Le contenu de l’ouvrage [...] émerge de quinze ans d’interventions à titre de psychologue auprès d’étudiantes et d’étudiants confrontés à des problèmes de production, de cheminement et d’achèvement de leur mémoire ou de leur thèse, et de problèmes relationnels avec leur direction. [...] Il s’est aussi construit par les échanges et les expériences recueillis auprès de centaines de professeures et de professeurs rencontrés dans les formations, les ateliers et à titre de mentor. Il a évidemment aussi été enrichi de ma propre expérience d’encadrement d’étudiants et des écrits qui traitent du sujet.
Le contexte
Encadrer aux cycles supérieurs : étapes, problèmes et interventions est issu d’une demande maintes fois formulée de mettre par écrit le contenu des formations sur l’encadrement aux cycles supérieurs que j’anime depuis plus de 20 ans. Cet intérêt était aussi souvent exprimé par les professeurs que j’ai accompagnés à titre de mentor dans leurs premières expériences de direction de recherche, et par ceux qui venaient me consulter à l’occasion pour des difficultés particulières. Tous exprimaient le désir d’avoir accès à un document écrit auquel ils pourraient référer au besoin. Bien que je travaille sur le sujet depuis longtemps, je voulais m’assurer que le contenu de l’ouvrage n’allait pas être une redite de ce que d’autres avaient pu écrire. J’ai alors parcouru plus de 150 articles et ouvrages sur le sujet qui se sont ajoutés aux ressources que j’avais déjà consultées pour mes recherches antérieures. Cette recension des écrits m’a confirmé qu’il n’existait pas vraiment d’ouvrages ou d’articles de la sorte qui abordent l’encadrement de façon aussi distinctive sur le plan des étapes, des problèmes associés et des interventions possibles.
Le contenu
Le contenu de l’ouvrage provient de multiples sources. Il émerge, dans un premier temps, de quinze ans d’interventions à titre de psychologue auprès d’étudiantes et d’étudiants confrontés à des problèmes de production, de cheminement et d’achèvement de leur mémoire ou de leur thèse, et de problèmes relationnels avec leur direction. Mon expertise se situe notamment au niveau des processus cognitifs et des facteurs qui affectent la performance et l’exécution des tâches scolaires comme la rédaction, la lecture et l’apprentissage au postsecondaire. L’ouvrage s’est aussi construit par les échanges et les expériences recueillis auprès de centaines de professeures et de professeurs rencontrés dans les formations, les ateliers et à titre de mentor. Il a évidemment aussi été enrichi de ma propre expérience d’encadrement d’étudiants et des écrits qui traitent du sujet.
J’ai structuré le livre en quatre parties. J’ai jugé pertinent de mettre une première partie qui aborde les conditions étudiantes. Dans les deux chapitres qu’elle contient, je fais une description de ces conditions et des facteurs de difficultés inhérents au passage et au cheminement dans les études de cycles supérieures. Bien qu’on puisse aborder la lecture des autres chapitres sans passer par cette partie, j’y décris tout de même des aspects qui vont jouer un rôle sur l’apparition de certaines difficultés qui peuvent nous paraitre surprenantes de la part d’étudiants qui ont pourtant très bien réussi tout leur parcours universitaire jusqu’à maintenant. Ce sont des conditions qui teintent la façon dont les étudiants abordent les situations et qui demeurent souvent méconnues de la part des directions de recherche ou dont ils sous-estiment parfois l’influence.
La deuxième partie comprend deux chapitres, soit celui de la sélection de l’étudiant (chapitre 3) et celui concernant les modalités de rencontre et de suivi (chapitre 4). C’est la partie la plus importante, à mon sens, quant à son impact sur toute la suite du processus. La très grande majorité des situations problématiques qui surviennent au cours de l’encadrement auraient pu être évitées au moment de l’entrevue avec l’étudiant et lors des échanges concernant les modalités de son accompagnement. Ce sont des étapes trop souvent prises à la légère qui favorisent l’émergence de mésententes en cours de route parce que les conditions de la relation n’ont pas été décrites et définies clairement.
La troisième partie adopte une approche plus séquentielle du processus d’accompagnement qui traite des différentes étapes de réalisation du mémoire ou de la thèse. Chaque chapitre aborde un aspect spécifique, allant de la détermination du sujet jusqu’au dépôt formel du mémoire ou de la thèse, en passant par la recension des écrits (autre élément très problématique), l’élaboration de la problématique, du cadre conceptuel ou théorique et des étapes et productions subséquentes. Cela permet de se rendre compte que beaucoup de problèmes rencontrés dans la production des étudiants sont liés à leur inexpérience des tâches ou des situations requises pour la réalisation de leur mémoire ou de leur thèse, et que plusieurs ont besoin d’être aiguillés de manière plus explicite pour avancer. Plusieurs suggestions visent à outiller les directions de recherche pour aider leurs étudiants et étudiantes à surmonter ces difficultés. Plusieurs des liens à faire avec les informations présentées dans la première partie deviennent alors plus évidents.
La dernière et quatrième partie de l’ouvrage traite de manière plus spécifique des problèmes et des situations critiques qui peuvent surgir au cours de la relation d’encadrement. J’en ai fait une partie à part parce que certaines des situations présentées sont probablement parmi les causes principales de l’insatisfaction des professeurs aussi bien que de l’insatisfaction des étudiants. Ce sont d’ailleurs souvent ces situations qui finissent par se retrouver sur le bureau des doyens des facultés d’études supérieures ou chez l’ombudsman des établissements universitaires.
La forme
Mon défi était de rédiger un ouvrage qui serait facile à consulter pour les directions de recherche, autonome en lui-même, sachant tenir compte des contextes variés et des situations problématiques particulières, avec les explications pour comprendre les causes afin de pouvoir mieux agir. Il fallait pour cela que je repense aux questions posées par les professeurs et les professeures au cours des formations, aux problèmes rencontrés au fil des ans avec les étudiants et les étudiantes dans leur cheminement et aux interventions que j’avais déjà expérimentées avec eux, pour les organiser et les présenter de la façon la plus concrète possible.
Je voulais proposer un livre qui soit une référence aussi bien au niveau des modalités d’encadrement que des problèmes – et de leurs causes – qui surgissent au cours du cheminement.
Je voulais proposer un livre qui soit une référence aussi bien au niveau des modalités d’encadrement que des problèmes – et de leurs causes – qui surgissent au cours du cheminement. C’est la raison pour laquelle, premièrement, comme je le précise dans l’introduction du livre, « tout au long des chapitres, j’ai fait le choix d’aborder les situations et de les décrire en ayant en tête les problèmes et les difficultés que les directeurs de recherche sont susceptibles de rencontrer ou que les étudiants qu’ils encadrent peuvent connaitre. Ce choix de procéder par les « problèmes » envisagés vise justement à les identifier pour essayer de les éviter ou pour tenter de les résoudre, s’ils se présentent. » (p.6)
J’avais aussi la préoccupation de rendre l’ouvrage le plus convivial possible, au sens où une personne puisse retrouver facilement une information en fonction des problématiques. Un professeur d’université n’a pas vraiment le temps de lire tout un ouvrage pour trouver une solution spécifique à un problème spécifique qui n’est même pas dans son champ de recherche. C’est la raison pour laquelle, deuxièmement, j’ai pensé la table des matières et structuré les contenus des chapitres de manière telle que les titres des sections et des sous-sections évoque clairement un problème, une question ou une intervention.
Troisièmement, les problèmes rencontrés par les étudiants et les étudiantes, et certaines difficultés dans la relation, apparaissent à divers moments dans le cheminement, mais ils sont parfois causés par ce qui s’est passé antérieurement dans la démarche. Les étapes du processus d’accompagnement ne sont pas complètement hermétiques les unes par rapport aux autres. Il fallait donc que je réfléchisse à la façon de revenir sur des éléments présentés dans d’autres sections du livre sans me répéter. J’ai donc inséré au fil du texte, entre parenthèses, les numéros de chapitres et de sous-sections auxquels le lecteur peut se référer lorsqu’un élément mentionné dans le texte peut être associé à une autre information traitée ailleurs. On peut alors se promener au gré du livre en fonction du sujet qui nous préoccupe.
Je ne voulais pas écrire un livre « académique » sur l’encadrement aux cycles supérieurs. Mon projet n’était pas de faire un état de la recherche sur le sujet pour les chercheurs universitaires. Au contraire, mon projet était de mettre des mots sur les situations fréquemment vécues par les directions de recherche avec leurs étudiants ou leurs étudiantes dans l’isolement de leur bureau ou de leur laboratoire. Je visais ainsi à défaire le mythe selon lequel « si je rencontre des difficultés avec des étudiants ou des étudiantes, je suis probablement le seul à éprouver ces problèmes parce que personne d’autre n’en parle ». Pour beaucoup de professeurs et de professeures, cette situation d’encadrement est perçue comme faisant partie d’une relation personnelle avec l’étudiant et dont on ose encore très peu parler. Il faut savoir jouer son rôle de direction de recherche pour assurer le meilleur accompagnement possible aux étudiantes et aux étudiantes, mais il ne faut pas pour autant négliger les autres obligations auxquelles on doit faire face. En ce sens, j’ai voulu que le livre devienne aussi un prétexte pour favoriser la discussion et les échanges entre collègues sur cet enjeu de l’encadrement aux cycles supérieurs.
Je visais ainsi à défaire le mythe selon lequel "si je rencontre des difficultés avec des étudiants ou des étudiantes, je suis probablement le seul à éprouver ces problèmes parce que personne d’autre n’en parle".
- Christian Bégin
Université du Québec à Montréal
Christian Bégin est psychologue et professeur au département de didactique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est intervenu pendant 15 ans auprès des étudiants de maîtrise et de doctorat ayant des problèmes de production ou de progression dans leurs études. Il a notamment mis sur pied différents ateliers destinés à les outiller pour réussir les différents défis qui les attendent. Il a dirigé pendant 5 ans le Centre de formation et de recherche en enseignement supérieur (CEFRES) à l’UQAM, et il donne depuis 20 ans des ateliers de formation et des conférences sur l’encadrement aux cycles supérieurs dans les établissements universitaires francophones du Québec et du Nouveau-Brunswick.
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