Les chercheurs et les chercheuses d’expression française travaillant en contexte minoritaire au Canada vivent une réalité particulièrement difficile, sur laquelle il existait toutefois très peu de données, jusqu’à tout récemment. Charge d’enseignement plus lourde, difficulté à trouver un-e assistant-e de recherche s’exprimant en français, blocages divers au sein de leur université les empêchant de mener leurs recherches en français : les défis sont nombreux. La sortie au début de l’été d’une toute nouvelle étude, Portrait et défis de la recherche en français en contexte minoritaire au Canada, apporte enfin un éclairage « informé » sur leur situation.
Cette étude a été commandée par l’Acfas et ses partenaires, et réalisée de 2019 à 2021 par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) et la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante. Deux approches ont permis de brosser un portrait complet et précis de la situation : une analyse de bases de données et un sondage. Les bases de données qui ont été interrogées sont Web of Science, Dimensions, deux demandes sur mesure faites auprès de Statistiques Canada et des tableaux des agences subventionnaires fédérales) Le sondage, pour sa part a été mené auprès de 515 chercheur-se-s d’expression française travaillant en contexte minoritaire au Canada répartis d’un océan à l’autre.
Le présent dossier décortique, entre autres, ce rapport de recherche de cette étude sous l’angle de deux thématiques, rassemblant chacune une série de données et de constats :
- L’évolution des usages de la langue dans les pratiques de recherche, où Vincent Larivière, présente une analyse de la langue de publication des chercheur-se-s du Canada et la langue des nouvelles revues créées au Canada, et ailleurs, en interrogeant les bases de données Dimensions et Web of Science;
- Les pratiques de recherche et d’enseignement des chercheur-se-s d’expression française travaillant en contexte minoritaire, et telles qu’exprimées dans le sondage, sont pour leur part examinées ici par les chercheurs Éric Forgues et Sylvain St-Onge.
Le dossier contient également un résumé de la revue de littérature approfondie effectuée dans le cadre de l’étude. Il s’agit là d’une autre contribution importante de l’équipe de recherche. Les auteur-trice-s Sylvain St-Onge et Amanda Riddles démontrent, à la lecture d’un certain nombre études, que l’anglais exerce une grande attraction dans le domaine des sciences, et ce, à l’échelle planétaire. De plus, l’intérêt des personnes dans les postes de décision et de celles intervenant dans le milieu de la recherche quant aux enjeux et aux défis de la recherche dans l’espace francophone minoritaire s’est surtout fait sentir dans la première décennie de notre siècle (2000-2011).
Je vous invite aussi à consulter l’avant-propos de Victoria Volkanova, bibliothécaire de référence, responsable des dossiers de la communication savante, de l’IDD, des données statistiques et de recherche à l’Université de Moncton. Victoria a suivi l’évolution de l’étude tout au long de son développement, et nous livre sa réflexion sur ses résultats et son avenir, quelques mois après sa publication.
Vous pouvez aussi lire, dans le présent dossier, la préface de Valérie Lapointe-Gagnon, professeure d’histoire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, présidente de l’Acfas-Alberta, membre du conseil d’administration de l’Acfas et présidente du comité pancanadien de la recherche en français. Dans cet article, elle lie les données au contexte politique actuel.
Le dossier se conclut avec un article de la directrice générale de l’Acfas, madame Sophie Montreuil, qui présente les recommandations découlant du rapport, afin d’amener des solutions aux nombreux enjeux identifiés.
Nous vous invitons à partager ces résultats afin de sensibiliser et informer votre entourage. Il existe par ailleurs une version anglaise du rapport sommaire. Nous vous incitons aussi à consulter le rapport complet, afin de prendre connaissance de toutes les données, notamment celles tirées de commandes sur mesure faites auprès de Statistique Canada (Données sur le personnel enseignant à l’université selon la langue et Enquête nationale auprès des diplômé-e-s).
Finalement, les résultats de cette étude permettront d’appuyer les actions des intervenant-e-s dans le domaine de la recherche en français au Canada, tout en sensibilisant les acteurs gouvernementaux et ceux de la recherche. L’Acfas souhaite aussi développer une stratégie pour aider ces chercheur-se-s œuvrant en français à relever les défis qu’ils rencontrent ou rencontreront. Ainsi, les acteurs du milieu ont désormais une feuille de route commune pour soutenir adéquatement et efficacement les chercheur-se-s et les étudiant-e-s – chercheur-se-s.
Bonne lecture!
Pour consulter :
Le rapport long - https://www.acfas.ca/sites/default/files/documents_utiles/rapport_francophonie_final_1.pdf
Le rapport sommaire - https://www.acfas.ca/sites/default/files/documents_utiles/rapport_francophonie_sommaire_final_1.pdf
Le rapport en anglais - https://www.acfas.ca/sites/default/files/documents_utiles/rapport_francophonie_sommaire_en_final_0.pdf
- Laura Pelletier
Acfas
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