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Dans une étude ou neuf experts devaient travailler l’interprétation d’une œuvre jamais entendue et produire un enregistrement professionnel, Héroux (2018) a démontré que le processus de création permettant de développer une interprétation est conditionné par les valeurs portées par chaque musicien. Ainsi la conception de ce qu’est une bonne interprétation, de la liberté artistique dont dispose un musicien par rapport à la partition et la tradition (Hastings 2006), ainsi que l’importance qu’il accorde au concept d’authenticité à une œuvre (Taruskin 1995) influencent les stratégies de travail choisies. Alors, dans quelle mesure, pour ces experts, l’enseignement de l’interprétation est-il aussi influencé par les mêmes conceptions et valeurs?

Les résultats de l’analyse thématique d’entretiens semi-dirigés qui visaient à connaître les conceptions de neuf experts quant à l’enseignement l’interprétation musicale, de l’expressivité et de la créativité ont été croisées avec l’analyse du processus de création de chacun des participants (Héroux, 2018). Les résultats finaux démontrent que les experts qui se sont octroyé le plus de liberté dans leur propre processus de création sont aussi ceux qui ont le plus de facilité à en aborder l’enseignement avec leurs élèves ou leurs étudiants. Les résultats démontrent aussi la difficulté à développer un discours cohérent sur le développement de l’interprétation et de la créativité dans l’interprétation musicale dans un contexte pédagogique.

Malgré la place importante qu’occupe le travail instrumental individuel des musiciens chambristes pour se préparer aux répétitions en ensemble, peu de connaissances existent à ce sujet. Certains chercheurs ont observé la capacité d’anticipation (Pecenka & Keller, 2011), la synchronisation (Loehr & Palmer, 2011; Goebel & Palmer, 2009) et le dynamisme interpersonnel (Murnighan & Conlon, 1991). En revanche, les stratégies mises en place par les chambristes dans leur travail instrumental individuel n’ont jamais été étudiées et l’expérience du jeu d’ensemble des interprètes sur scène a rarement été abordée.

Cette recherche vise à identifier quelques stratégies effectuées par un pianiste professionnel pour intégrer le jeu de son partenaire lors des répétitions individuelles, ensemble et au moment du concert, dans le travail d’interprétation du ballet Sacre du printemps d’Igor Stravinsky dans la version pour duo de piano à quatre mains. La perspective de cette recherche est phénoménologique et l’objet est l’expérience de la praticienne décrite en première personne.

Les méthodes pour la collecte de données sont l’auto explicitation (Vermersch 2007), le journal de bord et l’enregistrement audio. L’interprétation des données est faite par une analyse par théorisation ancrée (Paillé, 1994).

Les résultats  font état des quelques stratégies spécifiques mises en place et révèlent dans quelles mesures elles ont favorisé le travail instrumental du duo et la prestation publique.

Afin de développer et de diffuser la culture, l’université a favorisée la collaboration entre la recherche scientifique et la création artistique. Néanmoins, elle se heurte encore à leur manque d’interactions. Ainsi, dans les facultés de musique, cette opposition a pu engendré une méfiance des différents acteurs à se reconnaître une légitimité professionnelle.

Apparue dans les années 1990, la recherche-création répond à ce défi. La modalité collaborative d’un projet repose sur le partage des responsabilités rendant possible une non-hiérarchisation des agents. Notre objectif est alors de parvenir à une compréhension des conditions normatives sur lesquelles reposent les processus de la représentation au sein d’un tel système.

Lors d'un projet de recherche-création, l’expérience partagée par des créateurs et des chercheurs est modelée par la façon dont une représentation de cette pratique permet à un agent d’interpréter sa situation au sein d’un réseau avec d’autres agents. Elle fournit donc un motif à son action dans la perspective d'une application possible au sein d’un projet commun. En même temps, il semble que cette représentation soit elle-même contingente à une évaluation à travers des actes communicationnels.

Aussi, dans quelle mesure la reconnaissance d’une légitimité influence-t-elle le travail collectif ? Nous examinons donc les conditions normatives de la rationalité en faisant en évaluant la légitimité comme norme communicationnelle.

Dans mon exposé, je tenterai d'explorer la notion de mélancolie projetée par l'acteur dans certains films. Je présenterai d’abord une brève définition de la mélancolie pour pouvoir entrer plus en détail dans le rapport de l’acteur à la mélancolie et comment celle-ci peut être aperçue dans le jeu de l'acteur. Aussi, comment plusieurs éléments filmiques entrent en jeu pour accentuer cette impression.

Ici, je m'intéresserai à l'actrice Delphine Seyrig, car dans plusieurs de ses films, elle incarne cette notion. Les films en études sont L'année dernière à Marienbad d'Alain Renais, Jeanne Dielman 23 quai du commerce 1080 Bruxelles de Chantal Akerman et Le charme discret de la bourgeoise de Luis Buñuel.

Des théories de Deleuze et de Bergson se mêleront aux théories de Freud entre autre pour analyser l’aspect cinématographique des films et ce pour supporter mon analyse du jeu de l’actrice au cachet mélancolique, en focalisant sur son interprétation corporelle et vocale.

Comme le mentionne Béla Balazs « les stars ne prenaient pas le visage du rôle, c'était l'inverse: les rôles étaient comme inscrits d'avance dans leur corps », Delphine Seyrig a été choisie par plusieurs réalisateurs pour représenter la femme délicate aux sentiments profonds.

 

Depuis les années 2000, les théories cognitives en cinéma ont trouvé écho en neurologie par le biais de la neurocinématique, un champ d’étude qui évalue l’effet d’un film sur l’activité cérébrale à l’aide de recherches empiriques. Différentes études ont approfondi nos connaissances sur la réception filmique, proposant notamment une compréhension du film comme un objet multisensoriel pouvant affecter le cerveau du spectateur par différents stimuli, mais ces observations peuvent-elles également servir à la création cinématographique? Mon projet de recherche-création propose d’intégrer la neurocinématique au matériau initial du film : le scénario. Mon hypothèse est que cette approche crée une compréhension approfondie de la narration et une plus forte empathie à l’égard des personnages, parce qu’elle permet au lecteur-spectateur de percevoir les expériences sensorielles qui constituent les vécus représentés. À travers l'écriture d'un long métrage, j'utilise des résultats en neurocinématique comme outils pour communiquer avec le cerveau empathique : la surstimulation cognitive, les neurones miroirs, le rythme sonore, etc. Les différentes modalités d’écriture sont évaluées par des pairs et des professionnels du milieu. Ces résultats, à ce jour préliminaires, serviront autant au milieu universitaire, en produisant de nouvelles connaissances sur la neurocinématique, qu’au milieu professionnel, en explorant des outils pour dépeindre différentes expériences de cognition somatique.

Au cinéma, le son et l’image s’invoquent mutuellement de manière à créer des sensations frôlant la synesthésie. Certaines constructions visuelles peuvent engendrer des expériences auditives tout comme certaines conceptions sonores peuvent altérer notre perception visuelle. Pourtant, l’écran lui-même – et l’image qu’il contient – sont, en essence, muets. C’est donc au spectateur de reconsolider son et image, les situant dans des relations spatiales par rapport au champ (in/hors champ) ou par rapport à la diégèse (off). Quand le son et la source sont synchrones, elles peuvent créer une illusion de concordance totale. Mais quand les sons semblent être produit par rien, par personne, ils commencent à occuper un espace hors de l’image : un espace plus flou et incertain. Dans cette communication, j’explorerai ces relations entre son et image dans le film Gerry (2002) de Gus Van Sant. En référant aux travaux de Michel Chion, je ferai valoir qu’un transfert progressif des sons des registres in/hors champ au registre off permet de construire une absence perçu de son dans l’environnement diégétique du film. Plus précisément, j’analyserai comment, dans la célèbre séquence de levé du soleil, le concepteur sonore Leslie Shatz, en ayant recours à une synchronisation lâche, compose un environnement sonore qui participe activement à dépeupler l’espace acoustique des personnages.

C’est depuis les années 2000 que commencent à  se médiatiser un nouveau phénomène muséal très présent sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire duquel le public va s’approprier des œuvres d’art dans le but de trouver son sosie. Cette nouvelle action  se  nomme le Doppelgänger, ce qui signifie « sosie » en  allemand.

 Etudions donc ici ce récent phénomène muséal, qui  consiste  à trouver son sosie parmi des œuvres d’art de différentes institutions de type musée d’art, de  se faire photographier et par la suite de poster cette photographie sur les réseaux sociaux.

Cette récente manifestation encore méconnue présente un nouveau rapport à l’utilisation des photographies des musées, car celles-ci peuvent être prises à différentes fins. Cette initiative touche différents profils de visiteurs, mais plus particulièrement les 16-40 ans dits aussi « la génération smartphone » et affecte différents lieux et salles d’expositions. Chaque visiteur est susceptible de réaliser  un Doppelgänger et nous pouvons constater que le comportement du visiteur va donc changer avec l’arrivée du phénomène et de la photographie dans l’institution.

Il convient donc de  se demander si notamment le téléphone intelligent facilite le développement de  ces Doppelgängers ?  et aussi de voir de quelle manière le comportement du visiteur s’est modifié ainsi que les initiatives muséales que cela engendre. Et par conséquent d’étudier les différents Doppelgängers possible et leurs devenir.

Cette communication présente les résultats partiels d’une recherche qui vise à comprendre le processus créatif de neuf guitaristes experts dans le travail d’interprétation d’une même pièce qu’ils n’avaient jamais entendue auparavant. Les données ont été recueillies grâce à la captation audiovisuelle de l’ensemble des répétitions des sujets (accompagnées de verbalisations et d’un questionnaire réflexif), la description, par un observateur externe, des actions posées par les musiciens, et des entretiens semi-dirigés, d’autoconfrontation (Theureau, 2010) et d’explicitation (Vermersch, 2012). Nous avons effectué une Analyse par théorisation ancrée (Paillé, 1994). Les résultats démontrent que les musiciens, dans leur travail d’appropriation artistique d’une œuvre (Héroux-Fortier 2014), recherchent à être authentique soit à l’œuvre à interpréter et à la pensée du compositeur (Taruskin, 1995), soit à eux-mêmes et ce que l’œuvre évoque pour eux (Kivi 1995; Leduc, 2005), ou au public à qui est destiné l’interprétation. Cette quête semble naitre d’une part d’un ensemble de valeurs propres à chacun quant au rôle du musicien, et d’autre part, au contexte de réalisation de l’interprétation projetée. Elle a une influence sur le choix des stratégies de travail utilisé afin de créer une interprétation musicale et sur l’ensemble du processus de création.



Dans le cadre du projet de recherche collaboratif « musulman canadien en ligne » qui vise à examiner l’utilisation d’Internet chez les musulmans et à étudier le rôle joué dans leurs vies quotidiennes avec la technologie numérique, nous avons commencé à obtenir des données préliminaires à travers les entrevues menées à Montréal. La présentation reviendra sur l’implication en ligne des musulmanes qui démontre un intérêt pour la recherche de connaissances religieuses, conjugué parfois d’une volonté de s’impliquer hors ligne dans des associations communautaires. Aussi, l’utilisation des réseaux sociaux permet de mettre en conformité leurs actes quotidiens avec les sources religieuses, tout en essayant de faire évoluer ou inscrire leurs pratiques dans un processus identitaire. La construction d’une communauté en ligne s’établit avec une constante quant aux positions prises par les sites web visités où le prisme du féminisme et de la condition des femmes par les autorités possède son importance.

Les signes religieux participent des expériences de l'islam en contexte minoritaire. Les musulmans sénégalais sont statistiquement de plus en plus présents au Québec, mais sont moins visibles que d’autres communautés ethnico-nationales appartenant à l’islam. Pourquoi? Quelles sont les matérialités qui participent à leur expérience de l’islam? Sont-elles des signes religieux? Nous nous concentrons, ici, sur une communauté, la Mouridiyya, et sur un signe qui a attiré notre attention, soit les portraits des guides religieux mourides, les cheikhs. Présentés sous formes matérielles et numériques dans les espaces privés des disciples, certains portraits s’invitent publiquement, sur les espaces numériques ou sur des t-shirts ou des pendentifs, par exemple. Nous voulons nous demander : comment les portraits des cheikhs façonnent-ils une rhétorique visuelle de soumissions aux normes de la Mouridiyya? Quelles sont les caractéristiques qui permettent de les penser ou non comme des signes religieux, dans le contexte québécois de la Loi 21? Notre terrain se fait sous la forme de participation observante et d’entrevues avec des hommes et des femmes, à Montréal et en région en 2022-2023. Dans le cadre de cette communication, nous présentons des résultats préliminaires. Au niveau social, notre recherche veut rendre compte de la pluralité des islams vécus au Québec et participer à l’avancement des connaissances sur les modalités de visibilité de l’islam et de la définition du signe religieux.

L'école instruit et construit la génération future, tout en affichant un modèle de société donné. L'école reflète aussi la politique préconisée par l'État sur la cohésion sociale, l'intégration et le citoyen-type. L'école publique au Québec a connu une évolution majeure depuis sa création, elle est passée d'une école religieuse à une école laïcisée. L’école publique québécoise avait un caractère confessionnel et la laïcisation de l'école fut tardivement. L'enseignement religieux à l'école publique au Québec était un compromis historique garanti par la Constitution canadienne depuis la fondation du Canada. Pour cette raison, l’enseignement de la religion a longtemps occupé une place importante au sein de l’école et que la déconfessionnalisation scolaire fut un long processus. Pour déceler la relation qui existe entre l'école, la laïcité et l'intégration à l'école publique au Québec, nous étudions l’évolution de la laïcité scolaire au Québec en mettant en avant la relation étroite qui existe entre la laïcité et la liberté de religion.  Nous penchons en particulier sur la question de l'enseignement des faits religieux et le port des signes religieux à l'école dans le but d'élucider comment le Québec interprète la laïcité et garantit la liberté de religion aux élèves. Par cet exercice nous voulons identifier les éléments qui ont modelé la politique d'intégration à l'école publique et comment cette politique a influencé la conception et l’application du principe de la laïcité.  

 

 

Cette communication en histoire immédiate, s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’étude des nouveaux conflits, la culture et l’emploi des forces militaires françaises, en prenant l’exemple de son engagement en Afghanistan. Nous postulons à la grande importance des savoir-faire du génie en situation de contre-insurrection. S’articulant, entre autres, autour d’un riche corpus de recueil de récits de vies de vétérans, cette recherche primée (Prix d'histoire militaire 2014 du Ministère de la Défense) est la première étude historique globale sur l’engagement de l’armée française dans ce pays. Notre communication propose d’aborder à la fois la méthodologie et la conduite de ce projet de recherche en histoire immédiate et ses résultats. Nous mettrons en lumière les différentes étapes de l’engagement français, l’adaptation de l’arme du génie aux conditions changeantes des combats mais aussi les expériences contrastées des hommes et des femmes qui ont vécus cette opération extérieure, quatrième génération du feu après celle de la guerre d’Algérie (1954-1962). L'opération extérieure en Afghanistan met à jour une nouvelle culture de guerre au sein de l'armée française et souligne d'importantes mutations à l'oeuvre en son sein.

Nous présenterons dans cette communication un problème classique de philosophie politique que nous instruirons à l'aide des textes de Marcel Gauchet et de Régis Debray : la possibilité de l’autonomie politique moderne, contre l’hétéronomie religieuse.

Il est communément admis que la modernité politique signifie la déprise du religieux sur la société. Or, l'idée selon laquelle le projet moderne d'autonomie politique est possible a sérieusement été bousculée par l'analyse du totalitarisme et de sa composante religieuse, bien qu'apparemment laïque.  Avec les révélations de Soljenitsyne,  l'Occident découvrait que le progrès technique s'accommodait très bien de l'hétéronomie religieuse.


Cette découverte eut en France dans les années 1980 un dénouement particulièrement intéressant que nous retracerons dans notre présentation. Ces deux auteurs sont en effet représentatifs d'un mouvement intellectuel par lequel des penseurs alors favorables aux marxismes se sont remis à reprendre au sérieux le fait religieux et le rôle qu'il entretient avec les conditions de possibilité du social.


Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet soutient la thèse selon laquelle la religion est une solution historique apportée au conflit politique, mais que l'instituant premier du social est ce dernier. Au contraire, Régis Debray soutient dans La critique de la raison politique que l'instituant premier du social est le religieux. 


Nous conclurons par une analyse critique de ces deux propositions.

Grâce à l’approche pluri disciplinaire, l’archéologie de la période moderne combine plusieurs sources et disciplines pour étudier l’histoire des sociétés passées.

Cette présentation examine l’intérêt de l’approche pluri disciplinaire dans la reconstitution des paysages du Baol, royaume historique du Sénégal entre le XVIe et le XVIIIe siècle. En fait, la combinaison des résultats des analyses au micro CT Scan, du microscope électronique à balayage (MEB) avec les résultats de l’analyse typologique et morphologique de la culture matérielle archéologique a permis de reconstituer les transformations des paysages Lambaye, capitale du Baol entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

 

Mots clés : archéologie, Baol, Lambaye, micro CT Scan, MEB.

Cette recherche porte sur la compréhension du phénomène de la conversion des québécois montréalais à l’islam à partir de leur perception et leur conviction vis-à-vis le monde des religions. D’une part, elle tente d’identifier les facteurs principaux qui dévoilent les motifs sociologiques qui ont poussé certains québécois à choisir cette religion orientale comme référence religieuse, après avoir été affiliés pendant des siècles au christianisme, notamment par sa bronche catholique depuis la présence des franco-européens de la nouvelle France jusqu’à ce jour. 

D’une autre part, nous visons à vérifier, par leur culture héritée de la socialisation occidentale, et celle de la nouvelle religion adoptée, à mettre en lumière, leur éventuelle contribution intermédiaire positive, à corriger ou ajuster la fausse image attribuée à l’islam et aux musulmans à travers une nouvelle lecture d’un islam québécois configuré et adapté aux normes et aux valeurs de la majorité de la société d’accueil.   

Au Québec, nous abordons le phénomène de la conversion à l’islam au cœur des débats sur le retour du fait religieux au sein de la sphère publique après avoir été engourdi avant qu'il émerge en tant qu'un vecteur à effet mondial en devenant un thème d’actualité, et qui s’observe particulièrement dans les couvertures médiatiques et les articles journalistiques quand il s’agit, surtout, des cas de conversions radicales.

Les droits des femmes homosexuelles dans les sociétés islamistes soulèvent une question cruciale de justice sociale et épistémique. La marginalisation des femmes homosexuelles est accentuée par des lois religieuses qui encadrent la sexualité. Notre objectif est de démontrer que la sexualité est une affaire personnelle, mais que, sous un régime islamiste, elle devient une loi sociale. En imposant des normes hétérosexuelles strictes, les gouvernements islamistes commettent une injustice herméneutique (Fricker), qui empêche les femmes homosexuelles d’exprimer leur identité et préférence sexuelles. L’injustice épistémique envers ces femmes découle de pratiques patriarcales et conservatrices ancrées dans l’interprétation de la loi islamique, souvent utilisée politiquement pour contrôler la sexualité féminine (Benhabib). Ce contrôle social limite leur autonomie et renforce les normes hétérocentriques, créant des obstacles à la reconnaissance de leurs expériences et de leurs droits. L’approche de cette étude consistera à explorer la relation entre le pouvoir politique islamiste et l’injustice épistémique, cherchant à comprendre comment et pourquoi l’État islamiste utilise le pouvoir politique pour opprimer les femmes homosexuelles. Le lien entre cette oppression et les concepts d’épistémologie féministe seront également examinés, afin de mieux comprendre comment les structures de pouvoir reproduisent l’inégalité et l’injustice à l’égard des femmes homosexuelles dans ces sociétés (Medina, Fricker).

Les défenseurs d'une interdiction du port du hijab pour des employées de l'État fondent en grande partie leur position sur la thèse selon laquelle le fait de porter ce signe religieux signifie de facto un non-respect de la laïcité. En portant un voile, une femme musulmane participerait à la manifestation publique d'une priorité accordée à des obligations religieuses au détriment de ces obligations citoyennes, tout en étant plus ancrée dans une identité religieuse que dans une identité civique. L'objectif de la communication est de démontrer la faiblesse de cette thèse en montrant que des employées musulmanes de l'État québécois portant le hijab peuvent se positionner favorablement vis-à-vis de la laïcité. Nous pensons que des femmes musulmanes portant le hijab et travaillant pour l'État ont plutôt tendance à se dire en accord avec les fondements de la laïcité, en adoptant une posture d'« optimiste critique », en étant à la fois méfiantes mais optimistes. Ainsi, bien que les employées musulmanes de l'État portant un hijab soient largement en désaccord avec l'interdiction de porter un signe religieux au travail, ce désaccord ne fonde pas automatiquement un positionnement défavorable vis-à-vis de la laïcité. La démonstration repose sur une étude sociologique réalisée auprès de 30 femmes musulmanes portant un hijab de la région de Montréal, employées de l'État québécois ou songeant à le devenir.

L’implantation du cours d’Éthique et culture religieuse dans les écoles du Québec en 2008 fut accompagnée d’un investissement massif des médias par ses détracteurs. Étonnamment, ce mouvement d’opposition regroupait et regroupe toujours des acteurs se situant aux deux pôles de l'appartenance religieuse. Associations pieuses et militance laïque se rejoignent ainsi pour réclamer l’abolition du programme ou le droit à l’exemption. Alors que les premiers allèguent l’atteinte à la liberté de religion des parents croyants, les militants sécularistes dénoncent eux une glorification de la pensée religieuse et la mise au rancart de l’athéisme, de l’humanisme et de la pensée scientifique dans le curriculum. Suivant cette ligne de pensée, l’absence d’un traitement satisfaisant de l’athéisme aux côtés des différentes traditions religieuses priverait le jeune élève d’une concurrence des discours nécessaire au développement de sa pensée critique. Ces constats appellent à une réflexion sur l’espace qui devrait être aménagé ou non pour l’incroyance dans les contenus en Éthique et culture religieuse. Le caractère secondaire qu’y occupe l’athéisme est-il justifiable au regard des perspectives et finalités du programme? Comment la notion devrait-elle être abordée par le matériel didactique? Sur la base de considérations normatives, d’une définition opératoire du concept et d’un examen du matériel pédagogique, nous entendons ici apporter des éléments de réponse à ces interrogations.



 

La sous-estimation de la capacité cognitive des individus est une involontaire et inconsciente qui se produit contre les groupes marginalisés. Nous étudions les femmes musulmanes qu’on entend peu. L’une des questions concernant les musulmanes est leur capacité de témoignage dans la loi islamique. Le témoignage d’un homme équivaut à celui de deux femmes (conditions du témoignage). Dans les sociétés islamistes où la loi islamique est appliquée (Soage), on est moins enclin à accepter les arguments des femmes qui subissent. C’est une forme d’injustice épistémique (Fricker). Notre objectif sera de faire référence à l’utilisation de l’islam comme source de positions et de concepts politiques et les musulmanes sont donc l’objet d’une injustice épistémique (Pohlhaus). L’approche consistera à examiner la relation entre la politique et l’épistémologie, cherchant à savoir pourquoi et comment le pouvoir politique islamisé peut causer une injustice épistémique contre les musulmanes. L’injustice épistémique ne permet pas la participation herméneutique aux personnes en situation de minorité, qui se produit dans la sphère privée et publique. L’injustice épistémologique envers les musulmanes est tributaire des méthodes patriarcales inscrites dans la loi islamique, qui peut être instrumentalisée politiquement pour remettre en question l’individualité des femmes (Benhabib).Nous expliquerons la relation entre l’injustice épistémique et le pouvoir et leur rapport à l'épistémologie féministe.

L’historiographie nous a livré nombre d’études sur la polémique chrétienne contre l’islam, mais le plus souvent, le traitement se présente comme un catalogage des arguments les plus souvent employés sur les thèmes les plus controversés entre les deux religions. L’approche que je compte employer permet de montrer que, derrière la redondance des arguments utilisés dans cette littérature, se trouve un panorama diversifié et dynamique.

Les textes analysés sont choisis dans le cadre de l’histoire morisque depuis la conquête de Grenade (1492) jusqu’à l’expulsion des morisques (1609). Il s’agit de textes dont la littérature scientifique actuelle n’a pour le moment fournit aucune analyse d’ensemble. Les études à notre disposition portent sur des corpus limités. En proposant une étude sur le corpus de textes le plus complet à ce jour et en analysant chaque texte en fonction de son contexte historique et de ses originalités, je m’offre les moyens de des réponses aux questions suivantes : Quand, comment et pourquoi s’est opérée le glissement d’une production principalement faite de textes polémiques à une production principalement axée sur la catéchèse? Que nous disent les textes sur les projets qui supportèrent leur production? Et finalement, quel héritage ont-ils laissé aux auteurs qui, au début du XVIIe siècle, ont écrit pour réclamer, puis défendre l’expulsion des morisques de 1609?



De prime abord, le sport et le patrimoine culturel peuvent apparaître comme deux sujets a-priori antinomiques. Pourtant à travers les sports apparaissent en filigrane des marqueurs identitaires d'un territoire, en étant caractéristiques d'une société spécifique et d'un espace géographique localisé. Au Québec, les raquettes, comme le canot, font parties de ces emprunts culturels et techniques aux autochtones du Nord de l'Amérique. Au-delà, elles témoignent de l'évolution d'une pratique traditionnelle sur cette aire géographique, d'abord utilisée à des fins d'exploration (telles les découvertes de Radison ou de Cavelier de la Salle), de commerce (les coureurs des bois) ou de survie (pour la chasse), avant de devenir un divertissement à la fin du XIXe siècle et un trait culturel des sports et des loisirs actuels suivant le mode d'utilisation, en famille ou en compétition comme les courses ou le trekking. Mais pour que ces pratiques traditionelles vivent, il faut qu'elles aient une fonction (politique, économique ou sociale) dans la société dans laquelle elles s'inscrivent; c'est pourquoi elles peuvent être « revivifiées » suivant les besoins. L'analyse de ces expressions permettra notamment d'expliciter la relation qui se noue entre sport et patrimone, dans la transmission de certaines traditions et dans leur reformulation. Il s'agit de saisir ces circonvolutions humaines qui assurent des permanences d’expressions culturelles et identitaires.

Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, je m'intéresse aux rapports qu'entretiennent les jeunes adultes, de seconde generation, issus de minorités religieuses visibles, avec leurs signes religieux «ostentatoires». Je mène une série d'entrevues  avec des jeunes adultes sikhs, juifs et musulmans qui portent respectivement le turban, la kippa et le foulard pour les femmes musulmanes.

Pour ce faire, je mobilise les théories sur les représentations (Hall et Spivak) et la reconnaissance (Fraser).
Mes résultats préliminaires mettent en lumière l’importance de la trajectoire de vie sur le sens que ces jeunes accordent à leurs signes religieux, mais aussi la réappropriation qu’ils en font et qui pour certains d’entre eux, est distincte de celle de leurs parents ou de leur communauté.

Mon travail se situe dans une conjoncture socio-hostorique particulière, puisque un débat politique et sociétal à propos du port des signes religieux dans la fonction publique a lieu actuellement au Québec. Je pense que présenter mon travail de recherches à ce colloque me permettra d'avoir du feedback constructif de la part d'experts externes et ainsi alimenter ma réflexion critique sur mon cadre théorique et mes analyses. Ensuite, mes résultats issus de témoignages et d'expériences de vie, seront enrichissants pour tous les chercheurs qui s'intéressent à ce sujet et amèneraient un angle de recherche qui est jusqu'à maintenant occulté dans les études sur les minorités religieuses en général.



La pratique clinique en soins spirituels, afin d’être conforme à l’esprit et à la lettre des orientations ministérielles (2010), doit se doter d’outils d’interventions spécifiques à ce nouveau domaine de compétence professionnel. Pour l’instant, les «outils» d’intervention auxquels peuvent se référer les intervenants semblent peu nombreux ou méconnus. La majorité des modèles d’interventions en soins spirituels proviennent de la pastorale (posture confessionnelle) ou du domaine de la psychologie et sont ainsi adaptés à l’intervention spirituelle. Puisqu’il s’agit d’accompagner les patients dans un contexte de relation d’aide, il va sans dire que les modèles de psychothérapie traditionnelle peuvent être des modèles de référence. Par contre, des modèles d’intervention conçus spécifiquement pour les soins spirituels sont préférables et souhaitables. Nous avons développé un tel modèle à partir de notre expérience clinique auprès des patients issus de différentes trajectoires de soins (oncologie, soins palliatifs, psychiatrie, neurologie, gériatrie, etc.). Nous souhaitons présenter ce modèle et éventuellement le mettre à l’essai dans le cadre d’un projet de recherche.

Cette présentation porte sur le cadre normatif qui sous-tend les décisions de la Cour suprême du Canada (CSC) en matière de liberté de religion depuis l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés. Les expert·es du domaine du droit et de la religion s'entendent généralement pour dire que la CSC considère la religion comme un phénomène subjectif et privé. Toutefois, des questions subsistent quant à la valeur accordée à la religion par la CSC. D'un côté, certain.es soutiennent que la religion est considérée comme étant importante à protéger dans la mesure où elle constitue une source d'autonomie individuelle pour la personne croyante. De l'autre, on affirme plutôt que c'est parce que la religion fait partie de l'identité culturelle de la personne croyante. Dans cette présentation, je proposerai une interprétation alternative. En m'appuyant sur la jurisprudence en matière de liberté de religion, je soutiendrai que la CSC considère la religion comme étant importante à protéger dans la mesure où celle-ci est une source d'authenticité pour la personne croyante, c'est-à-dire un moyen par lequel les individus se définissent et se réalisent. Deux aspects principaux du traitement de la religion par la CSC seront examinés pour appuyer cette thèse : 1) la procédure pour évaluer la crédibilité des demandes fondées sur la religion et 2) la conception des limites légitimes de la liberté de religion dans les cas qui concernent l'éducation des enfants. 

Le modus operandi que revendique la médecine traditionnelle des Nganga du Sud-Gabon est marquée par une méthodologie s'appuyant à la fois sur un intuitionnisme et un héritage personnel, une sorte de legs des anciens. Par là, se définit la personnalité même du Nganga, son cheminement intellectuel, son itinéraire et même son action. son contact avec le patient et la décision de le soigner sont subordonnés à l'invocation des "esprits". Cette approche tranche a priori avec les principes essentiels qui structurent ou plutôt qui fondent la science occidentale et particulièrement la médecine moderne, celle qui se caractérise fondamentalement par la généralisation, l'intangibilité et l'invariabilité des protocoles. Dès lors, notre recherche entend montrer au moins deux choses : 1°) la méthode des soins des Nganga du Sud-Gabon est non seulement spécifique, mais comporte un certain pluralisme lié à la diversité des modes opératoires de ces derniers ; 2°) sur la base de nos enquêtes, ces Nganga soutiennent fermement que leur collaboration avec d'autres praticiens et l'ouverture à la médecine moderne sont une affaire des "esprits".

Mots clés : Intuitionnisme, "esprits", médecine moderne, médecine traditionnelle, méthodologie, Nganga du Sud-Gabon, science des soins.