529 - Le soutien partagé aux transitions interordres vers les études supérieures : quels enjeux pour les acteur.trice.s des milieux éducatifs?

Favoriser une transition cégep-université réussie exige un engagement collectif et partagé, notamment lorsqu’il est question d’étudiant·es en situation de handicap (après ESH). À partir de cette visée, une recherche-action collaborative et interordre a réuni les personnes impliquées dans cette transition avec l’intention de répertorier les obstacles et facilitateurs, d’identifier les besoins et co-construire des modalités d’accompagnement en vue de la soutenir. À l’automne 2024, 10 ESH nouvellement admis à l’Université de Montréal ont documenté leur transition cégep-université à l’aide de la méthode Photovoix. Au terme d’un entretien de groupe, il en ressort des besoins liés à l’accessibilité physique, aux pratiques inclusives, à l’accompagnement ainsi qu’à la sensibilisation et la formation de l’ensemble de la population universitaire. Cette première phase permettra, au cours de la prochaine année, de coconstruire des modalités d’accompagnement en collaboration avec le personnel professionnel dédié à leur accompagnement au cégep et à l’université. 

S’intéressant à la transition d’une population unique, cette communication s’inscrit dans les trois axes de l’Appel. Outre le cadre et la méthodologie retenus, les besoins liés à la transition seront exposés (Axe 2). Suivra l’identification de pistes d’action et d’accompagnement individuelles, collectives et partagées (Axe 3) en vue de favoriser une transition réussie AVEC, PAR et POUR cette population (Axe 1). 

Les transitions en enseignement supérieur nécessitent une approche systémique, mobilisant l'ensemble des actrices et acteurs institutionnels dans une responsabilité partagée. Le Pôle sur les transitions en enseignement supérieur explore cette dynamique à travers cinq chantiers qui illustrent la complexité des parcours et la nécessité d'environnements capacitants et ouverts. Ces chantiers – la transition du retour aux études pour une requalification, les transitions interordres et intercycles, la transition des Premiers Peuples vers l'enseignement supérieur, la transition de l'insertion socioprofessionnelle des étudiants internationaux et la transition vers les programmes en STIAM – répondent à des enjeux spécifiques qui nécessitent un fort engagement et des projets structurants.  

Les actions priorisées par le Pôle autour des transitions interordres mettent en lumière leur caractère dynamique, où s'entrecroisent simultanément des enjeux académiques, personnels, sociaux et professionnels. Cette complexité appelle une forte culture de collaboration régionale, qui transcende les frontières traditionnelles entre établissements et services, favorisant l'émergence d'innovations pédagogiques et organisationnelles. Les réalisations à ce jour révèlent l'importance de développer des mécanismes de soutien flexibles et interconnectés, ancrés dans une vision systémique qui reconnaît tant la singularité des parcours que la nécessité d'une responsabilité collective dans leur accompagnement. 

La transition vers l’enseignement supérieur est une période critique nécessitant un soutien adapté (Maymon et al., 2019). Pour répondre aux besoins des étudiant·es, plusieurs initiatives sont mises en œuvre par les établissements d’enseignement, les facultés et les services (Donnison et al., 2009; Howlett et al., 2016; Knaus et Callcott, 2017). Cependant, les approches favorisant une collaboration interordres et interprofessionnelle restent rares parmi les mesures de soutien aux transitions (axe 1 du colloque). 

Cette communication examine comment la responsabilité des transitions peut être partagée entre établissements et étudiant·es, à partir de l’analyse de l’engagement dans une communauté de pratique (CoP) interordres et interprofessionnelle sur les transitions réussies au postsecondaire dans le Bas-Saint-Laurent (Parent et al., 2024). 

Un questionnaire baromètre a été administré à la fin de chacune des dix rencontres afin de documenter l’engagement des participant·es et leur perception de la valeur ajoutée de la CoP en tenant compte des rôles des répondant·es (enseignant·es, professionnel·les, chercheur·euses, étudiant·es). L’analyse des réponses a permis d’identifier les apports et les limites de cette CoP selon les perspectives des différentes personnes (Savard et Côté, 2021). Cette réflexion ouvre des pistes pour le développement de nouvelles pratiques favorisant une approche systémique et une culture de collaboration autour des transitions postsecondaires.

Pour les élèves qui apprennent à adopter le rôle d’étudiant.e dans  le cadre de leurs études postsecondaires, plusieurs écrits scientifiques soulignent l’importance des relations sociales avec leurs pairs et avec le personnel des établissements (Berthaud, 2019; Coulon et Paivandi, 2008; De Clercq et al., 2020; Deci et Ryan, 2000; Tinto, 1997; Zibanejad-Belin, 2019). Considérant leur rôle déterminant dans la réussite d’une transition postsecondaire, Zibanejad-Belin (2019) insiste sur la nécessité de mieux documenter les stratégies qui favorisent des opportunités de socialisation entre pairs et avec le personnel des établissements.  

L'objectif de cette communication est de écrire les attentes et les besoins des personnes impliquées dans la création et le déploiement d’une mesure de soutien aux transitions postsecondaires qui offre des opportunités de socialisation entre les personnes étudiantes et le personnel des établissements. Pour répondre à cet objectif, une étude de cas a été réalisée à partir d’une mesure de soutien universitaire destinée aux personnes étudiantes en situation de transition (Desjardins et al., 2024). Une analyse quantitative de données secondaires a permis de décrire les attentes et les besoins des personnes étudiantes inscrites à cette mesure. Une analyse qualitative, basée sur 52 séances d’observation participante, 150 textes, 12 entrevues individuelles auprès du personnel impliqué dans la mesure et 30 entrevues (individuelles ou de groupe) de personnes étudiantes, a également permis d’examiner les stratégies mises en place pour favoriser des opportunités sociales.  

Les résultats montrent que le besoin d’appartenance sociale (Deci et Ryan, 2000) influence fortement les attentes et les besoins des personnes étudiantes dans leur décision d’utiliser la mesure. De plus, plusieurs stratégies favorisant l’intégration d’opportunités de socialisation entre les étudiantes et étudiants et le personnel de l’établissement dans le déploiement de la mesure de soutien ont été identifiées, conformément aux propositions de Tinto (2006) et Zibanejad-Belin (2019). Ces stratégies incluent notamment la présence de moments informels de discussion et des activités ludiques qui favorisent les échanges.

Malgré les services adaptés offerts par les collèges et les accommodements mis en place pour soutenir la transition des personnes étudiantes en situation de handicap, plusieurs rencontrent des obstacles en matière d’intégration et d’accessibilité aux apprentissages, notamment dans leurs cours de français. Cette communication présente une initiative conjointe du département de français et du SAIDE du Collège Lionel-Groulx visant à améliorer l’expérience de transition des personnes étudiantes dont les limitations affectent, entre autres, leurs compétences langagières. Il s’agira plus précisément d’examiner le contexte de transition de cette population spécifique (défis, besoins, perceptions) (Axe 2) et de présenter les actions mises en place pour les soutenir (Axe 3). Un comité interdisciplinaire réunissant enseignants, conseillers en services adaptés et gestionnaires a été formé à l’hiver 2023 pour analyser les pratiques existantes et trouver des pistes de solutions communes. Les données ont été collectées par questionnaires, groupes de discussion et observations en classe. Une attention particulière a été portée aux mesures d’accommodement et à leur impact sur la réussite académique. Les premiers résultats mettent en lumière plusieurs leviers essentiels : l’intégration précoce des mesures, des formations ciblées sur les outils d’aide, des pratiques pédagogiques plus inclusives et une concertation accrue entre les intervenants.

Bon nombre des personnes étudiantes inscrites dans les institutions postsecondaires vivent des enjeux de transition (CAPRES, 2020; FECQ, 2021; Doray et al., 2022). Cette réalité est observée pour les personnes étudiantes en provenance des institutions canadiennes mais elle est accrue lorsque la personne est issue de systèmes éducatifs différents (Gallais et coll., 2020).  

Basé sur une série d'entrevues, de groupes-focus et d'une immersion pédagogique au Sénégal, l’observation d’écarts pédagogiques importants entre le système collégial canadien et les réalités vécues par les personnes étudiantes formées dans un système éducatif différent est frappant. À titre d’exemples les résultats obtenus pointent vers des différences marquées au niveau : des mécanismes postsecondaire d’enseignement et d’évaluation; des attentes en matière d’apprentissage scolaire; des rôles respectifs des personnes enseignantes et étudiantes; de l’accessibilité des membres du corps professoral qui est encouragé, de même que la disponibilité des services d’aide et de support pouvant et devant parfois être utilisés. 

Pour aider à surmonter ces difficultés et soutenir les transitions de chacune des personnes étudiantes, une équipe enseignante travaille au développement d’outils; outils accessibles et disponibles avant même l’arrivée dans les institutions post secondaires. Ces outils prévoient l’immersion dans un univers interactif virtuel, un guide étudiant, de courtes capsules vidéo, un site web informatif et à terme un programme de mentorat.  

Pour l’intervention au colloque, notre approche se basera sur une communication interactive organisée en trois temps :  

1. Présentation du contexte ;  

2. Discussion sur les réalités vécues par les personnes étudiantes en provenance de différents modèles d’éducation ;  

3. Présentation des outils développés et recueil des commentaires.  

En intégrant la communication et l’atelier, nous visons à approfondir la réflexion et la discussion tout en partageant l'expérience des personnes participantes