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Barbara Delacourt, corédactrice invitée, Université de Montréal

La subjectivité? C’est sûrement elle qui m’a amenée à mon objet de thèse qui porte sur le maintien de la communication avec les personnes qui vivent avec des troubles neurocognitifs majeurs. C’est une problématique qui me touche et pour laquelle j’ai à cœur de trouver des solutions. L’objectivité? C’est le chemin que je tente de suivre au travers ma méthodologie et mes analyses, afin de m’assurer que les résultats disent quelque chose de la situation mesurée.

Barbara Delacourt
Illustration : Marine Le Dantic, Acfas.

L’idée de ce dossier est venue de manière impromptue. Laila Mahmoudi et moi, respectivement doctorantes en santé publique et en sciences de l’orthophonie, avions été invitées à co-organiser une activité « Relève » au Congrès de l’Acfas 2023. À la fin de la rencontre, la responsable de ces activités nous a présenté Johanne Lebel, la rédactrice en chef du Magazine de l’Acfas. Et voilà comment elle le raconte : « Ma collègue Julie-Anne me connaissait bien, toujours à l'affût d’un nouveau sujet. Là, en vous entendant regretter d’être parfois cadré trop rigidement dans l’approche de vos objets de recherche sur et avec des sujets humains, je vous ai proposé spontanément de collaborer comme « corédactrices invitées » d'un dossier sur les relations entre objectivité et subjectivité en recherche. Un sujet, un peu cousin de mon intérêt sur l'apport de la fiction et des affects dans les manières de connaitre, déjà abordé dans le dossier sur la Vie intérieure des chercheur·euses, dans le présent magazine. »

Depuis près de deux ans maintenant, mes pensées ont souvent été occupées par ce couple objectivité et subjectivité, que ce soit dans mon quotidien ou en travaillant sur mon doctorat. Jusqu’à tout récemment, je ne prenais pas conscience de la place omniprésente de ces concepts dans ma propre recherche. 

La subjectivité? C’est sûrement elle qui m’a amenée à mon objet de thèse qui porte sur le maintien de la communication avec les personnes qui vivent avec des troubles neurocognitifs majeurs. C’est une problématique qui me touche et pour laquelle j’ai à cœur de trouver des solutions.  

L’objectivité? C’est le chemin que je tente de suivre au travers ma méthodologie et mes analyses, afin de m’assurer que les résultats disent quelque chose de la situation mesurée. 

Mais ce n’est pas si simple ! Au-delà de ces deux exemples, je réalise surtout à quel point ces deux concepts sont plus souvent entremêlés que séparés. 

Pour nous donner une impulsion de départ, Laila et moi avions donné rendez-vous dans un café à plusieurs de nos collègue de recherche. C’était un beau moment, car nous avons rarement l’occasion de nous réunir pour discuter et réfléchir à la science en elle-même. Nous avons échangé sur le sens et la portée de nos recherches au travers le prisme de l’objectivité et de la subjectivité. Nous avions beaucoup de choses à dire, et cette rencontre a été importante pour ma réflexion. J’ai voulu en garder un beau souvenir, alors j’ai demandé à mon amie Alice Guilbert de l’illustrer sous la forme d’une bande dessinée [voir à la fin du texte]

Comme contribution au dossier, j’ai pour ma part réalisé deux entrevues auprès de personnes qui ont des centres d’intérêt proches des miens, et dont j’étais particulièrement curieuse de découvrir leurs points de vue. 

Le premier entretien rejoint mon intérêt pour le partage des connaissances par le biais de la vulgarisation scientifique. Selon moi, nous avons un responsabilité en tant que chercheur et chercheuse de diffuser les fruits de nos recherches aux divers publics. J’ai alors eu la chance de parler d’objectivité et de subjectivité avec Olivier Bernard, aussi connu sous le nom du Pharmachien. Son point de vue a enrichi « ma quête », car il m’a fait prendre conscience du beau rôle que peut prendre la subjectivité dans la communication scientifique quand on sait faire parler nos expériences, partager notre raisonnement et nos questionnements, et même donner notre avis sur la question. De précieux conseils pour mes prochains projets de vulgarisation.

Pour la suite de ma « quête », j’ai eu envie de discuter avec Caroline Raymond, chercheuse et directrice du Département de danse de l’UQAM. J’ai une sensibilité particulière pour la danse, car c’est une de mes grandes passions. Venant des sciences de la santé, j’ai peu de connaissances sur les méthodologies et approches utilisées dans ce domaine, mais j’avais l’intuition que la subjectivité y jouait un rôle important! J’ai alors découvert un nouveau point de vue sur la subjectivité : en danse, elle occupe une place très centrale, car on cherche à objectiver avec le plus de précision possible son processus créatif, ses sensations. L’accompagnement de la direction de recherche consiste notamment à aider l’artiste à affiner une conscience très rigoureuse de soi. De cette manière, j’ai découvert comment la subjectivité amène à la connaissance.

Laila a pour sa part profité de l’occasion pour inviter deux de ses professeurs. François Béland propose un texte sur l’objectivité, avec un exemple d’une recherche dans le milieu hospitalier de Madrid, au cœur de la COVID. Bryn Williams-Jones, pour sa part, invite les chercheurs à assumer leurs propres intérêts, soulignant que « c’est la passion qui fait avancer la recherche. », et dans un échange avec Gabrielle V-Verreault – une des étudiantes qu’il encadre – en direct du terrain de celle-ci en Ukraine, on voit bien comment peut se jouer la subjectivité dans la cueillette de données.

Bref, j’ai adoré contribuer au dossier et je suis très reconnaissante de l’invitation faite par Johanne à y collaborer! Cette expérience m’a confirmé à quel point j’aime m’impliquer dans la communication scientifique. Une « quête », qui par ces 2 entrevues, me donne envie de chérir ma subjectivité, de l’écouter et de lui donner sa place, que ce soit pour me perfectionner dans mes projets de vulgarisation scientifique ou pour développer une meilleure connaissance de moi-même au travers le processus doctoral. 

Une « quête » de [savoirs], qui par ces 2 entrevues, me donne envie de chérir ma subjectivité, de l’écouter et de lui donner sa place, que ce soit pour me perfectionner dans mes projets de vulgarisation scientifique ou pour développer une meilleure connaissance de moi-même au travers le processus doctoral. 

Illustration résumant la rencontre entre les 2 corédactrices du dossier, Barbara Delacourt et Laila Mahmoudi, et leurs collègues d’étude; ce moment qui a donné le coup d’envoi à leurs réflexions à l'automne 2023. Source : Alice Guilbert, illustratrice.

  • Barbara Delacourt
    corédactrice invitée, Université de Montréal

    Barbara Delacourt est doctorante en sciences de l’orthophonie à l’Université de Montréal. Réalisée sous la supervision de la professeure Ana Inés Ansaldo, ses recherches doctorales portent sur le maintien de la communication entre les personnes vivant avec une démence et leurs aidant·es, grâce au covisionnement de vidéos suscitant des émotions positives, dans le contexte des CHSLD. Passionnée par la vulgarisation scientifique, elle a participé à plusieurs concours, dont le concours de vulgarisation de la recherche de l’Acfas et Ma thèse en 180 secondes édition 2025, où elle a remporté le prix de Coup de cœur du public de son université. 

     

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