La photographie m’a toujours fascinée. Toute petite, j’aimais les séances familiales de projection de diapositives rythmées par le son du carrousel Minolta de mon père. J’étais ravie de voir apparaître les images sur le grand mur blanc du salon et d’observer le rituel des grands qui consistait à raconter des anecdotes, à donner des nouvelles des leurs, à discuter les évènements politiques du moment et à commencer leurs phrases par « dans notre temps » en regardant les projections lumineuses. De cette époque, j’ai conservé l’idée que les photographies sont des objets qui nous permettent à la fois de témoigner visuellement et oralement de notre histoire personnelle et collective.
Entre le récit de soi et de l’air du temps
Dans le cadre de mes recherches, je m’intéresse aux expériences, aux mises en scène et aux représentations de la maternité sur les réseaux sociaux. Quotidiennement, des plateformes comme Facebook et Instagram rendent possible la mise en visibilité des ventres arrondis de nos amies, des jolis minois des nouveau-nés de nos cousines et de l’allaitement de nos collègues de bureau. De manière générale, je cherche à comprendre comment et pourquoi les femmes enceintes et nouvellement mères affichent leur maternité sur les réseaux sociaux, et quelles sont les conséquences de cette utilisation sur leurs expériences de la maternité.
Plus précisément, le premier volet de ma recherche consiste à identifier les mises en scène et les représentations de la maternité à partir des photographies publiées par des femmes célèbres et non célèbres sur le réseau social Instagram. Le second vise, quant à lui, à comprendre, du point de vue de femmes québécoises enceintes et nouvellement mères, les conditions de production, les significations et la réception de leurs images de maternité relayées sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, les photographies seront utilisées comme des supports à la discussion.
Dans une récente entrevue, la célèbre portraitiste Annie Leibovitz affirmait que la photographie ne permettait de révéler qu’une infime partie d’une réalité beaucoup plus complexe. Dans le même esprit, je cherche, dans mes travaux, à saisir ce qu’il y a derrière ces fragments lumineux qui cachent les expériences multiples de la maternité contemporaine.
- Chantal Bayard
INRS - Centre Urbanisation Culture Société
Étudiante au Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique, Chantal Bayard mène un doctorat intitulé « La maternité à l’ère numérique : expériences, mises en scène et représentations », sous la direction de Laurence Charton, sociologue et démographe, professeure agrégée à l’INRS-UCS. Elle est aussi professionnelle de recherche, rédactrice associée à la revue scientifique internationale Enfances Familles Générations et blogueuse à la Gazette des femmes. Enfin, elle a codirigé l’ouvrage collectif La promotion de l’allaitement maternel au Québec. Regards critiques paru en 2014 aux Éditions du remue-ménage.
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