Depuis 10 ans, près de 2000 étudiantes et étudiants à la maîtrise, au doctorat ou au postdoctorat sont passés par les Journées de la relève en recherche de l'Acfas. Que sont devenus ces participants et participantes des premières années? Nous avons posé la question à deux d'entre elles, qui seront aussi panélistes à la table ronde d'ouverture des Journées 2022, intitulée « L’avenir après les études supérieures – Parcours inspirants ».
Rencontre avec Pascale Caidor, professeure adjointe au département de communications de l'Université de Montréal, et participante à l'édition 2016 des Journées de la relève en recherche de l'Acfas.
Racontez-nous votre parcours aux études supérieures et votre transition vers l’après-carrière universitaire. Votre situation actuelle est-elle un « accident de parcours » ou bien le résultat d'une décision planifiée, organisée?
Mon cheminement à la maîtrise ainsi que la réalisation de mon mémoire furent des expériences très valorisantes. Celles-ci me firent prendre conscience de mes capacités intellectuelles et de mon intérêt pour le monde de la recherche. J’ai donc caressé l’idée de m’inscrire au doctorat.
Malgré mon attirance pour le monde intellectuel, il n’en demeure pas moins que j’avais appris toute jeune à valoriser l’expérience pratique. Étant une immigrante de deuxième génération, mes parents avaient trimé dur pour nous offrir un certain confort. De ce point de vue, la voie la plus logique était d’intégrer le marché de l’emploi rapidement, ce que me permettait des domaines plus techniques. C’est pourquoi l’idée d’investir autant d’énergie pour mener à bien une thèse de doctorat représentait un luxe que je n’étais pas certaine de pouvoir me permettre.
Après consultation avec mon directeur de recherche, j’ai tout de même décidé d’aller de l’avant. Bien que la carrière de professeure-chercheuse n’était pas une voie que j’avais considérée lors de mon inscription au doctorat, j’ai commencé à mieux comprendre les implications d’une carrière professorale et à m’y intéresser en côtoyant mon directeur de recherche et les autres professeurs de ma Faculté.
[...] l’idée d’investir autant d’énergie pour mener à bien une thèse de doctorat représentait un luxe que je n’étais pas certaine de pouvoir me permettre.
Quels obstacles avez-vous rencontrés au sein de votre parcours? Quels conseils pourriez-vous donner à des chercheur-se-s de la relève qui traversent ces mêmes épreuves?
Le parcours aux études supérieures est une aventure intellectuelle très exigeante. Certains la comparent même à une épreuve olympique! Concilier le temps consacré à la recherche, le temps d’emploi et le temps consacré à la famille est un délicat exercice d’équilibriste. Je dirais qu’il faut une bonne dose de discipline, d’organisation et une bonne routine d’écriture. Il est parfois nécessaire de renoncer à certaines activités sociales ou professionnelles.
Aussi, comme il s’agit d’un parcours de longue haleine, il y a des jours de découragement et une grande fatigue peut alors s’installer. D’autant que préoccupations liées à la recherche peuvent être assez envahissantes. Il faut alors trouver des moyens pour « sortir de la thèse ». Cela peut être aussi simple que de voir des amis, faire de l’exercice physique, etc.
Finalement, comme on ne peut cumuler un emploi à temps plein en plus des études, il peut être difficile de rencontrer ses responsabilités financières. Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de notre université d’attache sur les bourses et autres occasions de financement disponibles.
Le parcours aux études supérieures est une aventure intellectuelle très exigeante. Certains la comparent même à une épreuve olympique! Concilier le temps consacré à la recherche, le temps d’emploi et le temps consacré à la famille est un délicat exercice d’équilibriste.
Qu’est-ce que « réussir » sa carrière en recherche, pour vous? Que ce soit au doctorat, au postdoctorat, au sein ou hors du milieu académique?
Je dirais que réussir une carrière en recherche, c’est non seulement participer à l’avancement des connaissances dans un domaine qui nous passionne, mais aussi transformer le monde qui nous entoure par cette recherche. Partager aussi ce savoir avec les non chercheurs, les communautés, par exemple, en utilisant les plateformes de vulgarisation scientifique. C’est aussi de transmettre notre savoir aux suivants par de l’encadrement aux études supérieures ou en salle de classe.
Réussir en recherche ne se traduit pas obligatoirement par une carrière de professeur-chercheur. Il existe d’autres avenues qui peuvent apporter une grande satisfaction.
[...] réussir une carrière en recherche, c’est non seulement participer à l’avancement des connaissances dans un domaine qui nous passionne, mais aussi transformer le monde qui nous entoure par cette recherche.
- Pascale Caidor
Université de Montréal
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