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Le Sénégal, avec plus de 94 % de musulmans, est l'un des pays les plus islamisés d'Afrique noire. Les populations de ce pays de l'Afrique occidentale pratiquent majoritairement un islam soufi fondé sur des valeurs socioculturelles. Il y est noté une cohabitation pacifique et une entente diplomatique entre le spirituel et le temporel. Cependant, on observe depuis une vingtaine d'années une montée en puissance des tensions entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique au sujet des questions reliées aux droits des femmes (Sow : 1997; Sarr : 2016; Brossier : 2004). Cet article vise à problématiser les rapports et dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir d'un cas spécifique de la loi sur la parité au Sénégal. Ainsi, les objectifs consistent à démontrer les dynamiques et blocages notés dans l'application intégrale de la loi sur la parité. Notre méthodologie consiste à analyser les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir des théories intersectionnelles sur le cas spécifique de la parité (Bilge : 2009; 2014, Kergoat : 2009, Bachand : 2014). Les résultats finaux ont montré que l'islamisation de la société sénégalaise et le manque de neutralité de l'État vis-à-vis des hommes et des femmes constituent un frein à l'émancipation de leurs droits (Mbow : 2011; Ndiaye : 2012). L'article a contribué davantage à éclaircir les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir de plusieurs variables. 

Mots clés : femmes, islam, État, parité

Des femmes de culture hindoue ou néo-hindoue ont récemment affirmé incarner pour le monde occidental spécialement « la Mère divine » : comment expliquer ce phénomène culturel hybride qui a pris une soudaine ampleur au XXe siècle depuis la Française Mirra Alfassa (1878-1973) dite "la Mère", jusqu’aux personnages de Mata Amritananda Mayi et Mère Meera parfois présentes au Québec de nos jours ?

Cette communication mettra en relief une généalogie historique et sociale de cette hybridation indo-occidentale de "la Mère divine" en prenant à témoin la pensée d’Aurobindo (1873-1950) qui part en 1905 d’une diffusion de la figure de Bharat Mata (la Mère Inde), déesse elle-même forgée dans un contexte de lutte pour l’indépendance indienne. Sa pensée de « la Mère divine » se métamorphose après 1908, afin d’impulser une émancipation universelle de la conscience humaine. Reconnaissant en Mirra Alfassa sa compagne spirituelle et « la Mère divine» en 1926, il prolonge ainsi la reconstruction d’un
hindouisme occidentalisé, initiée par Ramakrishna et Vivekananda.

Mirra Alfassa s’appropria de son côté cet hindouisme occidentalisé en s’efforçant de performer la figure de « la Mère divine» ce qui inspira notamment Kamala Redy (1960-) dite Mère Meera par la suite.

Ceci est l’occasion de montrer comment la tradition religieuse multiforme de l’Inde est capable de nos jours de se métamorphoser de manière vivante pour s’insérer dans un contexte mondialisé en interaction avec d’autres formes culturelles.

Cette proposition s’inscrit dans un contexte d’internalisation des droits humains et de la complexité empiriquement constaté de leur réception dans des contextes culturels locaux différenciés. On ne peut nier l’existence de transferts juridiques au Burkina Faso et de leur impact particulièrement au sein des mariages burkinabè.  Il en découle des processus de syncrétisme, de résistance et de métissage. La confrontation entre ces archétypes ne génère pas une simple juxtaposition d’éléments disparates puisqu’elle révèle des traits culturels inédits engendrant une réalité nouvelle. Ce phénomène s’exemplifie parfaitement dans le cas de la polygynie. En effet, si les transformations des formes de conjugalité engendrent de nouvelles modalités familiales, la polygynie demeure élevée en dépit des modifications démographiques. De surcroît, l’État a légiféré en faveur d’une polygynie illimitée sous certaines conditions. Dans ce contexte où se conjugue droit étatique, droit religieux et droit coutumier, je propose d’explorer les effets juridiques et sociaux de la polygynie à partir de cas observés et des statistiques relevées au cours de mon terrain ethnographique à Koudougou de septembre 2011 à mai 2012. Ces données ont été recueillies à partir d’entretiens, de récits de vie et d’une ethnographie des tribunaux. L’objectif de cette communication est donc de démontrer comment s’actualise la polygynie au Burkina Faso et comment cette situation plurale génère de nombreux floues juridiques.

Les défenseurs d'une interdiction du port du hijab pour des employées de l'État fondent en grande partie leur position sur la thèse selon laquelle le fait de porter ce signe religieux signifie de facto un non-respect de la laïcité. En portant un voile, une femme musulmane participerait à la manifestation publique d'une priorité accordée à des obligations religieuses au détriment de ces obligations citoyennes, tout en étant plus ancrée dans une identité religieuse que dans une identité civique. L'objectif de la communication est de démontrer la faiblesse de cette thèse en montrant que des employées musulmanes de l'État québécois portant le hijab peuvent se positionner favorablement vis-à-vis de la laïcité. Nous pensons que des femmes musulmanes portant le hijab et travaillant pour l'État ont plutôt tendance à se dire en accord avec les fondements de la laïcité, en adoptant une posture d'« optimiste critique », en étant à la fois méfiantes mais optimistes. Ainsi, bien que les employées musulmanes de l'État portant un hijab soient largement en désaccord avec l'interdiction de porter un signe religieux au travail, ce désaccord ne fonde pas automatiquement un positionnement défavorable vis-à-vis de la laïcité. La démonstration repose sur une étude sociologique réalisée auprès de 30 femmes musulmanes portant un hijab de la région de Montréal, employées de l'État québécois ou songeant à le devenir.

Des études récentes remettent en question la tradition interprétative qui voit dans le premier chapitre de l'Évangile de Matthieu l’affirmation d’une conception virginale sans agent masculin[1]. Cette communication propose de faire une synthèse de cette remise en question autour de quatre points: 1) la raison de la présence des femmes dans la généalogie de Jésus, 2) l’interprétation de « engendré par l’esprit » (Mt 1,18. 20), 3) l’interprétation de παρθένος (vierge) dans la citation d’Is 7,14 en Mt 1,23 et 4) la raison de l’abstinence de relations sexuelles avant la naissance (Mt 1,25).

Par l’analyse de la réponse du lecteur (reader response), nous allons étudier le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu pour voir que l’interprétation traditionnelle de la virginité de Marie n’est pas la seule lecture possible. Cette méthode a pour objet l’étude de l’effet du texte chez le lecteur.

La conclusion de cette étude est que ce récit ne donne pas une affirmation explicite de la conception virginale de Jésus. Ainsi, le lecteur de l’Évangile de Matthieu peut aussi bien comprendre que Jésus n’a pas de père humain ou qu’un autre homme que Joseph était son père biologique. Le texte de Matthieu présente assez d’ambiguïtés pour soutenir les deux interprétations pourtant opposées.

 [1]Schaberg, Jane, « Feminist interpretations of the infancy narrative of Matthew », 2005. et Andrew T. Lincoln , « Contested paternity and contested readings: Jesus' conception in Matthew 1.18-25 », 2012.

Je consacre mon projet de recherche doctoral aux expériences subjectives (les vécus) et aux perspectives de femmes bruxelloises, beyrouthines et montréalaises de confession musulmanes de toutes orientations islamiques confondues quant à la radicalisation violente liée à la montée de Daesh (ISIS) en 2011 et aux pressions en tout genre qu'elles subissent depuis l’avènement et l’hyper-visibilité de Daesh. Les participantes rencontrées (n=92) ont des parcours très diversifiés comme par exemple des mamans ayant leurs enfants engagés sur les fronts syriens avec Daesh ou contre Daesh, ou encore des femmes ayant des difficultés à trouver un emploi à cause, estiment-elles, d’une islamophobie s’intensifiant depuis l’existence de Daesh. J’aborderai dans ce congrès l’importance des dialogues et des échanges de connaissances inter-religieuses et inter-sociales que certaines de mes interviewées de ma recherche doctorale fréquentent. Je relaterai les raisons qui ont poussées mes interviewées à fréquenter deux groupes sociaux précis mais aussi les répercussions de ces deux groupes sociaux sur leurs vies respectives. Premièrement, j’aborderai le cas d’un groupe bruxellois de connaissance inter-religieux fréquenté entre autres par des personnes de toutes confessions ou sans confessions qui se retrouvent pour discuter. Et deuxièmement, j’aborderai le cas d’un groupe de connaissance inter-sociale bruxellois composé de mamans et de papas ayant un enfant ou un proche rallié à daesh.

Je suis enseignante en philosophie au Cégep de Saint-Félicien depuis 2010. Il y a environ six ans, ma vision de la discipline, telle qu’enseignée à ce moment, a été bousculée par des rencontres et des prises de conscience qui ont fait naître plusieurs collaborations et projets de recherche institutionnels interdisciplinaires. Afin de rendre les résultats des conclusions de ces différentes recherches accessibles et de poursuivre la réflexion sur les fondements épistémiques et éthiques de l’enseignement de la philosophie au collégial, j'ai poursuivi la réflexion à la Maîtrise en études et interventions régionales, programme interdisciplinaire disponible à l’UQÀC (titre du mémoire : Pour un enseignement de la philosophie déhiérarchisé, interculturel et interdisciplinaire : Analyse d’une pratique particulière). La problématique centrale du mémoire étant : « Comment intégrer plus de diversité dans les cours de philosophie au collégial ? », pour parvenir à y répondre, en joignant les acquis des dernières années et en poursuivant les recherches entamées, j’ai opté pour une méthodologie praxéologique hybride : je suis partie de ma pratique et ses changements comme éléments centraux d’objet d’analyse. Ce sont les conclusions de ces six années de réflexions que je souhaite partager à mes collègues ainsi que les suites amorcées face aux constats recensés dans le prochain projet de recherche (projet de doctorat en cours).

Le Québec, société vieillissante se distingue par le caractère multiethnique et multireligieux de sa population. Certains aînés vulnérables utilisent les services de santé et sociaux pour répondre à leurs besoins en vue d’un vieillissement «réussi». Pour d’autres, la spiritualité est une stratégie sur laquelle ils s'appuient pour faire face à la maladie et rechercher du bien-être. Cet aspect est souvent ignoré dans la tradition médicale occidentale. Les pratiques de santé restent dominées par une approche biomédicale où les soins de santé reposent sur des activités thérapeutiques.Des enquêtes récentes mentionnent qu’en contexte d'immigration, la spiritualité pourrait avoir un caractère plus significatif et influencer la conception de la santé et des soins psychosociaux des aînés immigrants, et leur vie sociale en général.

Cette communication est le résultat préliminaire de ma recherche exploratoire en cours. J'ai interrogé 45 personnes de 8 communautés ethniques du Québec, âgées de 65 à 84 ans, sur le sens qu'elles donnent à la spiritualité et le lien qu'elles font entre la spiritualité et la santé. L'analyse partielle de leurs discours montre que la spiritualité reste un concept polysémique difficile à définir. La plupart des aînés estiment qu’il y a un lien direct entre la spiritualité et la santé. La spiritualité apparaît comme une stratégie d'adaptation possible face au sentiment de finitude ressenti avec l'avancée en âge, et les pertes qui accompagnent le vieillissement.

La visibilité accrue des communautés musulmanes dans les sociétés occidentales engendre un choc des valeurs et des pratiques sociales et politiques notamment envers la laïcité et l’égalité femmes-hommes. Certaines pratiques liées à l’islam sont perçues comme menaçantes à l’égard des acquis démocratiques, libéraux, laïcs et féministes. Cette prétendue incompatibilité entre les valeurs de l’islam et celles des sociétés occidentales pose une remise en question quasi systématique des choix que font les femmes qui s’identifient à l’islam (foi ou culture). Le port du hijab est un exemple significatif qui occupe régulièrement les fils d’actualité. La recherche met en lumière la perception des femmes intellectuelles francophones musulmanes quant à la conciliation de leur foi, leur culture et leur citoyenneté dans un contexte libéral et sécularisé. Une étude comparée entre la France et le Québec est réalisée en utilisant l’analyse documentaire afin de décrire les pensées développées par huit intellectuelles francophones musulmanes québécoises et françaises. Au-delà des spécificités reliées aux perceptions et aux visions de chacune d’elles, la recherche a permis de dégager trois constats généraux qui ont une influence sur leurs perceptions et leurs visions : (1) chaque femme a une relation différente et singulière avec l’islam (type, place occupée dans sa vie, etc.); (2) chaque femme a un parcours de vie singulier; (3) l’importance de l’influence du milieu d’accueil.

L’Antiquité tardive est largement reconnue comme une époque peu féconde en ce qui a trait à la philosophie politique.  Peu d’auteurs s’y consacrent et, s’ils le font, c’est dans un cadre chrétien et dans une perspective de glorification du régime impérial (à travers des panégyriques).  Or, un texte anonyme du VIe siècle, le Dialogue de science politique contredit ces deux points de vue.  Peu étudié, jamais traduit en français, le texte est néanmoins d’un grand intérêt.  Bien qu’il ait été transmis sous forme fragmentaire (un livre complet et la fin d’un autre sur un total de six), il peut nous éclairer sur la persistance de la philosophie politique classique dans l’Antiquité tardive.   

L'Antiquité tardive est en outre traditionnellement perçue comme une époque où l'empereur est tout-puissant, où on n'accorde plus d'importance au pouvoir du peuple et du Sénat.  Contre cette idée, le texte montre l'existence d'un courant politique qui prône l'encadrement du pouvoir de l'empereur et qui vise à rehausser le rôle du Sénat dans les différents aspects du pouvoir.  C'est donc un point de vue sénatorial qui y est présenté. Cette présentation visera à exposer les différentes caractéristiques du texte (la méthode et les idées proposées) et ainsi, à travers l'allusion à d'autres textes du VIe siècle (Jean le Lydien, Zosime, Procope), à reconstruire un courant politique dont l'importance est souvent sous-estimé dans l'historiographie.

Notre communication examinera le sujet de la reconnaissance juridique des Métis au Canada. Nous explorerons plus particulièrement l’instrumentalisation du test juridique Powley s’agissant de la délimitation de l’identité métisse par certaines organisations autochtones. Notre communication se penchera sur un document issu d’une organisation expliquant le refus de la demande d’adhésion d’un « Métis » selon des critères identitaires. Nous verrons comment cette exclusion est justifiée à la fois selon le jugement Powley et la notion d’une territorialité nationale métisse, qui exclut les ancêtres de la personne en question. Comme nous le démontrerons, un examen plus minutieux du cas Powley mène pourtant—si nous devions appliquer cette même notion de territorialité nationale métisse—à l’exclusion identitaire des frères Powley eux-mêmes. Notre exemple suivi d’une discussion servira à illustrer les tensions et les problèmes issus de l’instrumentalisation de critères juridiques par certains acteurs politiques plongés au coeur de négociations souvent difficiles au sujet d’une identité autochtone en pleine effervescence.

Comment cibler des relations significatives à l’intérieur d’une base de données archéologiques? Comment visualiser intuitivement des relations complexes entre ces diverses données? Quelle est l’utilité d’explorer les propriétés relationnelles de la culture matérielle paléohistorique?

Ces trois questions permettent d’introduire une méthodologie simple de traitement de données qui démontre la pertinence d’appliquer certains outils et concepts de la science des réseaux aux sciences humaines et sociales. L’auteur présente une démarche méthodologique de visualisation d’un réseau archéologique technologique, ses résultats finaux et les nouvelles questions qui en émergent. Fondée sur l’analyse macroscopique visuelle de milliers d’artefacts en pierre taillée découverts dans la vallée des rivières des Outaouais, du Lièvre et Rouge, cette méthodologie innovante permet d’explorer des questions de nature sociale et culturelle. L’auteur présente les opportunités d’application ainsi que les défis futurs de l’analyse des réseaux en archéologie paléohistorique. L’accent est mis sur l’adaptation spécifique de ces méthodes, notamment sur la possibilité de s’émanciper du cadre sociologique dont l’archéologie des réseaux est héritière.

Même en étant extrêmement marginal par rapport au centre du monde arabo-musulman, le Maroc n’a pas été épargné par l’influence du Groupe des Frères Musulmans. En 1969, ce pays connaîtra la naissance du Mouvement de la Jeunesse Islamique (la chabiba), qui va emprunter la même structure. Une dizaine d’années plus tard, la première génération de la chabiba s’éclipsera en faveur d’une jeune génération de leaders et d’idéologues dont le discours est plus au moins réformiste et modéré.

À l’encontre de leurs aînés qui visaient l’islamisation directe de l’État selon le modèle du califat islamique, les new-islamistes marocains prôneront une participation politique pacifique et légale dans le cadre du régime en place. Cette mutation de positions, qui dépendaient d’un long processus de reformulation idéologique et de révisions intellectuelles de la version traditionnelle de l’islamisme, aboutira à la naissance du Parti de la Justice et du Développement (PJD) en 1996, en tant que parti politique de référence islamiste.

Cette présentation se penche les positions de l’islamisme réformiste (à travers le cas du PJD au Maroc) vis-à-vis d’un des concepts clés de l’islamisme qui est l’État islamique. Son objectif est de cerner et analyser la contribution des révisions intellectuelles effectuées par les idéologues de l’islamisme réformiste marocain  à la création d’une nouvelle littérature islamiste qui renonce à la doctrine de l’État islamique en faveur de celle de l’État civique.

Il existe actuellement un débat parmi les islamistes concernant la légitimité religieuse de la démocratie. Ce débat fourni un apport original concernant la question plus large du rapport de l’Islam à la modernité. La plupart des «néo-islamistes» vont signer des écrits sur le thème de la démocratie dans son rapport à l’islam. Cela diffère d’ailleurs grandement de l’aspect absolutiste du cadre de pensée et d’agir des mouvements islamistes de la première génération, lequel empêchait toute possibilité de négociation avec les modèles politiques modernes. En effet, les conceptions des Pères fondateurs de l’islamisme référaient à un modèle tellement absolu que ce dernier se trouvait en contradiction avec tout ce que la raison humaine aurait pu produire en dehors de références religieuses, voire islamique.

Cette présentation réfère à l’expérience du courant de la participation politique au Maroc incarnée par le parti de la Justice et du Développement (PJD), lequel  est au pouvoir depuis 2011. Elle vise à exposer et analyser les rapports ambivalents que ces islamistes entretiennent avec la démocratie. De plus, elle présentera les résultats d’une analyse des documents et des écrits de ses idéologues, ainsi que d’entrevues que nous avons effectuées avec plusieurs de ses leaders au Maroc. Cette analyse  sera appuyée par un cadre théologique référant au concept coranique de la chura (consultation), que l’on présente comme un équivalent ou même une  alternative à celui de démocratie.

Nous proposons d'examiner le processus de construction de Terry Fox en héros national.  Par l'examen de la couverture médiatique et des initiatives de commémoration telles les monuments, films et biographies, nous démontrons que les médias canadiens ont été essentiels à l'héroisation de Fox et, à l'opposé, que les médias québécois n'ont pas participé à ce processus. Nous notons les moments spécifiques où Terry Fox a été transformé de coureur inconnu, en célébrité, puis en héros.

Par ailleurs, nous suggérons que la mémoire publique du héros projète des messages spécifiques qui n'ont jamais été examinés, notamment au sujet de l'idéal masculin et de l'identité canadienne.  En insistant sur le statut héroique de Terry Fox, ceux qui ont le pouvoir de commémorer ont aussi par le fait même imposé leur vision d'une masculinité hégémonique, très intimement liée à une vision de l'identité canadienne.

C'est donc une réflexion sur l'héroisme et le nationalisme que nous proposons avec l'étude de l'histoire de Terry Fox, mais aussi sur l'utilisation du passé à des fins présentes et futures.  C'est une recherche qui est aussi inédite, puisque nous n'avons recensé que très peu de travaux savants sur Terry Fox, et aucun portant sur son histoire et sa mémoire.

En contexte de globalisation, les paysages religieux se diversifient et s'individualisent.  Le Bayefallisme est une branche à l'intérieur de la voie soufie de Mouridiyya (Bava et Gueye, 2001; Babou, 2011). Les disciples Baye Fall (Pézeril, 2008; Audrain, 2004) sont majoritairement sénégalais et renégocient leur rapport aux pratiques islamiques telles que la prière rituelle et le jeûne. Nous avons entamé notre recherche en nous demandant qu'est-ce qu'être Baye Fall. Mais, la majorité de nos informateurs n'affirmaient pas clairement :« Je suis Baye Fall », mais plutôt : « Je veux être Baye Fall ». Que nous dit ce « vouloir-être » (Lemieux, 2003) sur les expériences religieuses vécues (McGuire, 2008)? Cette posture, que nous qualifierons de bayefallisante, nous a tout d’abord semblé problématique pour ensuite devenir notre porte d'entrée. La littérature sur les trajectoires religieuses (Schielke, 2009; Koning , 2013)  a déjà démontré qu'elles ne sont pas linéaires, mais composées de contradictions et de moments d’arrêts où l’on se questionne sur le chemin à emprunter. L'objectif de cette communication est de prouver que ces ambiguïtés peuvent être créées par la qualité réflexive de l'expérience religieuse. Nous présenterons les résultats de notre mémoire de maitrise. Nos données ethnographiques sont issues d'observations participantes et d'entrevues avec des Baye Fall entre 2015 et 2016 à Montréal.

L’avenir de l’islam dépend du débat entre le rigorisme et le réformisme. Le premier se contente de la lettre dans son application de la loi, alors que le deuxième cherche l’enseignement qui se cache derrière l’énoncé du texte. La lettre, sans intelligence humaine, devient dangereuse en raison de la faiblesse de la personne qui l’interprète. Elle peut mettre en péril des sociétés entières. Dans cette tourmente, l’esprit du texte permet de rétablir l’ordre dans la rigidité de la lettre. Pour cette raison, certains des anciens savants de l’islam ont remonté aux fondements du droit et de la jurisprudence pour adapter le texte au contexte. Cela nous amène à poser la question la plus importante sur laquelle se focalise notre recherche: que fait-on lorsque la lettre s’oppose à la finalité de la révélation ? Autrement dit, doit-on trahir le message divin pour appliquer quelques règles difficilement adaptables aux changements des contextes ? Est-il religieusement admissible de soumettre la spiritualité à l’obsession de la règle ?

Pour répondre à ces questions, nous avons adopté une méthodologie basée sur une analyse critique des textes anciens et nouveaux ainsi que sur une enquête de terrain visant à évaluer et analyser les différents discours religieux. Nous avons eu recours également à un ensemble de questionnaires auprès d’un échantillon de la communauté musulmane dans le but de déterminer le degré d’influence de chaque courant.

Les pratiques culturelles d'une population de la Côte-Nord à propos de leur mariage.

Une recherche généalogique menée dans un village Québécois de 500 habitants de la région de la Côte-Nord au Québec a démontré la présence de 131 mariages consanguins réalisés par les descendants des couples fondateurs au cours de 4-5 générations (M. Loiselle 1996). On définit le mariage consanguin comme un mariage entre deux individus ayant au moins un ancêtre commun. Cette pratique matrimoniale n'est pas restreinte qu'à cette région. Selon la revue scientifique médicale britannique The Lancet (2003), plus d'un milliard de personnes dans le monde la pratiquerait. Pour expliquer ces choix conjugaux, l'anthropologue Claude Lévi-Strauss a émis l'hypothèse que les familles humaines auraient respecté des critères de parenté à l'égard du choix du conjoint à la base de la société. Certains parents consanguins auraient été proscrits et d'autres prescrits au mariage. On a observé à l'échelle de la communauté à l'étude un discours paradoxal à l'égard des parents consanguins. Certains d'entre eux étaient reconnus comme parents et d'autres non reconnus ; d'où l'importance de distinguer, dans le cadre de prochains travaux universitaires, les parents que l'on peut épouser et ceux interdits. En d'autres termes, il va s'agir de mettre à jour les critères de parenté que les familles de ce village auraient respectés à l'égard de leurs consanguins.

Les recherches archéologiques qui furent effectuées en Égypte au cours des XXe et XXIe siècles ont permis de mettre au jour une quantité importante de documents papyrologiques et épigraphiques datant de l’Antiquité. Le corpus des textes magiques coptes, qui est constitué de plus de 600 témoins provenant de ces fouilles, offre aux chercheurs une fenêtre par laquelle un aspect important de l'univers religieux des Égyptiens peut être étudié. Il permet de mieux comprendre, dans ses nuances, ses fécondités et ses limites, la transition de la population de l'ancienne religion égyptienne au christianisme, transition qui demeure encore aujourd’hui un sujet complexe. En effet, les papyrus magiques coptes présentent un type d’expériences religieuses que l’on tend à qualifier de « magique ». Celles-ci semblent témoigner, au-delà de l'étiquette qu'on leur attribue et de l’ambiguïté qui les entoure, de la continuité et de la christianisation de certaines pratiques héritées de la piété traditionnelle. Par l’étude de cas de deux manuscrits, l’AMS 9 et le KOPT 686, qui proviennent de périodes charnières de l'histoire religieuse de l'Égypte (c'est-à-dire de l'apogée et du déclin du christianisme et de la langue copte), nous proposons de montrer, dans cette communication, comment certains de ces usages préchrétiens ont survécu et se sont transformés en contexte chrétien et leurs impacts, à l’interne et à l’externe, sur l’Église et son développement en Égypte.

"Messieurs les Anglais, tirez les premiers.". Cette phrase prononcée à la bataille de Fontenoy en 1745 illustre parfaitement le mythe de la "guerre en dentelle", surnom donné de manière péjorative aux guerres du XVIIIe siècle européen, des guerres "courtoises" presque "amusantes" pour la noblesse se livrant à ces jeux guerriers. L'historiographie a pourtant démontré l'absurdité de ce surnom, et l'utilité de replacer ces conflits dans le contexte des mentalités militaires du temps, régies par une éthique militaire quasi institutionnalisée, et reposant sur des codes de courtoisie et de respect mutuels entre les belligérants. Cependant cette éthique militaire, aussi logique soit-elle dans l'esprit des combattants de l'époque, connaissait certaines limites. Cette communication présentera lesdites limites dans le cadre de la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France. Le respect parfois trop zélé de cette courtoisie militaire par les officiers français et britanniques vient parfois s'inscrire à l'encontre d'impératifs tactiques et/ou stratégiques, ce dont ces professionnels de la guerre sont pleinement conscients. S'ensuit alors une constante lutte pour ces officiers européens entre le respect de ces codes de courtoisie inculqués par leur éducation militaire et l'accomplissement des objectifs de la guerre, dans un contexte bien différent de celui des champs de bataille européens.

La construction identitaire des femmes chrétiennes en Haïti est un travail de recherche qui s'est réalisée sous un double angle. Il s'agit en fait d'étudier ce processus identitaire au regard des valeurs bibliques et religieuses, également sous l'angle d'une problématique de genre. L'intérêt est d'explorer comment la femme chrétienne arrive à être ce qu' elle se déclare être ? En cela, l'étude se positionne du côté d'un rapport dialectique entre l'individu et les identités collectives (Lenclud, 2008; Ollivier, 2009). Car l'individu étant le résultat d'une dynamique sociale, d'une socialisation. Il est la résultante d'une inéluctable interaction. Toutefois, l'individu ne constitue pas une réalité amorphe, il est co-auteur de sa définition de soi. Car bien que l'individu ne peut se soustraire de l'influence des identités collectives (Dubar, 2007; Lenclud, 2008; Ferrarese, 2009), il peut cependant se distinguer de temps en temps. Donc, il peut se subjectiver et se singulariser (Elias, 1939 cité par Pesche 2005; Kaufmann, 2004; Dubar, 2007).                  S'inscrivant dans une démarche qualitative, le résultat de l'enquête réalisée auprès de douze femmes d'obédience chrétienne a permis de comprendre que la définition de celles-ci peut être classée en trois catégories : 1) internalisation des valeurs religieuses 2) adhérence et discussion des valeurs religieuses 3) contestation des valeurs religieuses. 

Au temps du semi-nomadisme, les sociétés algonquiennes du Nord-Est passaient la majeure partie de l'année dispersées en petits groupes de deux à cinq familles. Connue dans la littérature comme le groupe de chasse familial, cette formation a occupé une place centrale dans le développement des théories sur l'organisation sociale algonquienne et a permis de distinguer deux types de systèmes fonciers. L'un s'effectuerait au sein du groupe de chasse, l'autre relèverait d'un niveau d'organisation supra-local appelé la bande. Malgré la polysémie affligeant le concept de bande, les recherches convergent pour dire que l'organisation sociale qui caractérise cette époque est immensément flexible, tout particulièrement au-delà du groupe de chasse. Incapables de trouver des règles qui déterminaient son appartenance, on a conclu que pour définir rigoureusement la bande il fallait la fixer dans le temps.

Nonobstant l'accent mis dans la littérature sur cette flexibilité, nous démontrerons que le discours anthropologique sur leur organisation sociale est mu par une logique que nous dirons fédérative en ce sens qu'elle postule l'emboîtement mécanique d'unités sociales minimales en une unité plus inclusive. Nous argumenterons que cette vision sous-jacente pose obstacle à la comparaison rigoureuse des deux types de système foncier, car elle interdit la formulation de concepts capables d'appréhender cette flexibilité et donc de discourir sur l'organisation supra-locale.

Cette étude traitera de l’influence de l’Internet sur la construction de l’identité chez les jeunes musulmans canadiens. Sur le plan de la méthodologie, nous avons adopté une approche qualitative basée sur des entrevues avec des musulmans vivant au Canada, sur l’analyse des sites Web fréquentés par nos participants et sur une revue de littérature.

Pour certains, l’Internet offre un espace de liberté et d’interaction où plusieurs interprétations de l'islam, et nombre de modes de vie islamiques peuvent être s'articulés et débattus. Il facilite les nouvelles façons d'imaginer les différentes significations du mot « Musulman » dans le monde d’aujourd'hui. Pour d’autres, il participe à l’occidentalisation de l’islamité des jeunes musulmans canadiens.

Notre analyse consistera à appréhender le processus de construction des différentes représentations d'une identité musulmane élaborées à travers des interactions réel et virtuel avec des individus et des groups en ligne. Cette contribution à pour but de (1) analyser le concept de l’identité musulmane dans son contexte actuel, de (2) clarifier le rôle d’Internet dans le quotidien des jeunes musulmans, et (3) de contribuer aux débats publics sur des questions de l’islamité, l’intégration, l’appartenance, et du vivre-ensemble au Québec et au Canada.

Mots clés : identité; internet; islam; islamité; Canada.

Le P. CrumST 400 est un texte magique copte daté entre le VIe et le IXe siècle de notre ère. Cet ostracon, édité par Walter Ewing Crum en 1921, présente une version différente des noms des 24 anciens du livre de l’Apocalypse. Bien que l’utilisation du nom de personnages bibliques soit assez commune dans les textes magiques coptes à des fins de protection et de guérison, le P. CrumST 400 pose plusieurs problèmes quant à l’identification, déjà compliquée, des 24 anciens et quant à l’utilisation de leur nom dans un contexte rituel. Dans cette communication, nous nous proposons de retracer, à travers la méthode historico-critique et la philologie, les différentes traditions liées à l’identification des 24 anciens de l’Apocalypse durant l’Antiquité tardive en Égypte, tout en tentant d'y situer le P. CrumST 400 et les variations qu'il propose.

Avec ce que l’on appelle communément le printemps arabe depuis un an, nous entrons dans une nouvelle ère, qualifiée de moderne, en ce qui concerne les sociétés musulmanes. Or presque l’ensemble du monde musulman dans sa globalité a souvent manifesté – et manifeste toujours –  une sorte de malaise profond à l’égard de la Modernité occidentale et ses idées. Ce malaise semble témoigner du fait que cette Modernité n’ait pas été comprise dans sa nature épistémologique et philosophique propres et dans son contexte historique des Lumières, mais plutôt comme un danger, une agression et un complot des forces occultes, d’autant plus que qu’elle a indéniablement infligé, en particulier au cours des deux derniers siècles et par le biais du colonialisme, des transformations traumatisantes aux traditions et aux manières de vivre et de penser des pays musulmans. Ainsi, la Modernité dérange ces traditions, les bouscule, crée des distorsions, et provoque des résistances, et ce en dépit du fait qu’elle s’avère, dans notre monde pluriel et globalisé, une réalité patente que l’on ne peut contourner. Dans ce contexte de printemps arabe, quelles perspectives d’avenir pourrait-on envisager pour ces sociétés musulmanes, dont la jeunesse majoritaire et moderne se montre désireuse des acquis de le Modernité occidentale ? La question s’avère à la fois vaste et cruciale, et l’ambition de cette communication sera d’y apporter quelques pistes de réflexions, et quelques éléments de réponses.