Alexandre Guertin-Pasquier
Marie-Paule Primeau
Université de Montréal
Rubrique Tribune
13 octobre 2016
La nécessaire vulgarisation
Que répondent la plupart des étudiants aux cycles supérieurs lorsqu’on leur demande d’expliquer le sujet de leur mémoire ou de leur thèse? Si vous avez pensé à : « C’est compliqué », vous n’êtes pas loin de la réalité!
Encore aujourd’hui, la formation universitaire ne prépare pas ou prépare très peu les étudiants au partage de leurs connaissances auprès des divers publics, renforçant notamment l’image de la tour d’ivoire associée à l'université… Les occasions sont encore rares pour les jeunes chercheurs de parler de leurs travaux, ne serait-ce qu’auprès de leurs collègues d’autres disciplines. Pourtant, bien vulgariser est essentiel, voire incontournable, que ce soit pour rédiger des demandes de subventions, se trouver un emploi, travailler en équipe, ou encore, présenter à ses proches, lors d’un souper de Noël, cette petite molécule au nom étrange qui nous passionne tant!
Conscient de ce manque depuis maintenant un quart de siècle, le Fonds d’investissement des cycles supérieurs de l’Université de Montréal (FICSUM), par sa revue de vulgarisation DIRE, offre à ses membres étudiantes et étudiants une véritable école de formation dans le domaine. D’abord une revue servant également de bulletin d’information, DIRE se positionne aujourd’hui comme la seule revue multidisciplinaire de vulgarisation au Québec écrite par et pour les étudiants aux cycles supérieurs. Dès lors, les dernières avancées de la génétique côtoient les mouvements sociaux derrière la chute du mur de Berlin, et les enjeux éthiques de la dangerosité côtoient la vie des insectes pendant l’hiver. La lire, c’est avoir un accès direct aux travaux récents des étudiants-chercheurs de l’Université de Montréal.
La revue a cependant dû relever des défis importants au cours de son histoire. Gérée en grande partie par des contractuels, l’équipe de DIRE doit aussi faire face au roulement incessant des cohortes étudiantes et aux changements annuels au sein de son conseil d’administration. Malgré la qualité parfois inégale des articles qu’elle reçoit, la crise récente des magazines en format papier et son petit budget, la revue n’est pourtant pas placée sous respirateur artificiel, bien au contraire. Une fierté pour le FICSUM, ce magazine qui est devenu avec le temps une référence universitaire en vulgarisation.
Un soutien professionnel et de nombreuses opportunités
Les étudiantes et les étudiants intéressés soumettent leurs textes, dont le sujet est libre, à la rédactrice en chef Marie-Paule Primeau et au comité de lecture de la revue, formé de pairs ayant une expérience notable en vulgarisation. Cette équipe a ensuite la lourde tâche de sélectionner une petite dizaine d’articles prometteurs par numéro. Les auteurs dont les textes sont retenus seront par la suite conseillés et épaulés pendant environ deux mois, dans l’objectif de produire un texte de qualité professionnelle à la hauteur des grands magazines de référence québécois.
Paraître dans DIRE, c’est l’occasion pour les jeunes chercheurs d’être lus par un vaste public et, souvent, de publier leurs résultats pour la toute première fois. Puisqu’ils sont accompagnés pendant le processus de rédaction et d’édition de leur article, l'expérience s’avère positive pour eux et leur sert souvent de tremplin vers d’autres publications. « Publier dans DIRE m’a donné l’envie, mais surtout le bagage et la confiance nécessaires pour soumettre des articles à d’autres magazines et sites Web de vulgarisation reconnus », exprime Gabrielle Pannetier-Lebœuf, étudiante à la maîtrise en études hispaniques, dans une vidéo récemment produite par le FICSUM.
En plus d’être rémunérés 250 $ par article, les auteurs sont admissibles à deux prix en argent : 500 $ supplémentaires pour le meilleur article de chaque numéro et 1 000 $ additionnels pour le meilleur article de l’année. Selon le sujet traité, certains d’entre eux seront aussi invités à l’émission radiophonique de vulgarisation scientifique L’œuf ou la poule, créée par deux étudiants de l’Université de Montréal, et diffusée sur Choq.ca, la radio étudiante de l’UQAM. Également, un partenariat avec l’Association des communicateurs scientifiques – responsable de la prestigieuse bourse Fernand Seguin en journalisme scientifique – permet aux auteurs de voir publier leur texte dans l'infolettre de l'ACS, destinée à l’ensemble des communicateurs, journalistes et animateurs scientifiques du Québec.
En outre, le FICSUM offre ou prévoit offrir sous peu des formations dans tous les domaines à ses membres (rédaction de thèse, intégration au marché du travail, entrepreneuriat, etc.), dont, trois fois par an, des ateliers de vulgarisation scientifique. Gratuits, ceux-ci permettent de découvrir un univers méconnu, parfois intimidant, mais ô combien formateur.
À propos du FICSUM
Le FICSUM est un organisme sans but lucratif composé de membres cotisants qui sont les étudiantes et les étudiants des deuxième et troisième cycles de l’Université de Montréal. Créé en 1995, il vise à offrir des services variés et multidisciplinaires à ses membres (ateliers, conférences, activités de réseautage, formations) et à soutenir financièrement étudiants et associations étudiantes dans la réalisation de projets d’ampleur (participation à des congrès, organisation de colloques, etc.).
Dans cette optique, le FICSUM met notamment à la disposition des étudiants et des étudiantes des fonds d’aide et la revue de vulgarisation scientifique DIRE. Le FICSUM est chapeauté par un conseil d’administration, dont le mandat est d’assurer la gestion de la corporation, les projets actuels ainsi que les projets en développement, et par un directeur général, chargé de la gestion quotidienne de l’organisme.
- Alexandre Guertin-Pasquier
Université de Montréal
Alexandre Guertin-Pasquier, lauréat du prix de la Relève 2013 de la bourse Fernand-Seguin, est coprésident du Musée de paléontologie et de l’évolution. Après un passage aux émissions Découverte et Le Code Chastenay, il a travaillé à la création du Portail sur la recherche nordique et arctique de l’UQAM, puis il a occupé le poste de coordinateur aux communications à l’Association francophone pour le savoir – Acfas, en 2015. Il est depuis mars 2016 le directeur général du FICSUM.
- Marie-Paule Primeau
Université de Montréal
Amoureuse des mots, c’est l’engouement pour l’écriture qui a motivé Marie-Paule à choisir le métier de rédactrice professionnelle. Pendant ses études, elle occupe le poste de corédactrice et réviseure en chef du magazine Le Reporter. À la suite d’un stage aux Services d’édition Guy Connolly et l’obtention de son diplôme en rédaction de l’Université de Montréal, elle fonde son entreprise, Services linguistiques Marie-Paule Primeau. Elle croit que la vulgarisation scientifique est essentielle au partage des connaissances. Elle est aujourd'hui rédactrice en chef de la revue DIRE.
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