Du 24 au 26 octobre s’est déroulée la 15e édition du forum, événement organisé annuellement par l'Acfas en collaboration avec de nombreux partenaires.
Cette année, c’est le collège Montmorency, à Laval, qui hébergeait ce rendez-vous intergénérationnel porteur de connaissances, d’échanges et d’ouverture d’esprit.
Vendredi 24 octobre, 19 h 30
Leur âge s’échelonne sur plusieurs décennies. Certains sont seuls, d’autres en groupe; certains lisent, d’autres parlent. Mais une chose les réunit : c’est ici que, cette année, les délégations étudiantes de 25 cégeps se rassembleront le temps d’une fin de semaine, sous le bruissement de centaines de conversations enrichissantes. Pour l’instant, les délégations de Sherbrooke, puis de Rimouski, s’attablent progressivement dans l’agora du collège. Tantôt, ce seront plus de 200 jeunes de tous horizons qui participeront au Bar des sciences sur les changements climatiques.
Quelles attentes les étudiants ont-ils envers cette escapade dans le monde de la recherche? Pour Emy-Maude Lafrance, étudiante au cégep Garneau, la réponse est simple : elle aspire à une carrière scientifique et espère obtenir des pistes de réflexion à ce sujet. Et elle n’est pas la seule. En effet, l’idée de rencontrer de « réels » chercheurs semble attirer bon nombre de participants. Que ce soit pour percer le « mystère » qui entoure ce métier ou confirmer un choix de carrière, l’intérêt envers l’humain derrière le diplôme est une constante.
De son côté, Clément Souci évoque des attentes moins concrètes. « J’aimerais que cette fin de semaine nous fasse remettre en question des éléments qu’on tient pour acquis », déclare l’étudiant du cégep de Rivière-du-Loup, souhait que ses collègues approuvent à grand renfort de « que rajouter de plus! ». C’est sur cet espoir de nouvelles connaissances et d’ouverture d’esprit que la scène s’anime à l’avant, faisant taire l’assistance qui se retourne vers les trois chercheurs invités : Catherine Potvin, Christian Nadeau et Pierre-Henri Gouyon.
Samedi 25 octobre, 19 h 20
Six conférences menées de front par 17 chercheurs québécois ou français (Évolution biologique, Agriculture, États de conscience, Énergie, Médecine, Science, guerre et paix) ont lieu simultanément pendant la journée de samedi, pièce maitresse du forum. Au diner, les étudiants ne se font pas prier pour parler de leur expérience. « Nos habitudes de vie ont un énorme impact sur notre santé. C’est lorsqu’elles atteignent leurs limites que les médicaments entrent en jeu », déclare Lysa Bergeron, étudiante trifluvienne, après avoir assisté à l’atelier sur la médecine. Annie de Launière, étudiante au collège Montmorency, en profite pour renchérir avec ce qu’elle a appris dans son atelier sur l’évolution biologique : « Il faut aussi considérer que nous sommes comme un écosystème pour nos bactéries et que, peu importe ce qu’on touche, cet écosystème évolue, ce qui modifie notre réponse aux médicaments. »
L’après-midi se termine sur une note plus professionnelle : les chercheurs lèvent le voile sur leur passé et leur cheminement. Alors que certains affirment avec ferveur avoir eu très jeune un coup de foudre pour le monde de la recherche, d’autres racontent un parcours long et sinueux, ce qui, loin de décourager les étudiants, semble même en soulager quelques-uns qui nagent encore dans l’incertitude en ce qui concerne leur choix de carrière.
Après un souper bien mérité, le Défi Neurone est annoncé : les étudiants ont 30 minutes pour fabriquer une paire de sandales répondant à des consignes strictes. « C’est un atelier pratique qu’on donne lors des formations en animation scientifique », explique en riant Sara Mercier-Blais, adjointe aux animations pour le Conseil du loisir scientifique de la région métropolitaine. « On voulait quelque chose qui leur permettrait de réfléchir, de travailler en équipe et de discuter pour finalement arriver à un résultat somme toute… assez difficile à atteindre! » À voir l’effort qu’y mettent à la fois étudiants et chercheurs, c’est un pari réussi!
Dimanche 26 octobre, 9 h 15
Alors qu’ils s’assoient lentement dans l’agora pour une dernière conférence, les étudiants sont unanimes à l'affirmer : ils ont adoré l’expérience et saluent le dévouement des chercheurs. « On pense tous que les chercheurs, ce sont des gens avec de grands habits, mais ce sont des humains comme nous, avec des réflexions et des pensées comme celles que nous avons », témoigne Vincent-Gabriel St-Cyr, du cégep de Limoilou.
Le seul bémol de l’événement est apporté par un étudiant de Sherbrooke, Cyrille Viens : les membres du panel sont presque exclusivement masculins. Ce qui le pousse à s’interroger : est-ce représentatif du milieu scientifique ? Les étudiantes n’auraient-elles pas été plus interpelées si la présence de chercheuses avait été plus importante? Une réflexion qui en bouscule plus d’un.
De leur côté, les chercheurs n’ont qu’un conseil : que les étudiants continuent à faire preuve d’autant d’esprit critique, aptitude clé du bon scientifique. Libéré de son contrat de silence, Benoît Blanchet, enseignant de physique à Rivière-du-Loup, en profite quant à lui pour déclarer à ce sujet : « C’est dur de ne pas avoir le droit de parole. En tant qu’enseignant, on est habitué d’interagir, de répondre aux questions. Là, c’était la parole aux étudiants et c’était très bien comme ça! » En effet, autant de participation et d’enthousiasme redonne espoir. Espoir d’une jeunesse cultivée et impliquée. Espoir d’une science accessible et d’une société en santé.
- Marianne Bissonnette
Étudiante en journalisme
Finissante au baccalauréat en sciences biomédicales à l’Université de Montréal, Marianne Bissonnette poursuit également des études complémentaires en journalisme. Elle souhaite ainsi allier ses deux passions afin de faire de la science un domaine accessible au public.
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