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Cette communication en histoire immédiate, s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’étude des nouveaux conflits, la culture et l’emploi des forces militaires françaises, en prenant l’exemple de son engagement en Afghanistan. Nous postulons à la grande importance des savoir-faire du génie en situation de contre-insurrection. S’articulant, entre autres, autour d’un riche corpus de recueil de récits de vies de vétérans, cette recherche primée (Prix d'histoire militaire 2014 du Ministère de la Défense) est la première étude historique globale sur l’engagement de l’armée française dans ce pays. Notre communication propose d’aborder à la fois la méthodologie et la conduite de ce projet de recherche en histoire immédiate et ses résultats. Nous mettrons en lumière les différentes étapes de l’engagement français, l’adaptation de l’arme du génie aux conditions changeantes des combats mais aussi les expériences contrastées des hommes et des femmes qui ont vécus cette opération extérieure, quatrième génération du feu après celle de la guerre d’Algérie (1954-1962). L'opération extérieure en Afghanistan met à jour une nouvelle culture de guerre au sein de l'armée française et souligne d'importantes mutations à l'oeuvre en son sein.

Cette recherche porte sur la compréhension du phénomène de la conversion des québécois montréalais à l’islam à partir de leur perception et leur conviction vis-à-vis le monde des religions. D’une part, elle tente d’identifier les facteurs principaux qui dévoilent les motifs sociologiques qui ont poussé certains québécois à choisir cette religion orientale comme référence religieuse, après avoir été affiliés pendant des siècles au christianisme, notamment par sa bronche catholique depuis la présence des franco-européens de la nouvelle France jusqu’à ce jour. 

D’une autre part, nous visons à vérifier, par leur culture héritée de la socialisation occidentale, et celle de la nouvelle religion adoptée, à mettre en lumière, leur éventuelle contribution intermédiaire positive, à corriger ou ajuster la fausse image attribuée à l’islam et aux musulmans à travers une nouvelle lecture d’un islam québécois configuré et adapté aux normes et aux valeurs de la majorité de la société d’accueil.   

Au Québec, nous abordons le phénomène de la conversion à l’islam au cœur des débats sur le retour du fait religieux au sein de la sphère publique après avoir été engourdi avant qu'il émerge en tant qu'un vecteur à effet mondial en devenant un thème d’actualité, et qui s’observe particulièrement dans les couvertures médiatiques et les articles journalistiques quand il s’agit, surtout, des cas de conversions radicales.

Le Sénégal, avec plus de 94 % de musulmans, est l'un des pays les plus islamisés d'Afrique noire. Les populations de ce pays de l'Afrique occidentale pratiquent majoritairement un islam soufi fondé sur des valeurs socioculturelles. Il y est noté une cohabitation pacifique et une entente diplomatique entre le spirituel et le temporel. Cependant, on observe depuis une vingtaine d'années une montée en puissance des tensions entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique au sujet des questions reliées aux droits des femmes (Sow : 1997; Sarr : 2016; Brossier : 2004). Cet article vise à problématiser les rapports et dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir d'un cas spécifique de la loi sur la parité au Sénégal. Ainsi, les objectifs consistent à démontrer les dynamiques et blocages notés dans l'application intégrale de la loi sur la parité. Notre méthodologie consiste à analyser les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir des théories intersectionnelles sur le cas spécifique de la parité (Bilge : 2009; 2014, Kergoat : 2009, Bachand : 2014). Les résultats finaux ont montré que l'islamisation de la société sénégalaise et le manque de neutralité de l'État vis-à-vis des hommes et des femmes constituent un frein à l'émancipation de leurs droits (Mbow : 2011; Ndiaye : 2012). L'article a contribué davantage à éclaircir les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir de plusieurs variables. 

Mots clés : femmes, islam, État, parité

Des femmes de culture hindoue ou néo-hindoue ont récemment affirmé incarner pour le monde occidental spécialement « la Mère divine » : comment expliquer ce phénomène culturel hybride qui a pris une soudaine ampleur au XXe siècle depuis la Française Mirra Alfassa (1878-1973) dite "la Mère", jusqu’aux personnages de Mata Amritananda Mayi et Mère Meera parfois présentes au Québec de nos jours ?

Cette communication mettra en relief une généalogie historique et sociale de cette hybridation indo-occidentale de "la Mère divine" en prenant à témoin la pensée d’Aurobindo (1873-1950) qui part en 1905 d’une diffusion de la figure de Bharat Mata (la Mère Inde), déesse elle-même forgée dans un contexte de lutte pour l’indépendance indienne. Sa pensée de « la Mère divine » se métamorphose après 1908, afin d’impulser une émancipation universelle de la conscience humaine. Reconnaissant en Mirra Alfassa sa compagne spirituelle et « la Mère divine» en 1926, il prolonge ainsi la reconstruction d’un
hindouisme occidentalisé, initiée par Ramakrishna et Vivekananda.

Mirra Alfassa s’appropria de son côté cet hindouisme occidentalisé en s’efforçant de performer la figure de « la Mère divine» ce qui inspira notamment Kamala Redy (1960-) dite Mère Meera par la suite.

Ceci est l’occasion de montrer comment la tradition religieuse multiforme de l’Inde est capable de nos jours de se métamorphoser de manière vivante pour s’insérer dans un contexte mondialisé en interaction avec d’autres formes culturelles.

Il existe actuellement un débat parmi les islamistes concernant la légitimité religieuse de la démocratie. Ce débat fourni un apport original concernant la question plus large du rapport de l’Islam à la modernité. La plupart des «néo-islamistes» vont signer des écrits sur le thème de la démocratie dans son rapport à l’islam. Cela diffère d’ailleurs grandement de l’aspect absolutiste du cadre de pensée et d’agir des mouvements islamistes de la première génération, lequel empêchait toute possibilité de négociation avec les modèles politiques modernes. En effet, les conceptions des Pères fondateurs de l’islamisme référaient à un modèle tellement absolu que ce dernier se trouvait en contradiction avec tout ce que la raison humaine aurait pu produire en dehors de références religieuses, voire islamique.

Cette présentation réfère à l’expérience du courant de la participation politique au Maroc incarnée par le parti de la Justice et du Développement (PJD), lequel  est au pouvoir depuis 2011. Elle vise à exposer et analyser les rapports ambivalents que ces islamistes entretiennent avec la démocratie. De plus, elle présentera les résultats d’une analyse des documents et des écrits de ses idéologues, ainsi que d’entrevues que nous avons effectuées avec plusieurs de ses leaders au Maroc. Cette analyse  sera appuyée par un cadre théologique référant au concept coranique de la chura (consultation), que l’on présente comme un équivalent ou même une  alternative à celui de démocratie.

Nous proposons d'examiner le processus de construction de Terry Fox en héros national.  Par l'examen de la couverture médiatique et des initiatives de commémoration telles les monuments, films et biographies, nous démontrons que les médias canadiens ont été essentiels à l'héroisation de Fox et, à l'opposé, que les médias québécois n'ont pas participé à ce processus. Nous notons les moments spécifiques où Terry Fox a été transformé de coureur inconnu, en célébrité, puis en héros.

Par ailleurs, nous suggérons que la mémoire publique du héros projète des messages spécifiques qui n'ont jamais été examinés, notamment au sujet de l'idéal masculin et de l'identité canadienne.  En insistant sur le statut héroique de Terry Fox, ceux qui ont le pouvoir de commémorer ont aussi par le fait même imposé leur vision d'une masculinité hégémonique, très intimement liée à une vision de l'identité canadienne.

C'est donc une réflexion sur l'héroisme et le nationalisme que nous proposons avec l'étude de l'histoire de Terry Fox, mais aussi sur l'utilisation du passé à des fins présentes et futures.  C'est une recherche qui est aussi inédite, puisque nous n'avons recensé que très peu de travaux savants sur Terry Fox, et aucun portant sur son histoire et sa mémoire.

En contexte de globalisation, les paysages religieux se diversifient et s'individualisent.  Le Bayefallisme est une branche à l'intérieur de la voie soufie de Mouridiyya (Bava et Gueye, 2001; Babou, 2011). Les disciples Baye Fall (Pézeril, 2008; Audrain, 2004) sont majoritairement sénégalais et renégocient leur rapport aux pratiques islamiques telles que la prière rituelle et le jeûne. Nous avons entamé notre recherche en nous demandant qu'est-ce qu'être Baye Fall. Mais, la majorité de nos informateurs n'affirmaient pas clairement :« Je suis Baye Fall », mais plutôt : « Je veux être Baye Fall ». Que nous dit ce « vouloir-être » (Lemieux, 2003) sur les expériences religieuses vécues (McGuire, 2008)? Cette posture, que nous qualifierons de bayefallisante, nous a tout d’abord semblé problématique pour ensuite devenir notre porte d'entrée. La littérature sur les trajectoires religieuses (Schielke, 2009; Koning , 2013)  a déjà démontré qu'elles ne sont pas linéaires, mais composées de contradictions et de moments d’arrêts où l’on se questionne sur le chemin à emprunter. L'objectif de cette communication est de prouver que ces ambiguïtés peuvent être créées par la qualité réflexive de l'expérience religieuse. Nous présenterons les résultats de notre mémoire de maitrise. Nos données ethnographiques sont issues d'observations participantes et d'entrevues avec des Baye Fall entre 2015 et 2016 à Montréal.

Des études récentes remettent en question la tradition interprétative qui voit dans le premier chapitre de l'Évangile de Matthieu l’affirmation d’une conception virginale sans agent masculin[1]. Cette communication propose de faire une synthèse de cette remise en question autour de quatre points: 1) la raison de la présence des femmes dans la généalogie de Jésus, 2) l’interprétation de « engendré par l’esprit » (Mt 1,18. 20), 3) l’interprétation de παρθένος (vierge) dans la citation d’Is 7,14 en Mt 1,23 et 4) la raison de l’abstinence de relations sexuelles avant la naissance (Mt 1,25).

Par l’analyse de la réponse du lecteur (reader response), nous allons étudier le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu pour voir que l’interprétation traditionnelle de la virginité de Marie n’est pas la seule lecture possible. Cette méthode a pour objet l’étude de l’effet du texte chez le lecteur.

La conclusion de cette étude est que ce récit ne donne pas une affirmation explicite de la conception virginale de Jésus. Ainsi, le lecteur de l’Évangile de Matthieu peut aussi bien comprendre que Jésus n’a pas de père humain ou qu’un autre homme que Joseph était son père biologique. Le texte de Matthieu présente assez d’ambiguïtés pour soutenir les deux interprétations pourtant opposées.

 [1]Schaberg, Jane, « Feminist interpretations of the infancy narrative of Matthew », 2005. et Andrew T. Lincoln , « Contested paternity and contested readings: Jesus' conception in Matthew 1.18-25 », 2012.

Je consacre mon projet de recherche doctoral aux expériences subjectives (les vécus) et aux perspectives de femmes bruxelloises, beyrouthines et montréalaises de confession musulmanes de toutes orientations islamiques confondues quant à la radicalisation violente liée à la montée de Daesh (ISIS) en 2011 et aux pressions en tout genre qu'elles subissent depuis l’avènement et l’hyper-visibilité de Daesh. Les participantes rencontrées (n=92) ont des parcours très diversifiés comme par exemple des mamans ayant leurs enfants engagés sur les fronts syriens avec Daesh ou contre Daesh, ou encore des femmes ayant des difficultés à trouver un emploi à cause, estiment-elles, d’une islamophobie s’intensifiant depuis l’existence de Daesh. J’aborderai dans ce congrès l’importance des dialogues et des échanges de connaissances inter-religieuses et inter-sociales que certaines de mes interviewées de ma recherche doctorale fréquentent. Je relaterai les raisons qui ont poussées mes interviewées à fréquenter deux groupes sociaux précis mais aussi les répercussions de ces deux groupes sociaux sur leurs vies respectives. Premièrement, j’aborderai le cas d’un groupe bruxellois de connaissance inter-religieux fréquenté entre autres par des personnes de toutes confessions ou sans confessions qui se retrouvent pour discuter. Et deuxièmement, j’aborderai le cas d’un groupe de connaissance inter-sociale bruxellois composé de mamans et de papas ayant un enfant ou un proche rallié à daesh.

Je suis enseignante en philosophie au Cégep de Saint-Félicien depuis 2010. Il y a environ six ans, ma vision de la discipline, telle qu’enseignée à ce moment, a été bousculée par des rencontres et des prises de conscience qui ont fait naître plusieurs collaborations et projets de recherche institutionnels interdisciplinaires. Afin de rendre les résultats des conclusions de ces différentes recherches accessibles et de poursuivre la réflexion sur les fondements épistémiques et éthiques de l’enseignement de la philosophie au collégial, j'ai poursuivi la réflexion à la Maîtrise en études et interventions régionales, programme interdisciplinaire disponible à l’UQÀC (titre du mémoire : Pour un enseignement de la philosophie déhiérarchisé, interculturel et interdisciplinaire : Analyse d’une pratique particulière). La problématique centrale du mémoire étant : « Comment intégrer plus de diversité dans les cours de philosophie au collégial ? », pour parvenir à y répondre, en joignant les acquis des dernières années et en poursuivant les recherches entamées, j’ai opté pour une méthodologie praxéologique hybride : je suis partie de ma pratique et ses changements comme éléments centraux d’objet d’analyse. Ce sont les conclusions de ces six années de réflexions que je souhaite partager à mes collègues ainsi que les suites amorcées face aux constats recensés dans le prochain projet de recherche (projet de doctorat en cours).

Le Québec, société vieillissante se distingue par le caractère multiethnique et multireligieux de sa population. Certains aînés vulnérables utilisent les services de santé et sociaux pour répondre à leurs besoins en vue d’un vieillissement «réussi». Pour d’autres, la spiritualité est une stratégie sur laquelle ils s'appuient pour faire face à la maladie et rechercher du bien-être. Cet aspect est souvent ignoré dans la tradition médicale occidentale. Les pratiques de santé restent dominées par une approche biomédicale où les soins de santé reposent sur des activités thérapeutiques.Des enquêtes récentes mentionnent qu’en contexte d'immigration, la spiritualité pourrait avoir un caractère plus significatif et influencer la conception de la santé et des soins psychosociaux des aînés immigrants, et leur vie sociale en général.

Cette communication est le résultat préliminaire de ma recherche exploratoire en cours. J'ai interrogé 45 personnes de 8 communautés ethniques du Québec, âgées de 65 à 84 ans, sur le sens qu'elles donnent à la spiritualité et le lien qu'elles font entre la spiritualité et la santé. L'analyse partielle de leurs discours montre que la spiritualité reste un concept polysémique difficile à définir. La plupart des aînés estiment qu’il y a un lien direct entre la spiritualité et la santé. La spiritualité apparaît comme une stratégie d'adaptation possible face au sentiment de finitude ressenti avec l'avancée en âge, et les pertes qui accompagnent le vieillissement.

La visibilité accrue des communautés musulmanes dans les sociétés occidentales engendre un choc des valeurs et des pratiques sociales et politiques notamment envers la laïcité et l’égalité femmes-hommes. Certaines pratiques liées à l’islam sont perçues comme menaçantes à l’égard des acquis démocratiques, libéraux, laïcs et féministes. Cette prétendue incompatibilité entre les valeurs de l’islam et celles des sociétés occidentales pose une remise en question quasi systématique des choix que font les femmes qui s’identifient à l’islam (foi ou culture). Le port du hijab est un exemple significatif qui occupe régulièrement les fils d’actualité. La recherche met en lumière la perception des femmes intellectuelles francophones musulmanes quant à la conciliation de leur foi, leur culture et leur citoyenneté dans un contexte libéral et sécularisé. Une étude comparée entre la France et le Québec est réalisée en utilisant l’analyse documentaire afin de décrire les pensées développées par huit intellectuelles francophones musulmanes québécoises et françaises. Au-delà des spécificités reliées aux perceptions et aux visions de chacune d’elles, la recherche a permis de dégager trois constats généraux qui ont une influence sur leurs perceptions et leurs visions : (1) chaque femme a une relation différente et singulière avec l’islam (type, place occupée dans sa vie, etc.); (2) chaque femme a un parcours de vie singulier; (3) l’importance de l’influence du milieu d’accueil.

L’Antiquité tardive est largement reconnue comme une époque peu féconde en ce qui a trait à la philosophie politique.  Peu d’auteurs s’y consacrent et, s’ils le font, c’est dans un cadre chrétien et dans une perspective de glorification du régime impérial (à travers des panégyriques).  Or, un texte anonyme du VIe siècle, le Dialogue de science politique contredit ces deux points de vue.  Peu étudié, jamais traduit en français, le texte est néanmoins d’un grand intérêt.  Bien qu’il ait été transmis sous forme fragmentaire (un livre complet et la fin d’un autre sur un total de six), il peut nous éclairer sur la persistance de la philosophie politique classique dans l’Antiquité tardive.   

L'Antiquité tardive est en outre traditionnellement perçue comme une époque où l'empereur est tout-puissant, où on n'accorde plus d'importance au pouvoir du peuple et du Sénat.  Contre cette idée, le texte montre l'existence d'un courant politique qui prône l'encadrement du pouvoir de l'empereur et qui vise à rehausser le rôle du Sénat dans les différents aspects du pouvoir.  C'est donc un point de vue sénatorial qui y est présenté. Cette présentation visera à exposer les différentes caractéristiques du texte (la méthode et les idées proposées) et ainsi, à travers l'allusion à d'autres textes du VIe siècle (Jean le Lydien, Zosime, Procope), à reconstruire un courant politique dont l'importance est souvent sous-estimé dans l'historiographie.

Notre communication examinera le sujet de la reconnaissance juridique des Métis au Canada. Nous explorerons plus particulièrement l’instrumentalisation du test juridique Powley s’agissant de la délimitation de l’identité métisse par certaines organisations autochtones. Notre communication se penchera sur un document issu d’une organisation expliquant le refus de la demande d’adhésion d’un « Métis » selon des critères identitaires. Nous verrons comment cette exclusion est justifiée à la fois selon le jugement Powley et la notion d’une territorialité nationale métisse, qui exclut les ancêtres de la personne en question. Comme nous le démontrerons, un examen plus minutieux du cas Powley mène pourtant—si nous devions appliquer cette même notion de territorialité nationale métisse—à l’exclusion identitaire des frères Powley eux-mêmes. Notre exemple suivi d’une discussion servira à illustrer les tensions et les problèmes issus de l’instrumentalisation de critères juridiques par certains acteurs politiques plongés au coeur de négociations souvent difficiles au sujet d’une identité autochtone en pleine effervescence.

Comment cibler des relations significatives à l’intérieur d’une base de données archéologiques? Comment visualiser intuitivement des relations complexes entre ces diverses données? Quelle est l’utilité d’explorer les propriétés relationnelles de la culture matérielle paléohistorique?

Ces trois questions permettent d’introduire une méthodologie simple de traitement de données qui démontre la pertinence d’appliquer certains outils et concepts de la science des réseaux aux sciences humaines et sociales. L’auteur présente une démarche méthodologique de visualisation d’un réseau archéologique technologique, ses résultats finaux et les nouvelles questions qui en émergent. Fondée sur l’analyse macroscopique visuelle de milliers d’artefacts en pierre taillée découverts dans la vallée des rivières des Outaouais, du Lièvre et Rouge, cette méthodologie innovante permet d’explorer des questions de nature sociale et culturelle. L’auteur présente les opportunités d’application ainsi que les défis futurs de l’analyse des réseaux en archéologie paléohistorique. L’accent est mis sur l’adaptation spécifique de ces méthodes, notamment sur la possibilité de s’émanciper du cadre sociologique dont l’archéologie des réseaux est héritière.

Même en étant extrêmement marginal par rapport au centre du monde arabo-musulman, le Maroc n’a pas été épargné par l’influence du Groupe des Frères Musulmans. En 1969, ce pays connaîtra la naissance du Mouvement de la Jeunesse Islamique (la chabiba), qui va emprunter la même structure. Une dizaine d’années plus tard, la première génération de la chabiba s’éclipsera en faveur d’une jeune génération de leaders et d’idéologues dont le discours est plus au moins réformiste et modéré.

À l’encontre de leurs aînés qui visaient l’islamisation directe de l’État selon le modèle du califat islamique, les new-islamistes marocains prôneront une participation politique pacifique et légale dans le cadre du régime en place. Cette mutation de positions, qui dépendaient d’un long processus de reformulation idéologique et de révisions intellectuelles de la version traditionnelle de l’islamisme, aboutira à la naissance du Parti de la Justice et du Développement (PJD) en 1996, en tant que parti politique de référence islamiste.

Cette présentation se penche les positions de l’islamisme réformiste (à travers le cas du PJD au Maroc) vis-à-vis d’un des concepts clés de l’islamisme qui est l’État islamique. Son objectif est de cerner et analyser la contribution des révisions intellectuelles effectuées par les idéologues de l’islamisme réformiste marocain  à la création d’une nouvelle littérature islamiste qui renonce à la doctrine de l’État islamique en faveur de celle de l’État civique.

Toute vie humaine est complexe, les expériences diverses; comment aborder le récit autobiographique quand le sujet construit lui-même sa propre version, et que l’intervieweur, en plus d’écouter attentivement, a la responsabilité de l’interprétation? Face à l’illusion, fausse, que le récit autobiographique se génère de façon quasi spontanée, et que l’analyse est univoque, surgissent l’obligation d’un enrichissement théorique, le recours à la méthodologie, l’appui de disciplines. La communication fait état des dilemmes affrontés lors de l’analyse des récits autobiographies de sept étudiants sortis de conditions de vie sociale très défavorables pour acquérir une formation universitaire. Un garçon travaillant aux champs; une fille d’ouvrière; un jeune vendeur dans un débit d’alcool; une maman adolescente; une fille d’un père acholique; l’ainée de neuf frères et sœurs, à soigner au détriment de son éducation; une fille avec une incapacité congénital. Seuls points communs entre eux, la vulnérabilité et le succès. Objectivité? Subjectivité ou intersubjectivité? Analyser la narration par fragments ou encore recomposer l’expérience de vie phénoménologiquement? Univocité? Plurivocité? Équivocité? Appartenance de classe, sujet, personne, individu, avec sa réalité propre, ses choix, ou bien produit social? Culture acquise, incorporée, assimilée, exprimée? La sociologie, l’anthropologie et la psychologie s’imbriquent quand il s’agit d’élucider le sens d’une vie humaine. 

La thèse que nous défendons analyse l’agentivité spécifique des systèmes intelligents, comme agent moral, afin de déterminer quelles seraient les conditions de possibilité d’un comportement vertueux de leur part. L’autonomie de ces systèmes se développe rapidement, entraînant une complexification de leur agentivité et intensifiant leur impact sur la société. Or, pour le moment, bien que ces machines soient capables de prendre des décisions, ils ne font pas appel à un raisonnement moral, lorsqu’ils effectuent une tâche. Par exemple, les voitures autonomes fonctionnent et agissent pour la protection des individus. Mais elles ne connaissent pas encore, la portée morale de leurs gestes. Pourtant, elles font des choix de vie et de mort et sont donc confrontées à des dilemmes moraux. Par ailleurs, les capacités sensorielles de ces systèmes ne sont pas encore adaptées à ce qui relève de l’éthique humaine. Pour contrer ces impasses, nous émettons l’hypothèse selon laquelle, il existe une analogie entre l’apprentissage moral de la vertu et l’apprentissage profond des machines, de telle sorte qu’il serait possible de développer un apprentissage moral de l’intelligence artificielle. Sous forme d’essais et d’erreurs et avec plus ou moins de supervision, les couches neuronales artificielles parviendraient à une reconnaissance du bien et du mal, dans le but de forger un caractère vertueux. On conçoit alors la perfectibilité morale des machines, grâce à l’apprentissage profond.

Le concept de «résonance» est  abondamment utilisé par les chercheurs des sciences sociales et humaines autant que les spécialistes des sciences physiques. Sa polyvalence étonne. Cette qualité n'en fait-elle pas en même temps un formidable outil de dialogue entre les différents champs du savoir. Mais qu'est-ce que la résonance ? Quelle réalité recouvre-t-elle? Qu'est-ce qui explique son pouvoir de séduction-évocation auprès des penseurs ? La biologie a montré que le corps est une immense caisse de résonance. La «nouvelle» physique avec sa théorie des cordes bouleverse déjà notre conception de la matière, de l'espace et du temps. Elle propose un modèle de particules semblables à d'infinis bouts de ficelles qui entrent en résonance. La géographie doit intégrer ces nouveaux développements dans ses modèles.

Quiconque se penche sur la question conservatrice se bute à quelques embûches, dont a) le peu de littérature savante consacrée à la circonscription conceptuelle du mouvement conservateur et b) la proposition répandue voulant que les dispositions conservatrices ne se théorisent pas. Il apparaît ainsi difficile de définir le rôle que le conservateur canadien confère à la raison, comme dispositif capable de discriminer le bien du mal, et tout aussi laborieux de circonscrire les formes de justice disponibles à l’esprit conservateur. De cette tension se dégage une question fondamentale : à travers l’histoire canadienne, quel rôle les conservateurs ont-ils octroyé à la raison et quelle forme de justice s’en est trouvée instituée? Pour répondre à cette question symptomatique du rapport ambigu des conservateurs à l’éternelle distinction « bien/mal » et au mécanisme capable de les départager, nous procèderons à une analyse du discours conservateur dans l’histoire canadienne depuis la Confédération jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Diefenbaker. Nous défendrons l’hypothèse selon laquelle le conservatisme s’assoit sur une épistémologie particulariste incapable de séparer le bon grain de l’ivraie avec méthode et système, mais que les formes de justice promues par elle ne s’en trouvent étonnamment pas moins définies. Nous en tirerons quelques conclusions pour la philosophie politique canadienne à partir du travail conceptuel entamé par Oakeshott (1962), Freeden (1996) et Dart (2004).

L’instauration des frontières en Afrique permet l’appropriation, la transformation des ressources naturelles et des hommes des territoires africains au bénéfice de l’Europe. La délimitation des frontières coloniales ne débouche-t-elle pas sur un genre nouveau? Les problèmes africains ne proviennent-ils pas des difficultés suscitées par les frontières? 

Cette étude tente de montrer par des méthodologies sociocritique et historique que l’imposition des frontières coloniales en Afrique détruit les communautés ethno-tribales. Sa spécificité tient au fait que ces frontières sont les principales détentrices de la puissance technique et politique dont le rôle est de maintenir l’exploitation. Comme résultats, les contradictions présentes en Afrique résultent de l’impossible dépassement des conséquences du découpage des frontières coloniales produit par l’Europe. La première conséquence de cette délimitation est la partition européocentrique déterminant toutes les relations entre les communautés ethno-tribales et les sociétés européennes. La seconde conséquence de cette délimitation relève du fait que les États africains sont totalement soumis à la société techno-économique d’Europe et ont créé une société dans laquelle les rapports hérités du passé colonial sont des rapports politiques. Du coup, ces États africains sont illégitimes. Ils ne peuvent pas surmonter les crises politiques qui les minent, ni les conflictuelles relations de dépendance qu’ils entretiennent avec l’Europe.

Qu’est-ce qu’une raison d’agir ? Comment doit-on concevoir sa nature et sa fonction ? Le débat quant à la nature des raisons oppose les théories mentalistes, selon lesquelles les raisons sont constituées de croyances et de désirs, aux théories factualistes, qui considèrent qu’elles sont constituées par des faits. Maria Alvarez (2010) a récemment défendu une version du factualisme qui soulève plusieurs problèmes, d’ailleurs susceptibles d’affecter les théories factualistes en général. Le débat quant à la nature des raisons soulève des questions plus spécifiques sur leur fonction. On admet généralement que les raisons peuvent jouer trois rôles : elles peuvent être motivantes, explicatives ou normatives. La conception mentaliste s’accomode plutôt bien de cette tripartition. Mais qu’advient-il, au sein d’un modèle factualiste, de cette tripartition ? Pour Alvarez, celle-ci demeure pertinente puisque les faits peuvent être à la fois motivants, explicatifs et normatifs. Or, le cas des fausses croyances, non factuelles, pose un problème majeur : celles-ci sont suspectibles de motiver et d’expliquer les gestes de l’agent, sans pour autant être des raisons. Il y a manifestement discordance entre la théorie factualiste quant à la nature des raisons et la tripartition classique quant à leur fonction. Laquelle doit céder le pas à l’autre ? J’entends suggérer que c’est l’usage fonctionnel que l’on fait des raisons qui doit guider toute théorisation métaphysique quant à leur nature.

Les données relatives à la division des hémisphères cérébraux sont l'apport scientifique le plus pertinent pour le débat philosophique sur l'identité personnelle. Dans les années 60-70, des chercheurs ont observé que, lorsqu'on procédait à l'ablation du corps calleux assurant le transfert d'information entre les hémisphères, chaque hémisphère semblait avoir ses propres perceptions et intentions indépendantes. La division du cerveau donnerait donc lieu à une division de la conscience et de la personne. Derek Parfit, notamment, s'est appuyé sur cette apparente divisibilité de la personne pour défendre que nous sommes des êtres distincts de l'organisme vivant, n'ayant qu'une existence conceptuelle. Cependant, des expérimentations récentes contestent les résultats précédents, concluant que malgré que la division cérébrale donne effectivement lieu à une division de l'information perceptuelle accessible à chaque hémisphère, elle ne porte pas atteinte à l'unité de la conscience (Pinto 2017). La division des hémisphères ne fournirait donc pas de raison suffisante pour distinguer la personne de l'organisme et justifier le réductionnisme de Parfit. Pour cette présentation, nous proposons d'examiner les résultats de ces expérimentations, leurs implications philosophiques, de sorte à rétablir la possibilité que la conscience et la personne soient profondément rattachées à l'organisme vivant. Nous défenderons que nous sommes des animaux, ayant une existence réelle plutôt que conceptuelle.

Introduction :

L’IA est de plus en plus adoptée par les systèmes de santé. Cependant, des enjeux (éthiques, juridiques, sociaux et politiques) émergent pour diverses parties prenantes. L’enjeu qui nous intéresse est la responsabilité. Nous nous intéressons à savoir comment ce concept est discuté, défini et abordé dans la littérature relative à l’utilisation de l’IA en santé.



Méthode :

Nous avons effectué une revue de portée de la littérature sur la responsabilité de l’IA en santé (janvier 2017 et janvier 2022, inclusivement). Six bases de données électroniques (par ex : Ovid et Scopus) ont été utilisées et plusieurs articles ont été retrouvés indépendamment.



Résultats :

Notre stratégie de recherche nous a permis de sélectionner 145 articles. Les données ont été regroupées en 4 thèmes : 1) les types de responsabilités et les principes liés; 2) les groupes impliqués et leurs rôles vis-à-vis de la responsabilité; 3) les barrières d’établir des cadres normatifs sur la responsabilité; et 4) quelques recommandations pour assurer une imputabilité dans chaque stade de vie de l’IA en santé.



Discussion :

Les articles rassemblés ont démontré à la fois que le principe de la responsabilité est primordial pour une IA responsable et qu’il y ait un grand manque de lignes directrices sur le sujet. Ainsi, il est essentiel de faire ressortir les enjeux de responsabilités et préciser l’utilisation du terme durant toutes les discussions afin d’établir une gouvernance de l’IA éthiquement acceptable.

Si l'entreprise philosophique de Martin Heidegger se caractérise majoritairement par la tentative de destruction et dépassement de la pensée métaphysique telle que l'a connue l'histoire de la philosophie occidentale, son rapport à une certaine tradition médiévale est en vérité plus complexe qu'on ne peut généralement le croire. Bien que le paradigme aristotélico-thomasien  se trouve largement critiqué par Heidegger, une certaine orientation néo-platonisante à tendance mystique du penser médiéval incarnée principalement par Saint Augustin et Maître Eckhart  a su influencer abondamment l'ontologie heideggérienne, autant dans ses premiers développements qu'au cours du tournant entrepris après la publication d'Être et temps. Prenant pour ligne directrice de notre lecture la thèse soutenue dans l'ouvrage du philosophe américain John D. Caputo The mystical element in Heidegger's thought, nous exposerons quel rôle a pu jouer dans la pensée heideggérienne la notion de néant et quel type de filiation cette importance du néant dans le discours ontologique instaure entre les pensées de Heidegger et de Maître Eckhart. Notre objectif sera de comparer le traitement qu'il est fait du néant et l'importance accordée à la néantification de l'étant au sein de la construction de l'expérience spirituelle dans certains ouvrages-clés du corpus heideggérien tels que Être et temps, "Introduction à la métaphysique" et Le principe de raison ainsi et dans les Traités et sermons de Maître Eckhart.