Former des praticiens réflexifs est devenu normal (Brockbank et McGill, 2007) et la pratique réflexive s’étend désormais à de nombreux domaines, notamment l'éducation (Charlier et al., 2013; Tardif, Borges et Malo, 2012; Vacher, 2015), la santé (Ghaye, 2006), la psychologie (Scaife, 2010), l’ingénierie (Rouvrais, 2013)… Un colloque ACFAS en 2015 nous a permis de clarifier certains liens entre expérience déstabilisante, réflexivité et changement. Dans la continuité, nous tenterons de comprendre les dynamiques entre réflexivité, compétences et identité. Nos pratiques en formations initiales ou continues suggèrent que les trois termes s’interpellent et se répondent. En effet, une personne en formation, en construisant des capacités et compétences, opère, en ayant selon les cas des sentiments de continuité ou de rupture, des remaniements identitaires qui orientent son rapport aux apprentissages, y compris l’apprentissage de et sur soi (Kaddouri, 2006). Certaines formations sont des occasions de prendre son expérience comme matériau d’apprentissage (Donnay et Charlier, 2008). Le professionnel réfléchit alors sur qui il est et ce qu’il fait ou non, à l’occasion des formations et occasions rencontrées ou empêchées. Selon Dewey (1933), l’éducation et la formation sont des catégories d’expériences vécues susceptibles de stimuler la réflexivité de par les malaises, les surprises ou la curiosité qu’elles peuvent générer; elles constituent une expérience particulière lorsqu’elles procurent des clés pour d’autres expériences formatrices, à l’infini et au-delà des dispositifs de formation. Par ailleurs, que ce soit en formation, en situations professionnelles ou de vie quotidienne, une personne en activité apprend toujours plus ou moins en associant ou modifiant d’anciens schèmes, en en créant d’autres (Pastré, 2008; Vergnaud, 1996). Au passage, elle s’instrumente (Rabardel, 1995). Dans cette perspective, la personne ne fait pas qu’agir sur le réel pour le transformer, elle se construit dans l’action (Rabardel et Samurçay, 2004). De là, l’une des sources de construction des compétences professionnelles, même si le concept de compétence est objet de débat (Jonnaert, 2009; Pastré, Mayen et Vergnaud, 2006). Si les trois termes du triangle réflexivité – compétences – identité s’interpellent, reste posée la question du comment. Peu de travaux les abordent dans leur interaction. Nous les interrogeons dans le cadre de ce colloque en ayant la réflexivité comme porte d’entrée. Ainsi, les contributeurs sollicités expliciteront comment, dans leurs travaux de recherche, la réflexivité interagit avec les compétences, l’identité ou les deux, à l’occasion d’expériences de formation variées. Les angles d’étude seront interdisciplinaires et les perspectives d’analyse devraient enrichir mutuellement les regards épistémologiques, théoriques et méthodologiques portés sur le lien entre les trois concepts.
Du jeudi 12 au vendredi 13 mai 2016