Le Forum international Sciences Société en trois actes

Acte 1 : Comment participer au Forum?

Automne 2008. La direction du SRDP (Service de recherche et de développement pédagogique) me transfère le courriel d’une certaine Johanne Lebel. Une activité pour les cégépiens. Le tout a l’air passionnant, et comme j’enseigne en histoire, l’atelier Comment vivent et meurent les civilisations m’interpelle. Je contacte ce directeur pour savoir comment participer à cette fin de semaine scientifique. Il me dit que tout ce qui est demandé est qu’un enseignant par cégep prenne en charge un groupe d’étudiants et les amène au cégep Montmorency à Laval. Ce jour-là, j’ai appelé Madame Lebel. Sans le savoir, j’allais signer un contrat de 17 ans avec le Forum et avec Johanne...

Comment publiciser l’activité? L’an un de ma participation, je suis partie en voiture avec deux étudiantes. L’an deux? Avec une délégation de douze. Puisque curiosité et passion poussent les chercheurs à se dépasser, j’utiliserai ces qualités pour accrocher les étudiants, et année après année, composer ma délégation de l’Outaouais. J’utiliserai également le portail Omnivox, les tournées dans les cours, la vidéo promotionnelle du Forum, etc. Du travail de corridor. Avec passion. Pour attiser la curiosité.

Quand tout va bien, on peut sélectionner les étudiants. On choisit des étudiants de 3^e session qui pensent déjà l’université. Et on en choisit quelques-uns en 1^ere session pour leur donner le goût de la science. Il y a ces années fastes où plus de 30 étudiants tiennent à participer au Forum. Et ces années maigres où tu refais le tour des classes pour remplir la délégation avec le chiffre magique. Douze. Et tu ne les sélectionnes que dans le programme Sciences humaines. Quoi? Des étudiants en sciences molles ?!?

Puisque curiosité et passion poussent les chercheurs à se dépasser, j’utiliserai ces qualités pour accrocher les étudiants, et année après année, composer ma délégation de l’Outaouais.

Acte 2 : Le Forum, du vendredi soir au dimanche midi

L’accueil. Partout des bénévoles qui s’occupent de fournir aux différentes délégations les cocardes et autres documents nécessaires au bon fonctionnement de la fin de semaine scientifique. Partout, Johanne Lebel. Nous ne saurons jamais pourquoi je suis retournée pendant toutes ces années au Forum. Est-ce à cause de ma joie dans l’atelier sur les civilisations? Celle de mes étudiants dans tous les ateliers? Ou celle, communicatrice, de Johanne? 

Du Bar des Sciences d’ouverture aux diverses formules de « table-ronde » de clôture, c’est un tsunami de faits scientifiques, de questions, de réponses, d’hypothèses, de sciences et d’outils pour repérer les pseudosciences, de connaissances nouvelles sur le cerveau, les étoiles, la démocratie, la physique quantique, la chimie verte, les robots, la culture, le stress, etc,. qui nous est offert dès notre arrivée. Ce sont ces six ateliers du matin qui se répètent l’après-midi. Ce sont ces chercheurs généreux de leur temps, de leurs savoirs. Ce sont ces moments de rencontres Québec-France, universitaires-cégépiens et ceux entre les délégations, de Baie-Comeau à Gatineau. Ce sont ces centaines d’étudiants curieux en contact avec ces chercheurs passionnés. C’est aussi cette consigne étrange qui interdit aux enseignants accompagnateurs de poser des questions. Étrange consigne, mais oh combien primordiale. C’est qu’ici, au Forum, l’étudiant est véritablement au cœur de l’apprentissage. Tout est là pour lui. Les ateliers? Le défi neurones? Tout. Même les chambres d’hôtel en occupation quadruple! 

C’est aussi cette consigne étrange qui interdit aux enseignants accompagnateurs de poser des questions. Étrange consigne, mais oh combien primordiale. C’est qu’ici, au Forum, l’étudiant est véritablement au cœur de l’apprentissage.

Acte 3 : Les retombées du Forum 

Comment calculer les retombées? Il y a toutes ces péripéties qui arrivent quand tu loues deux minifourgonnettes de 7 passagers avec une de tes collègues, ici Geneviève Rioux que je salue, et que tu te perds de vue sur la route puisque tu prends la mauvaise sortie. Ces anecdotes liées aux soirées à l’hôtel où tu dois t’assurer que tes étudiants font la fête, mais pas trop; ce réveil le dimanche où tes étudiants sont trop fatigués pour parler, encore, de sciences! Ces retours au bercail où les étudiants te demandent de justifier leur incapacité à faire tel examen le matin suivant… où cet étudiant qui te dit que le Forum lui a permis de choisir son programme et son université. Ces retombées qui enrichissent ton propre enseignement, car toi aussi, tu as été nourrie de connaissances nouvelles.

Il y a aussi l’éternelle question de la primauté des sciences dures sur les sciences molles. Cela a régulièrement créé des remous au Forum entre les étudiants et même entre les chercheurs! Je vous confie un secret : c’est lors de ma première expérience au Forum que j’ai décidé de n’y inscrire que des étudiants en sciences humaines. Parce qu’au premier déjeuner, trois étudiants en sciences nature m’avaient naïvement mentionné : « Ah! Vos étudiants sont en sciences humaines? Ils vont peut-être comprendre! ». 

Nous savons tous que l’alliage formé des sciences nature et humaines nous permet de poser un regard aiguisé et critique qui permet d’améliorer nos connaissances et nos sociétés. Le Forum est l’un de ces créateurs d’alliage. 

Nous savons tous que l’alliage formé des sciences nature et humaines nous permet de poser un regard aiguisé et critique qui permet d’améliorer nos connaissances et nos sociétés. Le Forum est l’un de ces créateurs d’alliage.