En novembre 2024, au Cégep Garneau, l'Acfas a tenu la 25e édition de son Forum international Sciences Société. Nous publions pour l'occasion une diversité de regards portés par ceux et celles qui sont au cœur de la rencontre.
- Du côté des étudiant·es : Mickayla Boselawa, Cégep de Saint-Laurent
- Du côté des chercheur·ses : Isabelle Arseneau, Université du Québec à Rimouski
- Du côté des enseignant·es qui accompagnent : Geneviève Desjardins, Cégep de l'Outaouais
- Du côté des animateurs qui mènent les ateliers thématiques : Cameron Castillo, Cégep Garneau
En tant qu'animateur de l'atelier Langage et récits, je me suis interrogé : aurais-je mon mot à dire parmi ce panel d’expert·es, riche de savoir et d’enseignement à partager? En réalité, oui, car chaque individu porte en lui un langage, unique et riche de sens. Ainsi, j’ai eu l’opportunité de prendre la parole et d’y glisser un mot choisi, réfléchi, tissé de mon récit de vie et de ma vision sur les questions soulevées par les étudiant·es avides de réponses.
Dans notre quotidien, pour bien paraître, nous essayons de trouver le mot juste, de savoir quand et comment prendre la parole, car, comme dans un texte, les mots ont leurs propres rythmes, dynamiques et rôles spécifiques. Chaque mot contribue à conférer un sens particulier à nos messages afin de rentrer en contact avec l’autre ou les autres. Au Québec, nous avons le droit d'exprimer notre voix, de partager nos idées et nos points de vue, sans crainte de n’être qu’un simple écho dans un océan de discours. À l’image de la langue elle-même, la parole vit, respire et se transforme. Elle évolue, au rythme de nos respirations, en fonction de ceux et celles qui l’utilisent, et de la nouvelle génération. Bien loin des structures figées des grammaires, la langue est fluide et dynamique, et ne peut être enfermée dans des règles qui ignorent sa capacité à se renouveler, à s’oxygéner.
Ce qui m’a particulièrement frappé lors du forum, c’est l’intérêt sincère des jeunes pour l’avenir de leur langue et des récits qu’elle porte. Ils se questionnaient sur la bonne parole, celle qui saurait préserver leur culture dans un monde où le français semble parfois menacé. Cette jeunesse était soucieuse de comprendre la définition d’une langue et la source de sa vitalité, sa capacité à résister aux pressions extérieures, tout en restant fidèle à l’identité de leur génération. Après tout, la langue, par les récits, est le véhicule de nos pensées, de nos émotions, de notre histoire, de notre art, et de notre patrimoine.
Bien qu’il soit commun de dire que la génération actuelle lit moins qu’avant, il serait injuste de leur dénier le fait qu'ils écrivent. Ce ne sont plus nécessairement les livres ou les journaux, mais les plateformes numériques et autres moyens de communication changent le monde. Chaque jour, nous échangeons, nous nous parlons, même si les mots se mélangent, se modifient, et que les structures qui les portent se transforment. Ce qui reste inaltérable, c’est notre besoin fondamental de communiquer, de partager, de donner la parole à ce qui nous fait exister en tant qu’individus et en tant que société. En effet, le langage et les récits ne sont pas qu’une compétence linguistique, c’est un acte de connexion, de transmission intergénérationnelle, essentiel à notre espèce grégaire.
En effet, le langage et les récits ne sont pas qu’une compétence linguistique, c’est un acte de connexion, de transmission intergénérationnelle, essentiel à notre espèce grégaire.
- Cameron Camillo
Cégep Garneau
Cameron Camillo a initié son parcours académique à l’Université Laval en biologie, spécialisé en conservation et biodiversité, avant de graduer de deux masters de recherche en développement durable et sciences environnementales à Uppsala University et à SLU en Suède. Pour 2024-2025, il est actuellement conseiller en développement durable au Cégep Garneau. Son cheminement académique a été enrichi d'expériences en RSE et dans les institutions onusiennes, notamment à l’UNESCO à Paris.
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