Le Québec a récemment vu réapparaître dans l’actualité politique deux mots dont l’emploi avait presque disparu de notre paysage. Ceux-ci étaient peu à peu tombés en désuétude. Incapable sans doute de remplir leur rôle traditionnel de repère.
À l’extrême droite
Des groupes que les médias et commentateurs politiques décrivent comme « d’extrême droite » revendiquent désormais de réduire les seuils d’immigration, afin de préserver le « caractère québécois et francophone » du Québec. Ces militants jugent que les nouveaux arrivés issus de pays non occidentaux feraient peser une menace sur la nation québécoise et porteraient atteinte à l’unité et la cohésion sociales. Ainsi, faudrait-il combattre, en particulier dans le contexte actuel, l'immigration des musulmans parce qu'ils ne partageraient pas nos valeurs.
À l’extrême gauche
À l’opposé, des factions rivales, appartenant à « l'extrême gauche », que plusieurs qualifient d'« antifascistes » suivant la manière dont certains partisans se désignent eux-mêmes, dénoncent ces propos comme populistes et xénophobes et exigent plutôt une plus grande ouverture des frontières du Québec. Animés par un fort sentiment cosmopolite et libertaire, ils plaident pour un monde sans capitalisme et libérer du sexisme et du racisme.
La (re)polarisation
La (re)polarisation de l’espace idéologique, dont témoigne cet affrontement, n’est pas un phénomène unique au Québec, et il s’observe notamment en Europe et aux États-Unis. Ce phénomène est amplifié par les médias sociaux alors que ces espaces permettent d’exprimer sans filtre tout point de vue. Pour autant, cette repolarisation n’en est pas un simple corollaire de ce nouveau et puissant moyen de communication, car il est aussi révélateur de problèmes politiques nouveaux.
Le champ de recherche relatif aux idéologies politiques est parmi ceux que le phénomène intéresse et qui y jette un éclairage structurant. L’analyse des idées maîtresses qui composent les idéologies permettent en effet d’établir une certaine cohérence idéelle et programmatique à ces formes radicales d’opposition et de discours. Je définirais ici les idéologies comme les forces politiques s’articulant autour d’une conception du monde et d’un programme politique conséquent. Leur analyse contribue à donner un sens à la critique de l’extrême droite et de l’extrême gauche, mais aussi à retracer les raisons pour lesquelles celles-ci trouvent dans le contexte d'aujourd’hui un écho plus favorable qu’auparavant. Voilà notamment en quoi consiste mon travail de recherche sur les idéologies politiques et le clivage gauche-droite.
- Ian Parenteau
Collège militaire royal de Saint-Jean
Ian Parenteau est professeur adjoint de science politique au Collège militaire royal de Saint-Jean. Il a notamment publié en décembre 2017, conjointement avec Danic Parenteau, Les idéologies politiques. Le clivage gauche-droite, édition actualisée (Presses de l’Université du Québec).
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