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En littérature, l’étape de la sélection du manuscrit, par un éditeur réputé, confère déjà à l’œuvre une première reconnaissance. Voilà une des raisons pour lesquelles l’auto-édition est généralement faiblement dotée en capital symbolique. Pourtant, certaines maisons d’édition québécoises apparues dans les années 2000 ont entamé leurs activités par l’auto-publication, geste qui, d’une part, revient en quelque sorte à nier l’utilité de la fonction éditoriale et qui, d’autre part, fragilise la crédibilité de l’œuvre auprès de la critique.

Ma communication se penchera sur le cas de Mélanie Vincelette, qui crée Marchand de feuilles en 2001 afin d’y publier son premier recueil de nouvelles. Par l’analyse de sa réception critique et des entrevues qu’elle a données, j’entends montrer que son arrivée dans le monde littéraire a d’abord bousculé les agents en place. Pourtant, après quelques années, Vincelette devient une éditrice respectée, et il n’est pas inintéressant de remarquer qu’elle a entretemps opéré un réaménagement de sa trajectoire d’autrice : elle est en effet publiée par Leméac et Robert Laffont. Puisque le cumul des fonctions dans le champ littéraire du Québec est encore peu étudié, ma communication permettra de réfléchir aux phénomènes d’attribution de la légitimité. Elle éclairera de manière inédite un mode d’entrée en littérature qui semble typique de plusieurs maisons d’édition québécoises de l’extrême-contemporain, mais qui n’a pas encore fait l’objet de réflexions.

Le pouvoir soviétique cherche à inculquer à ses citoyens, à l’aide de divers outils propagandistes, une conception du temps de l’histoire en accord avec son idéologie et ses politiques. Critère ordonnant la vision historique de l’État-parti, cette conception du temps de l’histoire est un instrument étatique imposant aux Soviétiques une façon de considérer le passé et de vivre le temps présent, permettant un contrôle maximal de l’activité symbolique et sociale dans le futur. Les téléastes de la station locale de la Républiques Soviétique Socialiste moldave (RSSM), tout comme d’autres catégories de producteurs culturels soviétiques, sont tenus de mettre en représentation la conception officielle du temps de l’histoire. Annexée à l'URSS pendant la Deuxième guerre mondiale, la Moldavie, ce territoire de litige entre la Roumanie et l’État soviétique, requiert un discours propagandiste qui prenne en compte son expérience historique et ses particularités culturelles. Dès lors, les téléastes moldaves refaçonnent, au moyen des procédés discursifs, audiovisuels et narratifs, les catégories de la continuité et de la rupture historiques ainsi que les instances temporelles de façon à appuyer une version soviétique de l’histoire de la Moldavie. L'historiographie officielle participe d’une politique identitaire de l’État-parti visant à construire une nation moldave soviétique supposément apparentée aux populations slaves et différente de la nation roumaine.

Dès les prémisses de la colonisation, la représentation de la femme « musulmane », comme exotique et démunie d’agentivité, est au centre des enjeux politiques et identitaires « occidentaux ». Celle-ci sert d’outil idéologique aux discours impériaux véhiculés par les médias de masse. Les médias servent avant tout à marquer et à classer les habitants du monde par le biais du stéréotype (Hall ; 1997). Ils participent au rapport imaginaire qu’on entretient avec notre existence de façon à préserver l’hégémonie culturelle occidentale. Les récentes révoltes survenues au Moyen-Orient visent justement à dénoncer ce régime du savoir autant qu’à renverser les états totalitaires (Dabashi ; 2012).

Ces évènements marqueraient l’émergence d’un monde gardé jusqu’ici sous silence, entre autres par le passage d’une image dictée par les médias à une image issue du peuple lui‑même suite à l’utilisation des technologies mobiles lors des révoltes. Nous proposons de suivre la naissance d’une image potentiellement contre-hégémonique de la femme « orientale » par l’analyse de quelques-unes de ces images. D’abord, une analyse formelle permettra de mettre à mal les stéréotypes omniprésents dans notre imaginaire. Nous verrons que ces idées bouleversent l’ordre symbolique au profit d’un nouveau rapport identitaire (Jones ; 2012). Enfin, nous constaterons les limites de ce potentiel par une critique de l’icônisation de ces images (Azoulay ; 2012) qui rend possible leur hégémonisation.

La nécessité de renouveler nos imaginaires afin de faire face aux enjeux climatiques  nous enjoint de passer en revue nos souvenirs, notre cerveau construisant l’avenir aussi avec notre mémoire. Dans cette perspective, notre patrimoine oral : mythes, contes, proverbes, légendes, s’avère tout à fait pertinent pour rendre compte de la façon dont les humains s’adaptent à leur milieu de vie et lui donnent une expression politique. Ces expressions littéraires  dans leur dimension sociale, esthétique et spirituelle spécifient en outre  les termes du rapport humain/non humain et une façon autre d’habiter notre planète. En conclusion d'un travail de recherche, il s'agira de montrer comment la littérature orale dans une perspective écocritique permet de revisiter nos imaginaires en vue  d'une  prise en compte et d'une adaptation aux changements climatiques.

 Nous souhaitons investiguer un objet d'étude méconnu, le reportage de guerre des premiers temps, en France, sous le Second Empire, en appréhendant ce genre journalistique dans une nouvelle perspective ouverte sur un croisement fertile entre littérature et presse écrite. Notre communication s'efforcera de mettre à jour un des "maillons de transition" jusqu'à maintenant manquant de l'histoire du journal en remontant aux origines d'une pratique échappant toujours à un protocole d'écriture rigide, et dont l'ancrage référentiel n'empêche nullement les emprunts à la fiction. Puisque presse et littérature étaient, au XIXe siècle, fortement en corrélation, nous jugeons pertinent d'interroger le reportage de guerre, ce récit d'expérience du monde, à la fois dans ses dimensions médiatiques spécifiques et dans ses traits fictionnels. À l'instar d'autres genres du journal, le reportage de guerre applique aux évènements un traitement subjectivé dont les enjeux se situent tant du côté de la réalité que de la fiction. Aussi, comptons-nous identifier les traits constitutifs d'une poétique spécifique du reportage de guerre tel qu'il apparait dans sa forme émergeante en France et ce, à travers les figures de cinq reporters (Edmond About, Amédée Achard, Jules Claretie, Ernest Dréolle et Albert Wolff), qui, durant les guerres franco-italienne, austro-prussienne et franco-prussienne, ont contribué à l'essor extraordinaire que connaitra le grand reportage au cours de la Belle-Époque.

La soustraction additive en art contemporain

En 1953, Robert Rauschenberg achète un dessin à l’artiste Willem de Kooning, l’efface puis l’expose. Il lui donnera alors le titre évocateur Erased De Kooning Drawing. Aujourd’hui encore, de nombreuses pratiques artistiques se situent dans la lignée de cette action. Paradoxalement, l’effacement ajoute quelque chose à l’image et atteindre véritablement l’ « absence » semble impossible. Quelle serait donc la nature de ce « reste » et comment en produire l’analyse sémiotique ?

Tout d’abord, nous étudierons le travail de trois artistes : Erased De Kooning Drawing (1953) de Robert Rauschenberg, A Void (2009) de Joseph Havel et Au-delà des signes (2015) de Mathieu Grenier. Ces trois artistes ont un mode opératoire commun : s’approprier un objet symbolique et en modifier la nature par une soustraction additive. Par la suite, on analysera la médiation culturelle de ces œuvres et son enjeu. On verra comment leur déplacement sémantique est généré et l’importance de leur aspect discursif. Pour ce faire, on utilisera la trichotomie du signe de C.S. Peirce (1978) et nous approfondirons la catégorie de l’interprétant à l’aide du modèle d’Erving Goffman (1991).

La soustraction additive change profondément la nature de l’œuvre d’art. Premièrement, elle détruit le fantasme de la création ex nihilo, et deuxièmement, elle nous force à analyser l’interdépendance des facteurs sémiotiques et non plus simplement des œuvres isolées.

Dès son invention, le cinéma s’est défini en tant que mode d’expression essentiellement masculin. Or, depuis une vingtaine d’années, les femmes se font de plus en plus présentes à la réalisation et nombreuses sont celles qui placent le corps féminin au centre de leur oeuvre : sexualité crue et désincarnée, réification, mutilation, expérience trouble de la maternité, etc. Considérant que la femme entretient un rapport culturellement et biologiquement singulier vis-à-vis de son corps, je propose une lecture féministe du cinéma féminin contemporain. Prenant comme exemples Anatomie de l’enfer (Catherine Breillat, France, 2004), Sleeping Beauty (Julia Leigh, Australie, 2011) et Klip (Maja Milos, Serbie, 2012), j’analyserai comment ces réalisatrices usent du corps féminin afin de déjouer les mécaniques érotiques traditionnelles. Au point de vue méthodologique, le corpus sera examiné à la lumière des concepts de pudeur (Jodelet, 2007), des pôles activité/passivité (masculin/féminin) et du rapport spectatoriel au cinéma (Mulvey, 1975).Ceux-ci s'inscrivent dans une tendance à la subversion observable dans les pratiques féministes contemporaines (Attwood, 2007). Ainsi, je démontrerai qu’en exacerbant les codes érotiques et pornographiques conventionnels, ces cinéastes soulignent l’incohérence et la désuétude de ces mécaniques et, ce faisant, déconcertent le spectateur, lequel se voit alors privé d’une expérience érotique.

De nombreux bienfaits sont associés à la pratique musicale à un âge avancé (Creech et al. 2014) mais très peu d’études se sont penchées sur le système endocrinien des musiciens, et celles qui l’ont fait ont utilisé principalement des populations de chanteurs (Beck, 2000; Beck et al., 2006). Une étude pilote a été réalisée auprès de huit musiciens amateurs âgés de 50+ ans pour investiguer les variations du stress (cortisol) et du système immunitaire (immunoglobuline A, ou IgA) sous deux conditions: une répétition de groupe (Musique) et une activité passive consistant à visionner un documentaire sur la musique (Repos). Une méthodologie de recherche mixte a été préconisée. Des tests t pour échantillons appariés ont été utilisé à titre exploratoire, en raison du petit échantillon. En résumé, les niveaux de cortisol ont systématiquement diminué suivant la répétition musicale et le visionnement d’un documentaire. L’IgA, quant à elle, a augmenté dans la condition Repos, alors qu’elle a été marquée d’une plus grande variabilité dans la condition Musique. Ces résultats sont prometteurs et démontrent que la musique peut avoir un effet bénéfique sur certains marqueurs biologiques. Les retombées de l’étude sont signifiantes pour le milieu universitaire, les organismes dédiés aux aînés, les musiciens-éducateurs et le grand public car elles sensibilisent au fait que la musique peut être une stratégie créative pour favoriser un vieillissement en santé. 

Musique et postmodernité : la courtepointe sonore d’une transition sociétale.

 

Cette proposition de communication se limite, bien humblement, à une interprétation de la forme et de la manière dont est produite la musique à l’heure de la transition sociétale qu’est cette postmodernité dont on a jusqu’ici abondamment discuté dans le champ des sciences sociales.    Précisément, il s’agit de décrire et de comprendre les nouveaux environnements de création, de diffusion et de réception de cette musique «postmoderne» issue de la «culture numérique».

 

On examinera donc les nouveaux moyens de production de cette musique; lesquels concourent à lui donner une ou plutôt des formes particulières dont on voudra simplement apprécier les contours et interpréter le sens.  On cherchera également à décrire comment cette même musique est désormais promue et diffusée via de nouvelles plateformes.  Enfin, on cherchera aussi à examiner et décrire les nouvelles modalités de l’écoute musicale, lesquelles en sont peu à peu venues à modifier substantiellement notre rapport à la musique elle-même.

 

Afin d’augmenter de manière proprement «sonore» le propos, quelques «morceaux choisis» seront proposés aux auditeurs afin d’illustrer certains éléments précis de l’interprétation proposée dans le contexte de cette communication. 

 



Souvent abordées par la recherche au prisme du roman, les pressions sociales sont une question essentielle de la poésie des Antilles à l’heure de la départementalisation, celle d’Haïti sous l’occupation américaine et celle du Québec pendant la Révolution tranquille. Notre but est d’interroger les corrélations entre poésie et sphères politique et économique. Nous nous demandons en quoi la poésie, au delà d'une perception lyrique ou intimiste, peut drainer les problématiques sociales dans les ères francophones susmentionnées, et ce, à partir de la poésie de Sonny Rupaire, Joseph Polius, Aimé Césaire, Élie Stéphenson, Jacques Roumain et Paul Chamberland.

Si la sociocritique nous permet d’approcher la poésie dans son circuit de production en déterminant les stratégies, l’itinéraire et la position du poète militant, il nous faut avoir recours à l'analyse thématique et stylistique pour déterminer comment l’urgence sociale, c'est à dire la famine, la précarité, l’aliénation, les inégalités sociales et raciales (autant de notions apriori antipoétiques),  se manifeste dans les recueils.

Quand le réel est insatisfaisant, la poésie militante n’est pas tant le témoignage d’une lutte qu'un lieu d’exil ou de catharsis, où le poète peut formuler ses aspirations, ses fantasmes et créer son utopie. Notre étude vise à évaluer le conditionnement de la poésie par les pressions sociales mais aussi la transformation de ces pressions par la poésie.

À l'intérieur du Casino Belrespiro, situé à l'ouest de Rome, se trouvaient autrefois trois pastorales réalisées par Claude Lorrain pour le cardinal Camillo Pamphilj : Paysage avec Apollon gardant les troupeaux d'Admète (1645), Vue de Delphes avec une procession (1646), et Paysage avec figures dansant (1648).  Ces trois œuvres présentent un rapport entre le texte et l'image se réclamant des poètes Ovide, Théocrite, Virgile et Sannazzaro, et partagent le thème de la musique, qui est très peu étudié chez Le Lorrain, constitue pourtant une composante essentielle de sa pastorale classique et nourrit grandement cette relation entre le texte et l'image.  En effet, le chant des bergers poètes et musiciens, et la danse accompagnant la musique, sont porteurs de sentiments, de passions et d'affects, qui seront traduits dans la pastorale du Lorrain, lequel s'est toutefois permis des libertés artistiques par rapport aux textes source.  Nous avançons par conséquent que le thème de la musique permettrait la construction d'un rapport entre le texte et l'image composé d'emprunts littéraires directs, d'évocations et d'inventions.  Pour mener notre hypothèse à terme, nous procéderons à une étude comparative entre les œuvres littéraires et nos pastorales, qui se traduira par une analyse de la rhétorique, de la sonorité et des figures de style, pour ensuite observer comment celles-ci sont transposées dans le domaine pictural et s'articulent à travers l'interprétation des textes par le peintre.

Le sujet qui nous intéresse trouve sa source dans les surtitres à l’opéra qui existent depuis la propagation de ce genre lyrique hors de son pays d’origine, l’Italie. Seulement, grâce au développement des technologies pour la scène, ces surtitres sont maintenant de plus en plus utilisés au théâtre, et ce, spécialement lors de festivals internationaux qui diffusent des spectacles en langue étrangère. Cette communication exposera les limites des surtitres qui transforment nécessairement l’expérience théâtrale. Cette réalité entraîne deux principaux problèmes. Le premier est celui de la traduction. Il est évident qu’une perte de sens s’opère dans la transposition d’une langue à une autre ; et de ce fait, le spectateur ne comprend assurément pas l’œuvre comme elle a été pensée et créée par le ou les artistes qui l’ont produite. L’autre problème s’articule autour de la performativité. Le spectateur, souvent occupé à lire les surtitres, perd inévitablement une bonne partie de l’œuvre vivante pour se concentrer sur ces images scripturales figées. Par contre, après avoir identifié les défauts des surtitres, nous avancerons que ceux-ci répondent logiquement à un besoin, et qu’ils sont en mesure d’assurer une expérience artistique améliorée. Les surtitres entraînent naturellement une perte de sens, mais ils permettent également de transmettre une énorme quantité de sens qui serait perdue en raison du problème de la langue étrangère qui est mal ou non comprise. 

L’écriture et la consommation d’une drogue peuvent paraître deux activités difficilement conciliables. La drogue jette le sujet dans des bouleversements perceptifs et psychiques qui se révèlent souvent revêches à l’expression — s’ils ne sont pas carrément indicibles (de Certeau, 1982). Le psychotrope absorbé mine (parfois irrémédiablement) ses capacités de remémoration et de reconstitution. Le simple fait de tenir un crayon et de tracer des signes relève, dans certains cas, de l’exploit. Malgré ces écueils, plusieurs auteurs ont consigné par écrit leur expérience de la drogue. Leurs textes présentent en ce sens une volonté de re-tracer l’expérience, de re-trouver, à travers les réminiscences ou les quelques notes prises en cours d’expérimentation, le chemin des mots (Arslan, 2000; Fintz, 1997) : l’écriture de la drogue s’effectue à rebours. Dans le cadre de cette communication, nous proposons d’envisager ce mouvement particulier de l’écriture de la drogue en examinant les textes de différents auteurs (Michaux, Huxley, Duits, Benjamin). Il s’agit de montrer comment l’écrit se déploie dans cette entreprise de re-mise en mots de l’expérience. Nous considérons que l’écriture de la drogue est avant tout « ré-écriture » : il est question de re-composer, de re-construire  l’expérience, mais aussi (et même surtout) de la re-vivre, la re-faire — cette fois au moyen du langage. La drogue semble dès lors un pré-texte à l’écriture et le texte lui-même, un nouvel espace expérientiel. 

L'objet de cette présentation est une étude portant sur l’éducation au patrimoine dans le cadre scolaire au Québec. Elle se décline en deux principaux axes : le premier vise à faire un bref état des lieux des pratiques pédagogiques en lien avec le patrimoine réalisées dans la province. L’objectif est d’étudier la forme que prend cette forme éducative au niveau des intentions d’apprentissage, du rôle des enseignants et des institutions culturelles, du type de patrimoine enseigné ainsi que des disciplines dans lesquelles elle s’insère. Le deuxième axe s’articule autour d’une approche collaborative que j’adopte pour intégrer le patrimoine sur une base plus ou moins durable dans le cours d'histoire du Québec et du Canada, mon terrain d’étude. Les collections archéologiques du site Cartier-Roberval, représentatives de la première tentative d’implantation permanente française en Amérique (Samson et Fiset, 2013 : 9), sont utilisées à titre d’exemple en ce sens pour développer des ateliers éducatifs en lien avec le patrimoine. La méthodologie de la recherche-action employée au sein de cette étude permet d'établir un partenariat étroit avec les professeurs participants et, par la même occasion leurs étudiants, afin de saisir pleinement les enjeux et les particularités de l'éducation au patrimoine dans ce milieu d'apprentissage. Principalement d'ordre qualitatifs, les résultats de l'étude visent ainsi à mieux documenter l'implantation de cette forme éducative au Québec.

Parmi tous les textes littéraires qui retranscrivent le règne de Louis XIV, « Sans Parangon » de Jean de Préchac (1698), qui incorpore des éléments historiques dans un décor féerique singulier, est l’un des plus inhabituels. Les deux lectures que l’on peut faire de ce conte, présentation élogieuse du parcours du monarque ou transposition fantasmagorique, ne sont en effet discordantes qu’en apparence, et il est possible de les voir comme complémentaires. Nous pensons que c’est ce statut, entre réalité et illusion, qui est responsable du dualisme émergeant du texte, qui agit comme un miroir censé transposer l’image du Roi dans un espace féerique tout en gardant le langage et les images utilisés par le discours absolutiste de l’époque.

Nous nous appuierons dans cette analyse sur le concept de chronotope développé par Mikhaïl Bakhtine. Nous verrons comment la première partie (dans un monde de fées) de la vie du protagoniste est un espace d’apprentissage à sa vie après une seconde naissance. En faisant appel au schéma actantiel et à la partition freudienne Ego, Superego et Id,  nous montrerons comment fonctionne la dualité des personnages. Enfin, nous nous pencherons sur les genres littéraires auxquels s’apparente le texte pour prouver que cette dualité relève d’un effet de miroir magique qui fusionne un monde du réel (diégétique ou historique) et un autre féerique et insolite, dépassant les attentes du lecteur en donnant à l’absolutisme une teinte invraisemblable ou satirique.

En mai 1968 s’est amorcée, à l’Université de Dakar, la grève étudiante la plus marquante de l’histoire du Sénégal. Une analyse historique de ces événements permet de comprendre les liens qu’il peut y avoir entre différents cas de luttes étudiantes, non seulement en ce qui a trait au processus contestataire, mais également en ce qui concerne la critique et la répression auxquelles celui-ci doit souvent faire face. Pour les étudiants dakarois de 1968, « sortir des sentiers battus » signifiait de choisir la mobilisation, la contestation et « la rue », en s’opposant au « Palais » et en s’exposant aux conséquences que ce choix pouvait amener. Devant un mouvement de cette ampleur, et devant son extension vers d’autres groupes de la société, de quelle façon l’État a-t-il réagi? Plus particulièrement, quelle stratégie a été mise en œuvre par le gouvernement de l’époque, celui de Senghor, pour gérer ce bouillonnement social; quel discours en est-il ressorti? C’est à la fois au contexte et au déroulement de ces événements marquants de l’espace social et culturel du Sénégal que nous nous intéresserons.

Cette recherche propose un cadre méthodologique intersectionnel et émancipatoire pour explorer l’influence de l’aménagement urbain sur le sentiment de sécurité et d’appartenance des femmes dans les espaces publics de Montréal. Bien que les structures patriarcales renforcent l’insécurité des femmes, les obligeant souvent à éviter certains lieux urbains, l'intégration des perspectives féministes dans les théories classiques d’aménagement reste insuffisante. Les recherches sur l'impact de l'aménagement urbain sur la sécurité et l'appartenance des femmes à Montréal et au Québec demeurent limitées.

Cette étude adopte une approche qualitative et phénoménologique, centrée sur les récits des participantes. En suivant une méthodologie émancipatrice, elle vise à impliquer activement les femmes à toutes les étapes du processus, afin de co-construire des savoirs qui reconnaissent leur expertise sur leurs propres vécus. La méthode Photovoix est employée comme outil principal de collecte de données, permettant aux participantes de capturer visuellement leurs expériences et perceptions des espaces urbains. Cette démarche leur donne un pouvoir narratif, illustrant les aspects de l’environnement qui influencent leur sécurité et leur appartenance.

Cette approche participative vise non seulement à enrichir la recherche en aménagement, mais aussi à proposer des recommandations concrètes pour des espaces urbains plus inclusifs et sécuritaires, en plaçant la voix des femmes au cœur de la réflexion.

Selon Neitzel (2005), le joueur, lorsqu’il interagit avec le monde fictionnel mis en place dans un jeu vidéo, en devient l’auteur implicite, distinct du créateur qui est à l’origine de l’univers vidéoludique. On pourrait dès lors se demander comment se définit la compétence de ce joueur-auteur, qui doit performer le jeu à l’intérieur d’un système de règles et de signes préétablis. Dans le cadre de cette communication, je questionnerai l’existence d’un joueur(-auteur) idéal (au même titre où Coleridge parle de lecteur idéal et Eco, de lecteur modèle) du jeu de rôle pour ordinateur (CRPG) contemporain, capable de jouer/créer le jeu avec une compétence singulière. Je m’intéresserai notamment aux particularités de la franchise transmédiatique Dragon Age (BioWare) – qui compte à ce jour deux jeux multiconsoles, plusieurs extensions disponibles en contenu téléchargeable (DLC), trois mini-jeux, trois romans, vingt et un numéros de comics divers, un jeu sur table, une série web et un film d’animation –, qui à mon sens soulève certaines questions. Dans un cas comme Dragon Age, le joueur idéal est-il celui qui a tout lu, tout vu et joué à tout? L’interaction entre les différents médias permet-elle l’émergence d’une nouvelle forme de synergie fictionnelle où le tout est effectivement plus grand que la somme de ses parties? (Jenkins, 2006)

La Lettre écarlate, roman publié par l'américain Nathaniel Hawthorne en 1850, a été écrit sous la forme d'une énigme à résoudre. Bien que le mystère qui entoure la naissance du bébé Pearl Prynne, fille illégitime d'Hester Prynne, ne soit pas aussi étanche que l'énigme du Double assassinat sur la Rue Morgue d'Edgar Allan Poe, le roman de Nathaniel Hawthorne jette en quelque sorte les bases du roman noir ou du polar. D'abord parce que le récit touche à l'injustice cautionnée par la société puritaine. Le cadre social dans lequel évolue la petite Pearl et sa mère tire ses sources de la conception du sacré selon Baruch Spinoza dans son Traité théologico-politique. Ainsi, le sacré devient le terrain de jeu propice aux inégalités sociales, à la corruption, à l'injustice et à la vengeance. Cette dérive mène à une crise identitaire chez le révérend Arthur Dimmesdale, forcé de voir son amante et sa fille humiliées sur la place publique. Selon Hannah Arendt dans son ouvrage Condition de l'Homme moderne, cette crise identitaire survient lorsque l'identité narrative ne s'est construite qu'à partir des normes sociales dictées par la modernité judéo-chrétienne. Nous verrons donc comment le roman de Nathaniel Hawthorne jette les bases du polar moderne, qui, lui, agit comme un catalyseur d'injustices.

La prostituée, la vitrine et la ville.

Nous proposons de faire une analyse de la ville et de son espace pour mettre en évidence sa méthode de construction tenant en compte de la présence de la prostituée et de la vitrine comme dispositif. Après la révolution industrielle et avec l’urbanisation de masse dans les grandes villes, on a pu constater un grand changement dans l’organisation de la structure sociale urbaine. En effet, beaucoup de personnages de cette urbanisation qui étaient déjà présents ont été soit plus (in)visibles soit se sont transformés en sans-abris. Les prostitués faisaient partie de ces personnages. La ville, avec toute son organisation sociale, va déplacer tout ce qui n’a pas de place en son sein, tout ce qui dérange comme toute sa propreté morale ou physique, vers des endroits isolés, excentrés, loin des regards raffinés de la population métropolitaine. C’est dans ces espaces quasi-autres, dans « les-bas-fonds » que l’on parque et délocalisent ce qui est non désirable dans l’espace public. C’est dans cet espace qu’a été reléguée, dès le début de la ville moderne, la figure mythique de la prostituée.

Cette recherche propose une réflexion historique sur le traitement de la figure de la reine Brunehaut dans l'hagiographie française en conduisant une analyse du motif du supplice dans des manuscrits peints (XIVe-XVe siècles). Elle interroge la pratique ancienne de la torture au Moyen-Âge en la situant dans l'espace contemporain de discussion et de confrontation des études féministes. La torture est ici fragmentation du corps et de l'identité. La souffrance est utilisée comme un mode de contrôle et de destruction des individus. Or la représentation de cette pratique de domination et de destruction porte en elle une ambiguïté, voire une antinomie, qui permet la redéfinition du sujet féminin. L'image est à la fois le théâtre du spectacle sadique de la torture dans lequel la femme est la proie du « male gaze », et un lieux de performance où les identités se déconstruisent et se reconstruisent ou encore se subvertissent et se déstabilisent. La femme suppliciée est châtiée. Elle est Ève, sorcière, pécheresse. Mais elle apparaît également comme martyre, sainte, Marie. Le motif de torture n'est plus seulement punition ; il est rédemption et salut divin. Si la figure de Brunehaut suppliciée sert dans un premier temps la propagande de Clotaire II en punissant symboliquement l'hybris de la reine noire, elle apparaît, dès le XIIIe siècle, comme l'outil de sa réhabilitation dans les manuscrits du De Casibus Virorum de Boccace et dans ses traductions.

Notre travail de recherche s’est appuyé sur les études traductologiques antérieures (Bassnett & Trivedi, 1998) et sur la traduction cannibale telle que théorisée par Haroldo de Campos (Campos & Wolff, 1986). Nous y avons cherché à appliquer les théories de l’anarchisme ontologique (Bey, 1985) à la traduction pour vérifier comment ces dernières contribuent à affranchir l’acte de traduction des contraintes imposées par le système capitaliste, l’État ou toute forme de contrôle et comment elles aident à affranchir le traducteur lui-même dans sa pratique. La traduction comme pratique anti-hégémonique et militante a déjà été explorée par Maria Tymoczko (Tymoczko, 2007, 2010) et Mona Baker (Baker, 2013), mais nous avons cherché à aller plus loin encore. Pour ce faire, nous avons emprunté la définition de l’idéologie du philosophe slovène Slavoj Zizek (García & Sánchez, 2008) et les idées de l’écrivain William S. Burroughs sur le langage (Land, 2005). Enfin, nous avons expérimenté avec la traduction de l’article « The body of condemned Sally: paths to queering Anarca-Islam » (Abdou, 2010), qui cherche à faire le rapprochement entre les théories queer, l’anarchisme et l’Islam. Nos réflexions nous ont permis de paver la voie à diverse piste de réflexion sur les voies que le traducteur peut emprunter pour participer à un changement radical de la société et du système dans lequel nous vivons.

Ma communication portera sur Je suis un écrivain japonais de Dany Laferrière. Ce roman paru en 2008 met en scène un écrivain autofictif face à une médiatisation croissante due à une polémique créée par le titre envisagé de son prochain roman. Je me demanderai : comment Laferrière use-t-il de l'ironie pour dénoncer la manière dont les critiques et les universitaires découpent la production littéraire en espaces nationaux ; comment représente-t-il, dans son roman, l'écrivain ainsi que les autres agents de la vie littéraire (notamment l'intervieweur et l'éditeur). Je chercherai également à savoir si, par le travail de la fiction, dans ses romans, Laferrière arrive à atteindre une sorte de réflexivité, un retour sur soi et sa médiatisation, en somme, un « savoir réflexif ». La place prépondérante accordée au paratexte (le titre, mais également les entretiens à propos de l'œuvre à venir), dans l'intrigue même du roman, s'avère à cet égard un élément révélateur du « retravail de l'éthos préalable » (Amossy : 2010) de Laferrière, fait de reconductions mais aussi de ruptures, d'infléchissements. Finalement, je montrerai de quelle manière Je suis un écrivain japonais s'inscrit dans le cadre énonciatif global qu'est la posture (« manière singulière d'occuper une position dans le champ littéraire » (Meizoz, 2007)) de Dany Laferrière, notamment caractérisée par la maîtrise des codes médiatiques (jouer le jeu, mais également, se jouer du jeu).

À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, les intellectuels remettent en doute le postulat des lumières qui veut que la raison mène l’homme à sa finalité. Les philosophes modernes et les intellectuels contestent les valeurs transcendantes, qu’elles proviennent de Dieu, de l’histoire ou de la raison. C’est dans cette perspective que surgissent les nouveaux penseurs humanistes et existentialistes. Parmi ces penseurs, il y a le franco-algérien Albert Camus et son éternel rival, Jean-Paul Sartre. Dans un esprit de dialectique, il est intéressant de faire dialoguer deux pièces de théâtre portant sur l’engagement politique, comme si Camus répondait à « Les mains sales » de Sartre par « Les justes ».

À l’aide d’articles scientifiques, de monographies et de romans, on cherchera ainsi à faire des liens conceptuels entre les personnes et les thématiques qui soulignent le mieux un rapprochement plutôt qu’une disjonction. Ce travail se divisera en quatre parties : présentation succincte des deux pièces, puis trois sections pour les personnages principaux et l’agencement des thèmes. Soit, une section pour Hoederer-Stepan; une pour Hugo-Kaliayev; et une dernière pour Olga et Dora.

Qu’est-ce qui rapproche Camus et Sartre? C’est un vitalisme de l’affirmation de la vie contre la mort; la lutte contre l’absurde ou la nausée et la fatalité. C’est la liberté devant la mort que soulignent Camus et Sartre. L’un ne veut pas être récupéré par le jeu politique et l’autre ne veut pas plier les genoux.

« Son lynchage a été vu par des millions d’internautes. Nous avons assisté en direct à l’exercice de la barbarie extrême […] Ses lyncheurs lui avaient confisqué la parole. J’ai tenté de la lui rendre, pour qu’il nous parle de ce qu’il a été, de ce qui a fait de lui un dictateur [1]. », ainsi a décrit l’auteur algérien francophone Yasmina Khadra la source d’inspiration qui a donné naissance à son roman La dernière nuit du Raïs, publié en 2015. Quatre ans après l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le chef d’État libyen, l’œuvre reprend la scène historique de sa mort. Ce récit nous invite à réfléchir non seulement sur la structure narrative et discursive qui marquent son hybridité générique, mais également sur le(s) rapport(s) de la fiction avec/à la réalité historique et aux médias. Quels sont les mécanismes déployés par Khadra permettant le passage de l’écran au papier? Nous faisons l’hypothèse que le dialogue et la description jouent le principal rôle dans ce passage. Notre communication analysera donc les méandres de l’histoire et de la fiction dans le roman de Khadra afin de montrer la corrélation entre ses aspects narratifs et thématiques. Nous ferons ainsi appel à la transmédialité, à l’analyse des genres littéraires et au roman historique.

[1] Entretien de Yasmina Khadra avec Dan Burcea, 16 décembre 2015, Salon littéraire Lintern@ute.