Avec l’arrivée des nouvelles technologies numériques, plusieurs auteurs observent les multiples trajectoires qui relient le privé et le public. La vie quotidienne est promulguée au rang d’objet public au travers des blogs et des réseaux sociaux, et les téléphones intelligents regroupent une foule de fonctions qui enregistrent la vie privée : appareil photo, caméra vidéo, dictaphone, géolocalisateur…
L’objectif de la recherche sera de mettre en lumière le contexte dans lequel opère un glissement des limites entre le privé et le public, puis de montrer de quelle manière les artistes en art contemporain utilisent des méthodes d’appropriation afin d’illustrer le déplacement de l’espace privé vers le public.
Pour ce faire, seront analysées les oeuvres des artistes Sophie Calle, Sylvie Cotton, Marc-Antoine K. Phaneuf et Donigan Cumming. Nous nous appuierons sur le concept d’intimité (Bachelard, 1948; Henri-Pierre Jeudy, 2007), la pratique de la collection (Baudrillard, 1968), la pratique ethnographique (Laplantine, 1996) ainsi que la pratique de la surveillance (Foucault, 1975).
Ainsi, il sera démontré que les artistes qui pratiquent l’espionnage d’inconnus, en dévoilant les objets intimes de ceux-ci, n’interviennent pas dans une posture de surveillance, mais empruntent plutôt aux méthodes de la filature dans un soucis de durée et de constance. De ce fait, c'est dans un rapport empathique et curieux qu'ils s'intéressent à leurs sujets.
Mots-clés : art contemporain, intimité, vie privée