...il me semble que par la juxtaposition du storytelling et de la représentation visuelle, on réussit à faire honneur à ce que l’être humain présente de plus distinctif et précieux, soit sa capacité à créer, à ressentir et à se raconter, individuellement et collectivement. On arrive ainsi à mobiliser, en plus de la dimension cognitive propre à l’analyse et l’argumentaire scientifique, des savoirs qui font appel à d’autres dimensions de la personne.
Johanne Lebel : Bonjour Emanuelle, pourriez-vous remonter un peu dans votre parcours pour nous amener en amont de votre projet de doctorat en recherche-création qui a mené à la publication de cette bande dessinée?
Emanuelle Dufour : Il est toujours difficile de marquer le point de départ d’un parcours traversé par de multiples influences, mais je crois que je commencerais par une double formation en arts et en anthropologie. Il y a aussi ces apprentissages expérientiels et relationnels associés à une décennie de rencontres avec diverses populations autochtones et allochtones dans une quarantaine de pays à travers le monde, au début des années 2000. Voyageant la plupart du temps seule, je gardais toujours avec moi un carnet de notes pour confiner mes expériences, où je juxtaposais le médium graphique et le récit scriptural. C’est alors que je commençai à entrevoir le potentiel de l’inclusion de la bande dessinée au sein de la recherche qualitative, notamment inspirée par le travail de divers bédéistes tels que l’incontournable Joe Sacco. Bien que Sacco ne se soit jamais revendiqué du domaine de l’anthropologie, ses œuvres m’ont toujours semblé répondre, avec brio, aux critères d’une ethnographie critique, voire postmoderne.
À mon retour au Québec, je me suis inscrite à la maîtrise interdisciplinaire en arts à l'Université Laval dans le but de tenter la chose. Mais je me suis vite rendu compte que je n’étais pas prête à « jouer » avec les méthodes qualitatives. J’ai finalement opté pour une maîtrise en anthropologie à l’Université de Montréal, qui en même temps me permettrait d'aller à la rencontre des réalités autochtones d'ici, après une décennie à observer les réalités autochtones d'ailleurs. Mes recherches s’intéressaient principalement au processus de sécurisation culturelle des étudiant·es autochtones au postsecondaire ainsi qu’à l’histoire de réappropriation de l'éducation par les Premières Nations du Québec.
J.L. : Quelle serait votre définition de la sécurisation culturelle?
E.D. : Il s’agit d’un concept complexe et dynamique proposé par la chercheure, infirmière et éducatrice maorie Irihapeti Merenia Ramsden vers la fin des années 80 pour répondre aux besoins de transformation des services de santé néozélandais jugés ethnocentriques et discriminatoires à l’endroit des populations autochtones du territoire. Le concept a par la suite été transposé (et souvent simplifié) à divers secteurs étatiques tels que l’éducation, notamment au Canada. À l’intérieur de sa thèse doctorale, Ramsden insiste, entre autres, sur l’importance, pour les chercheurs et les professionnels allochtones, de développer une posture réflexive et un dialogue permettant une évaluation continue des services par les principaux intéressés, soit les populations autochtones elles-mêmes. Dans le cadre de mon mémoire, j’ai examiné les impacts de l’instauration d’un certain processus de sécurisation culturelle sur la réussite éducative des étudiant·es autochtones à travers, d’une part, l’adaptation de services dits culturellement adaptés à l’intérieur d’institutions postsecondaires principalement allochtones, et, d’autre part, au sein d’établissements postsecondaires conçus par et pour les Premières Nations, soit le Collège Manitou, mais principalement, l’Institution Kiuna d’Odanak.
Dans la bande dessinée, je raconte d’ailleurs que j’ai été introduite au concept de sécurisation culturelle (qu’on traduisait alors par sécurité culturelle) par le Dr Stanley Vollant au cours d’un tronçon du Innu Meshkenu« Innu Meshkenu est un mouvement de marche de plus de 6000 km initié par le Dr Stanley Vollant qui s'est déroulé de 2010 à 2017 ». Source : https://www.puamun.com/en territoire W8banaki, au cours duquel j’ai fait ma première rencontre avec l’Institution Kiuna. Je ne comprenais alors pas grand-chose, mais je savais que je souhaitais en apprendre davantage.
Au cours de mon parcours de maîtrise, j’ai lié de nombreuses relations et amitiés avec des membres de Premières Nations qui ont facilité un grand nombre d’apprentissages. Ce processus a bien sûr occasionné beaucoup de remises en question, notamment sur ma propre identité québécoise, sur ma place sur ce territoire, mais aussi sur ma posture de chercheure, et sur les méthodes relationnelles que je souhaitais adopter au sein de mes recherches.
À l'époque, on parlait encore très peu des réalités autochtones dans la sphère publique, et je me disais que si je me lançais dans une aventure doctorale, ce serait notamment pour trouver une façon de participer à l’ouverture du dialogue. Poursuivre au doctorat mes travaux sur la sécurisation culturelle avec une thèse « classique » devenait de moins en moins envisageable. On le sait, nos textes scientifiques siègent trop souvent dans une chambre d'écho, on se parle entre nous. Il y des avantages, des forces à procéder ainsi, mais de sérieux inconvénients. Considérant que la question de la sécurisation culturelle ne s’arrête pas aux murs des établissements d’enseignement, mais nécessite la mobilisation du plus grand nombre, je souhaitais trouver un médium qui permettrait de rendre mes résultats, et surtout, les voix des contributeurs et des contributrices de la recherche, plus accessibles. Du fait de ce parcours de rencontres, j’avais eu, et je continuais d’avoir la chance de pouvoir questionner et problématiser notre récit historique, ontologique et culturel, et je souhaitais que mon entourage, par exemple, mon père, ma mère, mes amis, les enseignant·es, monsieur et madame Tout-le-Monde puissent aussi avoir un aperçu de leurs perspectives. Je me disais que si trois ou quatre personnes de plus pouvaient y accéder et être amenées à se poser des questions, c’est déjà un beau gain. Il m’apparaissait aussi essentiel de trouver une méthode permettant d’inclure les contributeurs et contributrices autochtones, mais aussi allochtones avec qui je travaillais dès que possible dans le processus.
Considérant que la question de la sécurisation culturelle ne s’arrête pas aux murs des établissements d’enseignement, mais nécessite la mobilisation du plus grand nombre, je souhaitais trouver un médium qui permettrait de rendre mes résultats, et surtout, les voix des contributeurs et des contributrices de la recherche, plus accessibles.
Entre temps, j’avais aussi fait la rencontre d’un corpus émergeant de bédéistes autochtones tels que le prolifique auteur David Alexander Robertson, membre de la Norway House Cree Nation Robertson, et Gord Hill, militant Kwakwaka'wakw, qui utilisent la bande dessinée pour faciliter la rencontre avec les histoires et les réalités autochtones, notamment au sein des salles de classe. À l’époque, on comprenait encore très mal le potentiel épistémologique de la recherche-création dans les universités québécoises francophones, en dehors des départements artistiques proprement dits. J’ai pourtant tenté de proposer un projet de vulgarisation graphique en guise de projet doctoral dans un département d’anthropologie. Je fus admise avec bourses d’entrée et grand enthousiasme, mais on me fit comprendre que si je voulais faire des « petits dessins », ce serait dans mes temps libres ou en annexe, mais qu’aucune composante graphique ne serait reconnue comme part intégrante du doctorat.
Évidemment, il va sans dire que quand on fait une thèse doctorale (et qu’on est mère de jeunes enfants), on n'a pas beaucoup de temps libre... Je suis donc allée, d’abord à regret, cogner à la porte du département d’éducation artistique de Concordia qui possédait à la fois une très grande expérience et une profonde compréhension de la recherche-création. Cela s’est avéré la meilleure des décisions. Le programme présentait une longue scolarité de 27 crédits (ou 9 séminaires), avant même de commencer la thèse, mais cela m’a permis de faire mes premiers pas aux côtés d’artistes, de professeur·es et d’étudiant·es œuvrant eux-mêmes en recherche-création. J’ai pu faire aussi de nombreux essais quant aux manières d’utiliser la forme graphique au sein de la recherche qualitative.
Au moment d’amorcer la création de la bande dessinée doctorale, voire la vulgarisation graphique présagée, je ressentis néanmoins un vif malaise. La délicate question du « qui raconte » la sécurisation culturelle autochtone devenait centrale à ma réflexion. Je n’étais ni une étudiante autochtone ni une professeure allochtone qui enseignait en contexte autochtone, je n’étais pas la directrice de l'Institut Kiuna. J’étais (et je suis à quelques détails près) une chercheure doctorale allochtone, francophone et blanche, née et élevée à une cinquantaine de kilomètres de la communauté de Kahnawà:ke, dans une complète ignorance des réalités autochtones, qui entamait un parcours de rencontres. Je trouvais important d’adopter, tant par souci éthique que par souci de rigueur scientifique, une posture résolument réflexive et relationnelle. Je me suis donc mise à travailler sur un petit chapitre introductif pour situer ma posture, à travers un processus de création pour la recherche et de recherche pour la création. Petit chapitre introductif qui devint par la suite le fil conducteur du récit.
Je trouvais important d’adopter, tant par souci éthique que par souci de rigueur scientifique, une posture résolument réflexive et relationnelle. Je me suis donc mise à travailler sur un petit chapitre introductif pour situer ma posture, à travers un processus de création pour la recherche et de recherche pour la création. Petit chapitre introductif qui devint par la suite le fil conducteur du récit.
À travers les cinq années de création de la bande dessinée en collaboration avec plus d’une cinquantaine de contributeurs autochtones et allochtones, d'expositions et de présentations du projet à divers publics, j’ai eu l’occasion d’observer que la population allochtone québécoise avait beaucoup à dire sur la non-rencontre entre les peuples autochtones et allochtones, sur la honte coloniale, sur leur ignorance. J’en suis donc arrivée à me dire qu’au fond, ce n’était peut-être pas à moi de parler de sécurisation culturelle, mais qu’il y avait tout un autre pan de cette équation qui méritait qu’on s’y attarde. Alors que je travaillais en collaboration avec Marie-Eve Bordeleau, la commissaire aux relations avec les Peuples autochtones de la Ville de Montréal pour la Stratégie de réconciliation avec les peuples autochtones 2020-2025, je suis tombée sur un gazouillis de Jesse Wente, qui deviendrait éventuellement le premier président autochtone du Conseil des arts du Canada, qui se lisait un peu comme ceci (une fois traduit) : « Si les artistes canadiens veulent faire des œuvres portant sur les pensionnats autochtones, pourquoi ne pas raconter la partie de l’histoire qui est la vôtre? Ce n'est pas à vous de raconter l’expérience des Survivants. Mais il y a une facette de l’histoire que vous devriez explorer en profondeur ». J’en étais aussi convaincue.
Il y avait un réel besoin de discuter, d’ouvrir un espace sécuritaire de réflexion et de dialogue sur la (non-)rencontre entre les peuples. Non pas pour se vautrer dans la culpabilité, mais pour prendre acte que ce sentiment dérangeant existait, qu’il était partagé par plusieurs et qu’il constituait une entrave à la reconnaissance et à la véritable rencontre. Il me semblait important de prendre le temps d’en parler, de témoigner, d’identifier ensemble les mécanismes systémiques à la base de cette non-rencontre et de reconnaitre les effets de celle-ci pour contribuer à construire du nouveau.
C'est un peu pour tout ça que la bande dessinée a pris la forme d’un carnet réflexif traversé par les voix rencontrées. Un même phénomène éclairé par différentes perspectives, mon expérience, certes, mais surtout celles d’une cinquantaine de contributeurs autochtones et allochtones qui se racontent ou contribuent au récit de diverses façons. Ce n’est donc pas une bande dessinée qui raconte les histoires autochtones, mais un outil de préparation à la rencontre qui mobilise aussi la création de savoir à travers l’acte de lecture. Le lecteur, la lectrice est ainsi appelé⸱e à se poser certaines questions telles que : « Qu’est-ce que je connais sur les réalités autochtones et sur notre histoire coloniale? Qu’est-ce que je ne connais pas? Et surtout : d’où me viennent ces prétendues connaissances? Qui me les a racontées? » [synthèse graphique de cette approche]. On est invité à revisiter son héritage colonial par association et à faire un certain ménage dans les représentations « héritées », par l’action de différents rouages systémiques tels que les médias (notamment à travers la littérature jeunesse, la représentation médiatique de la crise d’Oka, etc.), les programmes et les manuels scolaires et les discours politiques. Le fait de pouvoir identifier quelques biais inconscients permet de parfaire son écoute et d’authentifier le mouvement de rencontre. C’est une responsabilité qui nous concerne tous et toutes, un travail sur le « nous ».
...la bande dessinée a pris la forme d’un carnet réflexif traversé par les voix rencontrées. Un même phénomène éclairé par différentes perspectives, mon expérience, certes, mais surtout celles d’une cinquantaine de contributeurs autochtones et allochtones qui se racontent ou contribuent au récit de diverses façons.
Initialement, la très grande majorité des contributeurs et contributrices étaient des amis, des proches collaborateurs, des collègues, de la famille. Il y avait donc une relation de confiance préalable, mais aussi nécessaire à l’établissement de ce type de cocréation. Les fenêtres expérientielles qui sont présentées à travers le récit illustré et les partages peuvent par la suite être approfondies en fréquentant la section Notes complémentaires et références où l’on retrouve les archives mobilisées, les biographies de tous les contributeurs et toutes les contributrices et surtout, des références à des œuvres créées par ou en collaboration avec des personnes autochtones pour se raconter.
J.L. : Et que dépose-t-on quand on a terminé sa thèse en recherche-création?
E.D. : Dans mon cas, il y avait deux composantes complémentaires, l’objet de création, ici la version doctorale de la bande dessinée traversée par quatre articles revus par les pairs, qui constitue le véritable cœur argumentatif de la thèse, et un texte réflexif et analytique qui est un peu comme un deuxième cycle d'analyse et qui permet de poser les balises conceptuelles. Ce texte est aussi accompagné de 127 figures, dont un grand nombre des extraits de la composante « bande dessinée ». Le tout est accessible en ligne sous le titre Des histoires à raconter : d’Ani Kuni à Kiuna Les mémoires graphiques en tant qu’outils de rencontre réflexive et conversationnelle avec les réalités autochtones et allochtones du Québec.
On y retrouve la version doctorale de la bande dessinée, mais l’ouvrage dont nous parlons ici, c’est la version éditée par Écosociété, et qui est sortie en avril 2021, un mois après la soutenance.
J.L. : Avez-vous été surprise par la réception?
E.D. : Oh oui. Je n’aurais jamais pensé que la bande dessinée connaîtrait une si grande visibilité. On compte plus d’une quinzaine de milliers de lecteurs et de lectrices à ce jour. On la retrouve dans l’Europe francophone ainsi qu’en Italie et la version anglophone sortira dans quelques mois. Personne ne s’attendait à une telle réception. Les contributeurs et contributrices et moi-même avons été très surpris.es! Le projet a gagné le Prix du gouverneur général pour le doctorat et le Prix de distinction du CHORN, soit le Center for Oral History and Digital Storytelling de Concordia. Mais ce qui me touche davantage, c’est que la BD sert d’outil pédagogique dans certaines écoles secondaires, et institutions collégiales et universitaires de la province, et même ailleurs au Canada. Au printemps 2022, nous avons même publié un guide pédagogique disponible gratuitement en ligne, généreusement cocréé par une douzaine d’enseignant⸱es et produit par le Collège Ahuntsic et le Centre interuniversitaire d’études et de recherche autochtone (CIÉRA). C’était absolument inespéré, et surtout, un immense honneur pour les contributeurs, les contributrices et moi-même.
J.L. : Comment expliquez-vous cet engouement?
E.D. : Honnêtement, je pense que la BD est sortie au bon moment, c’est-à-dire à une époque où les gens étaient prêts à recevoir les témoignages des contributeurs et contributrices. Je ne crois malheureusement pas qu’elle aurait soulevé autant d’intérêt il y a 10 ou 15 ans. On remarque une nouvelle ouverture, une nouvelle volonté de contrer le mensonge colonial depuis quelques années au Québec. Le travail de recherche-cocréation a d’ailleurs été réalisé à l’issue d’un très grand nombre de discussions formelles et informelles sur le terrain, ce qui explique peut-être que le lectorat puisse s’identifier.
Plusieurs lecteurs et lectrices m’ont d’ailleurs dit avoir apprécié qu’elle soit menée par une narration à voix multiples et que les personnes autochtones puissent se raconter eux-mêmes. Le fait que notre BD fasse place à la vulnérabilité de chacun⸱e, sans adopter un ton moralisateur, serait aussi un facilitateur. Je pense qu’elle soulève plus de questions que de réponses, et qu’elle embrasse la complexité des relations humaines à l’intérieur du système colonial, sans imposer un récit allochtone omniscient, comme ça a trop souvent été le cas.
Finalement, il me semble que par la juxtaposition du storytelling et de la représentation visuelle, on réussit à faire honneur à ce que l’être humain présente de plus distinctif et précieux, soit sa capacité à créer, à ressentir et à se raconter, individuellement et collectivement. On arrive ainsi à mobiliser, en plus de la dimension cognitive propre à l’analyse et l’argumentaire scientifique, des savoirs qui font appel à d’autres dimensions de la personne.
...il me semble que par la juxtaposition du storytelling et de la représentation visuelle, on réussit à faire honneur à ce que l’être humain présente de plus distinctif et précieux, soit sa capacité à créer, à ressentir et à se raconter, individuellement et collectivement. On arrive ainsi à mobiliser, en plus de la dimension cognitive propre à l’analyse et l’argumentaire scientifique, des savoirs qui font appel à d’autres dimensions de la personne.
J.L. : En effet, si on est affecté, si on s’y reconnait, on porte attention.
E.D. : Vous l'aurez compris, l’idée n'était pas de raconter mes propres histoires, mais plutôt d’utiliser mes expériences comme véhicule d'identification et de différenciation. Le lecteur se dit « Ah oui, comme moi » ou « Ah non, pas moi ». C'est une technique souvent utilisée en théâtre et en BD documentaire (notamment par Joe Sacco!). Je n'ai rien inventé de ce côté-là. Mais je pense que c'est quelque chose qui fonctionne parce que le lectorat se reconnait. En mettant de l'avant ma propre vulnérabilité, avec aussi un peu d'autodérision, je fais un peu le travail de facilitatrice. Cette approche inductive et intuitive ne vise pas à neutraliser la subjectivité, mais plutôt à en tirer ouvertement parti, en l’examinant franchement [pour en apprendre davantage].
J.L. : Et pour la suite, d’autres projets?
E.D. : En plus de la BD sur les mouvements de mobilisation de la jeunesse à travers le monde que le professeur de science politique Francis Dupuis-Déri et moi-même ferons paraître aux éditions Écosociété à l’hiver 2025, j’ai commencé à travailler sur une nouvelle recherche-création postdoctorale en collaboration avec le département d’anthropologie et en foresterie à l'Université Laval qui se présentera très vraisemblablement sous forme d’une deuxième BD contributive.
C'est exactement sur le même principe, mais nous ouvrirons cette fois-ci le point de focalisation sur notre relation à la forêt et au territoire. Sur les questions autochtones, j’avais une certaine base, mais là, dans les bois, je suis complètement néophyte. Mais je vois les avantages de cette position, une sorte de vulnérabilité qui se traduit en ouverture sur des dimensions moins explorées, par exemple. Petit à petit, à force de créer des relations avec le vivant et le non-vivant du milieu, il y a quelque chose de beau qui se produit.
En mettant de l'avant ma propre vulnérabilité, avec aussi un peu d'autodérision, je fais un peu le travail de facilitatrice. Cette approche inductive et intuitive ne vise pas à neutraliser la subjectivité, mais plutôt à en tirer ouvertement parti, en l’examinant franchement.
- Emanuelle Dufour
postdoctorante, Université Laval
Emanuelle Dufour est titulaire d'une maîtrise en anthropologie de l'Université de Montréal (UdeM) et d’un doctorat en éducation par les arts de l’Université Concordia. Sa recherche-(co)création doctorale, articulée autour des relations entre les populations autochtones et allochtones du Québec qui a été publiée sous forme de bande dessinée grand public, lui a valu de nombreuses distinctions académiques dont la Médaille d’or du gouverneur général pour le doctorat et le COHDS' Award of Distinction in Oral History. Aujourdhui postodoctorante, facilitatrice graphique, bédéiste, consultante, conférencière et chargée de cours, elle poursuit son travail collaboratif avec plusieurs groupes de Premières Nations.
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