Des études récentes remettent en question la tradition interprétative qui voit dans le premier chapitre de l'Évangile de Matthieu l’affirmation d’une conception virginale sans agent masculin[1]. Cette communication propose de faire une synthèse de cette remise en question autour de quatre points: 1) la raison de la présence des femmes dans la généalogie de Jésus, 2) l’interprétation de « engendré par l’esprit » (Mt 1,18. 20), 3) l’interprétation de παρθένος (vierge) dans la citation d’Is 7,14 en Mt 1,23 et 4) la raison de l’abstinence de relations sexuelles avant la naissance (Mt 1,25).
Par l’analyse de la réponse du lecteur (reader response), nous allons étudier le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu pour voir que l’interprétation traditionnelle de la virginité de Marie n’est pas la seule lecture possible. Cette méthode a pour objet l’étude de l’effet du texte chez le lecteur.
La conclusion de cette étude est que ce récit ne donne pas une affirmation explicite de la conception virginale de Jésus. Ainsi, le lecteur de l’Évangile de Matthieu peut aussi bien comprendre que Jésus n’a pas de père humain ou qu’un autre homme que Joseph était son père biologique. Le texte de Matthieu présente assez d’ambiguïtés pour soutenir les deux interprétations pourtant opposées.
[1]Schaberg, Jane, « Feminist interpretations of the infancy narrative of Matthew », 2005. et Andrew T. Lincoln , « Contested paternity and contested readings: Jesus' conception in Matthew 1.18-25 », 2012.