Les outils technologiques et réglementaires nécessaires qui permettraient d’établir dès aujourd’hui un plan efficace de lutte contre les changements climatiques sont connus. Il ne reste qu’à y intéresser nos différents niveaux de gouvernements.
Le 21 septembre plus de 2000 manifestations ont eues lieu partout sur la planète pour demander des mesures ambitieuses de lutte contre les changements climatiques. Le 23 septembre, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, a convié à New York, les chefs d’État de tous les pays à participer à une rencontre visant à accélérer la lutte contre ces bouleversements. Le 31 octobre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat présentera son 5e rapport de synthèse faisant le bilan des connaissances et des états de fait. Au printemps 2015, Philippe Couillard recevra les premiers et premières ministres des autres provinces pour un sommet sur les changements climatiques.
En route vers Paris-Climat
Cette convergence d’activités n’est pas un hasard. Il s’agit de préparer les négociations internationales qui se tiendront à Paris en décembre 2015. L’importance de la conférence Paris-Climat s’explique par l’échec, en 2009, de la conférence tenue à Copenhague où les pays ont échoué dans leur tentative de ralentir la détérioration du climat. Les cibles de réductions d’émissions de gaz à effet de serre actuelles nous dirigent en effet vers une augmentation de température supérieure de 2oC, soit au-delà du seuil critique établi par les scientifiques. Passé ce seuil, il y a un risque d’un emballement, d’un effet de rétroactions positives qu’on ne pourra plus contrôler. Les chefs de 190 états tenteront donc à Paris d’augmenter l’ambition des cibles de réduction. L’enjeu est de haute importance puisque nos actions d’aujourd’hui déterminent le monde de demain.
«L’importance de la conférence Paris-Climat s’explique par l’échec, en 2009, de la conférence tenue à Copenhague.»
Sur place, au Canada
Notre pays accumule un important déficit environnemental. Contrairement au déficit budgétaire cependant, cet arriéré ne semble pas préoccuper le gouvernement fédéral. Après le retrait canadien du Protocole de Kyoto, Environnement Canada indiquait, en janvier 2014, que le pays ne rencontrerait pas plus les cibles de réduction moins ambitieuses adoptées à Copenhague. De son côté, le Québec a adopté des cibles ambitieuses de réduction d’émissions. Cependant le soutien au développement minier et pétrolier couplé à l’absence de mesures de réductions tangibles soulève des doutes quant à notre capacité d’atteindre ces cibles.
Des chercheurs montent au front
C’est dans ce contexte que plus de 55 chercheur(e)s de partout au Canada se sont regroupé(e)s dans une initiative dite Dialogues pour un Canada vert. Le groupe multidisciplinaire réunit des spécialistes en agriculture, écologie, économie, énergie, gestion des ressources naturelles, gestion des ressources minières, foresterie, philosophie, physique, sociologie, sciences politiques et transport. Ensemble, nous travaillons à développer une liste de solutions, adaptées au Canada et au Québec, afin de permettre de concrétiser la lutte contre les changements climatiques en s’appuyant sur des bases scientifiques solides.
Plus de 55 chercheur(e)s de partout au Canada se sont regroupé(e)s dans une initiative dite Dialogues pour un Canada vert.
Les outils technologiques et réglementaires nécessaires qui permettraient d’établir dès aujourd’hui un plan efficace de lutte contre les changements climatiques sont connus. Il ne reste qu’à y intéresser nos différents niveaux de gouvernements. Les élections fédérales prévues pour octobre 2015 offrent une opportunité de stimuler le débat et d’engager le Canada dans la mise en place d'un plan visant à régler le déficit environnemental. Puisque cette élection se tiendra avant la conférence Paris-Climat, elle pourrait aussi permettre au Canada de reprendre un rôle de premier plan au niveau international.
Une mobilisation de tous les Terriens
Dans le cadre des préparatifs à la conférence Paris-Climat plus de 300,000 personnes sont sorties dans les rues de New York le 21 septembre lors de la People’s Climate March. Au Canada, une mobilisation sans précédent avec plus de 100 évènements parallèles, est venue appuyer la marche de New York. Le Québec et Montréal ne furent pas en reste. Ces manifestations visaient à montrer aux chefs d’État invités par Ban Ki-Moon que le sort de la planète est en jeu et que les citoyen(ne)s veulent des mesures ambitieuses de contrôle des émissions de gaz à effet de serre. Notre groupe de chercheur(e)s appuie cette mobilisation globale.
Nous espérons que ces manifestations aident à donner aux politiciens, tant fédéraux, provinciaux que municipaux, le courage d’accélérer la transition vers un développement réellement durable. Le Fonds des générations n’est pas seulement financier, c’est aussi et avant tout un outil pour garantir à nos descendant(e)s une bonne qualité de vie et un environnement sain! Le moment est venu d’agir et de faire les choix qui s’imposent pour laisser en héritage une planète habitable et en santé. Le prochain rendez-vous populaire se planifie pour le 22 avril, jour de la terre.
- Catherine Potvin
Université McGill
Catherine Potvin est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’atténuation des changements climatique et la forêt tropicale et de la Chaire UNESCO-McGill Dialogues pour un avenir durable. C’est une biologiste spécialiste en écologie tropicale et préoccupée par les changements climatiques. Son groupe de recherche se spécialise dans l’étude du cycle du carbone en forêt tropicale et de l’utilisation des terres et la protection de ces forêts. Elle a été pendant 7 ans négociatrice pour le Panama à la UN Convention Cadre sur les Changements Climatiques ou elle était responsable du développement d’un mécanisme visant à réduire le déboisement et la dégradation des forêts. Elle pilote actuellement l’initiative Dialogue pour un Canada vert qui regroupe de plus de 55 chercheur(e)s à travers le Canada et vise à proposer au début de 2015 une feuille de route permettant au Canada d’avancer dans la lutte contre les changements climatiques. Elle a obtenu un baccalauréat en biologie et une maitrise à l’université de Montréal, puis, en 1985, terminé un doctorat en botanique de l’université Duke en Caroline du Nord. Après des études postdoctorales en statistique à l’université de Montréal elle a été engagée au département de biologie de l’Université McGill ou elle est professeure titulaire. Elle est également mère et grand-mère.
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