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Jean-Patrick Toussaint, Fédération canadienne des municipalités et Québec Science
« Lorsqu’est venu le temps de dénicher un emploi, l’aventure s’est quelque peu corsée. Pris entre la nécessité de déposer ma thèse, dans des délais immuables répondant aux exigences du bureau des études supérieures de mon Alma mater, et un visa étudiant venant à échéance dès le dépôt de ladite thèse, les derniers mois de mon doctorat n’ont pas été de tout repos. Si bien que j’ai décidé de faire de ce dernier droit un récit à saveur autobiographique ponctué de quelques conseils tirés d’expériences et de lectures cumulés au fil des ans. »

Toussaint

Septembre 2004. Comme plusieurs, lorsque j’ai débuté mes études doctorales j’étais débordant d’idées, j’avais soif de connaissances et l’avenir m’appartenait – rien de moins! Bien franchement, toutes les conditions étaient réunies pour mon épanouissement : bourse d’études internationales, sujet de recherche de mon cru et pour lequel j’avais reçu l’appui de mes superviseur-e-s, lieu d’études extraordinaire (l’Australie). J’allais donc entamer un doctorat en sciences environnementales, afin d’étudier les interactions entre plantes et microorganismes1. Tout me souriait. Armé de plusieurs expériences professionnelles cumulées ici et là, au fil des ans pendant mes études de 1er  et 2e cycles universitaires, rien ne pouvait assombrir le parcours que j’étais en train de tracer devant moi. J’avais pleinement confiance en mes moyens et à cette notion (non fondée) que j’entretenais : mon diplôme doctoral – couplé à mes emplois occupés par le passé – me permettrait de me démarquer et d’obtenir un bon emploi, et ce, relativement rapidement et aisément.

Or, comme vous vous en doutez, la réalité n’a que faire de nos plans…

Hybride autobiographique didactique

Bien entendu, l’expérience doctorale varie d’une discipline et d’une personne à l’autre, quoiqu’il ne serait sans doute pas exagéré de dire qu’elle comporte certains traits universels tels que le travail de longue haleine et la persévérance. Pour ma part, le doctorat a été une des périodes les plus fertiles et les plus agréables de ma vie.

Lorsqu’est venu le temps de dénicher un emploi, là l’aventure s’est quelque peu corsée. Pris entre la nécessité de déposer ma thèse, dans des délais immuables répondant aux exigences du bureau des études supérieures de mon Alma mater, et un visa étudiant venant à échéance dès le dépôt de ladite thèse, les derniers mois de mon doctorat n’ont pas été de tout repos. Si bien que j’ai décidé de faire de ce dernier droit un récit à saveur autobiographique ponctué de quelques conseils tirés d’expériences et de lectures cumulés au fil des ans.

Ainsi, ce premier ouvrage – I have a Ph.D. – Now where is my job? –  raconte mon parcours en fin de doctorat, alors que j’enchainais rédaction de thèse et applications pour des emplois (principalement en milieu académique, initialement). L’objectif du livre se voulait donc triple : d’une part, raconter de manière non-édulcorée les soubresauts qui communément caractérisent le passage du doctorat vers le monde du travail; dans un deuxième temps, démystifier certaines perceptions quant à « l’employabilité » parfois associée à l’obtention du titre prestigieux de Docteur-e; enfin, procurer aux lecteurs-rice-s quelques pistes de réflexions et d’actions quant aux pièges à éviter et/ou aux questionnements à se poser avant et pendant cette transition. Ainsi, ce livre se veut un hybride entre mémoire, guide et essai.

Vous n’êtes pas seuls…

L’idée de ce livre est venue en grande partie de ma conjointe qui m’a vu onduler à travers une série de hauts et de bas alors que je cherchais désespérément à me placer sur le marché du travail. Elle m’a fait prendre conscience que d’autres étudiant-e-s bénéficieraient sans doute de trouver un peu de réconfort en sachant que l’expérience qu’ils et elles vivront (ou ont vécue) – et que je vivais à l’époque – n’est pas unique, bien que rarement discutée ouvertement pendant le parcours doctoral. En effet, aussi stimulantes que soient les années consacrées à faire des recherches et des découvertes parfois novatrices, seulement une fraction des diplomé-e-s des cycles supérieurs dénicheront un emploi académique suite à l’obtention de leur diplôme. Au Canada, seulement 19% des doctorant-e-s deviendront professeur-e-s à temps plein selon un rapport commandé par le Conference Board of Canada publié en 20152. Or, on n’aborde pas, ou très peu, cette réalité durant les études doctorales. Plus encore, si on outille bien les doctorant-e-s à naviguer le monde de la recherche et de la publication, il n’en est pas de même pour le milieu professionnel hors université.

Voilà pourquoi je trouvais important de remettre cette réalité en perspective à travers ma propre expérience qui fut ponctuée de plusieurs applications d’emplois non fructueuses en milieu académique, bien que mon pédigree et ma feuille de route, sans être stellaires, n’étaient pourtant pas « piqués des vers ». Je tenais donc à écrire ce que j’aurais aimé entendre ou lire de mes pairs étant déjà passés par là. Ce sont donc ces ponctuations et réflexions qui structurent ce livre par l’entremise de 15 chapitres et de 10 actions qui s’entrecroisent.

Je tenais donc à écrire ce que j’aurais aimé entendre ou lire de mes pairs étant déjà passés par là. Ce sont donc ces ponctuations et réflexions qui structurent ce livre par l’entremise de 15 chapitres et de 10 actions qui s’entrecroisent.

D’une action à l’autre

Afin d’amener les intéressé-e-s à découvrir ce à quoi ils et elles pourraient être confronté-e-s, j’ai structuré le contenu de mon ouvrage de façon à immiscer le lecteur dans mon propre vécu, puis à analyser le tout par l’entremise de réflexions et de pistes d’actions émanant de cette expérience. Le premier chapitre s’ouvre ainsi sur les dernières étapes du parcours doctoral. Fort de mon expérience de maîtrise où j’avais pris de bonnes habitudes de rédaction, je croyais pouvoir m’en tirer relativement facilement et rapidement avec ma thèse que j’avais commencé à écrire dès le début de mon doctorat – sans compter que j’avais été en mesure de publier quelques articles révisés par les pairs. Hélas, j’ai été confronté aux multiples révisions (justes et nécessaires) apportées par mes superviseurs… révisions parfois dures à recevoir (c.-à.-d. : devoir préciser ma pensée alors que je la croyais limpide; retravailler un chapitre entier après y avoir consacré des heures; devoir retravailler certains résultats et analyses statistiques; etc.). De ce constat se dégage donc une première piste d’action : la lecture du livre de Dr James Hayton, PhD: an uncommon guide to research, writing & PhD life, qui offre un petit manuel pour survire au doctorat et à la rédaction de la thèse.

Les chapitres suivants abordent tour à tour les raisons m’ayant poussé à entreprendre un doctorat (Chapitre 2), ainsi que les défis relatifs au besoin de trouver un emploi rapidement en fin de parcours, particulièrement dans un contexte d’études internationales avec durée limitée du visa d’étude, et de travail! (Chapitre 3). Ce sont ma curiosité, mon intérêt à élargir mes connaissances et l’espoir que l’obtention des lettres Ph.D. permettrait d’obtenir un emploi avec de meilleures conditions (tant professionnelles que salariales) qui m’ont conduit au doctorat. Tel que mentionné, malgré les hauts et les bas, tout était néanmoins réuni pour que je réussisse mes études… conditions dont ne jouissent pas tous les diplomé-e-s des cycles supérieurs. Voilà donc pourquoi je propose aux lecteur-rice-s de bien cerner les raisons qui les motivent à entreprendre des études de 3ème cycle; ce qui m’apparait d’autant plus nécessaire lorsque l’on réalise ses études à l’étranger, loin de ses repères familiers, seul-e face aux défis du doctorat et de l’adaptation en pays d’accueil.

Ce sont ma curiosité, mon intérêt à élargir mes connaissances et l’espoir que l’obtention des lettres Ph.D. permettrait d’obtenir un emploi avec de meilleures conditions (tant professionnelles que salariales) qui m’ont conduit au doctorat.

À partir du 4e chapitre, et ce jusqu’au chapitre 12, je plonge au cœur de mon récit, suivant en crescendo le fil de mes démarches d’emplois. Certain-e-s lecteur-rice-s s’identifieront à ce circuit de sauts à obstacles, aux rencontres multiples et porteuses de cet espoir de l’emploi parfait. Pour ma part, j’ai été invité à des entrevues pour deux postes que je convoitais particulièrement. Il y a eu tout d’abord un poste de chercheur postdoctoral à York, en Grande-Bretagne, qui était fort bien aligné avec mes compétences acquises au doctorat. Puis, un autre poste similaire, cette fois à Perth, en Australie, mais légèrement décalé par rapport à mon expertise doctorale. Or, être convoqué en entrevue pour un poste pour lequel on croit fermement avoir les compétences nécessaires amène son lot d’excitation et d’anticipation – anticipation qui culmine fébrilement lorsque ladite entrevue se déroule bien, telle que fut mon expérience. Pourtant, ni l’une ni l’autre ne se sera soldée d’un succès puisque dans les deux cas je fus bon deuxième… Il va sans dire que la déception fut non négligeable. Voilà pourquoi le récit de ces deux convocations sont intercalées de plusieurs pistes d’actions et de suggestions de lectures qui traitent, d’une part, de la nécessité d’identifier ce qui nous passionne (Action 4) afin de bien cerner le ou les emplois potentiels pour mettre les efforts là où ça compte, ainsi que de l’importance de se doter de mécanismes de « survie » (Action 5) lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu (ce qui arrivera assurément). Enfin, je reprends les conseils de l’auteur et artiste David Usher dans son livre Let the elephants run en invitant le lecteur à identifier son « pattern émotionnel » (Action 6) – sorte d’auto-introspection permettant à tout un chacun de mieux comprendre son « motif réactionnel » devant l’adversité.

Puis, je consacre le reste de mon ouvrage (Chapitres 13 à 15) à une ultime entrevue dont le prologue du livre fait d’ailleurs l’objet. Celle-ci fut un point tournant de mon parcours. La position attachée à l’entrevue n’était rien de moins qu’un poste de professeur chercheur à l’Université Libre de Bruxelles. Faut-il rappeler ici que pour quiconque terminant ses études doctorales, les possibilités d’obtenir un poste de professeur sans à avoir à faire un, deux, ou plusieurs postdoctorats sont plutôt rares. Dans ces derniers chapitres, je traite donc de la préparation pour cette entrevue, fort déterminé à réussir là où j’avais échoué auparavant, motivé également par le prestige associé à une telle position(l’appât du gain, en quelque sorte). J’invite alors le lecteur à m’accompagner en Belgique où se déroulera l’entrevue.

Sans vouloir vendre la mèche, je dirais simplement que la dernière portion du livre met de l’avant le dénouement quelque peu inattendu de mon récit et des quelques leçons que j’en ai tirées, notamment quant à l’importance de bien faire ses devoirs (Actions 7, 8 et 9) avant de se lancer dans l’aventure doctorale. Considérant, rappelons le, que seulement 18% des doctorants deviendront professeur-chercheur-euse-s au Canada et qu’environ 17% des doctorant-e-s en sciences obtiendront un tel poste dans les trois années suivant leur graduation, il est essentiel, et j’appuie ici sur mes mots, d’être indulgent envers soi-même si le parcours doctoral ne se solde pas par l’obtention automatique du prestigieux titre de professeur… ou s’il n’aboutit pas à ce type de poste du tout.

Enfin, c’est par quelques réflexions et recommandations de lectures qui parsèment l’ensemble de l’ouvrage, principalement par l’entremise des différentes pistes d’actions proposées, que je conclue cet hybride « autobiographique didactique ».

Épilogue

De fil en aiguille, quelques personnes m’ont demandé, ici et là, pourquoi j’avais rédigé mon livre en anglais. Deux raisons. D’une part, au moment d’entamer les premiers balbutiements de rédaction (qui auront duré 10 ans, à temps bien partiel) je me trouvais encore en Australie et mon esprit opérait dans la langue de Shakespeare. Il m’était donc rendu presque plus aisé de m’exprimer dans cette langue seconde – élément auquel je ne manque pas de faire allusion d’ailleurs, au Chapitre 11. Par ailleurs, dès que la graine de ce livre fut semée dans ma tête, j’ai voulu lui donner une portée internationale – d’autant plus que, dans mon domaine, les écrits scientifiques se font principalement en anglais. Cela étant, j’espère tout de même être en mesure d’offrir une version dans la langue de Molière dans un avenir rapproché.

De fil en aiguille, quelques personnes m’ont demandé, ici et là, pourquoi j’avais rédigé mon livre en anglais. Deux raisons. D’une part, au moment d’entamer les premiers balbutiements de rédaction (qui auront duré 10 ans, à temps bien partiel) je me trouvais encore en Australie et mon esprit opérait dans la langue de Shakespeare. [...]. Par ailleurs, dès que la graine de ce livre fut semée dans ma tête, j’ai voulu lui donner une portée internationale – d’autant plus que, dans mon domaine, les écrits scientifiques se font principalement en anglais. Cela étant, j’espère tout de même être en mesure d’offrir une version dans la langue de Molière dans un avenir rapproché.

En guise de conclusion, je tiens à préciser que malgré le fait que l’histoire que je présente dans ce livre soit pleine d'obstacles et puisse parfois sembler négative, elle n’a pas pour but d'être un récit amer, ni d’oser prétendre refléter ce à quoi ressemblent l’ensemble des parcours des étudiant-e-s de troisième cycle universitaire. Au contraire, les défis que j'ai surmonté m’ont permis de mieux comprendre et mettre en perspective mes principales motivations et, avec le recul, d’apprécier le cheminement, plutôt que de me concentrer uniquement sur le résultat (l’obtention d’un emploi). Plus important peut-être, l’idée de ma conjointe selon laquelle d’autres personnes pourraient sans doute tirer profit de la lecture de mes récits et des leçons durement acquises m’a grandement inspiré.

J'espère donc que mon livre saura vous inspirer à votre tour!

N.B.
I have a Ph.D. - Now where is my job? est publié aux Presses TotalRecall Publications et disponible en format papier et format électronique.

  • 1 Titre de ma thèse : « The effect of the arbuscular mycorrhizal symbiosis on the production of phytochemicals in basil » https://digital.library.adelaide.edu.au/dspace/handle/2440/48385
  • 2 https://www.conferenceboard.ca/e-library/abstract.aspx?did=7564

  • Jean-Patrick Toussaint
    Fédération canadienne des municipalités et Québec Science

    Jean-Patrick Toussaint, Ph.D.

    ca.linkedin.com/in/jeanpatricktoussaint

     

     

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