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La société civile québécoise est plus militante, c’est-à-dire plus engagée dans les débats politiques, que son homologue dans le reste du Canada, dit-on. La présente étude a pour but de confirmer empiriquement si cette affirmation est vraie et d’expliquer cette différence, si elle existe. L’étude focalise sur les principales organisations de la société civile (OSC) œuvrant dans le développement international et l’environnement, puisque les OSC dans ces deux secteurs ont comme préoccupation principale la justice sociale et environnementale et puisque leurs mandats les poussent à militer en faveur de nouvelles politiques publiques. Cette étude se base sur des données qualitatives provenant de plus de 90 entrevues semi-dirigées avec des responsables et employé·es des OSC et des analyses du contenu des sites web des OSC, ainsi que des données quantitatives en provenance du Commissariat au Lobbying, d’Élections Canada, de l’Agence du revenu du Canada et du Parlement canadien. La réglementation des OSC se fait en grande partie par le fédéral au Canada, via la Loi de l’impôt sur le revenu régissant les sociétés de bienfaisance, la Loi sur le lobbying, et la Loi électorale du Canada, entre autres. L’approche néo-institutionnaliste – là où « institution » équivaut aux « règles » – a ainsi du mal à expliquer l’exception québécoise. D’autres facteurs – culturels, organisationnels et psychologiques – doivent alors entrer en jeu; le rôle du gouvernement du Québec est non négligeable.

Cette communication porte sur l’émergence de la cybersanté mondiale (global eHealth), un ensemble de pratiques prenant en charge la santé à distance, et ce, à une échelle mondiale. À l’aide d’un survol de la littérature institutionnelle et académique, elle retrace ce qu’il est permis de considérer comme la double généalogie de ce champ d’interventions sur la vie. D’une part, celle-ci s’inscrit dans le contexte de la montée des technologies de l’information (TIC) pour le développement (ICT4D), un ensemble de discours et pratiques autour duquel différents acteurs sont mobilisés pour combler la « fracture numérique » et favoriser la participation aux circuits mondiaux de savoir et de capitaux. D’autre part, elle participe de la montée d’un secteur d’interventions en « santé mondiale » prenant pour cible la santé des populations, conceptualisée comme source de croissance économique à venir. La cybersanté mondiale se donne ainsi à penser autant comme un combat contre la distribution inégale du « fardeau économique de la maladie » qu’en tant qu’effort pour réduire la fracture numérique mondiale. Inclusion économique, connectivité, et aplanissement des inéquités mondiales dans l’accès à l’expertise médicale participent ainsi d’un « cercle vertueux » d’élévation mutuelle. En dernière instance, cette présentation proposera que la cybersanté mondiale est engagée dans un dispositif technique de production d’une « commune humanité », connectée, productive et en bonne santé.



Depuis la fin de la guerre froide, nombreux sont ceux qui soulèvent des doutes sur la pertinence du concept de « Sud » dans l’analyse des relations internationales, voire rejettent son emploi. Selon eux, les pays du Sud formeraient un ensemble de plus en plus hétérogène et difficile à identifier. De nouveaux concepts seraient donc nécessaires pour rendre compte de leur différenciation croissante. Peut-on proclamer aussi rapidement la fin du Sud? Cette communication répond à cette question par la négative en montrant que la notion de Sud conserve encore aujourd’hui une grande pertinence. Plus qu’une simple catégorie analytique, le Sud est une identité collective portée par de nombreux États et constamment reproduite par leurs pratiques diplomatiques. En procédant à une étude historique de la construction de l’identité collective du Sud, il est ensuite possible de mieux situer ses changements récents. L’analyse qualitative de documents produits par le Mouvement des non-alignés (MNA) permet ainsi une comparaison entre l’identité collective des pays du Sud durant la période dominée par l’« esprit de Bandung » (1955-1973) et la période qui suit la fin de la guerre froide (1989-2012). Il appert que les continuités l’emportent largement sur les ruptures : les pays du Sud portent encore une identité collective qui s’articule autour de la défense de leur auto-détermination face aux tentatives de subordination politique qu’emploient les pays du Nord.

Le propre de cet exposé est de soumettre une analyse de l’approche du candidat présidentiel Barack Obama à l’égard du dossier nucléaire iranien. La reprise des activités nucléaires iraniennes en 2005 (Chautard 2006) laisse croire que le régime de non-prolifération nucléaire (TNP) s’effrite. Menace à la sécurité nationale étatsunienne, l’Iran représente un enjeu capital lors de la campagne présidentielle américaine de 2008. Contrairement à John McCain, Obama préconise dialogue et multilatéralisme (Chamorel 2008). Malgré l’impossibilité pour les Américains de rétablir les relations diplomatiques avec les Iraniens, en rupture depuis l’affaire des otages en 1980, il tend la main à cet ennemi des États-Unis (Nguyen 2004; Bourcier et Cypel 2009). Durant la campagne, Obama s’est engagé à créer une coalition internationale vouée à prévenir l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran, en conduisant une diplomatie agressive sans toutefois écarter l’option militaire. Une fois au pouvoir, il a souligné le Nouvel An iranien, puis à Prague et au Caire, il a réaffirmé sa volonté de créer un monde sans arme nucléaire et de réformer l’approche américaine envers le monde musulman. Malgré cela, plusieurs observateurs ont émis des réserves quant à la mise en œuvre de tels engagements (Douzet 2009; Samaan 2009; Hassan-Yari et Dizboni 2009). Obama a-t-il réussi, de son élection jusqu’à la moitié de son mandat, à mettre en œuvre la stratégie promise lors de la campagne de 2008?

Le mythe voulant que le Canada n’ait pas de passé colonial a  permis d’entretenir l’idée qu’il constituerait un intermédiaire de choix dans la médiation des conflits au sein des États postcoloniaux. Or, au cœur de (re)production de l’identité nationale canadienne se retrouve enfoui le tabou de la violence, de la dépossession et de la domination coloniale constitutif tant du processus de formation de l’État canadien que de son développement économique. L’appui des élites canadiennes au projet impérial britannique dont elles tiraient des avantages matériels notables en Amérique centrale et dans les Caraïbes et leur adhésion sous-jacente aux représentations associées au mythe de la supériorité de l’«Homme blanc» sont difficilement réconciliables avec les valeurs associées à l’identité canadienne telles que la tolérance et l’égalité. L’objectif de cette communication est double. D’une part, mettre en lumière les représentations et pratiques impérialistes constitutifs du développement de l’État canadien et de son économie depuis la Confédération. D’autre part, comprendre les transformations de leurs formes depuis les deux dernières décennies et qui sont qualifiées par plusieurs chercheurs comme relevant d’un nouvel impérialisme. Il s’agira de démontrer que les représentations et pratiques (néo)impérialistes ne peuvent pas être reléguées à un passé lointain dont le Canada aurait rompu depuis la fin de la Grande guerre, mais qu’elles ont joué un rôle clé dans son développement.

À l’automne 2018, plusieurs associations de la société civile togolaise se sont regroupées au sein du Collectif « Non, c’est non » pour dénoncer les violences sexuelles perpétrées à l’égard des femmes. Un an après le mouvement #Metoo, ce collectif togolais s’inscrit dans une vague de revendications « féministes » et transnationales particulièrement d’actualité, qui démontre que les associations féminines constituent un lieu propice où observer différentes formes d’action collective et de luttes politiques, mais aussi d’alliances locales et transnationales. Cette proposition vise ainsi à esquisser la cartographie du réseau d’acteurs et d’associations loméennes actifs dans la cause pour les droits des femmes, mais aussi à rendre compte de leurs principales revendications et de la manière dont celles-ci s’insèrent dans des enjeux et des réseaux plus larges autant aux niveaux local, national qu’international. Les résultats proviendront d’une enquête ethnographique de cinq mois, réalisée à Lomé, combinant des observations et des entretiens semi-directifs et informels avec une analyse textuelle de la littérature grise de trois associations étudiées, une ressource encore sous-valorisée. La nature des liens noués entre ces associations militant pour les droits des femmes avec leurs consœurs loméennes, leurs bailleurs de fonds, les agences internationales de développement ainsi que des réseaux transnationaux de militantes à l’échelle régionale et du Sud globalisé sera explicitée.

Se faire justice par elles-mêmes… Voilà la décision prise par les entreprises privées lorsque celles-ci se feront cyber-attaquer. Accepté, voir encouragé par certains États nord-américains, le « hack-back » (ou cyber-riposte) est perçu d’un très mauvais œil outre-Atlantique, les européens considérant cela comme la porte ouverte aux règlements de compte en tout genre, le cyberespace devenant ainsi un O.K. Corral numérique où chacun pourrait dégainer sa souris comme bon lui semble. Absente des textes internationaux, cette nouvelle pratique des entreprises n’est pas sans soulever des questions, notamment d’ordre juridique (Est-ce de la légitime défense ? Quelle responsabilité pour les États ? Quel encadrement juridique ? Etc.). Nous tâcherons à travers cette proposition de présenter les difficultés entourant l’emploi du hack-back, mais également les solutions pouvant être envisagées pour sécuriser le cyberespace. Nous verrons non seulement que celles-ci pourraient être trouvées au sein de l’ONU, qui a toute légitimité pour étudier cette nouvelle tendance; mais également que les acteurs non-étatiques devraient avoir une place prépondérante dans les prises de décisions, notamment juridiques. Outre le fait d’exposer une partie de nos travaux de recherche, cette présentation vise principalement à une prise de conscience quant à cette nouvelle tendance des entreprises privées, particulièrement inquiétante et dangereuse pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Dans les années 1960, en contexte de guerre froide, la Chine cherche à se positionner en leader des pays non-alignés et à proposer une alternative aux voies américaine et soviétique. Parallèlement, aux États-Unis, les militants les plus radicaux de la cause noire se voient en population colonisée de l’intérieur. En se désignant de la sorte, les Afro-américains s’assimilent au tiers-monde et s’associent à la lutte contre l’impérialisme, devenant ainsi l’un des enjeux de l’entreprise de séduction menée par Pékin. Quel est le discours mobilisé par la République populaire de Chine à l’endroit des populations noires américaines ? Notre communication se propose de répondre à cette question à travers une analyse lexicométrique du Pekin Review, publication chinoise officielle à destination d’un lectorat étranger. Elle entend ainsi offrir une approche nouvelle des problématiques liées à l’internationalisation du mouvement pour les droits civiques souvent abordées par un prisme afro-américain dans l’historiographie. L’étude d’un corpus constitué de tous les articles traitant de la cause noire aux États-Unis présents dans le journal de 1959 (Mao reçoit WEB Du Bois en Chine) à 1972 (la rencontre entre Mao et Nixon qui scelle le rapprochement sino-américain) permet de mettre en lumière tant des éléments de langage que l’évolution d’un discours qui apparait servir d’abord et avant tout un agenda chinois, plus que les intérêts véritables des Afro-américains.

Si la pêche joue un rôle majeur dans l’économie mondiale, les poissons font partie intégrante des écosystèmes océaniques mondiaux. Ils constituent une ressource essentielle pour la sécurité alimentaire. Or les stocks mondiaux de poissons sont confrontés à de graves menaces et continuent de s’appauvrir dans la plupart des mers et océans. Conséquemment, l’océan Arctique est vu comme un eldorado et une réserve halieutique permettant de répondre aux besoins alimentaires mondiaux. Il est clair que l’Arctique n’est pas écarté des préoccupations stratégiques internationales. Il ne s'agit plus uniquement d’une question de navigation ni de recherche scientifique, mais certainement la pêche occupera une place importante parmi les enjeux d'actualité. En océan Arctique, il est possible de cartographier le scénario de la disparition de la banquise glaciale. Les études scientifiques indiquent que le changement climatique pourrait impliquer des mutations importantes dans l'écosystème arctique. En ce sens, deux enjeux parmi d’autres peuvent être identifiés : l’accélération de l’exploitation halieutique dont la mesure est incertaine, et l’évolution d’un arsenal juridique en matière de pêche dont la mise en œuvre est toujours ambiguë. Notre recherche propose des directions pour établir une gouvernance constructiviste de l’exploitation des ressources halieutiques de l’océan Arctique, et de faire appliquer les dispositions du droit international.

Une recherche-intervention a été réalisée à Ayiti à l’hiver 2012 dans le contexte d'un projet de coopération soutenu par l’ACDI avec la collaboration de l’Institut national de la formation professionnelle et de l'Université publique du Sud-est. L'objectif était de mettre en place un dispositif d’enquête sur l’offre de formation professionnelle et technique et l'insertion des diplômés dans le département du Sud-est. Le problème de recherche découle de la situation de méconnaissance du terrain par les autorités haïtiennes qui disposent de données incomplètes et font face à des problèmes de gouvernance et de communication. Le terrain d'enquête compte 34 écoles réparties dans 15 communes. Les données mixtes de cette première étape ont été validées à l'occasion de plusieurs activités de transfert à Ayiti ont été analysées à l'aide des concepts de l'étude de champ et de celle des réseaux sociaux. Les résultats permettent de tracer un portrait des structures et des dynamiques de la formation et de discuter de la pertinence d'une approche de recherche fondée sur la participation d'agents haïtiens. L'analyse permet aussi de mieux comprendre les graves réalités du contexte postséisme et les tensions produites par la reconfiguration des interactions organisationnelles et institutionnelles à l'échelle locale, régionale, nationale et internationale. Sont aussi mis en lumière les dynamiques réticulaires particulières d'un modèle de communauté apprenante animée par des leaders locaux.

 

L’objectif de cette communication est d’expliquer les causes de ce qui est perçu comme des transformations profondes de l’identité et des stratégies d’engagement traditionnellement associées à l’État canadien depuis l’arrivée au pouvoir du Parti conservateur de Stephen Harper.  Nous avançons  l’hypothèse selon laquelle loin d’être l’instigateur d’une rupture dans l’identité et dans la conduite des affaires de l’État canadien au sein du système mondial, le gouvernement conservateur a plutôt cherché à cristalliser, normaliser, voire sans doute approfondir, des priorités et orientations qui étaient déjà en gestation au sein de la société civile. Nous retraçons ainsi les conditions matérielles d’existence de ces transformations par l’analyse du processus de reconfiguration des rapports sociaux et la restructuration de l’État générées par les initiatives et pressions exercées par les grandes associations patronales canadiennes à partir des années 1980. Les attaques terroristes du 911 et la participation canadiennes à la dite guerre globale contre le terrorisme créa un contexte favorable à la confluence d’intérêts entre la grande entreprise privée canadienne, le secteur de la défense et les intellectuels organiques issues du monde universitaire. Depuis la dernière décennie, ce bloc historique joue un rôle clé dans la réorientation des priorités et stratégies d’engagement de l’État canadien au sein du système mondial.

En 1989, l’économiste Amartya K. Sen s’est vu sollicité par Mahbub ul Haq qui lui demandait de prendre part à l’élaboration d’une mesure du bien-être social pour le Rapport mondial sur le développement humain. L’année suivante, le premier rapport était publié et comparait les États du monde selon l’Indice du développement humain (IDH). Il s’attardait à la santé, à l’éducation, au niveau de vie, lesquels ont des répercussions sur les libertés politiques et sociales. Vingt ans après, cet indice est devenu la mesure la plus largement admise pour établir des comparaisons internationales du bien-être.

Comme ancien directeur du projet des rapports mondiaux du PNUD et par conséquent de l’IDH, Haq a beaucoup contribué au concept de développement humain, notamment par ses travaux sur les besoins essentiels. Cependant, Sen demeure celui qui est présenté comme le théoricien principal derrière le concept et un de ceux qui a collaboré à la création de l’indice. Mais à la différence des autres consultants, son influence comme penseur est ce qui est passé à l’histoire. Quelle est la genèse théorique du concept de développement humain et son indicateur l’IDH ? Pourquoi ces derniers ont-ils émergé ? En quoi l’IDH se distingue-t-il des autres indicateurs du genre ? Notre présentation consistera à retracer l’évolution du concept principalement à travers l’approche des capabalités de Sen, de la planche à dessin jusqu’à l’application concrète de l’indicateur pour comparer les États entre eux.

Cette conférence amorce une réflexion sur le rôle de l’expertise dans les processus de prise de décision en développement international à partir d’une synthèse critique de la littérature contemporaine en sciences sociales, principalement en français et en anglais. Dans cette conférence, nous montrons que la plupart des réflexions à propos de l’expertise la placent en relation avec une tendance générale à la technicisation des prises de décisions ainsi qu’en relation avec une hiérarchisation des connaissances. Ensuite, nous proposons une typologie de classification des différentes positions à l’égard de l’expertise, de son inscription institutionnelle, de sa participation à des processus décisionnels et de son rôle. Nous avons classé les positions en fonction des cinq visions suivantes du rôle de l'expertise qui ont été dégagés de la littérature 1) Expertise comme outil de légitimation, 2) Expertise comme autorité prépondérante, 3) Expertise comme guide et interprétation, 4) Expertise comme normativité et contrôle désincarné, 5) Expertise comme élément d’une institution irrationnelle et rituelle. La typologie que nous présenterons dans notre conférence tâche de proposer des pistes de réflexion afin d’amorcer une critique ou une problématisation de l’expertise, des processus de prise de décision et du développement international.

Le syndicalisme rime avec solidarité : celle-ci peut s’avérer plus ou moins ample, profonde et désintéressée, selon les situations. En cette ère de mondialisation, les syndicats semblent toutefois n’avoir d’autres choix que d’internationaliser leurs actions pour les marquer d’une efficacité nouvelle. Ils peuvent ainsi parfois participer à la négociation d’accords-cadres internationaux ou encore s’investir dans la construction de coalitions prenant place dans des environnements peu structurés au plan normatif. Qu’importe l’option choisie, l’urgence de la conjoncture les mène souvent à entrevoir des projets communs, sur une base Nord-Sud notamment.

Dans cette perspective, il importe de jauger l’impact des alliances internationales sur le renouvellement des répertoires d’actions syndicales. Cette communication comporte deux objectifs. Elle documente, d’une part, le processus de construction d’une coalition s’étant déployée dans un contexte faiblement institutionnalisé. Elle se penche, d’autre part, sur les éléments susceptibles de contribuer à l’efficacité des alliances internationales. Nous dresserons tout d’abord l’historique de la coalition étudiée, non sans avoir précisé au préalable nos choix en termes d’analyse et de méthodologie. Nous enchaînerons ensuite avec la présentation des facteurs ayant façonné son évolution. Nous conclurons avec des pistes de réflexion se rapportant à la viabilité des coalitions de ce type et aux zones de tensions questionnant leur pérennité. 

En 1975, les forces armées indonésiennes ont envahi le Timor oriental, un petit pays ayant déclaré son indépendance quelques jours auparavant. Pendant une occupation militaire de 24 ans, à peu près de 100 000 Timorais sont morts.

Contrairement aux prétentions d’Ottawa d’être une voix forte en faveur des droits humaines, le gouvernement canadien a toujours appuyé le régime indonésien. Mais en même temps, plusieurs militants ont travaillé en compagnie avec le peuple timorais en appuyant le droit de l’auto-détermination.

Cette communication décrit la politique canadienne, accordant une attention égale aux actions des organisations non gouvernementales, tirant des archives non exploitée à la fois gouvernementales et non-gouvernementales. D’abord menée par des alliés clés, la politique canadienne a évolué sous pression venants des militants canadiens basés dans les églises, les syndicats, les groupes étudiants et surtout les organisations en solidarité avec le Timor, notamment le Réseau d’Alerte Timor-Oriental. Enfin, en 1998, le gouvernement canadien a arrivé á soutenir le droit d'auto-détermination.

L’histoire du politique canadien concernant le Timor oriental mette les lunettes sur le rôle clé des militants en influençant et en façonnant les relations internationales. Le gouvernement canadien ne défend pas, lui, les droits de la personne. Pourtant, il est obligé de plus en plus de prendre note de et répondre à la pression des militants.

<p>La décennie passée (2011-2020) a constitué une période où de profonds défis développementaux ont attendu la Côte d'Ivoire, à cause de la crise de 2011.&nbsp;C'est ainsi que l'État a mis en place une politique étrangère axée sur des dimensions purement économiques, reléguant en seconde place les défis politiques de sa situation post-conflit.</p> <p>En prenant le contre-pieds d’études qui, en général, mettent l'accent sur le <em>state-building </em>(construction de l’État) ou l’efficacité de l’aide internationale en contexte africain, nous prenons l’angle peu étudiée de l’appropriation nationale du développement économique à travers les outils de la politique étrangère par les États touchés par l'instabilité.</p> <p>Notre choix méthodologique s’est porté sur une étude de cas. Nous avons porté notre préférence, en termes de collecte de données, à la recherche documentaire. Nous nous sommes penchés sur la littérature académique portant sur l’enjeu du développement en Côte d’Ivoire et l’activisme économique international du gouvernement ivoirien durant la décennie 2011-2020.</p> <p>Comme résultats préliminaires, nous notons que que ’État ivoirien s’est lancé dans la poursuite d’une intégration régionale plus poussée et dynamique,&nbsp;&nbsp;dans la voie de diversification des partenaires économiques et la transformation de la Côte d’Ivoire et sa capitale économique, Abidjan, en centre financier et d’attention de la coopération économique internationale.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p>

De par leur inscription comme appartenant à la justice réparatrice, les commissions de vérité et de réconciliation (CVR) sont devenues la forme de justice de choix après un conflit. Ce lien avec la justice réparatrice laisse à penser que cette forme de justice a un grand potentiel pour les victimes. Pourtant, certains contestent l’idée que les CVR s’inscrivent dans la justice réparatrice, et même qu’elles soient bénéfiques pour les victimes, constatant au contraire que cette forme de justice semble donner un sentiment d’injustice aux victimes. Pourtant, le sentiment de justice est important puisque selon l’approche de la jurisprudence thérapeutique du droit, le bien-être des victimes serait directement lié à la façon dont elles perçoivent les procédures en place. Par conséquent, il devient urgent de se demander si les CVR permettent aux victimes d’obtenir un sentiment de justice.

Nous tentons de répondre à ces questions en nous intéressant aux perceptions de justice des victimes dans les différentes dimensions de la justice de Jason Colquitt (2011). L’objectif est d’évaluer dans chacune de ces dimensions ce que les CVR offrent ou non aux victimes. Deux pistes de réflexion seront développées, en lien avec le fossé créé entre les objectifs collectifs de justice des CVR et les besoins individuels des victimes. 

Pendant mes études de maîtrise, j'ai réalisé ma collecte de données au Rwanda, un pays non démocratique, non occidental, de culture patriarcale, 18 années après le génocide des Tutsis. Le régime politique du pays a influencé tout le déroulement de ma recherche, de l'obtention du permis de recherche jusqu'à la diffusion des résultats. Plusieurs limites doivent être prises en compte dans la réalisation de cette recherche, surtout relativement au contexte culturel et autoritaire. La présente communication abordera les différentes limites liées à une recherche scientifique dans un pays non démocratique, non occidental et suite à un conflit, d'un point de vue d'une chercheure issue d'un pays occidental et démocratique et démontrera les stratégies d'action pour contrer ces obstacles. Il est important de garder en tête que l’ensemble des résultats ne peut s’appliquer automatiquement aux sociétés occidentales. Néanmoins, les résultats obtenus peuvent s’appliquer plus précisément à certains pays de culture patriarcale et aux pays sortant d’un conflit.

En 2013, La France est intervenue militairement au Mali et en République Centrafricaine pour aider le gouvernement central à combattre des groupes rebelles pour mettre fin à une guerre civile. Ces deux interventions militaires unilatérales rompent avec le refus des premières heures de la France d’intervenir militairement dans tout conflit civil en Afrique à la fin de la Guerre Froide ou encore le multilatéralisme des années 2000. Cette présentation cherche à expliquer cette réaction ambivalente de la France dans sa gestion des conflits civils en Afrique subsaharienne à savoir : Pourquoi la France intervient militairement dans certains conflits civils en Afrique et pas dans d’autres ? En nous basant sur les théories et modèles de prise de décision en politique étrangère, l’objectif poursuivi est de voir si la théorie polyheuristique, développée aux États-Unis et appliquée à des régimes présidentiels et parlementaires, est pertinente dans le cadre d’un régime semi-présidentiel comme celui de la France. À l’aide du Process Tracing, nous avons identifié l’importance des facteurs cognitifs et institutionnels dans la compréhension du processus de prise de décision en France quand il s’agit de sa politique militaire africaine. Cette recherche nous a permis de nous interroger sur le processus de prise de décision des interventions militaires surtout françaises, qui est totalement ignoré dans la littérature francophone et d’aller au-delà du débat sur la rationalité des acteurs.

Les théories sont souvent écartées par les praticiens, leur utilité étant fréquemment obscurcie par leur apparence de débats philosophiques entre penseurs peu ancrés dans la réalité. Dans cette optique, nous proposons que les théories ont le potentiel d'offrir des contributions pratiques réelles, notamment dans le domaine du droit international des droits humains. Le cas de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, système binaire de droit contraignant et de droit sans sanction, nous permet de démontrer que les théories qui cherchent à discréditer cette seconde forme de droit international nuisent au travail des entités de la Commission légitimées par celui-ci. Inversement, les théories validant ce droit dit souple contribuent à l'amélioration des droits humains. Nous démontrerons cette proposition par la déconstruction de deux paradigmes dominants en théorie du droit international, le mouvement droit et économie ainsi que le libéralisme, appliqués à la pratique de la Commission, suivie d'une reconstruction constructiviste démontrant le pouvoir des acteurs autres que les États de création de normes et de légitimation de celles-ci. Nous en arriverons à la conclusion que la distinction de droit contraignant et de droit souple en droit international des droits humains n'est pas pertinente, et que par une théorisation conséquente de ce phénomène, les outils pour l'amélioration des droits humains s'en trouvent élargis, laissant place à une plus grande innovation.

Depuis la décade 1990, l’établissement des réseaux de collaboration par cosignature est devenu presque un engagement professionnel de la part des professeurs-chercheurs face aux exigences de travail académique demandé par plusieurs universités au monde. Les corps des professeurs-chercheurs des universités au Québec ne sont pas l’exemption à cette tendance. Cette communication cherche à montrer le portrait des caractéristiques socioprofessionnelles des collaborateurs par cosignature dans le domaine des sciences sociales au Québec, particulièrement par rapport à leur ville, région et pays d’origine, en considérant toutes les types de publications cosignées et non seulement le travail publié en revues avec comité de lecture. Ajoutons qu’il n’y a pas d'études en profondeur au Québec soumis sous cette perspective pour le cas des sciences sociales. Plus précisément, on vise 21 professeurs-chercheurs d’un centre de recherche en sciences sociales établie à Montréal, reconnus au présente par leur rang académique (adjoint, agrégé et titulaire) et leur réseau complet de 530 cosignataires (eux-mêmes y compris dans le réseau) dans la période 1990-2009. 

La mondialisation invite à repenser l’enseignement universitaire pour préparer à un marché fluctuant tout en gardant une identité face aux altérités globalisées. Les étudiants doivent devenir mobiles, ouverts d’esprit et adaptables pour comprendre un monde hybride (Latour) et y trouver une place culturelle et économique. C’est cet esprit cosmopolite (Cicchelli) que l’université doit aider à développer via les mobilités physiques et aujourd’hui virtuelles (Fisher, Boonen).

Nous cherchons à identifier les facteurs explicatifs de la construction identitaire cosmopolite des étudiants de second cycle de quatre filières numériques participants à une coopération virtuelle entre Rennes et Québec.

Nous procéderons par enquête ethnographique en France et au Québec, combinant observations participatives longues et entretiens cliniques (Yelnik). Une analyse anthropologique permettra de mobiliser tant les variables socio-culturelles que subjectives, conscientes ou non, afin de saisir au mieux les motivations étudiantes dans leur contexte.

Les premiers matériaux recueillis (début 2013) tendent à monter qu’un haut degré de liberté d’initiative dans  l’université ainsi qu'une forte hétérogénéité socio-professionnelle dans le groupe étudiant préexistant au dispositif numérique favorisent la construction cosmopolite médiatisée.

Cette contribution vise à mieux accompagner les universités dans leurs politiques de mobilité au regard des publics, disciplines, et territoires considérés. 

L’organisation terroriste Al Qaeda au pays du Maghreb Islamique (AQMI) sévit dans la région sahélo-saharienne depuis 2007. Cependant, elle ne cesse de s’étendre dans la région du Sahel au point de perdre une partie de sa réalité géographique originelle (le Maghreb). De plus, nous constatons que les actes commis par AQMI au Sahel sont essentiellement des enlèvements avec demandes de rançon, des activités plus proches d’une forme de criminalité organisée que d’une véritable militance politique radicale. Face à ce constat, il convient de s’interroger pour comprendre si la criminalité organisée constitue aujourd’hui un moyen du groupe pour se financer et atteindre ses objectifs ou si au contraire le basculement des activités du groupe n’incarne pas sa seule réelle motivation. Notre réponse se présentera sous la forme d’une analyse qualitative basée sur une approche interprétative inspirée d’une lecture critique de la théorie du « nouveau » terrorisme. Nous présenterons une étude de cas centrée autour des dimensions organisationnelles et stratégiques d’AQMI (structure, stratégies énoncées dans les déclarations du groupe, ainsi que répertoires d’action utilisés). Ces éléments contribueront à démontrer qu’AQMI demeure une organisation à la réalité plurielle, n’échappant pas à la logique de réseaux impulsée par la mondialisation.

Mes réflexions et mon parcours professionnel m’ont amené à m’interroger sur les jalons d’une éthique de l’intelligence artificielle. Non pas l’éthique face à l’usage des machines mais une morale intrinsèque à la machine. Autrement dit, je m’interroge sur la possibilité, voire la nécessité de coder l’intelligence artificielle. Progressivement, l’émergence d’une morale parallèle, codée, se propage dans nos vies. Quel sens pourrait avoir une telle morale? Quels objectifs, quelle finalité?  

Il est dans notre devoir d’orienter le progrès en faveur du Bien Commun. Mon interrogation ici concerne le pouvoir décisionnel. En d’autres termes, je me demande quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur notre faculté de prendre des décisions. Et plus encore, dans quelles mesures l’intelligence artificielle possède-t-elle un pouvoir décisionnel? 

En somme, ma thèse porte sur les jalons de l’Éthique de l’intelligence artificielle. Comment pouvons-nous l’orienter vers le Bien Commun? Comment l’intelligence artificielle se positionne-t-elle par rapport au Bien Commun? Dans quelle mesure, l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour avoir un pouvoir décisionnel et quels en serait les impacts? 

J'ai fondé ma compagnie pour étendre ma recherche et tenter de concevoir une certification en Éthique de l'intelligence artificielle. Ma compagnie se nomme Intelligence NAPSE. C'est la raison pour laquelle je partage avec vous l'image de mon logo.

A la différence des pandémies du passé, la COVID-19 a connu une diffusion fulgurante qui la rapproche d’épidémies récentes (SRAS, H5N1, Ebola), néanmoins contenues. Depuis les années 1990, les scientifiques ont alerté sur l’exacerbation des menaces infectieuses par les dynamiques de la mondialisation, en particulier l’explosion des voyages internationaux. Entre la première alerte épidémique à l’OMS le 31 décembre 2019 et fin janvier 2020, un mois plus tard, 25 pays ont déclaré un premier cas de COVID-19, 62 fin février, et 195 fin mars – soit la quasi-totalité. D’un point de vue expérimental, ce virus fournit ainsi un observatoire inédit des mobilités transnationales. Nous avons reconstitué la chronologie de sa diffusion internationale dans 207 pays où on a documenté des informations sur le.a ou les premier.es patient.es dits « zéro » connu.es : leur âge, leur sexe, de quel pays étranger ils ou elles sont venu.es et pour quelle raison. On a aussi renseigné, quand c’était possible, leurs histoires personnelles. Notre approche réconcilie deux courants de recherche sur les mobilités internationales : l'un, macro, qui identifie des « schémas globaux de mobilités » à partir d’analyses de réseau ; l'autre, micro, qui étudie les modes de vie transnationaux. Nous montrons entre autres que la moitié des patients zéro sont venus d’Europe, qu’un tiers seulement étaient des étrangers, que seulement deux cinquièmes étaient des touristes, ou que deux tiers étaient des hommes.