C’est dans les archives médicales, où se trouvent les nombreux dossiers de patients, que je pars à la découverte des parcours psychiatriques des personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Quatre années, assise à ce bureau, à lire des milliers de pages relatant l’expérience de l’hospitalisation au sein du département de psychiatrie de courte durée de l’Hôpital Montfort.
L’accès aux dossiers actifs et inactifs fait l’envie de plusieurs chercheurs, notamment en histoire et en sciences infirmières. Ces sources primaires ont en effet une valeur inestimable, accrue par la difficulté d’y avoir recours. Je me sens choyée d'en tourner les pages, d'en explorer les vies. Les premières lectures sont ardues. Les notes infirmières, sous forme télégraphique, sont répétitives et parfois le sens semble insaisissable au lecteur. En effet, les infirmières utilisent peu de mots pour décrire leurs observations et leurs écrits sont parsemés d’abréviations. De courtes mentions, comme par exemple « 1:1 débuter », ne sont pas rares. Par contre, après seulement quelques pages, l’histoire de vie de chacun des patients se met en place. Des parcours parsemés d’embûches se dessinent lors de l’analyse des suivis médicaux qui s’échelonnent souvent sur de nombreuses années, soit 10 ans, 20 ans et même plus de 30 ans.
Les récits, écrits par les infirmières, les médecins et les autres professionnels de la santé, s’avèrent riches en informations. Ces données narratives favorisent la compréhension de l’expérience de l’hospitalisation, des nombreuses revisites au département de psychiatrie, des relations soignants-soignés, des relations familiales et du processus de réinsertion sociale de cette population. L’approche historique permet de suivre ces patients sur plusieurs années et de comprendre les différentes problématiques en santé mentale qui sont encore présentes aujourd’hui, telles que les fréquentes visites sur le département de psychiatrie, le manque de ressources d’hébergement pour ce type de clientèle et les soins qui reposent toujours sur les proches de la personne malade.
L’approche historique permet de suivre ces patients sur plusieurs années et de comprendre les différentes problématiques en santé mentale qui sont encore présentes aujourd’hui (...).
- Sandra Harrisson
Université du Québec de Trois-Rivières
Sandra Harrisson est professeure au département des Sciences Infirmières de l’Université du Québec de Trois-Rivières. Ses recherches portent sur la santé mentale, la psycho-gériatrie, les théories du care et l’approche socio-historique.
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