Si historiquement, l’école semble être fondée selon une volonté de « mise à distance » des familles populaires (Payet, 1998 ; Delay, 2011), la relation entre ces deux instances de socialisation a, depuis, été redéfinie et se construit désormais à travers une logique institutionnelle de partenariat, impulsée en Suisse (et en Europe) depuis 1980 par de nouvelles politiques sociales et éducatives (Ion, 1990).
Privilégiant une approche ethnographique (observations in situ, entretiens qualitatifs semi-directifs et analyse documentaire), cette recherche en cours réinterroge la dialectique école-familles de milieux populaires et immigrés dans un contexte de mise en place de dispositifs territorialisés (i.e partenariat, implication, proximité). En particulier, et à partir de premiers résulats, cette contribution cherche à rendre compte, d’une part, comment les normes éducatives sont produites, mobilisées, imposées ou négociées par les acteurs scolaires (enseignants, directrice, éducateur) et les familles lors des premiers contacts avec une école en Réseau d’Education Prioritaire (REP) d’un quartier popuaire genevois. D’autre part, s’agissant de normes sociales en vigueur activées dans l’interraction école-familles, quelles sont les formes ordinaires de stigmatisation en œuvre. Nous formulons l’hypothèse que le principe du partenariat, ou encore de « proximité » (Payet, 1998), se construit de manière partielle et parfois contradictoire de part et d’autre.