Depuis une dizaine d'années, la Théologie du corps de Jean-Paul II rencontre un succès considérable tant dans les milieux universitaires que populaires. Certains n'hésitent pas à qualifier celle-ci de « tournant, non seulement dans la théologie catholique, mais aussi dans l'histoire de la pensée moderne1 ».
Devant ce succès de plus en plus incontestable, la question s’impose de savoir quelle pertinence a la Théologie du corps en dehors du christianisme. Est-il possible de dégager de la Théologie du corps une philosophie du corps, afin de la mettre en dialogue avec les philosophes contemporains qui ont réfléchi sur la question, entre autres Michel Henry, Michel Foucault et Judith Butler?
À l'opposé des thèses de Butler et Foucault, Jean-Paul II considère le corps comme l’expression de la personne. Le corps a la capacité de manifester les émotions et les intentions les plus profondes. Par son sexe, il a surtout la capacité unique d’exprimer l’amour. C'est par le corps que l’être humain s’extériorise et s’accomplit dans le monde. Pour Jean-Paul II, la masculinité et la féminité ont une signification profonde, soit la capacité d’exprimer le don de soi par lequel l’être humain s’accomplit comme personne. Certains aspects de sa pensée révèlent une proximité étonnante avec la phénoménologie du corps de Henry.
Cette confrontation avec la philosophie révèle sans conteste l'originalité de la Théologie du corps et sa pertinence pour la pensée moderne.
1G. Weigel, Jean Paul II, p. 427.