555 - Synergie IA-santé-éducation : repenser la formation et le développement professionnel continu en santé à l’ère du numérique

Contexte : Le domaine de l’éducation a été parmi les premiers à adopter les technologies numériques et plus récemment, à appliquer des outils d’intelligence artificielle (IA). En sciences de la santé, le numérique et l’IA ont permis de diversifier les stratégies d’apprentissage et d’offrir des formations hautement personnalisées. Toutefois, l’usage du numérique et de l’IA dans le développement professionnel continu (DPC) rencontre encore plusieurs défis. Objectif : Cette présentation propose un survol des applications du numérique et de l’IA pour le DPC en santé et des principaux enjeux entourant leur utilisation. Méthode : Une revue narrative des principaux enjeux associés à l’utilisation du numérique et de l’IA pour le DPC dans les professions de santé a été réalisée. Résultats : Plusieurs outils numérique et d’applications de l’IA ont démontré des bénéfices pour l'enseignement, l'évaluation et la gestion en lien avec le DPC. Or, le succès du numérique et de l'IA dans le DPC en santé dépend de nombreux facteurs dont le soutien organisationnel, l'engagement des personnes formatrices et des personnes apprenantes, de même que l’encadrement éthique de l’utilisation des technologies. Discussion : Les enjeux identifiés ne sont pas uniques au DPC en santé, mais la complexité des milieux de pratique requiert la collaboration de plusieurs acteurs et actrices afin d’assurer une intégration responsable du numérique et de l’IA pour favoriser des soins et services optimaux.

Le milieu de la santé est en constante évolution, notamment en raison de la pénurie de main d’œuvre et de la croissance des besoins des patients et de la population. Au cœur de cette transformation, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) se distingue par son adoption proactive de l’intelligence artificielle (IA), devenant ainsi un leader dans l’innovation en santé. Le projet «Transformation IA-santé: Habiliter les personnes professionnelles ayant des responsabilités de formation (PRF) à développer les compétences du futur en santé» incarne cette avancée, pour la formation. Le projet vise à outiller ces PRF œuvrant en établissement de santé avec les ressources nécessaires pour former à propos, à l’aide et à travers l’IA. Près de 160 personnes cliniques ou non cliniques ont été consultées par le biais de méthodes de collecte suivantes: un sondage, des groupes de discussion, des entrevues individuelles et des ateliers de coconstruction. Cette analyse rigoureuse documentée dans un Livre blanc (lancé en février 2024) permet d’identifier les leviers, défis et attentes exprimés par ces PRF du CHUM et propose des solutions adaptées. Une première qui fera l’objet d’une étude pilote au printemps. Les PRF jouent chacun à leur façon un rôle important dans la transmission de savoirs et la culture d’apprentissage continu au sein de leur milieu, il s’avère essentiel de leur offrir des solutions de développement professionnel tout au long de la vie.

L'intégration de l'IA générative dans l’enseignement en général et dans la formation continue des professionnels de santé offre des perspectives novatrices sur plusieurs plans, et particulièrement pour l’aide à la productivité des formateurs ainsi que pour la personnalisation de l'apprentissage, entre autres. Toutefois, les limites et risques associés à cette technologie soulève des questions éthiques et pratiques importantes, surtout dans le domaine de la santé. Notre communication propose une analyse critique des possibilités et des défis de l'IAg pour les formateurs en santé. Le concept d’intelligence augmentée peut assez aisément s’incarner dans le concept du formateur augmenté par les capacités de l’IAg. Par ailleurs, les possibilités les plus prometteuses ont trait aux tuteurs adaptatifs pouvant offrir des rétroactions et parcours personnalisés. Nous présenterons quelques résultats liés à une recension des écrits sur les possibilités de l’IA en matière d’échaffaudage et de rétroaction, en présentant des cas types en santé. Nous aborderons les risques liés aux biais algorithmiques et aux erreurs potentielles de l'IAg, qui peuvent compromettre la qualité des réponses, donc de la formation. Nous discuterons enfin des moyens permettant de diminuer les erreurs et d’augmenter la précision, tels que le RAG et le fine-tuning, en présentant des pistes pratiques d’implantation et de recherche et en esquissant les contours de la litéracie de l’IA pour les formateurs en santé.

Contexte : Les agents conversationnels basés sur l’IA générative dont ChatGPT prennent de plus en plus de place en éducation des professions de la santé. Problématique : Il manque de données sur la perception, l’expérience et l’utilisabilité rapportées par les étudiants des sciences de la santé utilisant ChatGPT. Objectif : Comparer la perception, l’expérience vécue et l’utilisabilité rapportée entre des étudiants utilisant ChatGPT et des outils web conventionnels. Méthodologie : Étude randomisée contrôlée croisée à méthodes mixtes. Participants : 65 étudiants au 1ier cycle en sc. de la santé à l’U. Carleton (Canada) répartis aléatoirement entre les groupes ChatGPT et outils web conventionnels pour réaliser un devoir. Collecte de données : Quantitative : Échelle d’utilisabilité auto-déclarée (SUS) et sondage sur la perception des étudiants (n=24). Qualitative : Deux discussions de groupe avec les étudiants (n=7). Résultats principaux : Le score SUS global était plus élevé pour le groupe ChatGPT, mais pas significativement différent, par rapport au groupe outils conventionnels. L’analyse thématique des discussions révèle que les utilisateurs de ChatGPT mettaient l’accent sur l’importance de lignes directrices claires et une utilisation responsable de l’IA, ce qui contrastait avec l’accent du groupe conventionnel sur les sanctions. Discussion: Les étudiants rapportent une bonne utilisabilité de ChatGPT, mais expriment des préoccupations éthiques par rapport aux outils d’IA.

Contexte : Les agents conversationnels (chatbots) utilisant l’IA générative (ex. ChatGPT) ont un potentiel pour supporter l’apprentissage du raisonnement clinique (RC) des étudiants des sciences de la santé. Problématique : Il n’est pas clair comment former ces étudiants à interpréter les informations générées par ces chatbots. Objectif : Comparer les effets de 3 activités réflexives sur l’apprentissage du RC d’étudiants utilisant un chatbot pour résoudre des cas cliniques. Méthodologie : Étude randomisée pilote. Participants : 93 étudiants en 2ième année de physiothérapie (U. Montréal) répartis aléatoirement (allocation 1:1:1) en trois groupes utilisant l’IA générative : 1- avec un outil réflexif axé sur l’auto-détermination (AD); 2- avec un outil réflexif axé sur l’auto-explication ou 3- avec une réflexion libre. Recueil de données : Lors d’une séance de trois heures, tous les étudiants utiliseront le chatbot Bing (Microsoft) pour résoudre des problèmes cliniques, et selon leur groupe utiliseront une approche réflexive supplémentaire. Résultats attendus: Les étudiants utilisant l’outil réflexif axé sur l’AD présenteront un meilleur développement de leur RC. Discussion : L’outil axé sur l’AD pourrait favoriser un sentiment de compétence, de collégialité et d’autonomie chez les étudiants utilisant un chatbot. Implication : Cette étude pilote guidera des études de plus grande envergure sur les outils réflexifs pour soutenir l’apprentissage du RC à l’aide de l’IA générative.

Depuis 2018, le CHUM organise une semaine d’immersion destinée aux adolescents désirant explorer les professions du milieu de la santé: l’Académie d’été du CHUM (AÉC). Avec l’accélération incessante des avancées technologiques, une pénurie de main d’œuvre grandissante et des changements dans toutes les professions en santé, l’AÉC a voulu amorcer un virage afin d’élargir son champ d’action. Les deux questions fondamentales soulevées dès lors étaient les suivantes: << Que connaissent les adolescents des professions de la santé aujourd’hui? >> et << Comment les rejoindre dans leur processus d’exploration pour les aider à imaginer le futur et les intéresser aux opportunités en IA et STIM dans le domaine de la santé? >>. Nous avons déployé une diversité de stratégies, passant de la revue de littérature à l’expérimentation terrain et en mode virtuel. Une approche de design thinking a été déployée et a réuni en ateliers de coconstruction des dizaines d’acteurs dont: adolescents, professionnels de l’orientation, des communications, du communautaire et professionnels de la santé, IA et STIM. L’élément clé qui émerge de ces travaux est le besoin criant de ressources en IA et STIM non seulement accessibles aux jeunes, mais aussi contextualisables au domaine de la santé et explicitement interdisciplinaires. Nous devons aussi diversifier nos approches pour nourrir les pratiques informationnelles des jeunes et les autonomiser dans l’exploration et l’invention de leur futur en santé.

Pour intégrer l'IA en cancérologie au Québec, les experts doivent mieux transférer leurs connaissances. Dans ce but, la Société Canadienne du Cancer (SCC) et l'École de l'intelligence artificielle en santé (ÉIAS) ont identifier les pionniers du Québec pour les former à devenir des formateurs-ambassadeurs. Le projet inclut plusieurs livrables distincts : répertoire de projets IA-cancérologie, parcours de formation, symposium, communauté, etc. Plusieurs méthodologies distinctes ont donc été déployées : analyses de littérature, sondages, entrevues, ateliers de co-design, approches pédagogiques innovantes, plans de transfert de connaissance, etc. Les participants ont répondu à un sondage pour évaluer: 1) niveau de confiance dans leur capacité à transmettre leurs connaissances et, 2) sentiment d’être équipé pour le faire. Ils ont également rempli une évaluation du parcours. Résultats: 13 projets IA-cancérologie au Québec documentés; 15 porteurs de projets rencontrés pour l’analyse de besoins et 29 participants au parcours. Les résultats des sondages démontrent une augmentation de la confiance des participants à transférer leurs connaissances (19%) et de de leur sentiment d'être équipé pour le faire (32%). Le besoin de rehausser les compétences pédagogiques des formateurs-ambassadeurs n’est pas perçu, ce qui mène à une certaine réticence. Cependant, nos participants ont signalé une amélioration évidente de leurs compétences à transférer leurs connaissances à leurs pairs.

Dans un laboratoire vivant par, pour et avec les personnes aînées (PA) de Chaudière-Appalaches, les participants ont identifié le besoin d’une innovation soutenant l’utilisation des technologies numériques (TN) pour favoriser la participation sociale des PA en milieu rural. Bien que les TN représentent une alternative intéressante pour faciliter la participation sociale des PA, elles présentent des défis pour leur maîtrise. Pour pallier cette problématique, des chercheurs, tout comme les participants, suggèrent de la formation pour l’utilisation des TN et du soutien auprès des PA. Cependant, les stratégies éducatives en cette matière, tenant compte des caractéristiques de cette population, sont peu étudiées et rarement intégrées dans les pratiques. Dans ce contexte, l’objectif général de la recherche consiste à mieux comprendre de quelle façon les personnes aidantes peuvent soutenir les PA dans leur apprentissage des TN avec des approches éducatives adaptées à leurs caractéristiques et à leurs besoins, et cela, dans leur communauté. Cette question sera étudiée dans une approche phénoménologique par une méthode mixte à partir du point de vue des participants dans leurs expériences. Cette recherche approfondira empiriquement les connaissances sur le phénomène de l’apprentissage des TN chez les PA et sur les moyens à mettre en œuvre pour mieux les soutenir, notamment dans un contexte rural. Elle mettra en relation des connaissances multidisciplinaires en éducation et en santé.

La formation par concordance (FpC) est une approche novatrice qui génère beaucoup d’intérêt pour la formation continue des professionnels de la santé. Elle se base sur le partage du savoir expérientiel pour améliorer le raisonnement clinique des apprenants. Puisque sa conception est complexe, nous examinons les moyens d’introduire l’intelligence artificielle afin d’optimiser l’accessibilité aux FpC. La question qui se pose est à quelle étape de conception l’IA pourrait être bénéfique? Dix sessions de codéveloppement de FpC avec des médecins d’urgence et des experts en FpC ont été observées par des développeurs spécialistes en intelligence artificielle. À la lumière de ces observations, l’équipe développe un concepteur virtuel intelligent de concordance qui soutiendra les différentes étapes de la conception d’une FpC. Plusieurs options s’offrent à l’intégration de l’intelligence artificielle dans la conception de cet outil qui pourrait à la fois faciliter la conception et accroître la qualité des apprentissages réalisés; apprentissage augmenté grâce à l’IA. Grâce à l’intelligence artificielle, le concepteur virtuel permettra de rendre la création des FpC accessible et rapide tout en poussant encore plus loin l’apprentissage. Ces avantages créeraient des formations continues, dynamiques, efficientes et attractives pour des professionnels de la santé.

Dans un contexte où l'intelligence artificielle (IA) redéfinit le paysage de la santé, le projet "Transformation IA-santé" marque un tournant, fruit d'une collaboration entre la Chaire de leadership en enseignement sur les pratiques pédagogiques innovantes en contexte numérique de l'Université Laval, la DEAC du CHUM, et l'OBVIA, avec l'appui du MEIE. Cette initiative vise à outiller les professionnels responsables de la formation (PRF) en santé pour intégrer l'IA dans l'enseignement, répondant à un besoin crucial de développement professionnel. Le projet a évalué minutieusement plus d'une centaine d'outils d'IA, aboutissant à la création de 50 fiches informatives intégrées à la boîte à outils "Prêt-à-former" de la DEAC. Ces ressources, destinées à enrichir les pratiques pédagogiques des PRF, incarnent une avancée significative dans l'adaptation de l'enseignement en santé aux exigences du numérique. Nous partagerons dans cette communication la méthodologie de sélection et d'évaluation des outils, le pilotage des ressources ainsi que les futures étapes envisagées pour évaluer l'impact de l'accès à de telles ressources sur l'integration de l'IA dans la formation en santé. Ce projet illustre un engagement vers l'innovation pédagogique, promouvant un accès équitable aux technologies et la personnalisation de l'apprentissage, et propose un modèle inspirant pour la transformation éducative dans le secteur de la santé.