Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Mathilde Hubert, Consulat général de France à Québec
Qui sont les chercheurs d’aujourd’hui? Quel parcours ont-ils suivi? Que… cherchent-ils? Comment agissent-ils dans la société? C’est ce qu'ont voulu découvrir, entre autres, des étudiants venus de tout le Québec en assistant à la 15e édition du forum.

Cette année, 17 scientifiques, de tous les horizons, québécois ou français, philosophes ou biologistes, de l’université ou du collégial, militants ou artistes, étaient présents pour brasser les savoirs avec les étudiants ou leur raconter un brin de leurs aventures.

Parcours

«  Lorsque j’avais 18 ans, conte  Christian Nadeau, professeur de philosophie à l’Université du Québec à Montréal et coprésident du Forum, je voulais devenir acteur. » Heureusement pour la qualité de la réflexion sur la responsabilité collective, entre autres, il a préféré les salles de classes aux planches!   « J’ai ensuite voulu être libraire, car, dès qu’il y a des livres, je me sens mieux, explique-t-il aux étudiants. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer une collègue qui m’a poussé à entrer à l’université. » C’est même cette collègue qui a effectué toutes les démarches pour l’inscrire en philosophie à l’UQAM!

Alors que Christian Nadeau a vu sa carrière se bâtir sur une « série de chances et de hasards », tout prédestinait Jean-Marc Grognet, chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, à la recherche :  « C’est mon grand-père qui m’a donné le goût des sciences. Tout petit déjà, il m’achetait des tas de jeux : Le petit chimiste, Le petit physicien… Je les ai tous eus ! », s’exclame-t-il en rigolant. À l’adolescence, le jeune disposait même d’un laboratoire de chimie dans la maison de campagne de ses parents. «  J’ai failli y laisser mes deux mains… », se souvient-il. Mais cela ne l’a pas découragé pour autant et, à l’âge de 18 ans, il s’inscrivait à la Faculté de pharmacie.

Le premier constat est alors évident pour les étudiants : il n’y a pas de chemin tout tracé, les parcours diffèrent et les motivations tout autant.

Dialogues

« Si je suis ici, c’est parce que le climat a constitué le fil directeur de ma carrière, déclare Catherine Potvin, chercheuse à l’Université McGill, et je fais chaque jour ce que je peux pour mobiliser les autres chercheurs à parler des changements climatiques. » Ce militantisme pour la science, pour la cause qu’ils ont choisie, beaucoup de chercheurs le partagent, et c’est tant mieux si cet engouement les amène à penser différemment, estime Antonio Zadra, chercheur sur les questions du sommeil à l’Université de Montréal : « Le désaccord n’est pas un obstacle, les discussions font avancer la science! »

Cette conception de la science basée sur l’interaction et la remise en question est partagée par Pierre-Henri Gouyon, spécialiste de la biologie et de la génétique au CNRS et coprésident français du Forum. Il considère avec humour « qu’il faut toujours remettre en cause ce qu’on nous dit... même si cela rend la vie de couple plus difficile ». Francois Fournier, chercheur au collège Montmorency, juge lui aussi la communication primordiale à l’avancée de la science,  et ce, d’autant plus pour la recherche collégiale, qui consiste justement en une mise en relation entre étudiants et chercheurs, mais aussi entre collèges, universités, entreprises et, de plus en plus souvent, des partenaires internationaux.

Savoir, partager, débattre, remettre en cause. Un deuxième constat apparaît : s’il n’y a pas de modèle unique pour devenir chercheur, tous sont animés par la passion de la science et l’importance de la communiquer.

Interrelations

Cependant, « il est important de comprendre que le savoir n’a de valeur que lorsqu’il est intégré à une vision globale », observe Pierre-Henri Gouyon. Et on le comprend, en effet : si le savoir est parcellaire, la réponse aux questions posées ne pourra qu’être limitée. C’est pourquoi « il faut avoir la préoccupation de bâtir une culture scientifique, affirme Christian Nadeau, un savoir global qui nous édifie, nous et notre société ».

C’est en ce sens que les scientifiques peuvent faire évoluer la société. Mais attention, « certains chercheurs pensent qu’en transmettant leurs découvertes, la société va les suivre. Or, il ne faut pas tomber dans ce piège, car les décisions n’appartiennent pas aux scientifiques », avertit Pierre-Henri Gouyon. Ainsi, si le scientifique est porteur d’un savoir et a la responsabilité de le transmettre, le citoyen a la liberté de ses choix et opinions, et le politique, lui, le devoir de ses décisions.

L’importance du savoir scientifique dans l’organisation de nos communautés met en lumière un troisième constat : le rapport à la société d’un chercheur est modifié par le caractère d’indispensable objectivité de la science.

Chercher

Trois constats qui aident à saisir l’esprit du scientifique, mais pas son quotidien. Pour Jean-Marc Grognet, il y a trois phases dans la vie d’un chercheur :

  • « Pendant les premières années, dit-il, on fait. C’est la période de la thèse et du post-doc. On est au labo, on expérimente, on a les mains dans la boîte à gants, on traite les serpents. » Enfin, ce dernier point concerne les chercheurs qui ont la chance de poursuivre une thèse sur le venin des serpents!
  • « Dix ans plus tard, continue-t-il, on fait faire. On est alors responsable de labo, on délègue beaucoup et on rédige quantité de rapports, publications et demandes de financements.
  • « Et finalement, on devient responsable d’un institut et on effectue beaucoup de gestion de personnel et de budget, de développement de structures et d’institutions, mais aussi de représentations, notamment auprès de la presse pour communiquer les derniers résultats de nos équipes. »

S’il est possible de découper ainsi un parcours type de toute une carrière de chercheur, une restitution au jour le jour semble moins évidente : « Je ne pourrai pas décrire une journée type, car il y a constamment des urgences, constate Christian Nadeau. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut savoir s’organiser! »

Ce portrait de chercheurs confirme l’idée que s’en faisait Hugo Labrosse, un cégépien venu participer au Forum : « C’est ce que je m’imaginais. Des gens qui ont un parcours extrêmement varié, pas de cadres, pas de moules, mais qui au bout du compte, se trouvent à suivre un projet unique dans un but commun. Et ça fait rêver ! »


  • Mathilde Hubert
    Consulat général de France à Québec

    Mathilde Hubert est chargée de mission science et université au Consulat général de France à Québec. Elle s’intéresse tout particulièrement aux enjeux de la communication scientifique et au traitement médiatique des sciences.

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires