ont senti l'importance, dans le domaine de la recherche-création, de se concentrer sur le projet plutôt que sur l’individu, d'utiliser « la compétence créative propre […] aux artistes dans une démarche de recherche » plutôt que sur « la "boîte noire" de la création » (Léchot Hirt 2010: 29). Ainsi, en plus de préciser ce qu’est un projet de recherche-création, l’un de nos objectifs sera également de mettre en exergue les différents profils possibles de tous les protagonistes impliqués dans une telle démarche collective.

Cette communication interroge trois œuvres contemporains complémentaires : Nebel Leben de Fujiko Nakaya, Tristan’s Ascension de Bill Viola et Strandbeest de Theo Jansen où la primauté est accordée à l’expression plastique. Dans un premier temps, nous souhaitons indiquer comment ces pratiques contribuent aux nouvelles formes spectaculaires qui déplacent le régime de la représentation vers la matière non humaine. En effet, Nebel Leben, Tristan’s Ascension et Strandbeest impliquent à la fois les quatre éléments et les technologies nouvelles dans l’écriture scénique, incitant ainsi à repenser le processus de création scénique conventionnel. La médiation de ces œuvres, qui oscillent entre les arts plastiques et les arts du spectacle, complexifient le principe de la coprésence telle qu’elle est largement acceptée, car la matière naturelle et les technologies convergent dans un même régime représentatif. Dans un deuxième et ultime temps, nous revenons sur l’approche des nouveaux matérialismes tels qu’ils ont été théorisés par Karen Barad. Le corpus à l’étude coïncide avec son plaidoyer pour un recentrement sur les phénomènes plutôt que sur les êtres humains. Il s’agira de montrer comment les diverses « intra-actions » – dynamiques qui placent toute agentivité au cœur de la circulation matérielle et phénoménale – jettent un nouvel éclairage sur les œuvres plastiques que nous analysons.

The Realm of the Elderlings, de l’auteure Robin Hobb, est une série de fantasy employant des stratégies d’écriture féministes et postmodernes pour déstabiliser l’hétéronormativité. Notamment, cette remise en question de la norme hétérosexuelle se manifeste par l’intermédiaire du personnage du «Fool», lequel génère un brouillement entre le féminin et le masculin et met à mal les savoirs accumulés sur lui en incarnant tant des femmes que des hommes. Ainsi, cette figure sera au centre de notre communication, de même que le décentrement postmoderne du langage et de l’interprétation dont elle serait à l’origine. Nous postulerons que les performances et mascarades du personnage, de même que la subversion des substantifs contribuent à créer son illisibilité identitaire en brouillant les codes et les signes associés aux genres féminin et masculin. Parmi ces dispositifs, nous nous attarderons à un exemple précis, celui des performances parodiques, qui devrait permettre, en déstabilisant le genre, de dévoiler que celui-ci est une construction discursive. Pour ce faire, nous aurons recours à la performance de genre (Judith Butler), au concept d’excentré (Linda Hutcheon) et à l’emploi de la parodie comme stratégie d’écriture (Linda Hutcheon). En analysant dans une perspective queer et postmoderne cette figure plutôt que de tenter de la cloîtrer dans une catégorie prédéfinie, notre étude éclairera donc un aspect inédit du «Fool».

Le film War Requiem du réalisateur britannique Derek Jarman (1989) présente une interprétation concrétisée en images de l’oratorio pacifiste du même titre par Benjamin Britten (1962). Dans plusieurs scènes du film, la nature de l’ennemi est remise en question par l’image. Ce film a reçu une réception mitigée de la part des critiques de cinéma et des musicologues à cause de sa mise en scène cliché. Or, un article d’Allen J. Frantzen (2013) réhabilite les images symboliques pour étudier la conjonction de ces images avec le texte; tout lorsqu'il montre comment l’image de la souffrance de la victime et de l’ennemi est mise au service des propos pacifistes de Britten. L’objet de cette communication est d’explorer comment la conjonction entre images et musique (identifiée dans les ouvrages séminaux de Mervyn Cooke [1991] ou Heather Wiebe [2015] sur la musique de guerre de Britten) renforce ces propos de Britten dans le film de Jarman. Pour ce faire, je propose une analyse comparative entre le film et la partition afin de mieux montrer les contrastes entre musique, image et texte et voir comment cette mise en scène allégorique peut en effet s’avérer efficace pour dénoncer la guerre en tant que nuisance sociale.

En littérature, l’étape de la sélection du manuscrit, par un éditeur réputé, confère déjà à l’œuvre une première reconnaissance. Voilà une des raisons pour lesquelles l’auto-édition est généralement faiblement dotée en capital symbolique. Pourtant, certaines maisons d’édition québécoises apparues dans les années 2000 ont entamé leurs activités par l’auto-publication, geste qui, d’une part, revient en quelque sorte à nier l’utilité de la fonction éditoriale et qui, d’autre part, fragilise la crédibilité de l’œuvre auprès de la critique.

Ma communication se penchera sur le cas de Mélanie Vincelette, qui crée Marchand de feuilles en 2001 afin d’y publier son premier recueil de nouvelles. Par l’analyse de sa réception critique et des entrevues qu’elle a données, j’entends montrer que son arrivée dans le monde littéraire a d’abord bousculé les agents en place. Pourtant, après quelques années, Vincelette devient une éditrice respectée, et il n’est pas inintéressant de remarquer qu’elle a entretemps opéré un réaménagement de sa trajectoire d’autrice : elle est en effet publiée par Leméac et Robert Laffont. Puisque le cumul des fonctions dans le champ littéraire du Québec est encore peu étudié, ma communication permettra de réfléchir aux phénomènes d’attribution de la légitimité. Elle éclairera de manière inédite un mode d’entrée en littérature qui semble typique de plusieurs maisons d’édition québécoises de l’extrême-contemporain, mais qui n’a pas encore fait l’objet de réflexions.

Dans l’univers culturel, la notion d’indépendance est plus que jamais revendiquée par des acteurs de taille et de statut variés : librairies, maisons d’édition, structures de distribution qui mettent en avant des contenus ainsi que des façons de travailler « différentes » de celles des structures dominantes.

Ma recherche ambitionne de clarifier les valeurs que recouvre cette notion complexe en s’intéressant au travail de médiation réalisé dans la filière du livre et du cinéma, à partir de l’exemple des librairies et d’associations de défense du cinéma indépendant. Par leur travail de valorisation et d’accompagnement des biens présentés au public, ces dernières contribuent à produire la réception de films et d’ouvrages « indépendants », tout en construisant leur propre image sociale de médiateurs culturels. L’analyse des dispositifs mis en œuvre montre que ce qui est en jeu est l’affirmation d’un lien situé au-delà de la transaction commerciale, laquelle tend à être euphémisée afin de mieux se démarquer des acteurs « commerciaux » en exaltant la singularité et la proximité.

Ces premiers résultats de la recherche s’appuient sur des observations pratiquées lors de moments particuliers de médiation : lectures organisées en librairies et projections spéciales autour du cinéma indépendant. Elles ont été complétées par une analyse documentaire ainsi que par des entretiens avec des libraires, des éditeurs, des responsables d’association et des pouvoirs publics.