Souvent abordées par la recherche au prisme du roman, les pressions sociales sont une question essentielle de la poésie des Antilles à l’heure de la départementalisation, celle d’Haïti sous l’occupation américaine et celle du Québec pendant la Révolution tranquille. Notre but est d’interroger les corrélations entre poésie et sphères politique et économique. Nous nous demandons en quoi la poésie, au delà d'une perception lyrique ou intimiste, peut drainer les problématiques sociales dans les ères francophones susmentionnées, et ce, à partir de la poésie de Sonny Rupaire, Joseph Polius, Aimé Césaire, Élie Stéphenson, Jacques Roumain et Paul Chamberland.
Si la sociocritique nous permet d’approcher la poésie dans son circuit de production en déterminant les stratégies, l’itinéraire et la position du poète militant, il nous faut avoir recours à l'analyse thématique et stylistique pour déterminer comment l’urgence sociale, c'est à dire la famine, la précarité, l’aliénation, les inégalités sociales et raciales (autant de notions apriori antipoétiques), se manifeste dans les recueils.
Quand le réel est insatisfaisant, la poésie militante n’est pas tant le témoignage d’une lutte qu'un lieu d’exil ou de catharsis, où le poète peut formuler ses aspirations, ses fantasmes et créer son utopie. Notre étude vise à évaluer le conditionnement de la poésie par les pressions sociales mais aussi la transformation de ces pressions par la poésie.