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En Inde, Bombay a une industrie cinématographique énorme (donc, « Bollywood ») produisant des centaines de films grand-publics qui se distinguent par une formule de la musique, de la danse, du mélodrame, de la comédie, de la tragédie, et des perspectives religieuses et politiques, qui sont largement distribués dans l'Inde et au-delà du golfe Persique, l'Afrique, et l'Asie du Sud-Est. Récemment, les films populaires indiens ont gagné la reconnaissance dans les marchés nord-américains.

Dans cette présentation, je traite de la représentation de l’hindouisme et de l’altérité dans les films de Bollywood des années 2000s. J’examine cette question dans le contexte des théories d’altérité et de post-colonialisme en analysant deux films très populaires, Lagan (Les impôts sur la terre) (2001) et Ham dil de cuke sanam (J’ai déjà donné mon cœur) (1999). Ces films très populaires affirment une notion de l’hindouisme très nationaliste en propageant une identité hindoue-indienne non-occidentale et en même temps, en marginalisant les autres traditions religieuses telles l’islam, le christianisme et le sikhisme.



Dans la religion chrétienne, la tradition représente la connaissance et le savoir. La pastorale quant à elle représente la transmission de ce savoir adapté à la culture locale. La première pastorale de l’Histoire s’est faite pendant trois siècles à travers la culture romaine. Durant cette période, les martyrs occupent une place prépondérante. Dans le christianisme, le martyr est un fidèle qui accepte de donner sa vie au nom de sa foi. Souvent accusés de troubler l’ordre public, les martyrs militaires, à la popularité croissante, vont cristalliser toute la complexité du christianisme antique : non-violence, sacrifice de soi, spiritualité martiale en temps de guerre et de paix. Les vierges martyres incarnent l’aspect féminin de ce phénomène et seront influencées par les valeurs militaires de ces martyrs singuliers.

Les vierges martyres sont-elles devenues des soldats du Christ au même titre que leurs homologues masculins ? Afin d’appréhender cette appropriation masculine dans l’hagiographie féminine, il est nécessaire de comprendre qu’il s’agit de citoyennes romaines chrétiennes qui utilisent leurs codes culturels propres pour transmettre leur témoignage. Ainsi une étude comparative sur le rôle des femmes dans la société romaine et le rôle de la femme chrétienne est nécessaire pour comprendre le rôle des martyres du christianisme ancien. À travers un exemple précis, cette étude permet de mettre en lumière la façon dont le christianisme s’est répandu à travers l’Empire romain.

Cette commumication examine les visées pédagogiques et politiques des lois scolaires de 1801, 1824 et celles de 1829-1836, formulées respectivement par des représentants de l'élite protestante et britannique, du clergé catholique et de l'élite bourgeoise libérale canadienne. L'analyse se concentre sur le texte de ces lois ou projets de loi et est complétée par la consultation de documents officiels et de journaux de l'époque. À la veille du changement constitutionnel sensé remanier le poids de chacun de ces groupes idéologiques, ces derniers s'opposaient dans leurs lois scolaires quant à la réparition des droits et devoirs administratifs et pédagogiques entre les autorités intermédiaires, les autorités religieuses et le gouvernement, identifiant toute la responsabilité des citoyens dans la construction ou la surveillance des écoles. Alors que le défis unanimement reconnu consistait à généraliser l'acquisition d'éléments de l'enseignement primaire, le silence de ces lois sur des matières obligatoires, contrairement à des lois ultérieures, montre une entente tacite sur la nécessaire discrétion de l'État dans la formation des personnes. Comprendre le sens de ces lois occupées à déterminer l'autorité pédagogique sur l'enseignement primaire éclaire la compréhension des lois et idéaux ultérieurs à l'origine du système d'éducation actuel.

Cette proposition s’inscrit dans un contexte d’internalisation des droits humains et de la complexité empiriquement constaté de leur réception dans des contextes culturels locaux différenciés. On ne peut nier l’existence de transferts juridiques au Burkina Faso et de leur impact particulièrement au sein des mariages burkinabè.  Il en découle des processus de syncrétisme, de résistance et de métissage. La confrontation entre ces archétypes ne génère pas une simple juxtaposition d’éléments disparates puisqu’elle révèle des traits culturels inédits engendrant une réalité nouvelle. Ce phénomène s’exemplifie parfaitement dans le cas de la polygynie. En effet, si les transformations des formes de conjugalité engendrent de nouvelles modalités familiales, la polygynie demeure élevée en dépit des modifications démographiques. De surcroît, l’État a légiféré en faveur d’une polygynie illimitée sous certaines conditions. Dans ce contexte où se conjugue droit étatique, droit religieux et droit coutumier, je propose d’explorer les effets juridiques et sociaux de la polygynie à partir de cas observés et des statistiques relevées au cours de mon terrain ethnographique à Koudougou de septembre 2011 à mai 2012. Ces données ont été recueillies à partir d’entretiens, de récits de vie et d’une ethnographie des tribunaux. L’objectif de cette communication est donc de démontrer comment s’actualise la polygynie au Burkina Faso et comment cette situation plurale génère de nombreux floues juridiques.

Les défenseurs d'une interdiction du port du hijab pour des employées de l'État fondent en grande partie leur position sur la thèse selon laquelle le fait de porter ce signe religieux signifie de facto un non-respect de la laïcité. En portant un voile, une femme musulmane participerait à la manifestation publique d'une priorité accordée à des obligations religieuses au détriment de ces obligations citoyennes, tout en étant plus ancrée dans une identité religieuse que dans une identité civique. L'objectif de la communication est de démontrer la faiblesse de cette thèse en montrant que des employées musulmanes de l'État québécois portant le hijab peuvent se positionner favorablement vis-à-vis de la laïcité. Nous pensons que des femmes musulmanes portant le hijab et travaillant pour l'État ont plutôt tendance à se dire en accord avec les fondements de la laïcité, en adoptant une posture d'« optimiste critique », en étant à la fois méfiantes mais optimistes. Ainsi, bien que les employées musulmanes de l'État portant un hijab soient largement en désaccord avec l'interdiction de porter un signe religieux au travail, ce désaccord ne fonde pas automatiquement un positionnement défavorable vis-à-vis de la laïcité. La démonstration repose sur une étude sociologique réalisée auprès de 30 femmes musulmanes portant un hijab de la région de Montréal, employées de l'État québécois ou songeant à le devenir.

Jean-Pierre Camus, évêque de Belley (1584-1652), fut une figure importante de l’histoire religieuse et culturelle française du XVIIe siècle. Inspiré par l’esprit de la Contre-Réforme, il entreprit d’écrire des fictions moralisatrices jumelant les styles populaires de l’époque et les pratiques de dévotion encouragées par le Concile de Trente. Comme ils avaient pour objectif de promouvoir une attitude morale dans la vie quotidienne, les récits de Camus présentaient souvent des scènes familiales qui incluaient les domestiques. Quelles responsabilités morales les domestiques avaient-ils au sein des fictions de l’auteur? Les propos de l’évêque de Belley étaient-ils similaires à ceux des moralistes de l’époque? La fiction peut-elle être considérée comme l’un des moyens utilisés pour communiquer les idéaux de la Contre-Réforme? Les historiens ayant étudié les domestiques dans la France moderne ont suggéré que les moralistes attribuaient aux maîtres la responsabilité du salut de leurs serviteurs et des autres membres de la famille. Toutefois en analysant des récits brefs et certains romans de Camus puis en les comparant avec les œuvres des moralistes, il a été possible de conclure que ces auteurs croyaient que les domestiques avaient aussi un rôle moral autonome à jouer dans la famille qu’ils servaient, particulièrement envers les enfants. Ces résultats permettent de nuancer le message dévot et son rapport avec les hiérarchies familiales dans la France d’Ancien Régime.

En me basant sur plusieurs terrains ethnographiques chez les Innus d'Unamen Shipu en Basse-Côte-Nord (Québec), je souhaite démontrer comment les règles traditionnelles de circulation des produits du territoire (viande de bois, produits de l'artisanat, etc.) se recomposent dans un contexte de généralisation des transactions monétaires. Je mobilise les concepts de mode de production, de valeur et de personne tel quel formulés par David Graeber et Terence Turner afin de comprendre, d'un point de vue anthropologique, l'histoire économique des Innus et plus particulièrement leur passage d'une économie de type chasseur-cueilleur à une économie monétaire de type capitaliste. À l'époque du nomadisme récent, la vente de produits du territoire faisait l'objet de tabous et d'interdits importants. La traite des fourrures a été un moment charnière dans la transformation de ce tabous en ce qu'elle a engendré une transformation importante dans l'univers innu : l'attribution d'une valeur marchande aux animaux. Si aujourd'hui, les produits du territoire peuvent être vendus, cette décision n'est pas prise aveuglément car leur vente ou leur don n'impliquent pas la même réalisation de valeur. En effet, certains principes vont influencer le procès de circulation choisi : le degré de proximité avec l'échangeur, l'importance spirituelle de l'objet, le type de vente, etc. Dans de nombreux cas, les Innus préfèrent donner ces produits afin de réaliser les valeurs du mode de production traditionnel.

Les mutations socioreligieuses ont connu une accélération marquée dans le paysage québécois des dernières années (Meunier & Wilkins-Laflamme, 2011). Derrière un intérêt renouvelé pour les questions de sens se jouent une tendance à la désidentification religieuse chez les jeunes et, parallèlement, l’intériorisation d’un sentiment d’urgence climatique (Statistique Canada, 2011; Pew Research Center, 2013; CROP, 2014). La place de l'environnement dans leurs manières de concevoir le monde nous laisse penser que cette dimension est désormais incontournable pour comprendre leur imaginaire. Dans ce contexte d’« éco-incertitude », comment s’organise leur recherche de sens et comment se rapportent-ils à l’avenir? Voilà deux questions auxquelles cet exposé tentera de répondre à partir de données empiriques tirées d’une étude qualitative de 37 discours et récits de vie de québécois âgés de 18 à 32 ans se déclarant sans religion menée par la Chaire Jeunes et religions de l’Université Laval et dirigée par Jean-Philippe Perreault. Le phénomène des sans religion demeure une transformation socioreligieuse encore peu documentée: il y a fort à parier que les retombées de ce projet permettront d'ouvrir de nouvelles perspectives dans l'étude du religieux et des réalités sociales en marge de notre schéma institutionnel du croire. Les résultats préliminaires présentés dans cette communication permettront d’avancer un nouveau rapport au religieux et au temps conditionné par la crise climatique. 

L’année 1857 a vu naître en France le spiritisme avec la parution du Livre des esprits d’Allan Kardec. La doctrine spirite défend la réincarnation progressive des âmes ainsi que la possibilité de communiquer avec les esprits par l’entremise de médiums. Le spiritisme a contribué à la popularisation de nombreuses croyances : réincarnation, consultation médiumnique, apparitions d’esprits, etc. Or, peut-on parler du spiritisme comme d’une religion?

La chose n’est pas claire. Les plus récentes études sur le spiritisme ne le présentent pas toujours comme une religion : on parle d’une secte, d’un mouvement, d’une doctrine, d’une philosophie, d’un phénomène de société, d’une croyance, etc. De leur côté, les associations spirites actuelles proposent des définitions assez vagues. Par exemple, le Conseil Spirite Canadien nous dit que le spiritisme « est l’opposé du matérialisme » et qu’il doit être considéré comme une doctrine ayant des fondements philosophiques, scientifiques et religieux.

Nous proposons, pour notre communication, une analyse de la façon dont Allan Kardec a situé la doctrine spirite sur le plan religieux. Notre hypothèse est que les écrits d’Allan Kardec alimentent un « flou constitutif » lui permettant de jouer sur différentes plates-bandes, soit celles du socialisme utopiste, du catholicisme et du positivisme scientifique. Pour le démontrer, nous nous intéresserons aux écrits d’Allan Kardec, et plus particulièrement au Le livre des esprits et à La revue spirite.

Une recherche généalogique menée dans un village Québécois de 500 habitants de la région de la Côte-Nord a démontré la présence de 131 mariages consanguins réalisés par les descendants des couples fondateurs au cours de 4-5 générations (M.Loiselle 1996).  On définit le mariage consanguin comme un mariage entre deux individus ayant un ancêtre commun.  En anthropologie, la théorie de l'alliance de Claude Lévi-Strauss (1949) nous informe que les familles humaines auraient respecté des lois face à la consanguinité.  Les mariages entre cousins auraient été réglementés.  Actuellement, les anthropologues se réfèrent au système terminologique de type eskimo pour identifier les données terrain.  Dans ce type de système de parenté, les germains sont désignés par les termes de frères et soeurs.  En ce qui concerne la catégorie des cousins, on ne fait pas de différence à propos de la terminologie utilisée.  Tous sont désignés sans exception par le terme de cousin.  On ne fait pas de distinction à l'égard du cousin parallèle patrilatéral, du cousin croisé patrilatéral, du cousin parallèle matrilatéral et du cousin croisé matrilatéral. Or, on a observé un discours paradoxal à l'égard des cousins germains à l'échelle de la communauté à l'étude.  Ces derniers sont loin d'être considérés comme identiques par les familles. D'où l'importance de comprendre dans le cadre de prochains travaux universitaires la classification de la parenté à l'origine de ces choix conjugaux. 

Cette communication en histoire immédiate, s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’étude des nouveaux conflits, la culture et l’emploi des forces militaires françaises, en prenant l’exemple de son engagement en Afghanistan. Nous postulons à la grande importance des savoir-faire du génie en situation de contre-insurrection. S’articulant, entre autres, autour d’un riche corpus de recueil de récits de vies de vétérans, cette recherche primée (Prix d'histoire militaire 2014 du Ministère de la Défense) est la première étude historique globale sur l’engagement de l’armée française dans ce pays. Notre communication propose d’aborder à la fois la méthodologie et la conduite de ce projet de recherche en histoire immédiate et ses résultats. Nous mettrons en lumière les différentes étapes de l’engagement français, l’adaptation de l’arme du génie aux conditions changeantes des combats mais aussi les expériences contrastées des hommes et des femmes qui ont vécus cette opération extérieure, quatrième génération du feu après celle de la guerre d’Algérie (1954-1962). L'opération extérieure en Afghanistan met à jour une nouvelle culture de guerre au sein de l'armée française et souligne d'importantes mutations à l'oeuvre en son sein.

Cette recherche porte sur la compréhension du phénomène de la conversion des québécois montréalais à l’islam à partir de leur perception et leur conviction vis-à-vis le monde des religions. D’une part, elle tente d’identifier les facteurs principaux qui dévoilent les motifs sociologiques qui ont poussé certains québécois à choisir cette religion orientale comme référence religieuse, après avoir été affiliés pendant des siècles au christianisme, notamment par sa bronche catholique depuis la présence des franco-européens de la nouvelle France jusqu’à ce jour. 

D’une autre part, nous visons à vérifier, par leur culture héritée de la socialisation occidentale, et celle de la nouvelle religion adoptée, à mettre en lumière, leur éventuelle contribution intermédiaire positive, à corriger ou ajuster la fausse image attribuée à l’islam et aux musulmans à travers une nouvelle lecture d’un islam québécois configuré et adapté aux normes et aux valeurs de la majorité de la société d’accueil.   

Au Québec, nous abordons le phénomène de la conversion à l’islam au cœur des débats sur le retour du fait religieux au sein de la sphère publique après avoir été engourdi avant qu'il émerge en tant qu'un vecteur à effet mondial en devenant un thème d’actualité, et qui s’observe particulièrement dans les couvertures médiatiques et les articles journalistiques quand il s’agit, surtout, des cas de conversions radicales.

Le Sénégal, avec plus de 94 % de musulmans, est l'un des pays les plus islamisés d'Afrique noire. Les populations de ce pays de l'Afrique occidentale pratiquent majoritairement un islam soufi fondé sur des valeurs socioculturelles. Il y est noté une cohabitation pacifique et une entente diplomatique entre le spirituel et le temporel. Cependant, on observe depuis une vingtaine d'années une montée en puissance des tensions entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique au sujet des questions reliées aux droits des femmes (Sow : 1997; Sarr : 2016; Brossier : 2004). Cet article vise à problématiser les rapports et dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir d'un cas spécifique de la loi sur la parité au Sénégal. Ainsi, les objectifs consistent à démontrer les dynamiques et blocages notés dans l'application intégrale de la loi sur la parité. Notre méthodologie consiste à analyser les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir des théories intersectionnelles sur le cas spécifique de la parité (Bilge : 2009; 2014, Kergoat : 2009, Bachand : 2014). Les résultats finaux ont montré que l'islamisation de la société sénégalaise et le manque de neutralité de l'État vis-à-vis des hommes et des femmes constituent un frein à l'émancipation de leurs droits (Mbow : 2011; Ndiaye : 2012). L'article a contribué davantage à éclaircir les dynamiques de pouvoirs entre femmes, islam et État à partir de plusieurs variables. 

Mots clés : femmes, islam, État, parité

Des femmes de culture hindoue ou néo-hindoue ont récemment affirmé incarner pour le monde occidental spécialement « la Mère divine » : comment expliquer ce phénomène culturel hybride qui a pris une soudaine ampleur au XXe siècle depuis la Française Mirra Alfassa (1878-1973) dite "la Mère", jusqu’aux personnages de Mata Amritananda Mayi et Mère Meera parfois présentes au Québec de nos jours ?

Cette communication mettra en relief une généalogie historique et sociale de cette hybridation indo-occidentale de "la Mère divine" en prenant à témoin la pensée d’Aurobindo (1873-1950) qui part en 1905 d’une diffusion de la figure de Bharat Mata (la Mère Inde), déesse elle-même forgée dans un contexte de lutte pour l’indépendance indienne. Sa pensée de « la Mère divine » se métamorphose après 1908, afin d’impulser une émancipation universelle de la conscience humaine. Reconnaissant en Mirra Alfassa sa compagne spirituelle et « la Mère divine» en 1926, il prolonge ainsi la reconstruction d’un
hindouisme occidentalisé, initiée par Ramakrishna et Vivekananda.

Mirra Alfassa s’appropria de son côté cet hindouisme occidentalisé en s’efforçant de performer la figure de « la Mère divine» ce qui inspira notamment Kamala Redy (1960-) dite Mère Meera par la suite.

Ceci est l’occasion de montrer comment la tradition religieuse multiforme de l’Inde est capable de nos jours de se métamorphoser de manière vivante pour s’insérer dans un contexte mondialisé en interaction avec d’autres formes culturelles.

Il existe actuellement un débat parmi les islamistes concernant la légitimité religieuse de la démocratie. Ce débat fourni un apport original concernant la question plus large du rapport de l’Islam à la modernité. La plupart des «néo-islamistes» vont signer des écrits sur le thème de la démocratie dans son rapport à l’islam. Cela diffère d’ailleurs grandement de l’aspect absolutiste du cadre de pensée et d’agir des mouvements islamistes de la première génération, lequel empêchait toute possibilité de négociation avec les modèles politiques modernes. En effet, les conceptions des Pères fondateurs de l’islamisme référaient à un modèle tellement absolu que ce dernier se trouvait en contradiction avec tout ce que la raison humaine aurait pu produire en dehors de références religieuses, voire islamique.

Cette présentation réfère à l’expérience du courant de la participation politique au Maroc incarnée par le parti de la Justice et du Développement (PJD), lequel  est au pouvoir depuis 2011. Elle vise à exposer et analyser les rapports ambivalents que ces islamistes entretiennent avec la démocratie. De plus, elle présentera les résultats d’une analyse des documents et des écrits de ses idéologues, ainsi que d’entrevues que nous avons effectuées avec plusieurs de ses leaders au Maroc. Cette analyse  sera appuyée par un cadre théologique référant au concept coranique de la chura (consultation), que l’on présente comme un équivalent ou même une  alternative à celui de démocratie.

Nous proposons d'examiner le processus de construction de Terry Fox en héros national.  Par l'examen de la couverture médiatique et des initiatives de commémoration telles les monuments, films et biographies, nous démontrons que les médias canadiens ont été essentiels à l'héroisation de Fox et, à l'opposé, que les médias québécois n'ont pas participé à ce processus. Nous notons les moments spécifiques où Terry Fox a été transformé de coureur inconnu, en célébrité, puis en héros.

Par ailleurs, nous suggérons que la mémoire publique du héros projète des messages spécifiques qui n'ont jamais été examinés, notamment au sujet de l'idéal masculin et de l'identité canadienne.  En insistant sur le statut héroique de Terry Fox, ceux qui ont le pouvoir de commémorer ont aussi par le fait même imposé leur vision d'une masculinité hégémonique, très intimement liée à une vision de l'identité canadienne.

C'est donc une réflexion sur l'héroisme et le nationalisme que nous proposons avec l'étude de l'histoire de Terry Fox, mais aussi sur l'utilisation du passé à des fins présentes et futures.  C'est une recherche qui est aussi inédite, puisque nous n'avons recensé que très peu de travaux savants sur Terry Fox, et aucun portant sur son histoire et sa mémoire.

En contexte de globalisation, les paysages religieux se diversifient et s'individualisent.  Le Bayefallisme est une branche à l'intérieur de la voie soufie de Mouridiyya (Bava et Gueye, 2001; Babou, 2011). Les disciples Baye Fall (Pézeril, 2008; Audrain, 2004) sont majoritairement sénégalais et renégocient leur rapport aux pratiques islamiques telles que la prière rituelle et le jeûne. Nous avons entamé notre recherche en nous demandant qu'est-ce qu'être Baye Fall. Mais, la majorité de nos informateurs n'affirmaient pas clairement :« Je suis Baye Fall », mais plutôt : « Je veux être Baye Fall ». Que nous dit ce « vouloir-être » (Lemieux, 2003) sur les expériences religieuses vécues (McGuire, 2008)? Cette posture, que nous qualifierons de bayefallisante, nous a tout d’abord semblé problématique pour ensuite devenir notre porte d'entrée. La littérature sur les trajectoires religieuses (Schielke, 2009; Koning , 2013)  a déjà démontré qu'elles ne sont pas linéaires, mais composées de contradictions et de moments d’arrêts où l’on se questionne sur le chemin à emprunter. L'objectif de cette communication est de prouver que ces ambiguïtés peuvent être créées par la qualité réflexive de l'expérience religieuse. Nous présenterons les résultats de notre mémoire de maitrise. Nos données ethnographiques sont issues d'observations participantes et d'entrevues avec des Baye Fall entre 2015 et 2016 à Montréal.

Des études récentes remettent en question la tradition interprétative qui voit dans le premier chapitre de l'Évangile de Matthieu l’affirmation d’une conception virginale sans agent masculin[1]. Cette communication propose de faire une synthèse de cette remise en question autour de quatre points: 1) la raison de la présence des femmes dans la généalogie de Jésus, 2) l’interprétation de « engendré par l’esprit » (Mt 1,18. 20), 3) l’interprétation de παρθένος (vierge) dans la citation d’Is 7,14 en Mt 1,23 et 4) la raison de l’abstinence de relations sexuelles avant la naissance (Mt 1,25).

Par l’analyse de la réponse du lecteur (reader response), nous allons étudier le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu pour voir que l’interprétation traditionnelle de la virginité de Marie n’est pas la seule lecture possible. Cette méthode a pour objet l’étude de l’effet du texte chez le lecteur.

La conclusion de cette étude est que ce récit ne donne pas une affirmation explicite de la conception virginale de Jésus. Ainsi, le lecteur de l’Évangile de Matthieu peut aussi bien comprendre que Jésus n’a pas de père humain ou qu’un autre homme que Joseph était son père biologique. Le texte de Matthieu présente assez d’ambiguïtés pour soutenir les deux interprétations pourtant opposées.

 [1]Schaberg, Jane, « Feminist interpretations of the infancy narrative of Matthew », 2005. et Andrew T. Lincoln , « Contested paternity and contested readings: Jesus' conception in Matthew 1.18-25 », 2012.

Je consacre mon projet de recherche doctoral aux expériences subjectives (les vécus) et aux perspectives de femmes bruxelloises, beyrouthines et montréalaises de confession musulmanes de toutes orientations islamiques confondues quant à la radicalisation violente liée à la montée de Daesh (ISIS) en 2011 et aux pressions en tout genre qu'elles subissent depuis l’avènement et l’hyper-visibilité de Daesh. Les participantes rencontrées (n=92) ont des parcours très diversifiés comme par exemple des mamans ayant leurs enfants engagés sur les fronts syriens avec Daesh ou contre Daesh, ou encore des femmes ayant des difficultés à trouver un emploi à cause, estiment-elles, d’une islamophobie s’intensifiant depuis l’existence de Daesh. J’aborderai dans ce congrès l’importance des dialogues et des échanges de connaissances inter-religieuses et inter-sociales que certaines de mes interviewées de ma recherche doctorale fréquentent. Je relaterai les raisons qui ont poussées mes interviewées à fréquenter deux groupes sociaux précis mais aussi les répercussions de ces deux groupes sociaux sur leurs vies respectives. Premièrement, j’aborderai le cas d’un groupe bruxellois de connaissance inter-religieux fréquenté entre autres par des personnes de toutes confessions ou sans confessions qui se retrouvent pour discuter. Et deuxièmement, j’aborderai le cas d’un groupe de connaissance inter-sociale bruxellois composé de mamans et de papas ayant un enfant ou un proche rallié à daesh.

Je suis enseignante en philosophie au Cégep de Saint-Félicien depuis 2010. Il y a environ six ans, ma vision de la discipline, telle qu’enseignée à ce moment, a été bousculée par des rencontres et des prises de conscience qui ont fait naître plusieurs collaborations et projets de recherche institutionnels interdisciplinaires. Afin de rendre les résultats des conclusions de ces différentes recherches accessibles et de poursuivre la réflexion sur les fondements épistémiques et éthiques de l’enseignement de la philosophie au collégial, j'ai poursuivi la réflexion à la Maîtrise en études et interventions régionales, programme interdisciplinaire disponible à l’UQÀC (titre du mémoire : Pour un enseignement de la philosophie déhiérarchisé, interculturel et interdisciplinaire : Analyse d’une pratique particulière). La problématique centrale du mémoire étant : « Comment intégrer plus de diversité dans les cours de philosophie au collégial ? », pour parvenir à y répondre, en joignant les acquis des dernières années et en poursuivant les recherches entamées, j’ai opté pour une méthodologie praxéologique hybride : je suis partie de ma pratique et ses changements comme éléments centraux d’objet d’analyse. Ce sont les conclusions de ces six années de réflexions que je souhaite partager à mes collègues ainsi que les suites amorcées face aux constats recensés dans le prochain projet de recherche (projet de doctorat en cours).

Le Québec, société vieillissante se distingue par le caractère multiethnique et multireligieux de sa population. Certains aînés vulnérables utilisent les services de santé et sociaux pour répondre à leurs besoins en vue d’un vieillissement «réussi». Pour d’autres, la spiritualité est une stratégie sur laquelle ils s'appuient pour faire face à la maladie et rechercher du bien-être. Cet aspect est souvent ignoré dans la tradition médicale occidentale. Les pratiques de santé restent dominées par une approche biomédicale où les soins de santé reposent sur des activités thérapeutiques.Des enquêtes récentes mentionnent qu’en contexte d'immigration, la spiritualité pourrait avoir un caractère plus significatif et influencer la conception de la santé et des soins psychosociaux des aînés immigrants, et leur vie sociale en général.

Cette communication est le résultat préliminaire de ma recherche exploratoire en cours. J'ai interrogé 45 personnes de 8 communautés ethniques du Québec, âgées de 65 à 84 ans, sur le sens qu'elles donnent à la spiritualité et le lien qu'elles font entre la spiritualité et la santé. L'analyse partielle de leurs discours montre que la spiritualité reste un concept polysémique difficile à définir. La plupart des aînés estiment qu’il y a un lien direct entre la spiritualité et la santé. La spiritualité apparaît comme une stratégie d'adaptation possible face au sentiment de finitude ressenti avec l'avancée en âge, et les pertes qui accompagnent le vieillissement.

La visibilité accrue des communautés musulmanes dans les sociétés occidentales engendre un choc des valeurs et des pratiques sociales et politiques notamment envers la laïcité et l’égalité femmes-hommes. Certaines pratiques liées à l’islam sont perçues comme menaçantes à l’égard des acquis démocratiques, libéraux, laïcs et féministes. Cette prétendue incompatibilité entre les valeurs de l’islam et celles des sociétés occidentales pose une remise en question quasi systématique des choix que font les femmes qui s’identifient à l’islam (foi ou culture). Le port du hijab est un exemple significatif qui occupe régulièrement les fils d’actualité. La recherche met en lumière la perception des femmes intellectuelles francophones musulmanes quant à la conciliation de leur foi, leur culture et leur citoyenneté dans un contexte libéral et sécularisé. Une étude comparée entre la France et le Québec est réalisée en utilisant l’analyse documentaire afin de décrire les pensées développées par huit intellectuelles francophones musulmanes québécoises et françaises. Au-delà des spécificités reliées aux perceptions et aux visions de chacune d’elles, la recherche a permis de dégager trois constats généraux qui ont une influence sur leurs perceptions et leurs visions : (1) chaque femme a une relation différente et singulière avec l’islam (type, place occupée dans sa vie, etc.); (2) chaque femme a un parcours de vie singulier; (3) l’importance de l’influence du milieu d’accueil.

L’Antiquité tardive est largement reconnue comme une époque peu féconde en ce qui a trait à la philosophie politique.  Peu d’auteurs s’y consacrent et, s’ils le font, c’est dans un cadre chrétien et dans une perspective de glorification du régime impérial (à travers des panégyriques).  Or, un texte anonyme du VIe siècle, le Dialogue de science politique contredit ces deux points de vue.  Peu étudié, jamais traduit en français, le texte est néanmoins d’un grand intérêt.  Bien qu’il ait été transmis sous forme fragmentaire (un livre complet et la fin d’un autre sur un total de six), il peut nous éclairer sur la persistance de la philosophie politique classique dans l’Antiquité tardive.   

L'Antiquité tardive est en outre traditionnellement perçue comme une époque où l'empereur est tout-puissant, où on n'accorde plus d'importance au pouvoir du peuple et du Sénat.  Contre cette idée, le texte montre l'existence d'un courant politique qui prône l'encadrement du pouvoir de l'empereur et qui vise à rehausser le rôle du Sénat dans les différents aspects du pouvoir.  C'est donc un point de vue sénatorial qui y est présenté. Cette présentation visera à exposer les différentes caractéristiques du texte (la méthode et les idées proposées) et ainsi, à travers l'allusion à d'autres textes du VIe siècle (Jean le Lydien, Zosime, Procope), à reconstruire un courant politique dont l'importance est souvent sous-estimé dans l'historiographie.

Notre communication examinera le sujet de la reconnaissance juridique des Métis au Canada. Nous explorerons plus particulièrement l’instrumentalisation du test juridique Powley s’agissant de la délimitation de l’identité métisse par certaines organisations autochtones. Notre communication se penchera sur un document issu d’une organisation expliquant le refus de la demande d’adhésion d’un « Métis » selon des critères identitaires. Nous verrons comment cette exclusion est justifiée à la fois selon le jugement Powley et la notion d’une territorialité nationale métisse, qui exclut les ancêtres de la personne en question. Comme nous le démontrerons, un examen plus minutieux du cas Powley mène pourtant—si nous devions appliquer cette même notion de territorialité nationale métisse—à l’exclusion identitaire des frères Powley eux-mêmes. Notre exemple suivi d’une discussion servira à illustrer les tensions et les problèmes issus de l’instrumentalisation de critères juridiques par certains acteurs politiques plongés au coeur de négociations souvent difficiles au sujet d’une identité autochtone en pleine effervescence.

Comment cibler des relations significatives à l’intérieur d’une base de données archéologiques? Comment visualiser intuitivement des relations complexes entre ces diverses données? Quelle est l’utilité d’explorer les propriétés relationnelles de la culture matérielle paléohistorique?

Ces trois questions permettent d’introduire une méthodologie simple de traitement de données qui démontre la pertinence d’appliquer certains outils et concepts de la science des réseaux aux sciences humaines et sociales. L’auteur présente une démarche méthodologique de visualisation d’un réseau archéologique technologique, ses résultats finaux et les nouvelles questions qui en émergent. Fondée sur l’analyse macroscopique visuelle de milliers d’artefacts en pierre taillée découverts dans la vallée des rivières des Outaouais, du Lièvre et Rouge, cette méthodologie innovante permet d’explorer des questions de nature sociale et culturelle. L’auteur présente les opportunités d’application ainsi que les défis futurs de l’analyse des réseaux en archéologie paléohistorique. L’accent est mis sur l’adaptation spécifique de ces méthodes, notamment sur la possibilité de s’émanciper du cadre sociologique dont l’archéologie des réseaux est héritière.