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Les cultes isiaques sont « les cultes qui se diffusent hors d’Égypte, entre la fin du IVe siècle av. et la fin du IVe siècle ap. J.-C., d’une douzaine de divinités appartenant à un même cercle mythique, cultuel et liturgique, soit Isis, Sérapis, Anubis, Apis, Bubastis (…) et Osiris ».

Si l’Histoire de l’isiacologie débute dès la fin du XIXe siècle, les liens entre les empereurs romains et les cultes isiaques ont été pourtant peu étudiés, les spécialistes se consacrant à des études sociales et liturgiques. Imaginez alors les études sur les inclinaisons isiaques des impératrices. Pourtant, il s’agit d’une histoire « officielle » des religions, qu’il est possible d’analyser à travers une source archéologique impériale : les monnaies. Elles peuvent être étudiées selon deux méthodes que nous allons présenter. Tout d'abord par l’histoire quantitative, sous la forme de graphiques ouvrant sur des observations chronologiques, géographiques et des décisions méthodologiques. Puis avec une analyse iconographique, démontrant des formes divines appréciées des impératrices à Rome, et l'évolution de ces choix. Nous analyserons ces choix selon le contexte géographique en comparant les monnaies isiaques romaines avec celles d’Alexandrie.

Nous démontrerons ainsi que chez certains empereurs des IIe et IIIe siècles qui semblent avoir eu des relations particulières avec ces divinités, il a pu y avoir influence de la part de leur entourage féminin ; et une influence plutôt maternelle que maritale.



Bien que de notoriété ancienne dans l'archéologie péruvienne, la culture Recuay demeure peu étudiée. La concentration de ces recherches sur les céramiques, fournit aux chercheurs une image fragmentée des connaissances sur la culture Recuay.

Notre sujet de recherche porte sur l'analyse de l'agencement spatial des sites architecturés référencés Recuay. A partir d'une étude comparée des caractéristiques architecturales des sites archéologiques, nous tenterons de mettre en exergue les similitudes et les différences qui existent au sein et entre les occupations Recuay. Cette recherche a pour but de s'interroger sur l'occupation spatiale intra et interrégionale, tout en tentant d'extraire de l'architecture un schéma identitaire.

Pour y parvenir, nous utiliserons une voie qui débute en archéologie; les restitutions archéologiques assistées par ordinateur (TICs). En modélisant chacun des sites et leur caractéristiques, il sera possible grâce à l’ordinateur d’opérer des recoupements en fonction des hypothèses de travail formulées et de les vérifier dans l’espace virtuel. Notre présentation tentera de montrer le potentiel de l’informatique dans les recherches archéologiques au Pérou. Nous souhaitons ainsi renouveler les habitudes de recherche au Pérou où l’on utilise peu les outils technologiques comme c’est le cas pour la culture Recuay.



Le site archéologique de l’îlot des Palais abrite les vestiges des résidences des intendants de la Nouvelle-France, qui ont occupé cet endroit de 1684 à 1759. Le palais de l’intendant était également le siège du pouvoir administratif et accueillait les réunions du Conseil souverain, ce qui lui conférait une grande importance au sein de la colonie. En tant qu’héritiers d’une société française d’Ancien Régime hautement influencée par un système de convenances misant sur l’image projetée en société, les intendants se devaient de perpétuer cette nécessité de manifester leur statut social à travers tous les aspects de leur vie quotidienne permettant de rendre compte de leur pouvoir, de leur richesse et de leur rang.

Tel qu’illustré par des travaux antérieurs analysant l’architecture au site de l’îlot des Palais, il semblerait que l’expression du statut d’intendant ait passablement évolué au cours du Régime français, gagnant vraisemblablement en importance et en puissance au fur et à mesure du développement de la colonie. L’objectif principal de notre projet de recherche est d’effectuer une analyse comparative de la culture matérielle associée aux intendants, le tout en relation avec le contexte historique lié au développement de la Nouvelle-France. Les deux résidences de l’intendant s’étant succédé dans le temps, il sera intéressant d’identifier certains des éléments indicateurs d’un changement dans le désir des hommes ayant occupé cette fonction de magnifier leur rang social.

La transformation des processus générateurs d’autorité à l’ère du numérique est au cœur de la problématique des nouvelles dynamiques de circulation de savoirs et d’idéologies islamiques. L’étude de ces transformations s’avère cruciale, tout particulièrement en contexte migratoire où les nouvelles trajectoires croyantes obéissent souvent à des logiques inédites, et où autorités et institutions locales peuvent être sujettes à contestation. Plusieurs vecteurs de cette autorité religieuse coalisent en ligne (prêches, opinions légales ou fatwa, directives d’institutions religieuses, interprétations, bibliothèques virutelles, idéologies, etc.), de sorte que le numérique modifie le rapport que les musulmans entretiennent avec ceux-ci. Cette étude interroge deux sites web (contenus, fonctionnalités, utilisations, réseaux transnationaux et hyperliens, modes de communication, idéologies) appartenant à deux figures religieuses canadiennes : Abu Hammad Sulaiman (site en français) et Ahmad Kutty (site en anglais). Ces sites sont porteurs d’autorités distinctes: l’une, liée à une interprétation « salafiste » de l’islam et, l’autre, liée à une interprétation plus modérée (ou « wasatiyya » à la Qaradawi). Nous interrogeons ces virtualités d’autorités musulmanes pour démontrer que leur présence en ligne n’est pas toujours proportionnelle au nombre de leurs fidèles, et que les réseaux transnationaux qui soutiennent le site de Sulaiman présentent plusieurs défis pour les musulmans canadiens

L’une des caractéristiques principales de la société ukrainienne est un volume considérable de l’émigration internationale de ses citoyens. Cette communication présente l’évolution des schémas de migration des citoyens ukrainiens après le début du conflit armé qui tourmente le pays depuis printemps 2014. De juin 2015 au juin 2016, on a mené une enquête qualitative approfondie ciblée sur la deuxième destination la plus importante des Ukrainiens en Europe, la République tchèque.    

Le premier schéma nouveau de migration qui apparaît est le soi-disant « chemin polonais », l’utilisation de visas polonais pour se rendre en Tchéquie dans le cas où le visa tchèque est indisponible. L’autre est le changement dans la composition des immigrants au profit des jeunes, des étudiants et des membres de la famille de ceux qui sont déjà dans le pays. Assez surprenant est le fait que l’émigration directe vers l’étranger en provenance des zones de conflit est assez unique : ces gens deviennent surtout des déplacées internes. Aussi, le passage de la migration presque exclusivement temporaire et circulaire vers la migration permanente est un fait nouveau. L’intégration de ces immigrés dans la société reste pourtant assez compliquée. Les résultats de la recherche suggèrent également qu’il existe la possibilité de relations problématiques au sein de la diaspora ukrainienne, liées à la différence de temps d’arrivée (vieux ou nouveaux) et à la région d’origine des migrants en Ukraine (Ouest ou Est).

Enracinée dans la psychologie sociale (Piaget, Moscovici, Herzlich), la représentation sociale s’articule autour du cognitif, du raisonnement, de l’affectif et du symbolique. Envisagée davantage comme une famille de représentation sociale qui agit pour « rendre l’étranger familier » (Abric, 2001), elle permet également d’étudier les niveaux d’analyses et leurs interactions entre un objet social et un individu (Doise, 2005).

Appliqué à l’échelle des communautés musulmanes au Québec, les études sur le rôle des médias dans la société révèlent un renforcement de la dichotomisation Nous/Eux dans les sondages (Noreau et al., 2015) ou encore les interpellations policières des personnes racisé.e.s du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) (Armony, Hassaoui & Mulone, 2019). En analysant l’attaque de la mosquée de Québec en 2017 dans le JDM, on relève un processus représentationnel à l’œuvre opérée par des stratégies (qualifications, oppositions, associations) qui consolident les perceptions que l’on a des musulman.e.s.

Cette présentation viendra démontrer les relations d’interdépendances et de contingences entre les représentations sociales de l’islam et les médias. Basée sur des résultats menés sur la représentation médiatique de l’attentat de la mosquée en 2017 dans le Journal de Montréal, nous allons mettre en exergue les portées heuristiques des représentations sociales sur les perceptions des musulman.e.s. dans un journal québécois.

L’impartialité se définit-elle comme une neutralité désengagée, comme l’affirme John Rawls, ou comme un accord engagé (un consensus) comme le soutient Jürgen Habermas?

Les questions que soulève ce débat prennent tout leur sens lorsque posées dans le contexte actuel. À l’heure où nous pouvons affirmer que la sécularisation du monde occidental est achevée, nous remarquons parallèlement une recrudescence imprévue de certains mouvements religieux et de leur politisation. Que proposent Rawls et Habermas pour résoudre les conflits entourant l’expression religieuse dans l’espace public, conflits auxquels toutes les sociétés occidentales sont aujourd’hui confrontées? Les solutions amenées par les auteurs peuvent-elles être concrétisées?

Pour tenter de répondre à ces questions, nous effectuerons d’abord un bref exposé des conceptions qu’ont Rawls et Habermas de la démocratie.

Nous montrerons ensuite quelles sont, pour Habermas et à l’encontre de Rawls, les présuppositions cognitives nécessaires aux citoyens laïques et religieux dans l’usage public de la raison, et soulignerons par le fait même l’originalité et l’intérêt de la contribution habermassienne pour cette question.

En déconstruisant le processus de « traduction » auquel nous convie Habermas, nous souhaitons cependant – et finalement – démontrer que l’admission des raisons religieuses au sein du discours éthico-politique affaiblit grandement, pour ne pas dire qu’elle anéantit le caractère épistémique de ce même discours.

La situation du sikhisme en français au Québec est caractérisée par une non-transmission : en effet, très peu de ressources existent pour étudier le sujet, ce qui peut expliquer qu’il semble mal compris dans la province. Dans le cadre de nos recherches, nous pensons ce cas de non-transmission de manière traductologique grâce aux concepts de non-traduction et de non-translation, que nous nous proposons d’élaborer et qui mettent efficacement en lumière les manquements et les absences dans le cadre d’un (non-)échange interlinguistique et, donc, interculturel. La non-traduction nous a permis d’examiner les ouvrages du sikhisme à la disposition des francophones et, bien entendu, ceux qui ne le sont pas. Les résultats sont surprenants : les rares livres à la disposition du public sont généralement problématiques, notamment parce que la volonté traductive se manifeste plutôt dans la culture de départ (normalement, elle émane plutôt de la culture d’arrivée). La non-translation, quant à elle, nous a donné l’occasion d’observer le discours médiatique au Québec sur le sikhisme et les personnes sikhes; par « translation », nous entendons donc la transmission d’une culture entière. Cet examen a démontré qu’il s’agissait d’un discours limité, caractérisé par des mécanismes qu’on pourrait qualifier de xénophobes. Nous concluons en abordant ce qui pourrait être fait pour que la situation en devienne une de véritable traduction et translation.

L’achèvement des grands projets ferroviaires canadien à la fin du 19e siècle, et la décroissance progressive des besoins en main-d’œuvre du secteur minier n’auront pas découragé un nombre important de travailleurs migrants sino-canadiens à demeurer au Canada.  Les années d’après-guerre auront particulièrement transformé leur parcours suivant l’ouverture des politiques sur l’immigration, mais aussi une croissance économique dont plusieurs ont su bénéficier. Cette nouvelle réalité transforme alors l’univers urbain canadien, où les Chinatowns se redéfinissent, et l’accession de la communauté chinoise à la banlieue se concrétise. Dans une perspective plus locale, on constate que l’étude de ces changements apparaît plutôt timidement à l’intérieur de l’historiographie sino-montréalaise, laissant en plan des questionnements importants sur cette réorganisation. Suivant une approche méthodologique qui reposera, d’une part sur une analyse documentaire surtout historique, géographique, sociologique et démographique, nous aurons plus particulièrement recours à un ensemble d’entrevues semi-dirigées afin de recueillir les témoignages de la communauté sino-montréalaise à ce sujet. Cette recherche doctorale tentera de mieux comprendre les processus, conscients ou non, qui ont mené la communauté chinoise à redéfinir en partie l’espace urbain montréalais. Elle nous éclairera ainsi sur ses motivations internes et ses réponses face aux transformations sociales et morphologiques montréalaises.

Cette recherche porte sur la construction de l’identité religieuse d’ascètes Occidentaux en Inde. Plus précisément, il s’agit d’analyser d’un point de vue anthropologique comment les Occidentaux devenus ascètes en Inde négocient-ils leur identité religieuse et leur intégration à une communauté monastique hindoue.

L’ascétisme en Inde implique le renoncement au monde et à sa matérialité par l’adhésion à un univers de sens éminemment codifié et hiérarchisé (Khandelwal 2007). Le but ultime est d’anéantir l’ego et de s’extirper du cycle ides réincarnations pour atteindre la libération (Kapani 2011). En devant sannyāsin, les Occidentaux s’affranchissent de leur repères culturels et religieux initiaux et effectuent une transition « d’une province de sens à une autre (Goulet et Young 1994 ; 316)», généralement initiée par une rencontre prolongée avec une culture différente ou par une expérience précise qui cristallise le point de non-retour (Fernandez 2001 ; 12).

Ma recherche se base sur des récits de vie recueillis auprès de huit répondants de manière à retracer leurs motivations de départ, pour ensuite appréhender leur intériorisation de la pratique hindoue par la transmission d’un maître (guru) et intimement liée à la validation communautaire (Hervieu-Léger 1998). L’objectif de cette recherche est donc de rendre compte de la non-linéarité des expériences religieuses en contexte de modernité et de mobilité (Csordas 2009) en présentant le cas particulier des ascètes étrangers en Inde.

Constatant le peu de données actuelles disponibles sur le sujet, le Centre St-Pierre a choisi de mener une recherche sur la spiritualité des 20-35 ans en collaboration avec l’Université de Montréal. En fait, il désirait écouter la jeunesse du Québec dans ses aspirations humaines et spirituelles liées à sa vision de la vie et à son désir de croissance intégrale; connaître ses lieux « d’appartenance », « d’expérience » et de « croissance » humaine et spirituelle servant ses projets de vie et identifier ses enjeux spécifiques en ce qui a trait à la croissance humaine et spirituelle. 

Débutant par un questionnaire quantitatif en ligne répondu par 216 personnes, la recherche s’est poursuivie plus en profondeur avec 20 entrevues, suivies de rencontres de groupes. 

Le contexte social dans lequel la jeune génération évolue présentement est unique et crée à lui seul des conditions particulières grâce auxquelles le désir et le besoin d’une vie spirituelle se font ressentir. Les résultats de cette étude ont fait ressortir plusieurs thèmes permettant de cerner les enjeux spécifiques des jeunes : l’importance des relations, les lieux significatifs, les questions de sens et d’identité, la multiplicité des pratiques et des croyances, etc. Leurs rapports au religieux ainsi qu’à la spiritualité ont aussi été largement abordés. La divulgation de ces résultats vise à briser le tabou social entourant la spiritualité, nommé par les 20-35 ans comme un frein à l’expression de leur expérience. 

Malgré l’interdiction des discriminations fondées sur les castes inscrite dans la constitution du pays, ces dernières continuent d’exercer une influence incontournable dans la société indienne contemporaine. En tant que réalité sociologique de première importance, les castes ont été et sont toujours l’objet des discours scientifiques les plus variés. L’objectif de cette présentation est d’analyser le concept de caste pour montrer qu’il recouvre, dans la littérature scientifique, un minimum de trois « dimensions » distinctes, que nous qualifions d’identitaire, d’idéologique et d’organisationnelle. Nous montrerons que des auteurs appartenant à des écoles de pensées pourtant opposées conçoivent les composantes organisationnelles comme de simples épiphénomènes des dimensions identitaires ou idéologiques. S’il n’est pas étonnant de voir à l’œuvre ce mode de conceptualisation chez des chercheurs d’orientation structuraliste comme Louis Dumont ou Jonathan Parry, il s’avère en revanche plus surprenant de le découvrir chez des auteurs comme Dipankar Gupta et Declan Quigley, deux penseurs contemporains qui ont vigoureusement critiqué Louis Dumont pour son penchant idéaliste. Nous soutiendrons enfin que cette incapacité à concevoir la dimension organisationnelle en tant que réalité ontologiquement irréductible, a conduit à négliger la complexité des composantes organisationnelles. Leur description rigoureuse et leur théorisation (explication) ont en conséquence été fortement limitées.



Le 13 octobre 1970, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau procède à la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine. Est-ce le fruit du hasard, un coup de tête provocateur de M. Trudeau en pleine guerre froide ou encore le fruit d'une longue histoire entre le Canada et la Chine? Nous sommes d'avis qu'il s'agit plutôt du résultat d'une longue histoire entre Trudeau et les Chinois. Bien entendu, ce processus diplomatique ne peut se résumer à une seule personne, mais nous avons la conviction que, sans Trudeau, l'histoire aurait été bien différente.

Le constat est le suivant : la majorité des spécialistes des relations Canada-Chine reconnaissent l'apport de Trudeau dans le processus de reconnaissance diplomatique et évoquent sa connaissance et son expérience de la Chine comme justification. Toutefois, aucun d'entre eux n'est en mesure d'expliciter la teneur de cette expérience.

Par chance, nous avons obtenu l'autorisation de consulter les archives personnelles de M. Trudeau. Certes, quelques biographes y ont eu accès avant nous, mais aucun d'eux n'est spécialiste de l'histoire chinoise. C'est ainsi que nous souhaitons éclaircir cet aspect de l'histoire sino-canadienne et de la vie de Trudeau en utilisant ses journaux de voyage pour démontrer à quel point il a su expérimenter la « vie à la chinoise » et saisir les grands traits culturels de cette civilisation, si mystérieuse aux yeux des occidentaux, pour ensuite mettre cette connaissance à profit.

Le « nouvel athéisme » est un mouvement américain né du contexte socioreligieux trouble du début du millénaire. Avec le poids politique pris par le lobby chrétien de droite aux États-Unis, le débat sur l’enseignement du dessein intelligent au Kansas, la polémique des caricatures du Jyllands-Posten et le spectre des attentats de septembre 2001, l’anxiété publique face au fanatisme religieux semble être à son paroxysme lorsque Sam Harris publie The End of Faith en 2004. Aussi son manifeste athée et ceux de Richard Dawkins, Daniel Dennett et Christopher Hitchens bénéficient-ils d’une couverture médiatique importante lors de leur parution. C’est la ferveur populaire cristallisée autour des quatre auteurs qui consacrera leur union intellectuelle et l’avènement du « nouvel athéisme ». Pour l’intellectuel averti, les prémisses positivistes et la dialectique du mouvement sont difficilement conciliables avec une approche philosophique postmoderne et raisonnable de la religiosité. Aussi ce « nouvel athéisme » apparaît-il revêtir un caractère tout aussi intégriste que les groupes religieux qu’il vilipende et sa littérature a été peu considérée au sein des milieux académiques. En saluant son succès auprès du grand public et la pertinence de son questionnement, nous entendons ici situer la mouvance dans son contexte sociopolitique et déterminer si son argumentation résiste à un examen philosophique rigoureux.

Au sujet des missionnaires français parmi les Acadiens après 1713, les officiels britanniques affirmaient que « leur emplacement et leurs mouvements devraient être réglementés de près par les ordres britanniques » (Clark, 1968, 190). Toutefois, les chercheurs ont échoué à examiner ces politiques en lien avec celles appliquées aux Acadiens durant la déportation de 1755 à 1763. En réaction à ce silence, il s'agira de démontrer que la mobilité des prêtres français dans l'Empire britannique à partir de 1713 a été un point de départ totalitaire considérable pour le traitement des Acadiens en exil de 1755 à 1763.

D'abord, mon travail explorera le traitement britannique des prêtres catholiques comme une menace en 1713-1755 en Nouvelle-Écosse, une perception liée aux aspirations totalitaires de la Nouvelle-Angleterre. Ensuite, il sera question d'expliquer que cette peur a migré vers les politiques britanniques sur les limitations commerciales imposées aux Acadiens. Enfin, la déportation acadienne de 1755-1763 sera interprétée comme une exacerbation de cette obsession de contrôle se déversant dans les « règles faites pour restreindre le mouvement des Acadiens » (Faragher, 2005, 391) dans les colonies britanniques où les Acadiens sont devenus des réfugiés avec des droits ambigus (Vasquez-Parra, 2001). Ma conclusion développera l'intuition de Denys Delâge selon laquelle l'Amérique britannique contient « une préfiguration des formes contemporaines du totalitarisme » (Delâge, 2002).  

Du XVIe au XVIIIe siècle, la Chine est successivement dominée par la dynastie Ming (1368-1644) et la dynastie Qing (1644-1911). C’est à cette époque qu’on voit l’arrivée en Chine de nombreux jésuites européens dans le but de convertir les Chinois au christianisme. Parmi eux se trouvent notamment Matteo Ricci, jésuite italien et fondateur de la mission chrétienne en Chine, Johann Adam Schall von Bell, jésuite allemand et supérieur de la résidence jésuite de Pékin, et Ferdinand Verbiest, jésuite belge et supérieur général de la mission de Chine. En raison de la fermeture de la Chine aux étrangers et de la difficulté de diffusion du christianisme, ces missionnaires ont très souvent recours à des objets de curiosité (horloges sonnant les heures, mappemondes, sphères célestes, clavecins européens, prismes permettant de décomposer la lumière, etc.) rapportés d’Europe ou achetés par la Compagnie de Jésus. Cette stratégie a le résultat escompté : ces objets inconnus en Chine attirent rapidement l’intérêt et l’admiration des hauts fonctionnaires, des gens lettrés et même des empereurs, avec qui les missionnaires parviennent à établir des contacts amicaux, qui choisiront, pour plusieurs d’entre d’eux, de se convertir au christianisme. La présente communication vise à examiner comment les missionnaires jésuites utilisent les objets occidentaux de manière stratégique pour gagner la faveur de la haute société chinoise et faciliter la conversion des Chinois au christianisme.



Cette communication présente les résultats d’une cotutelle internationale de thèse de doctorat. Cette recherche a pour objectif de cerner les modes et les rythmes du développement des secteurs de montagnes aux confins de la cité des Arvernes de la fin de l’Âge du Fer au début du Moyen Âge. Les sources écrites sont peu abondantes sur ce secteur ; le recours à d’autres types de recherches s’avère indispensable. Les Monts du Livradois-Forez fournissent un cadre de recherche privilégié par l’ancienneté et la diversité des recherches en cours. La recherche est menée selon trois axes. Le premier vise à reconstituer les dynamiques d’occupation humaine par le dépouillement de la bibliographie archéologique et par des prospections archéologiques. Le second axe concerne la reconstitution du paysage « naturel » par des analyses palynologiques, diatomologiques et celle des macrorestes végétaux. Le troisième met en œuvre des études géoarchéologiques afin de déterminer les influences des activités humaines sur le milieu. Toutes ces données ont été intégrées et cartographiées à l’aide d’un SIG. L’association de ces différents types de recherches a permis de mettre en évidence une occupation dense des espaces des confins ainsi que plusieurs cycles économiques, reflets de modes de mises en valeur différents selon les époques et les espaces géographiques retenus. Enfin, ces résultats suscitent de nouvelles interrogations quant aux relations entre le centre et les périphéries.

Les nouvelles technologies numériques permettent à tout musulman de rejoindre des réseaux ethno-confessionnels ou islamiques, tant locaux, régionaux, nationaux que transnationaux.  Dans une telle conjoncture, comment s’y prendre pour étudier l’utilisation que des canadiens de confessions musulmanes font des nouveaux médias ainsi que l’impact que l’internet peut avoir sur leurs identités religieuses et sentiments d’appartenance ? Existe-t-il des liens entre les différentes valeurs qu’ils adoptent et celles qu’ils côtoient en ligne et avec lesquelles ils peuvent s’identifier ? Notre étude pancanadienne (financement CRSH) privilégie une approche collaborative qui s’articule autour de quatre grands axes de recherche (identité, communauté, diversité et autorité) et trois méthodes de cueillette de données : un sondage avec questionnaire en ligne, une enquête de terrain avec entrevus et une « webservation » de sites (canadiens et étrangers) que les participants consultent. La présentation cherchera à montrer comment ces méthodes de collectes de données et ces quatre axes s’articulent pour permettre l’exploration des problématiques d’acculturation, d’intégration, de multiculturalisme et des rôles joués par l’internet et les nouveaux médias. L’approche ethnographique, assistée d’une sociologie des usages, permettra l’identification des dynamiques d’agentivité des usagers de ces nouveaux médias et des sphères publiques numériques canado-musulmanes dont nous postulons l’existence.

L’émergence des sciences computationnelles (Humphreys 2004) et des questions reliées aux données massives (Leonelli 2016) amène au premier plan la notion de donnée, et avec elle, la notion d’information. Comme la définition même de la notion d’information ne jouit pas, à ce jour, d’une définition univoque qui permet de rendre compte de ses multiples usages dans diverses disciplines scientifiques (biologie, informatique, physique, etc.), un travail philosophique de définition semble d’une importance capitale (Floridi 2004). Dans cette présentation, je tenterai d’élaborer une définition de la notion d’information qui respecte à la fois l’usage qu’en font les sciences, et qui est suffisamment riche pour acquérir le statut de concept philosophique de premier plan. Pour ce faire, je procèderai en trois étapes. Je montrerai dans un premier temps comment la théorie générale unifiée de Burgin (2010) permet une distinction entre information et informativité. Dans un second temps, j’exposerai les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015). Enfin, je tenterai, à l’aide de ma nouvelle définition, d’unifier ces différentes approches, afin de rendre compte de façon adéquate du concept d’information.

Alors que l’on peut s’initier à une panoplie de cultures alimentaires au sein des nombreuses grandes villes nord-américaines, qu’en est-il des cultures autochtones? Au Canada, même si l’offre est restreinte, il est possible de manger à une table de restaurants autochtones dans plusieurs grandes villes. À quoi s’attendre quand on mange dans l’un de ces restaurants? Comment la diversité culturelle de ces peuples est-elle incarnée? Généralement situés en milieu urbain et s’adressant à un public autant autochtone qu’allochtone, ces restaurants sont l’occasion de mettre en scène les cultures autochtones. Comment choisissent-ils de se représenter? Un itinéraire gourmand entre Montréal et Vancouver a permis de visiter treize de ces restaurants pour en analyser le menu, le décor et l’ambiance. Il en ressort la présence d’une forme de culture autochtone dénudée de particularisme culturel et mobilisant des symboles panindiens. En plus de démontrer comment le panindiannisme est mobilisé à travers la restauration autochtone canadienne, cette communication analyse les objectifs et les avantages potentiels d’une telle démarche. Dans ce sens, elle interroge l’articulation d’enjeux identitaires en contexte de représentation alimentaire.

 Je propose une étude de trois philosophes arabes: Averroès, Mohammed Abdou et Sayyid Qutb qui appartienne à trois périodes historiques. La période d'Averroès, qui correspond à une synthèse du rationalisme philosophique et à la valorisation de la connaissance rationnelle au XIIe siècle; ensuite, le réformisme d'Abdou, un penseur du renouveau rationnel au cœur du mouvement appelé Nahda au XIXe siècle; enfin, Qutb, pilier de l'islam politique fondamentaliste au XXe siècle. Ma thèse de recherche est que les oscillations dans la construction de l'identité arabomusulmane sont liées aux rapports polémiques et politiques entre rationalisme et fondamentalisme religieux, d'une part, et aux rapports complexes avec l'Autre, d'autre part. La confiance ou la méfiance envers l'autre ont encouragé soit le triomphe de la rationalité, soit la domination de l’orthodoxie religieuse. Aussi, la pensée musulmane a donné naissance, en même temps, à l’orthodoxie religieuse et au rationalisme philosophique. J’adopte l’approche constructiviste post-moderne de l'identité afin de localiser la structure mouvante de l’identité. Aussi, la méthodologie archéologique généalogique Foucaldienne et l'herméneutique intentionnaliste pour interroger les textes et clarifier l’héritage rationnel  que la communauté musulmane devrait sauvegarder et développer. Je pense que la rationalité philosophique qui inspire ma recherche peut enrichir le débat sur l’identité et la diversité culturelle au Canada.

Les études consacrées aux mouvements nationalistes messianiques africains s’intéressent rarement à la dimension ethnique de la stratégie des élites nationalistes, préférant se focaliser sur le messianisme africain comme moteur de la lutte pour l’émancipation (Joset, 1968, p. 7, Monnier, 1977, p. 141). Par contre, mettre l’accent sur la mobilisation ethnique permet de comprendre les conflits dans lesquels ces groupes sont impliqués et les stratégies des leaders messianiques dans leur quête politique. C’est l’objet de cette recherche consacrée à l’analyse du Mouvement politico-religieux Congolais Bundu Dia Kongo (BDK), au cœur d’une violente crise avec le Gouvernement congolais en 2008 (Mouflet, 2009). Elle s’inscrit dans une littérature en pleine expansion sur les mouvements nationalistes à caractère messianique en Afrique et le rôle de l’ethnicité dans leurs stratégies (Balandier, 1953). Nous entendons contribuer à la littérature sur l’ethnicité, qui cherche à analyser le rôle de l’ethnicité en s’intéressant aux stratégies des acteurs (Posner, 2007; 1998; Wilkinson, 2000) ainsi qu’à celle sur les approches constructivistes de l’ethnicité ( Hobsbawm, 1995; Anderson, 1996; Chaterjee, 1991). Pour vérifier comment les élites messianiques construisent leur discours visant à déclencher la mobilisation ethnique, nous préconisons la méthodologie qualitative. L’analyse des discours des leaders messianiques en explorant les publications du chef spirituel de BDK nous semble appropriée.

Les concours de Miss et Mister Terena connaissent une extrême popularité chez les Terena, une communauté autochtone du Centre-Sud du Brésil. Le mouvement migratoire vers les zones urbaines et le contact grandissant avec la société brésilienne allochtone a engendré une préoccupation pour la « perte de la culture ». Plusieurs de ces concours ont pour objectif de montrer la beauté de leur culture, de se donner à voir dans un contexte sans violence en plus de stimuler la participation des jeunes et dynamiser la vie dans les villages. Comment les représentations féminines et masculines Terena sont définies et se définissent au sein de ces concours? Pour le découvrir, j’ai réalisé une ethnographie de 8 mois au sein de communautés Terena où j’ai observé 14 concours et conduit 54 entrevues qualitatives avec les membres de l’organisation, des artisans et des candidats. Malgré leur popularité, ces concours génèrent des tensions liées à la sélection des gagnants quant à l’authenticité de leurs habits, ornementations et peintures corporelles ainsi que de certaines caractéristiques physiques. Cette présentation examinera ces divers points de tension liés aux représentations du point de vue des organisateurs, artisans et candidats. Les résultats préliminaires présentés mettent en lumière l’agentivité des Autochtones dans le processus du contrôle de la divulgation et de la définition de leur culture, bref de la mise en scène de l’autochtonie en relation avec l’Autre et la société nationale.

L’émergence des données massives (Big Data) a des impacts dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Un des concepts fortement liés à la notion de « données » est celui d’ « information ». Le but de cette présentation sera de fournir une conception de l’information qui est adapté spécifiquement aux données massives. Après avoir exposé la théorie générale unifiée de l’information de Burgin (2010) et les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015), je proposerai une conception pragmatique de l’information. Plus spécifiquement, je vais montrer qu’il est possible de combiner la tradition mécaniste (Craver 2007) et l’approche fonctionnaliste (Vermaas & Houkes 2013) afin de conceptualiser l’information comme une construction servant de socle à l’attribution de fonctions comme marqueurs épistémiques.

Dans un contexte où les expériences spirituelles transfigurent radicalement notre herméneutique du religieux contemporain (Dumas, 2024), l'étude de la « logique du croire » s'avère pertinente. La problématique émerge de l'absence d'un cadre théorique holistique capable d'élucider la dialectique complexe entre les expériences spirituelles et les systèmes de croyances dans leur pluralité contemporaine. Comment conceptualiser l'interaction symbiotique entre les expériences spirituelles et les logiques du croire dans un paradigme religieux en constante mutation? Cette étude conceptuelle vise à combler une lacune significative dans la compréhension des dynamiques spirituelles contemporaines. La méthodologie repose sur une analyse critique et une synthèse intégrative de perspectives théoriques hétérogènes, incluant les notions d'« expériences limites » (Rankin, 2009; Meslin, 1997), de « véracité phénoménologique » (Peterson et al., 2009; Dumas, 2010), de « transmutations ontologiques » (Theissen, 2011), et de « narrativité existentielle » (Marin, 2019). Le résultat principal de cette recherche est un cadre théorique novateur qui propose un schéma intégratif articulant les interactions dynamiques entre expériences numinales, représentations sémiologiques et systèmes axiologiques comme catalyseurs de transformation pneumatologique. Ce modèle, bien que préliminaire, offre une nouvelle perspective herméneutique pour appréhender la complexité protéiforme du croire contemporain.