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De nombreux bienfaits sont associés à la pratique musicale à un âge avancé (Creech et al. 2014) mais très peu d’études se sont penchées sur le système endocrinien des musiciens, et celles qui l’ont fait ont utilisé principalement des populations de chanteurs (Beck, 2000; Beck et al., 2006). Une étude pilote a été réalisée auprès de huit musiciens amateurs âgés de 50+ ans pour investiguer les variations du stress (cortisol) et du système immunitaire (immunoglobuline A, ou IgA) sous deux conditions: une répétition de groupe (Musique) et une activité passive consistant à visionner un documentaire sur la musique (Repos). Une méthodologie de recherche mixte a été préconisée. Des tests t pour échantillons appariés ont été utilisé à titre exploratoire, en raison du petit échantillon. En résumé, les niveaux de cortisol ont systématiquement diminué suivant la répétition musicale et le visionnement d’un documentaire. L’IgA, quant à elle, a augmenté dans la condition Repos, alors qu’elle a été marquée d’une plus grande variabilité dans la condition Musique. Ces résultats sont prometteurs et démontrent que la musique peut avoir un effet bénéfique sur certains marqueurs biologiques. Les retombées de l’étude sont signifiantes pour le milieu universitaire, les organismes dédiés aux aînés, les musiciens-éducateurs et le grand public car elles sensibilisent au fait que la musique peut être une stratégie créative pour favoriser un vieillissement en santé. 

Nous interrogeons les manières dont la guerrière actuelle réactualise, ou au contraire, reconduit les limites et les reconfigurations des normes des genres sexuels au sein de la culture populaire contemporaine. Selon nous, malgré son récent gain en visibilité, il persisterait des manières codifiées de représenter la violence et l’agressivité féminine, témoignant de la présence de contraintes normatives et iconographiques. Nous tendons à démontrer que si la guerrière contemporaine déjoue la trajectoire identitaire archétypale du personnage féminin, il persisterait en elle une sorte d’incompatibilité de cohabitation entre les attributs fondamentalement féminins et masculins. Nous postulons que les productions actuelles exposeraient et exploiteraient cette dimension dualiste sur le plan narratif, exprimant ainsi les difficultés mêmes d’une telle représentation. Pour illustrer notre hypothèse, nous nous intéresserons au caractère autoréflexif que présente l’arc narratif de Katniss Everdeen, héroïne guerrière de la série littéraire et filmique The Hunger Games. Aucune recherche d’envergure n'a encore été effectuée au sujet des personnages féminins guerriers des productions culturelles récentes. La pertinence de notre projet repose sur sa volonté d'unir les études de genres, féministes et culturelles; de questionner à la fois le statut et la représentation du héros féminin d’action; et d’interroger au final les articulations contemporaines de la violence au féminin.



Apparu pour la première fois chez Freud, le concept d'objet sexuel sous-tend aujourd'hui en grande partie le discours féministe. Il est sous-entendu dans le concept plus connu de rape culture, qui accuse le genre masculin d'une domination unilatérale et injuste du genre féminin. Pourtant, peu de féministes s'interrogent sur le concept d'objet sexuel : elles en font usage sans le questionner. Nous tenterons ici de circonscrire les présupposés de cet usage, puis de les examiner au regard des faits et de plusieurs témoignages pour voir à quel point ils sont valides ou non. Après quoi, nous tenterons de déterminer un usage plus pertinent du concept d'objet sexuel que celui qui prévaut habituellement dans la pensée féministe. Nous nous appuierons notamment sur le critère du consentement, trop souvent ignoré dans cette pensée, pour montrer en quoi l'objectisation sexuelle peut valoir pour la perception que chaque sexe a de l'autre (ou du même), et ne saurait être considérée comme l'apanage exclusif d'un sexe sur l'autre. On verra également que l'objectisation, même lorsqu'elle a lieu, n'est jamais totale, et que l'une des sources du plaisir sexuel est la tension entre subjectivité et objectisation - source que l'on aurait tort de rejeter d'emblée dès lors que les agents moraux impliqués dans la relation se révèlent consentants et si possible informés.

Dans une perspective agonistique (Castillo Durante), soit de lutte et de je(ux), cette communication convie à une réflexion sur l’inclination pour la démarche intermédiale particulière à l’auteure-artiste surréaliste Leonor Fini dans sa recherche d’une identité artistique, démarche s’apparentant à l'autofiction littéraire. Il s’agit d’examiner les dispositifs d’autoreprésentation dans ses autoportraits peints et ses textes littéraires de nature autobiographiques pour lesquels les études sont rares. L’ancrage historique de notre projet se situe dans une époque précédant l’autofiction et nous parlerons d’anachronisme ou de plagiat par anticipation (Bayard). C’est aussi à partir d'une perspective interartiale (Walter Moser) utilisant les outils méthodologiques de l’altérité que nous réfléchirons. Aujourd'hui, plusieurs chaires de recherche se penchent sur les méthodes d’analyse d’une œuvre relavant à la fois des arts visuels et de la littérature. Or, nous croyons que le concept d’interagonicité peut éclairer de telles oeuvres où la confrontation à l'Autre permettrait de se découvrir soi-même. Leonor Fini aurait ainsi contribué à l’apparition de nouvelles « sortes d’autofictions », voire des autofictions visuelles que nous nommons à titre heuristique des « expeaufictions ». Notre étude s’insère donc dans une recherche plus large sur les pratiques artistiques et littéraires féminines pour trouver les références et les stratégies à partir desquelles elles se renouvellent.

L’écriture et la consommation d’une drogue peuvent paraître deux activités difficilement conciliables. La drogue jette le sujet dans des bouleversements perceptifs et psychiques qui se révèlent souvent revêches à l’expression — s’ils ne sont pas carrément indicibles (de Certeau, 1982). Le psychotrope absorbé mine (parfois irrémédiablement) ses capacités de remémoration et de reconstitution. Le simple fait de tenir un crayon et de tracer des signes relève, dans certains cas, de l’exploit. Malgré ces écueils, plusieurs auteurs ont consigné par écrit leur expérience de la drogue. Leurs textes présentent en ce sens une volonté de re-tracer l’expérience, de re-trouver, à travers les réminiscences ou les quelques notes prises en cours d’expérimentation, le chemin des mots (Arslan, 2000; Fintz, 1997) : l’écriture de la drogue s’effectue à rebours. Dans le cadre de cette communication, nous proposons d’envisager ce mouvement particulier de l’écriture de la drogue en examinant les textes de différents auteurs (Michaux, Huxley, Duits, Benjamin). Il s’agit de montrer comment l’écrit se déploie dans cette entreprise de re-mise en mots de l’expérience. Nous considérons que l’écriture de la drogue est avant tout « ré-écriture » : il est question de re-composer, de re-construire  l’expérience, mais aussi (et même surtout) de la re-vivre, la re-faire — cette fois au moyen du langage. La drogue semble dès lors un pré-texte à l’écriture et le texte lui-même, un nouvel espace expérientiel. 

Dans la littérature mondiale, beaucoup de personnages principaux semblent, parfois inspirés, autrement calqués, sur différentes figures mythiques de l’Histoire mondiale. C’est entre autres le cas de Sainte Jehanne d’Arc qui continue d’inspirer romanciers et dramaturges, dont plusieurs d’entre-eux contribuent à la littérature québécoise. Cette communication aborde le procédé hypertextuel tel que défini par Genette dans son ouvrage Palimpsestes la littérature au second degré, plus précisément la transposition de la figure mythique de Jehanne d’Arc en littérature postmoderne. Pour ce faire, je me concentre sur le personnage de Bérénice Einberg, héroïne et narratrice du roman L’Avalée des avalés, de Réjean Ducharme. Celle-ci sera analysée sous l’angle de la théorie du chaos et des études féministes. Regarder un personnage aussi complexe et emblématique que Bérénice Einberg permet de plonger au cœur des personnages de Réjean Ducharme d’après une nouvelle perspective : celle du palimpseste chaotique. Après analyse, il apparaît que le personnage de Bérénice est un avatar de Jehanne d’Arc. Plus spécifiquement, Bérénice et Jehanne d’Arc apparaissent dans leurs épopées respectives comme des cyborgs tels que défini par Donna Harraway.

Les enjeux de ce travail sont avant tout théoriques : il s’agit de comprendre quel a été l’apport spécifique des romans historiques dans la réception de l’héritage humaniste au XXe siècle. Nous proposons d’aborder le problème par une analyse de la figure de l’humaniste dans L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar. Nous le ferons dans le contexte plus large des débats qui ont divisé les historiens et les philosophes autour de la « question de l’humanisme » depuis la parution de la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1946) jusqu’à la publication du roman de Yourcenar (1968).

Nous chercherons à démontrer que L’Œuvre au Noir présente de nombreux échos de ces controverses, qui ont notamment opposé Paul O. Kristeller et Eugenio Garin. Nous soutiendrons néanmoins que le texte romanesque récuse toute interprétation globale de l’humanisme, en réactivant, parfois de manière ironique, une série de lieux communs associés à la querelle opposant les historiens aux philosophes (anthropocentrisme, rationalisme exacerbé, optimisme naïf).

Le caractère novateur de cette étude consiste en son approche pluridisciplinaire visant une synthèse susceptible de regrouper la somme importante de travaux dont l’humanisme a fait l’objet au sein de disciplines aussi variées que le sont la critique littéraire, la sociologie et l’historiographie.

C'est peu dire que d'affirmer qu'un effet de spectralité est perceptible dans les fictions aurévilliennes. Tout l'univers du romancier semble, en effet, travaillé en profondeur par un clair-obscur oppressant qui spectralise les êtres et les choses. Sur cette thématique spectrale, la critique aurévillienne ne s'est par ailleurs pas vraiment attardée, la rapportant souvent à l'idéologie profondément réactionnaire d'un écrivain monarchiste.

S'il est vrai que l'idéologie antirévolutionnaire sous-tend de bout en bout l'oeuvre aurévillienne, il nous semble malaisé d'expliquer un tel déploiement de l'imaginaire spectral uniquement à travers son prisme, tant les raisons idéologiques évoquées demeurent en deçà des enjeux esthétiques de l'oeuvre en ramenant le choix du fantastique à une sorte d'impasse esthétique. Aussi nous proposons-nous de déplacer les termes de la question, et ce en s'interrogeant sur la présence d'un régime spectral de la représentation chez Barbey.

Cette communication sera donc le lieu d'un double enjeu: il s'agira dans un premier temps d'extraire la matière spectrale et d'en dresser un rapide inventaire, ensuite de voir en quoi il s'agit d'une spectralité opérante, véritable principe dynamique qui génère une poïétique des images en négatif et une politique de conjuration-hantise. Nous tenterons ainsi d'expliciter notre hypothèse de départ qui pose l'image spectrale comme une image métapoétique proposée par les textes aurévilliens pour symboliser leur propre forme.

 

Le rôle de l’architecture dans l’entreprise de propagande nazie a fait l’objet de nombreuses études historiennes dans les années 1970 (Miller-Lane 1968; Leehmann-Haupt 1973; Taylor 1974). Presque trente ans plus tard, le philosophe Miguel Abensour (1997) publie, De la Compacité, dans lequel il dénonce ce qu’il nomme la « stratégie de la disjonction » qui consiste à parler de l’aménagement du territoire nazi sans jamais y inclure les lieux de ses atrocités, les ghettos et les camps d’extermination. L’historien R.J. van Pelt (1991) affirme qu’il est courant dans la littérature « to commit these flimsy and shoddy buildings to the garbage -heap of architectural history». (Aussi, Jaskot 2000; Cole 2003).

Est-ce que la rareté de la littérature unissant l’architecture et les camps est à mettre en lien avec les thèses de la neutralité de la technique, celle-ci dépourvue de symbolique et de « sens » ? De la neutralité de l’architecte, dissociant sa création de son utilisation ultérieure? L’historiographie a abondamment traité des camps et des atrocités qui s’y sont commises. Pourquoi n’existe-t-il pas une histoire proprement architecturale des camps nazis? Serait-elle susceptible d’informer davantage de la nature du régime totalitaire nazi, et plus largement de la difficulté de nommer l’horreur?

Voilà quelques-unes des questions auxquelles se propose de réfléchir cette communication, en participant du questionnement sur l’art, l’architecture et le politique, le dicible et l’indicible.

L’industrie de la mode québécoise produit 300 000 tonnes de déchets par année (Mutrec, 2020) et aucun palier gouvernemental n’offre actuellement de solution au recyclage textile (Recyc-Qc, 2021). À la lumière de cette problématique, Trame circulaire (TC) questionne comment le design circulaire peut transformer la production manufacturière de vêtements en processus zéro déchet.

À la croisée du design textile et des sciences de l’environnement, TC est un projet de recherche-création qui examine la création d’un nouveau matériau à base de pulpe textile recyclée. La démarche se déploie en étapes d'itérations de recherche par le design (Zimmerman, 2010). Le développement et l’analyse des propriétés matérielles et esthétiques d'une série d'échantillons (Milieux Biolab, Concordia, dir. Dre Jarry) ont mené à la conception d'une collection de prototypes d’objets moulés. La conception d'une installation artistique mettant en valeur ce nouveau matériau aura lieu en 2025. Les phases de fabrication seront documentées par un portfolio annoté (Gaver and Bowers, 2012). 

Les deux grands objectifs du projet sont d’analyser les propriétés matérielles et esthétiques de matériaux composites innovants et de mobiliser les connaissances pratiques et théoriques de la recherche. Les résultats alimenteront une réflexion sur de nouvelles manières d’influencer le cycle de vie des vêtements dès les premières étapes de la conception et offriront des pistes de solutions pour les acteurs du textile.

Dans la création chorégraphique contemporaine, la reconnaissance et la compréhension du rôle du danseur dans la création des œuvres est un sujet à controverses. Car si les pratiques de création aujourd’hui se disent la plupart du temps se baser sur la sensibilité particulière de chaque interprète, le discours dominant en danse semble encore véhiculer des valeurs de soumission et d’engagement « corps et âme » au projet du chorégraphe. À travers cette communication,  je me propose d’examiner l’apport créatif du danseur dans une perspective écosystémique du processus de création, tentant de rendre compte de la complexité des échanges et des négociations en jeu entre le chorégraphe, le danseur et l’œuvre même. Cette réflexion s’appuiera sur les résultats d’une recherche-création menée au Doctorat en Études et Pratiques des Arts à l’UQAM dans laquelle je me suis plongée comme interprète dans le processus de création de trois œuvres chorégraphiques avec trois chorégraphes différents. Je proposerai alors de penser l’émergence de l’ « éco-corporéité » de chaque œuvre, expression de la rencontre de corporéités uniques dans un contexte particulier de création. Penser l’éco-corporéité de l’œuvre m’amènera à  questionner la pertinence même de chercher à connaître l’auteur réel d’une œuvre chorégraphique dans le sens de sa matière même, et mettra au cœur du débat l’importance de considérer davantage la porosité de chaque rencontre permettant l’émergence d’œuvres uniques et singulières.

Depuis la « Révolution sexuelle », bien que des études se soient intéressées au portrait de la sexualité « libérée » présenté par la culture visuelle occidentale en pleine effervescence, les efforts des chercheurs et des chercheuses ne ciblèrent pas précisément la représentation des actes sexuels en eux-mêmes; une figuration pourtant construite de toutes pièces et possiblement d’après les mêmes conventions qui régissaient cette « nouvelle » sexualité. Dans cette communication, je propose de synthétiser les résultats de l’étude empirique que j’ai menée dans le cadre de mon doctorat en Sciences humaines (PhD in Humanities, Fine Arts) à l’Université Concordia (Montréal) et qui porte sur la représentation des pratiques sexuelles telles qu’elles apparaissent dans un large échantillonnage de documents visuels diffusés en Occident de la fin des années 1950 à 1979. Plus précisément, je présenterai le portrait thématique du contenu sexuel des 872 images isolées dans 18 livres sur l’art au contenu sexuel et des 367 scènes sexuelles visibles dans une collection de 55 longs métrages de fiction commerciaux. À l’aide d’images et de graphiques, je résumerai mes constats en ce qui concerne la nature à la fois « libérée » et « conservatrice » du portrait révélé et de ses possibles conséquences sur ses spectateurs et spectatrices.

Cette recherche propose une réflexion historique sur le traitement de la figure de la reine Brunehaut dans l'hagiographie française en conduisant une analyse du motif du supplice dans des manuscrits peints (XIVe-XVe siècles). Elle interroge la pratique ancienne de la torture au Moyen-Âge en la situant dans l'espace contemporain de discussion et de confrontation des études féministes. La torture est ici fragmentation du corps et de l'identité. La souffrance est utilisée comme un mode de contrôle et de destruction des individus. Or la représentation de cette pratique de domination et de destruction porte en elle une ambiguïté, voire une antinomie, qui permet la redéfinition du sujet féminin. L'image est à la fois le théâtre du spectacle sadique de la torture dans lequel la femme est la proie du « male gaze », et un lieux de performance où les identités se déconstruisent et se reconstruisent ou encore se subvertissent et se déstabilisent. La femme suppliciée est châtiée. Elle est Ève, sorcière, pécheresse. Mais elle apparaît également comme martyre, sainte, Marie. Le motif de torture n'est plus seulement punition ; il est rédemption et salut divin. Si la figure de Brunehaut suppliciée sert dans un premier temps la propagande de Clotaire II en punissant symboliquement l'hybris de la reine noire, elle apparaît, dès le XIIIe siècle, comme l'outil de sa réhabilitation dans les manuscrits du De Casibus Virorum de Boccace et dans ses traductions.

Cette communication focalise sur les conditions dans lesquelles évoluent les pratiques muséales aujourd’hui en prenant pour objet d’étude le récent département «Curatorial Asian Art», du Musée Guggenheim de New York, financé par la corporation Samsung. Au lendemain de sa constitution en 2006, ce département s’est pourvu d’un comité d’experts ad hoc, issus de diverses disciplines telles que l’histoire de l’art, l’anthropologie et la philosophie, afin de réfléchir à son développement stratégique en tenant compte des expositions et de la collection d'art asiatique moderne et contemporain sous sa responsabilité. En d’autres mots, ce comité devait réfléchir aux moyens de mettre en valeur un corpus artistique que l’institution en question nomme «art global». Cette description soulève deux points d’intérêt. D’abord, qu’est-ce que l’art global ? En tenant compte des études postcoloniales et de l’évolution des pratiques muséales, en regard de l’exposition de corpus étrangers dans les musées occidentaux, nous tenterons d’exposer la signification de ce qualificatif de plus en plus récurrent dans le milieu de l'art. En guise de second point d’analyse, il sera question de s’attarder sur le phénomène peu étudié du financement corporatif asiatique en milieu muséal occidental. Ce dernier aspect permettra d’aborder la montée fulgurante et récente du marché de l’art asiatique et de questionner les enjeux diplomatiques et artistiques qui découlent de ces partenariats économiques.

La guitare présente des caractéristiques qui rendent illogique le positionnement des notes sur sa plaque de touches. Par exemple, le fait qu’on puisse jouer une même note à plusieurs endroits différents, qu’une note puisse être jouée à vide ou fermée, ou encore que l’accordement de l’instrument soit presque toujours en quartes sauf entre la 2e et la 3e corde, qui sont séparées par une tierce. Toutes ces particularités font que la lecture à la guitare est une habilitée difficile à développer. Dans ce contexte, le changement de position se présente comme une difficulté importante qui doit être surmontée.

Dans cette communication, nous présenterons les résultats de notre recherche doctorale, laquelle visait à développer du matériel éducatif afin de favoriser le jeu instrumental de la région moyenne à la région suraiguë, c'est-à-dire de la Ve position à la XVe position. Pour ce faire, nous avons utilisé le processus méthodologique du modèle de développement de matériel éducatif en pédagogie instrumentale proposé par Dubé, Héroux et Garcia (2011, sous-presse), ainsi que des concepts issus de la psychologie cognitive. Dans l’optique de créer des automatismes de lecture, nous avons organisé une série d’études ainsi que des tableaux de triades et des exercices préparatoires pour chaque région concernée.

« Son lynchage a été vu par des millions d’internautes. Nous avons assisté en direct à l’exercice de la barbarie extrême […] Ses lyncheurs lui avaient confisqué la parole. J’ai tenté de la lui rendre, pour qu’il nous parle de ce qu’il a été, de ce qui a fait de lui un dictateur [1]. », ainsi a décrit l’auteur algérien francophone Yasmina Khadra la source d’inspiration qui a donné naissance à son roman La dernière nuit du Raïs, publié en 2015. Quatre ans après l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le chef d’État libyen, l’œuvre reprend la scène historique de sa mort. Ce récit nous invite à réfléchir non seulement sur la structure narrative et discursive qui marquent son hybridité générique, mais également sur le(s) rapport(s) de la fiction avec/à la réalité historique et aux médias. Quels sont les mécanismes déployés par Khadra permettant le passage de l’écran au papier? Nous faisons l’hypothèse que le dialogue et la description jouent le principal rôle dans ce passage. Notre communication analysera donc les méandres de l’histoire et de la fiction dans le roman de Khadra afin de montrer la corrélation entre ses aspects narratifs et thématiques. Nous ferons ainsi appel à la transmédialité, à l’analyse des genres littéraires et au roman historique.

[1] Entretien de Yasmina Khadra avec Dan Burcea, 16 décembre 2015, Salon littéraire Lintern@ute.

Dans le travail de partenaires en danse, « les danseurs dépendent physiquement l’un de l’autre » (Lafortune, 2010, p.13) et échangent leur poids. Il s’agit d’une composante majeure de la création chorégraphique actuelle, mais son apprentissage est peu documenté et souvent absent des formations collégiales en danse (ibid., p.16-24), malgré son importance dans la dynamique interactionnelle des danseurs. Instaurer une telle dynamique positive et efficace en travail de partenaires requiert des habiletés spécifiques. Ces habiletés sont au cœur de l’acroyoga1. Fondée sur un enseignement somatique2 de l’acroyoga dans la formation collégiale en danse, ma recherche vise à comprendre les phénomènes d’interaction en jeu dans l’apprentissage du travail de partenaires. J’ai donc conçu des cours d’acroyoga que j’ai enseignés à 3 groupes d’étudiants en danse dans 2 cégeps (chaque cours comprenait un questionnaire écrit suivi d’une discussion de groupe) et mené 6 entretiens individuels. L’enseignement somatique de l’acroyoga développe communications verbale et non verbale, présence et coopération – habiletés utiles dans la pratique de la danse et dans toute situation d’interaction – ce que suggèrent les résultats préliminaires. Ce projet cherche à nourrir la recherche en danse du point de vue inusité du novice et à contribuer aux discussions sur la relation interactions/apprentissages.

 

Fusion du partenariat acrobatique et du yoga.

2 Axé sur la conscience du corps en mouvement dans l’espace.

À un certain moment dans la vie de toute personne lesbienne, gaie ou bisexuelle (LGB), une décision importante devra être prise: révéler ou non son orientation sexuelle. L'hétérosexualité étant un état par défaut, pour remettre les pendules à l'heure, la  personne LGB devra prendre parole. 

[La sortie du placard] est inhérente aux existences des gais et des lesbiennes et représente une expérience constitutive de leur subjectivation. L'expérience du coming-out peut dès lors être considérée comme une des « scènes gaies », une des « scènes lesbiennes » par excellence. Il n'est donc pas étonnant que l'on trouve des représentations de telles scènes, de ce Grunderlebnis, dans la plupart des romans [à thématique LGB] (Lagabrielle, 2007).

Les œuvres qui nous intéressent, destinées à un public adolescent, présentent des personnages ayant conscience qu'ils devront, plutôt tôt que tard, se dire. Cette communication se propose donc d'étudier l'acte de la sortie du placard en considérant celui-ci comme une rupture biographique dans le parcours des adolescents fictifs. Dans un premier temps, nous verrons comment ils réagissent face à cette « obligation sociale » qu'est le coming-out. Ensuite, nous étudierons comment les protagonistes expriment leur différence. Nous dénotons trois types de coming-out dans les récits: volontaire, forcé et implicite. Nous définirons ces catégories au moyen d'exemples concrets  dans le but de mettre en lumière les complexités inhérentes à cette prise de parole.

À la lecture d'un roman de la Grande Guerre, au visionnement d'un film se déroulant dans les tranchées, à la contemplation d'un tableau tentant d'en transmettre l'essence, le récepteur de l'œuvre peut aisément constater qu'il y a répétition de motifs, de thèmes, de signes, et ce malgré la diversité des supports. Ces éléments invariants présents dans le discours social (Marc Angenot) sur la Grande Guerre semblent traverser un siècle de représentations de la Première Guerre mondiale et participer à la formation d'un imaginaire de la tranchée (Pierre Popovic, Cornelius Castoriadis). Cette communication s’intéressera à la formation de cet imaginaire par le martèlement de motifs et de thèmes portés par des œuvres diverses. Elle interrogera la signification et la variation de certains éléments récurrents du monde des tranchées, et ce dans diverses formes d’arts (littérature, peinture, cinéma, photographie, bande dessinée, jeux vidéo). Enfin, cette communication montrera, par l’étude des cas des barbelés et de la boue, comment certains éléments se chargent symboliquement pour représenter les souffrances du soldat dans ce qui constitue, peu à peu, au fil des créations, un imaginaire social de la tranchée. 

Du 21 février au 3 mars 2013 avait lieu la 6e édition du Festival international Montréal / Nouvelles Musiques sur le thème de la voix et des percussions. Produit par la Société de musique contemporaine du Québec, cet événement biannuel proposait de faire découvrir au public montréalais « la diversité, la richesse et l’ingéniosité des artistes les plus avant-gardistes de la scène musique contemporaine (Programme du festival, 2013) ». Au total, le public pouvait assister à plus de cinquante événements répartis en 10 jours. Un terrain de recherche au festival a été mené afin d’observer le comportement du public en concert et de vérifier s’il y avait des corrélations ou des différences notables dans la fréquentation du festival selon une variété de facteurs intra- ou extramusicaux (styles des œuvres, interprètes, lieux, horaires, etc.). Ainsi, cette étude vise à réfléchir sur la possible corrélation entre le développement du public et lafabrique de la programmation culturelle (Ribac, 2013), c’est-à-dire l’ensemble du processus de mise sur pied des objets culturels : des modalités de sélection des œuvres, des musiciens, des compositeurs, à leur agencement dans un ensemble plus large – une saison, une série, un festival –, en passant par leur mise en marché et par la médiation culturelle afin de répondre à une direction artistique, mais aussi à d’autres enjeux (politiques, techniques, collectifs) comme celui du développement de public.

En 1931, sous la direction d’Olivar Asselin, le quotidien libéral montréalais Le Canada introduit un nouvel élément dans l’économie de sa page éditoriale. Il s’agit d’une rubrique intitulée « Les réflexions de l’Oncle Anthime » et publiée régulièrement de 1931 à 1934. 180 chroniques réunissant 1883 très courts textes, souvent de la longueur d’une seule phrase, y paraissent. Portant sur des thèmes plus ou moins dictés par l’actualité, marquées au coin du discours partisan, ces sortes de brèves éditoriales se présentent au lecteur comme l’expression de faits généraux d’expérience soustraits aux règles communes de l’argumentation. Énoncées par le truchement d’un artifice littéraire, sous un pseudonyme transparent, qui, tout en ne voilant pas l’identité véritable du journaliste, la distancie de son propos, elles renouent, en contexte médiatique, avec un mode d’expression procédant par sentence parmi les plus anciens de la littérature. Dans le prolongement de l’effort d’inventaire des microformes journalistiques proposé par Marie-Ève Thérenty et Guillaume Pinson (2008), eu égard à la forme verbale à laquelle elles recourent et à la tradition littéraire qu’elles évoquent, nous désignerons ces brèves éditoriales du nom d’éditoriaux gnomiques. En guise de soutien à la proposition théorique esquissée, nous décrirons le corpus exhumé, puisant, pour orienter notre travail, du côté de commentateurs illustres de cette tradition, en commençant par Aristote (Rhétorique, II, 1294a-1395b).

Aider les personnes en situation d'itinérance à se réinsérer socialement nécessite plus que trouver un logement et une source de revenus. Les préjugés à leur égard et leur isolement sont des embuches. Se réinsérer nécessite de réapprendre à créer des liens. Dans ce contexte, est-ce qu'un projet d'art peut favoriser leur inclusion sociale? Le refuge pour hommes sans-abri, Mission Old Brewery, et des collaborateurs (CHUM-UQAM) ont proposé la réalisation d'ateliers artistiques à l'intérieur de leurs murs dans le but d'offrir une expérience positive aux participants. Trois séries d'ateliers combinant des approches artistiques et pédagogiques, dont la photographie, les déambulations urbaines, le dialogue et le contact avec des oeuvres d'art, furent réalisées. Une recherche-action qualitative a permis d'identifier lesquelles des approches adoptées par l'artiste favorisaient un mieux-être, une autonomie et la participation sociale des hommes. Nous avons observé que les créations individuelles (photographies et dessins), lorsqu'elles sont combinées à des expériences en groupe (déambulations urbaines et échanges sur l'art), favorisent la réalisation d'une création collective (vidéos, installation photographique). Ce processus devient propice pour tisser de nouveaux liens. La présentation finale du projet devant un public devient un moment significatif, car ces personnes apparaissent dans leur individualité, c'est-à-dire au-delà de leur condition de souffrance.

Depuis les Rébellions de 1837-1838, de nombreuses oeuvres ont présenté le patriotisme canadien-français de l'époque, parfois en en faisant l'éloge, parfois en en faisant la critique, et en le décrivant tantôt comme rassemblant ou diviseant le peuple canadien-français.  À travers ces nombreuses oeuvres, deux romans jeunesse de Marie-Claire Daveluy, Le Richelieu héroïque et sa suite, Michel et Josephte dans la tourmente, publiés d'abord dana L'oiseau bleu à la fin des années 1930, puis en volumes en 1940, viennent dresser un portrait intéressant du patriotisme canadien.  Jusqu'ici peu étudiées, ces oeuvres dressent, dans le contexte des Rébellions de 1837-1838, un portrait de deux "factions patriotes", celle des patriotes "ardents", prêts à prendre les armes pour combattre l'oppresseur britannique, et celle des patriotes "modérés", qui privilégient plutôt la voie de la patience et de la conciliation afin d'obtenir des concessions des autorités britanniques afin d'améliorer le sort des Canadiens français.  Or, loin de simplement dresser ces deux portraits, on remarque bien rapidement que, si Daveluy, fait tout de même l'éloge de l'une et l'autre de ces deux formes de patriotisme, elle leur prête toutefois des résultats bien différents et laisse même-sous entendre que l'une de ces formes sert beaucoup plus efficacement la cause des Canadiens français que l'autre.  C'est ce phénomène que nous nous proposons de présenter.



Avec l’arrivée des nouvelles technologies numériques, plusieurs auteurs observent les multiples trajectoires qui relient le privé et le public. La vie quotidienne est promulguée au rang d’objet public au travers des blogs et des réseaux sociaux, et les téléphones intelligents regroupent une foule de fonctions qui enregistrent la vie privée : appareil photo, caméra vidéo, dictaphone, géolocalisateur…

L’objectif de la recherche sera de mettre en lumière le contexte dans lequel opère un glissement des limites entre le privé et le public, puis de montrer de quelle manière les artistes en art contemporain utilisent des méthodes d’appropriation afin d’illustrer le déplacement de l’espace privé vers le public.

Pour ce faire, seront analysées les oeuvres des artistes Sophie Calle, Sylvie Cotton, Marc-Antoine K. Phaneuf et Donigan Cumming. Nous nous appuierons sur le concept d’intimité (Bachelard, 1948; Henri-Pierre Jeudy, 2007), la pratique de la collection (Baudrillard, 1968), la pratique ethnographique (Laplantine, 1996) ainsi que la pratique de la surveillance (Foucault, 1975).

Ainsi, il sera démontré que les artistes qui pratiquent l’espionnage d’inconnus, en dévoilant les objets intimes de ceux-ci, n’interviennent pas dans une posture de surveillance, mais empruntent plutôt aux méthodes de la filature dans un soucis de durée et de constance. De ce fait, c'est dans un rapport empathique et curieux qu'ils s'intéressent à leurs sujets.  

Mots-clés : art contemporain, intimité, vie privée

Peu de choses ont été dites ou écrites sur Albert Laberge (1871-1960). Il faut dire que l’auteur de La Scouine n’est pratiquement pas lu de son vivant. Qualifié de pornographe par l’archevêque Bruchési, puis par l’abbé Camille Roy, il se fait discret, se contentant de donner à ses proches les quelques exemplaires des livres qu’il imprime à ses frais. La Révolution tranquille lui apporte une certaine gloire posthume. La Scouine est rééditée, et nombreux sont ceux qui voient en ce roman au réalisme grinçant un heureux contrepoint à l’idéalisme de la littérature du terroir. C’est d’ailleurs sous cet angle que l’œuvre d’Albert Laberge sera dorénavant abordée, et rares sont ceux qui considèrent aujourd’hui comme autre chose qu’un qu’un romancier de l’« anti-terroir ». Or, ce statut est remis en question par la lecture des treize autres livres de Laberge, de même que par celle du manuscrit de Lamento, son grand roman inachevé. Si on ne retrouve pas le « pornographe » qui avait tant choqué ses contemporains, on découvre néanmoins un écrivain beaucoup moins préoccupé par la représentation du travail de la terre que par celle des multiples facettes du désir et de la sexualité qui, chez lui, se déploient systématiquement en dehors du cadre établi par la société. Cent ans après la publication de La Scouine, cette communication invite à redécouvrir l’œuvre de Laberge et sa « lancinante obsession de la chair ».