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Jean-Claude Simard , Université du Québec à Montréal

Michel Serres nous a quittés le 1er juin dernier. À notre époque troublée, ce philosophe inclassable était le représentant de l’humanisme souriant, une espèce en voie de disparition.

Michel Serres
Source : www.lesechos.fr

Une expérience inoubliable

Tous ceux qui ont eu la chance de le croiser en gardent un souvenir impérissable. Ce fut mon cas. Serres était venu donner un séminaire à l’Université de Montréal en 1976, séminaire que j’ai suivi avec un plaisir sans mélange. Je revois notre petit groupe, rassemblé autour d’une longue table rectangulaire, dans cet édifice suranné que les philosophes appellent affectueusement le stone castle. Nous buvions littéralement ses paroles, car cet homme était un magicien du verbe. Il faut avoir entendu quelqu’un comme lui en conférence pour savoir ce qu’est une allocution alliant intelligence pétillante et esprit raffiné, le tout agrémenté d’une prodigieuse culture. 

À l’époque, il décortiquait le De natura rerum, œuvre du poète latin Lucrèce, ce qui nous valut ensuite son ouvrage peut-être le plus achevé1. Il faut dire qu’il fut un temps où il venait régulièrement au Québec. Fils d’un meneur de gabarres sur la Garonne2, amoureux de la mer, il avait fait son service militaire (1956-58) dans la Marine nationale française3. L’immensité du fleuve Saint-Laurent le fascinait, et il ne pouvait en parler sans que son œil vif s’illumine. Devenu un ami du cinéaste Pierre Perrault, il partageait sa passion pour notre territoire. Il apparaît d’ailleurs dans certains de ses films, comme La grande allure (1re partie, 1985 ; 2e partie, 1985)4, résurrection des voyages de Jacques Cartier, mais aussi dans Les traces du rêve5, le documentaire que Jean-Daniel Lafond a consacré à l’œuvre de son mentor québécois6. Serres évoquera d’ailleurs à nouveau son ami québécois dans le livre-hommage dirigé par Paul Warren, Pierre Perrault, cinéaste-poète7, publié l’année même de la mort du cinéaste.

Le passage du Nord-Ouest

Ce philosophe éclectique a produit une œuvre impressionnante. Auteur d’un grand nombre d’ouvrages touchant tous les domaines de la culture, on a pu dire avec raison qu’il fut le dernier des encyclopédistes.

Les écrivains l’attiraient comme des aimants, qu’ils fussent pétris d’histoires, tel La Fontaine et ses Fables8, ou férus de sciences, tel Lucrèce, mais aussi Zola naturaliste9 et Jules Verne, l’auteur de romans d’anticipation si prisés des adolescents10.  Aussi, ce philosophe et historien des sciences a-t-il voulu, sa vie durant, lier celles-ci aux humanités classiques, réinterprétées à la lumière des connaissances actuelles. On sait la difficulté de raccorder ces deux domaines, si peu portés à la communication. C’est ce que Serres appelait, d’une belle métaphore, le passage du Nord-Ouest11, une image certes éloquente pour un marin, toujours friand d’horizons lointains. À l’époque, on ne parlait guère de changement climatique, de sorte que la référence à cette voie mythique évoquait surtout un rêve chimérique. Sur fond de dystopie, l’actualité géopolitique et environnementale est en voie de matérialiser cet ancien idéal, mais l’entreprise de Serres n’en demeure pas moins pertinente.

Connecter la science et la littérature, ce fut d’abord, rappelons-le, le rêve bachelardien. Étudiant gradué, Serres avait été un temps son élève et c’est sous sa direction qu’il présenta un travail sur les structures algébriques et topologiques. Or, on le sait, le vieux maître était à la fois un épistémologue chevronné et un perspicace herméneute littéraire, deux volets souvent antinomiques, mais menés de front durant toute sa carrière. Tout en lui rendant hommage à sa façon12, Serres a réorienté l’ambition de son précepteur. En effet, à la différence de Bachelard qui les étageait, il combine les nombreux plans de la culture humaine et de son histoire, les diverses sciences incluses. Dans sa remarquable série élémentale13, Bachelard plongeait avec délectation dans l’abysse des images archaïques, mais en maintenant la coupure épistémologique, un de ses concepts-fétiches. Pour lui, contrairement à l’écrivain, le scientifique devait en effet s’extirper de l’univers archétypal, toujours prégnant, pour aborder aux rivages de la rigueur savante et en adopter tant l’esprit que le style. Pour Serres, non seulement la littérature et la science sont contemporaines, mais elles se fécondent mutuellement; la coupure épistémologique n’est donc plus de saison, puisque les profondeurs analogiques et le régime analytique voguent de concert. C’est pourquoi ses écrits tissent constamment des liens entre science et culture, religion et politique, littérature et philosophie. De ces volets savamment entrecroisés, nous ne retiendrons ici que ce qui concerne, plus ou moins directement, la culture scientifique.

Pour Serres, non seulement la littérature et la science sont contemporaines, mais elles se fécondent mutuellement.

Le Grand Récit

Marier science et culture, donc. Pour Serres, c’est une façon de réenchanter le monde, de le loger à l’enseigne d’un humanisme moderne et élégant. Durant les vingt dernières années, son projet le plus ambitieux fut d’élaborer le Grand Récit. De quoi s’agit-il? Ici, un bref retour en arrière s’impose.

En 1978, le Conseil québécois des Universités commanda au philosophe français Jean-François Lyotard une étude sur le savoir dans les sociétés avancées14. Ce rapport fut par la suite transformé en volume et parut sous le titre La condition postmoderne15. À l’époque, l’expression était encore relativement nouvelle, mais l’analyse de Lyotard connut un grand retentissement, de sorte qu’il contribua à la populariser et à en faire un mouvement de fond, le postmodernisme. Grossièrement résumée, la thèse centrale du philosophe est la suivante : dans les sociétés postindustrielles, la croyance aux récits englobant l’histoire dans son ensemble et donnant sens à la condition humaine ne recueille plus l’assentiment des chercheurs ou de la population en général. Autrement dit, ce que Lyotard appelle les métarécits de la modernité, par exemple celui de l’émancipation progressive de l’humanité16, est frappé de nullité, ce qui retentit en retour sur le statut du savoir scientifique, qui est ainsi délégitimé. Cette vision pessimiste, aux profondes résonances actuelles, provoqua déjà à l’époque une immense controverse, et Lyotard fut taxé d’irrationalisme, de dilettantisme, voire de cynisme ou de nihilisme, de sorte qu’il dût se résoudre à répliquer à ses nombreux détracteurs17.

C’est dans ce sillage délétère que Serres conçoit, des années plus tard, son Grand Récit. Qu’est-ce à dire? On l’a vu, il a toujours voulu marier littérature et science. Or, la cosmologie et l’astrophysique ont connu des progrès spectaculaires depuis le milieu du dernier siècle. Proposer une vaste fresque cosmique, c’est faire communier art et savoir, tableau des connaissances actuelles et narration temporelle, bref, c’est concilier la science et l’histoire et trouver enfin le passage du Nord-Ouest. Dans ce but, il a conçu quatre ouvrages successifs, aux thématiques étroitement imbriquées : Hominescence, L’Incandescent, Rameaux et Récits d’humanisme18.  

Dans son essai percutant, Lyotard avait attribué une partie des maux contemporains à l’informatisation accélérée de la société. Au rebours, Serres y voit plutôt une opportunité. En effet, il voit dans « l’intégralité temporelle du Grand Récit », une sorte de contrepoint à « l’encyclopédie sommée sur la Toile »19. Autrement dit, l’actuel maillage numérique mondialisé appelle « une nouvelle synthèse »20, un élargissement de la perspective historique usuelle ; en d’autres termes, il ne commande rien de moins qu’une vision cosmique inédite. 

Comment la mettre en œuvre? Les ouvrages d’Hubert Reeves vulgarisant certains résultats de l’astrophysique moderne l’ont montré, la condition humaine coudoie les astres. En effet, nous le savons maintenant, les éléments composant notre corps, comme d’ailleurs presque tout ce qui nous entoure, ont été forgés dans l’enfer des fournaises stellaires21. C’est grâce à la nucléosynthèse, ces réactions thermonucléaires rythmant le cœur des étoiles, que sont d’abord apparus le carbone, l’azote et l’oxygène, le soufre et le phosphore étant venus plus tard. Or, avec l’hydrogène, le premier carburant né dès le Big Bang22, ce sont là les briques élémentaires du vivant. Les biochimistes les ont surnommés CHNOPS, un acronyme mnémotechnique désignant l’hexagramme des éléments indispensables à la vie sur Terre. Ces constituants, respectivement les nos 6, 1, 7, 8, 16 et 15, sont le carbone C, l’hydrogène H, l’azote N, l’oxygène O, le phosphore P et le soufre S23.

Grâce à ce laboratoire cosmique, on peut ainsi passer de l’organisation de la matière à celle de la vie, et plus tard, avec l’apparition des animaux supérieurs, dont l’homme, à celle du cerveau et de la culture. C’est là un ancien schéma philosophique, mais il repose maintenant sur de solides assises : à partir de la soupe primordiale, cette purée initiale, on peut dérouler la genèse des quarks et des électrons, puis celle des constituants du noyau (neutrons, protons), des atomes, des molécules simples, des biomolécules, des cellules, et enfin des organismes et des civilisations humaines. En somme, les différentes étapes menant du Big Bang à l’homme sont à présent clairement établies : c’est ce que Reeves appelle la pyramide de la complexité, laquelle croît avec la flèche du temps, à mesure que se refroidit l’Univers et que diminue sa température globale24.

...à partir de la soupe primordiale, cette purée initiale, on peut dérouler la genèse des quarks et des électrons, puis celle des constituants du noyau (neutrons, protons), des atomes, des molécules simples, des biomolécules, des cellules, et enfin des organismes et des civilisations humaines.

Hominescence

C’est alors que Serres prend la balle au bond. Fasciné par les acquis de l’astrophysique moderne, il les endosse, mais veut cependant les prolonger. Les lois du Cosmos et l’antique lien de l’homme aux astres, qu’ont chanté les poètes, autrement dit, science et littérature, soit, mais encore? Comment obtenir un panorama semblable à la vision grandiose brossée dans son Lucrèce, mais cette fois actualisé, comment y loger la complexité des sociétés contemporaines? Le chapitre cosmologique clos, comment ouvrir celui de l’humanité? Serres prétend y arriver en ajointant astrophysique et paléoanthropologie, dont il présente une version très personnelle. Arrêtons-nous un moment sur ce point.

Bien sûr, il prend acte des grandes étapes du processus d’hominisation, qui décrit comment l’homme est issu, par évolution, des primates antérieurs : encéphalisation, bipédie, maîtrise des outils, acquisition du feu, ainsi de suite. Ces stades sont, on le sait, matérialisés par les représentants successifs de notre lignée ancestrale : australopithèque25, homo habilis, homo erectus et, finalement, homo sapiens26. Ces données constituent un point de départ fondamental, mais il faut, soutient Serres, élargir la perspective. À cette fin, il prolonge l’hominisation par trois concepts : l’hominescence, le Biosom et l’exodarwinisme.    

Forgé avec le suffixe « escence » (devenir, transformation), comme les substantifs adolescence ou arborescence, l’hominescence désigne un processus en cours, sans finalité précise. Elle représente le temps de l’histoire humaine, celui où l’humanité continue de se former. Prenant le relais de la longue période paléontologique, l’hominescence constituerait une forme contemporaine d’évolution, une autoévolution liée à la culture. Personne ne sait où mènera cette nouvelle phase, débutée il y a plus d’un demi-siècle. Pour Serres, on peut y distinguer trois boucles. La première est liée à nos technologies. « Pour la première fois de l’Histoire et, sans doute, de l’évolution, l’autoformation de l’homme par l’homme quitte le statut de métaphore »27. Grâce aux progrès stupéfiants de la médecine, de l’intelligence artificielle et des biotechnologies, croit-il, nous avons maintenant le pouvoir de modifier en profondeur notre propre corps. Cette mutation par externalisation des techniques qui ont accompagné l’être humain depuis sa lointaine apparition, c’est ce qu’il appelle l’exodarwinisme.

Cette mutation par externalisation des techniques qui ont accompagné l’être humain depuis sa lointaine apparition, c’est ce qu’il appelle l’exodarwinisme.

La deuxième boucle touche les transformations massives de la nature. En créant des objets-monde, tels la Toile et les satellites, le décodage du génome ou encore la bombe atomique, l’humanité se forge un environnement inédit, elle loge en un nouveau lieu qui intègre, de gré ou de force, la nature à l’histoire humaine. La modification globale de la biosphère est irréversible, pour le meilleur – un habitat vraiment universel – et pour le pire – la destruction accélérée de notre environnement. « Face à nos objets-mondes et par eux, le monde se technicise et se culturalise »28. Devant cette réalité inédite, nos concepts doivent eux aussi changer d’échelle, dit Serres. Dont acte. À cette fin, il introduit un curieux néologisme, contrepartie de l’Anthropocène, le Biosom, un vaste complexe biosomatique, « corps global formé de la somme en devenir des espèces et des règnes »29. Ne sommes-nous pas parvenus à déchiffrer le langage de diverses espèces animales, depuis le dauphin jusqu’aux abeilles, et ne découvrons-nous pas avec surprise que les plantes disposent également d’étonnants moyens de communication, auparavant inconnus? Le Biosom, ce superorganisme virtuel, nous interpelle. Aussi faut-il dorénavant percevoir la vie dans sa totalité, voire la Nature dans son ensemble, comme un sujet de droit, au même titre que l’homme30.

Après notre corps et le monde, la troisième boucle d’innovation évolutive concerne plutôt la société en émergence. Ce dernier vecteur de transformation est, entre autres, lié aux nouvelles technologies de la communication. Autrefois, on parlait à des publics locaux ; on peut maintenant s’adresser à l’humanité entière... ou presque. Autre changement d’échelle. La Toile est devenue un « outil social universel »31 et personne ne sait ce que va donner, sur le long terme, l’expérimentation continue menée avec de telles audiences. Serres y voit une « machine à société » inédite, dont l’effet sur la collectivité mondiale ne peut être prédit avec certitude, car cette innovation à double tranchant peut disséminer la violence autant que la parole. Aube d’une culture universelle?

En définitive, qu’il s’agisse de matière, de vie ou de pensée, les divers ordres de réalité convergent dans une forme de temporalisation, elle-même liée au décodage, à la possibilité de « lire » un événement et de le dater : rayonnement issu des débuts de l’Univers, couches géologiques dévoilant la planète originelle, fossiles ouvrant une fenêtre sur un stade évolutif, langages animaux exprimant le Biosom et, enfin, archives humaines nous instruisant du quotidien de sociétés disparues ; c’est parce que toutes sont entrées dans un régime narratif global que les différentes sciences peuvent, chacune écrivant un chapitre, dérouler sous nos yeux le Grand Récit. Or, l’hominescence relaie l’hominisation, et ces diverses strates sont inscrites dans le mémorial de notre corps.
Question : assiste-t-on à une métamorphose, notre époque est-elle en train de façonner non seulement un avenir inédit, mais d’enfanter une nouvelle humanité?

*

Dans un scénario éloquent, Serres nous a montré comment notre culture peut s’emboîter dans l’histoire générale de la vie, et celle-ci dans les structures complexes de l’espace-temps. Que penser de ce Grand Récit et de son ouverture sur l’hominescence?

Bien qu’il n’y fasse jamais allusion, l’optimisme technologique de Serres semble prendre l’exact contrepied du pessimisme sociohistorique de Lyotard. Plutôt que les synthèses philosophiques classiques telles celles de Marx ou de Hegel, décriées par le postmodernisme, la tétralogie de Serres évoque, à mon sens, les grandes visions monistes de la fin du XIXe siècle, celles par exemple d’un Haeckel ou d’un Spencer, qui, tablant sur les derniers résultats de la science de l’époque, déroulaient l’universelle épopée, des débuts inchoatifs de l’Univers à l’apparition de l’homme. Matérialisme cosmique, vital, puis humain...

En terminant, laissons la parole à Serres, ce passeur de sens qui veut marier science et culture, tout en décloisonnant les connaissances. Dans le finale de L’Incandescent, il évoque un

  •  humanisme enfin digne de ce nom, puisque peuvent enfin y participer toutes les langues et cultures précisément venues de lui, unique et universel puisque écrit dans la langue encyclopédique de toutes les sciences et qu’il peut se traduire dans chaque langue vernaculaire, sans particularisme ni impérialisme.

Alors, visionnaire ou rêveur, réaliste ou poète? Chacun jugera. Mais ce qui est sûr, c’est que sa perspective ne manque ni de souffle ni d’ambition. 

Visionnaire ou rêveur, réaliste ou poète? Chacun jugera. Mais ce qui est sûr, c’est que sa perspective ne manque ni de souffle ni d’ambition. 

  • 1La naissance de la physique dans le texte de Lucrèce. Fleuves et turbulences, Paris, Minuit, 1977. Lors de sa parution, ce texte fit sensation. En effet, une tradition millénaire voyait, dans l’épopée grandiose de Lucrèce, une adaptation poétique de la métaphysique épicurienne. Prenant cette interprétation à rebours, Serres y lut plutôt un ouvrage à saveur scientifique préfigurant la dynamique des fluides et la thermodynamique moderne.
  • 2Il rend à son père un touchant hommage au tout début de Détachement. Apologue (Paris, Flammarion, 1983, p. 7-8), l’un des premiers passages confirmant le penchant littéraire qui marquera ses dernières années.
  • 3 Il narre un volet de cette expérience dans un passage inoubliable, alors qu’il manqua de périr sur un navire en flammes (Les cinq sens. Philosophie des corps mêlés – I, Paris, Grasset, 1985, p. 13-17).
  • 4Serres donnera un témoignage de ses expériences maritimes québécoises dans Le bon plaisir (1995), le documentaire de Marie-Hélène Fraïssé et de Rosemary Courcelle consacré à l’œuvre de Perrault. Dans La légende des sciences, une série documentaire française en 12 épisodes de 50 minutes (1996) dont il fut le scénariste, le principal conseiller et l’un des narrateurs, il filera la métaphore du fleuve et de ses affluents pour décrire une aventure au long cours : celle de la connaissance scientifique depuis les origines.
  • 5ONF, 1986
  • 6 C’est avec Arthur Lamothe, mais surtout avec Perrault, que Lafond avait fait ses classes comme documentariste. Né en France (1944), il émigre au Québec en 1974, puis épouse Michaëlle Jean (1990), qui deviendra gouverneure générale du Canada (2005-2010). Avant sa traversée de l’Atlantique, il fut l’élève de Serres et de Foucault, puis enseigna brièvement lui-même la philosophie au lycée (1966-71). Au Québec, c’est lui qui servit d’intermédiaire entre Serres et Perrault. Lafond a plus tard publié un livre sur ces activités croisées : Les traces du rêve? ou Il était une fois Pierre Perrault, cinéaste, poète et Québécois, Montréal, l’Hexagone, 1988.
  • 7Montréal, l’Hexagone, 1999
  • 8Le parasite (Paris, Grasset, 1980).
  • 9Voir Feux et signaux de brume. Zola (Paris, Grasset, 1975).
  • 10Jouvences. Sur Jules Vernes (Paris, Minuit, 1974) et Jules Verne, la science et l’homme contemporain (Paris, Le Pommier, 2003).
  • 11C’est le cinquième et dernier tome de la grande série des Hermès, justement sous-titré Passage du Nord-Ouest (Paris, Minuit, 1980). Échelonnée de 1969 à 1980, cette pentalogie placée sous l’égide du dieu grec des chemins, des échanges et des passages, dont les premiers tomes rassemblaient nombre d’articles écrits à l’orée de sa carrière, marqua le début de sa notoriété.
  • 12Dans « Déontologie : la Réforme et les sept péchés » (Hermès II – L’Interférence, Paris, Minuit, 1972, p. 201-222), il propose une lecture originale du classique de Bachelard, La formation de l’esprit scientifique. Quant au nouvel esprit scientifique, un autre de ses ouvrages célèbres, il cherche à l’actualiser en avançant l’idée d’un « nouveau nouvel esprit scientifique » (« L’interférence objective : ce qui est écrit sur la table rase », Ibid., p. 67-125). Auparavant, il avait déjà évoqué ce changement de paradigme dans « La querelle des Anciens et des Modernes » (Hermès I – La communication, Paris, Minuit, 1969, p. 46-77).
  • 13La psychanalyse du feu (Paris, Gallimard, 1938) et, chez José Corti, L’Eau et les Rêves : Essai sur l’imagination de la matière (1941), L’Air et les Songes. Essai sur l’imagination du mouvement (1941), La Terre et les Rêveries du repos (1946), La Terre et les Rêveries de la volonté(1948).
  • 14Jean-François Lyotard, Rapport sur les problèmes du savoir dans les sociétés industrielles les plus développées, Conseil des Universités, Gouvernement du Québec, 1980.
  • 15La condition postmoderne. Rapport sur le savoir, Paris, Minuit, 1979. Le document initial commandé par l’organisme québécois fut bien remis en 1979, mais déposé à la Bibliothèque nationale du Québec en 1980 seulement, ce qui explique que l’ouvrage qu’en a tiré Lyotard semble le précéder.
  • 16Lyoytard songe entre autres aux grandes synthèses philosophiques, telles celle de l’émancipation de la classe ouvrière de Marx ou celle du progrès de l’esprit rationnel à travers les âges chez Hegel.
  • 17Ce qu’il fit dans un nouvel ouvrage au titre gentiment ironique : Le Postmoderne expliqué aux enfants. Correspondance 1982-1985 (Paris, Galilée, 1988).
  • 18Les volets de cette tétralogie ont tous paru aux Éditions Le Pommier, respectivement en 2001, 2003, 2004 et 2006. Notons que L’Incandescent se conclut par un audacieux « Appel aux universités pour un savoir mondial commun ».
  • 19Rameaux, p. 27
  • 20Rameaux, p. 29
  • 21Voir à ce propos Patience dans l’azur, L’évolution cosmique (Paris, Seuil, 1981) et Poussières d’étoiles (Paris, Seuil, 1984).
  • 22L’hydrogène, premier maillon de la chaîne de nucléosynthèse, fut rapidement suivi de l’hélium (no 2, He). Peu après naquirent le lithium (no 3, Li), le béryllium (no 4, Be) et le bore (no 5, B), les trois éléments légers suivants dans le tableau périodique, mais qui nous importent moins ici.
  • 23On utilise parfois aussi l’acronyme CHON pour qualifier les quatre plus importants d’entre eux.
  • 24 Pour les détails du processus, voir L’heure de s’enivrer. L’univers a-t-il un sens? (Paris, Seuil, 1986, p. 53-69). Dès Patience dans l’azur, son premier ouvrage de vulgarisation, Reeves avait déjà donné une indication des divers degrés de la complexité (voir l’appendice 3, p. 274-287 de l’édition de poche, Seuil, Points-Sciences 55, 1988). Avec quelques amis, il a par la suite synthétisé l’essentiel de ces résultats ainsi que le cœur de ses ouvrages de vulgarisation antérieurs dans Petite histoire de la matière et de l’univers (Paris, Éd. Le Pommier, 2008).
  • 25 Ce vaste genre est bien connu du grand public grâce à la célèbre Lucy, la femelle de l’espèce australopithecus afarensis découverte en 1974.
  • 26 De nouvelles découvertes, telles Ardipithecus, Orrorin, Sahelanthropus tchadensis (Toumaï) et, tout récemment, Homo naledi, viennent régulièrement s’ajouter au rameau humain, mais cet enrichissement constant ne modifie pas le schéma général.
  • 27Hominescence, p. 58
  • 28Hominescence, p. 182
  • 29Hominescence, p. 146
  • 30 Dès 1990, Serres avait proposé cette audacieuse nouveauté (Le contrat naturel, Paris, François Bourin).
  • 31Hominescence, p. 272

  • Jean-Claude Simard
    Université du Québec à Montréal

    Jean-Claude Simard a longtemps enseigné la philosophie au Collège de Rimouski, puis l’histoire des sciences et des techniques à l’Université du Québec à Rimouski, d'où il est présentement professeur retraité. Il croit que la culture scientifique a maintenant conquis ses lettres de noblesse et que, tant pour le grand public que pour le scientifique ou le philosophe, elle est devenue tout simplement incontournable dans le monde actuel.

     

    Note de la rédaction :

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