À l’Université Bishop’s, en 2014-2015, 55 % du personnel de recherche était constitué d’étudiants de premier cycle!
L’Université Bishop’s, située à Sherbrooke, dans l’arrondissement de Lennoxville, est la plus petite université au Québec, avec ses 2357 étudiants inscrits en septembre 2015. Elle offre une formation générale et humaniste centrée sur le premier cycle; seuls trois programmes de maîtrise sont offerts.
Le petit nombre d’étudiants aux cycles supérieurs incitant les chercheurs à inclure davantage d’étudiants de premier cycle dans leurs projets, l’Université Bishop’s affiche une statistique étonnante : en 2014-2015, 55 % du personnel de recherche de l’Université était constitué d’étudiants de premier cycle!
De la collecte à la diffusion
Qu’il s’agisse d’un travail de recherche dans le cadre d’un cours, d’un assistanat de recherche payé par les fonds de recherche de leurs superviseurs ou d’une bourse de recherche de premier cycle (notamment la bourse d’initiation à la recherche au premier cycle du FRQSC et la bourse de recherche de premier cycle offerte par le CRSNG), ces expériences permettent aux étudiants de découvrir plusieurs facettes de la recherche, de la collecte à la diffusion des résultats.
Les étudiants acquièrent ainsi des connaissances et des habiletés qui dépassent le cadre de leurs cours de premier cycle. Par exemple, Matthew Lundy, un étudiant de première année au baccalauréat en physique et récipiendaire d’une bourse de recherche au premier cycle du CRSNG, a appris à utiliser le langage code essentiel à ses travaux dans le laboratoire d’astrophysique du professeur Lorne Nelson – les codes Fortran, Python, IDL – afin d’étudier les courbes de la lumière émise par différents systèmes binaires et d’identifier leurs correspondances avec les données recueillies par le télescope Kepler K2.
Par la recherche, les étudiants acquièrent des connaissances et des habiletés qui dépassent le cadre de leurs cours de premier cycle.
Les chercheurs, quant à eux, bénéficient de l’énergie et de l’enthousiasme de leurs jeunes protégés, ainsi que de la capacité de ces derniers à développer de nouvelles habiletés à un rythme qui ne cesse de surprendre leurs professeurs. Selon Élisabeth Levac, du Département d’études environnementales et de géographie, la présence de ses assistants de recherche de premier cycle « crée des occasions de parler du projet, de poser des questions, de remettre en question la méthodologie, qui l’aident à mieux se concentrer sur le projet ».
Daniel Romero, un étudiant brésilien qui a séjourné durant un an à l’Université Bishop’s grâce au programme Sciences sans frontières, a, quant à lui, réalisé un stage de recherche en chimie auprès du professeur Mihai Scarlete, qui s’est dit impressionné par la rigueur et la capacité d’adaptation de son assistant. Travailler avec des étudiants de premier cycle permet aussi aux professeurs de démontrer des applications concrètes de concepts enseignés en classe :
J’apprends à mieux connaître mes étudiants, et vice versa. Dans mon domaine de recherche, mes assistants peuvent voir comment j’interagis avec des professeurs [d’école secondaire] et comment j’aborde des situations qui ont lieu dans leurs écoles. Je peux ainsi valider ce que j’enseigne dans mes cours et amener les étudiants à me faire confiance et à s’intéresser à mes travaux. De plus, travailler avec des étudiants me permet de développer ma relation avec eux : au-delà de la relation professeur-étudiant, nous devenons des amis. (Sunny Lau, Faculté d’éducation)
Plusieurs d’entre eux se dirigent vers la maîtrise afin de poursuivre le travail entamé au baccalauréat.
Vers la maîtrise
Du point de vue des étudiants, les retombées positives d’une telle expérience sont nombreuses : à la suite de leurs études de premier cycle, plusieurs d’entre eux se dirigent vers la maîtrise afin de poursuivre le travail entamé au baccalauréat. Leurs demandes de bourse se trouvent également plus étoffées, puisque plusieurs d’entre eux ont un bagage en recherche peu commun pour des étudiants de premier cycle. Certains ont participé à des concours d’affiches scientifiques, présenté des communications à des colloques et publié des articles avec leurs superviseurs. Ryan Lundell-Creagh, étudiant de quatrième année en psychologie, a travaillé à titre d’assistant de recherche et de boursier du FRQSC avant d’entreprendre la recherche pour son mémoire de premier cycle. Il ne cache pas son enthousiasme pour l’ensemble de ces expériences :
- Réaliser des projets de recherche a été l’une des expériences les plus enrichissantes de mon passage à l’université, dit-il. Cela m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances qui s’ajoutent à celles acquises en classe. Nous sommes chanceux, ici à Bishop’s, d’évoluer dans un environnement propice aux interactions entre chercheurs et étudiants de premier cycle. La recherche fait maintenant partie intégrante de mon éducation. Je travaille à titre d’assistant de recherche depuis maintenant trois ans et j’ai adoré chaque instant. Obtenir ces assistanats de recherche m’a fait réaliser que j’aimerais poursuivre une carrière en recherche.
Une semaine de la recherche
Chaque année, depuis 2005, l’Université Bishop’s organise la Semaine de la recherche, un événement qui promeut auprès de la communauté universitaire la recherche réalisée par les chercheurs et les étudiants. Le concours d’affiches scientifiques représente une activité phare. La quarantaine d’étudiants apprennent alors à présenter leurs hypothèses, leur méthodologie et leurs conclusions de manière succincte et visuelle. Certains prennent part à des événements de plus grande envergure, comme Kristin-Marie Neville, en études des sports, récipiendaire d’une bourse de recherche de premier cycle du CRSNG, qui a présenté ses travaux au Rendez-vous des entraîneurs de l’Institut national du sport en 2015.
Kristin-Marie Neville, aujourd’hui étudiante de deuxième cycle à l’École des sciences de l’activité physique à l’Université d’Ottawa, présentait un affiche aux côtés de son superviseur, Maxime Trempe (Département d’études du sport) au Rendez-Vous des entraîneurs de l’Institut national du sport du Québec en mai 2015.
Outre la Semaine annuelle de la recherche, les étudiants ont de nombreuses occasions de présenter leurs travaux. La Québec Universities English Undergraduate Conference (QUEUC), organisée chaque année depuis 2010 par Jessica Riddell, du Département d’études anglaises, réunit des étudiants de premier cycle inscrits dans les départements d’anglais de plusieurs universités québécoises et canadiennes. Le colloque annuel sur les études québécoises du Centre de ressources pour l’étude des Cantons-de-l’Est à l’Université Bishop’s et du Institute of Québec Studies de la State University of New York à Plattsburgh, inclut également des étudiants de premier cycle. Enfin, une entente entre l’Université Bishop’s et la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke donne l’occasion aux étudiants de Bishop’s d’entreprendre des stages de recherche à la FMSS et de se joindre à des laboratoires d’envergure.
Dans un article paru dans Le Devoir le 1er novembre 2014, on note que « la recherche scientifique permet aux étudiants de 1er cycle qui s’y plongent d’aiguiser leur esprit critique, leurs capacités de communication et de prise de décision en groupe », ce qui constitue, selon Timothée Labelle, chargé de communications à l’Institut d’études internationales de Montréal, « des éléments primordiaux pour faire de ces individus de bons citoyens » (Marie Lambert-Chan , « Faire de la recherche dès le baccalauréat a ses vertus »). Voilà qui cadre tout à fait avec la mission de l’Université Bishop’s, qui promeut auprès de ses étudiants « la curiosité intellectuelle et l’engagement envers l’apprentissage permanent ».
- Julie Frédette
Université Bishop's
Julie Frédette est agente de recherche à l’Université Bishop’s. Elle est responsable de la mobilisation des connaissances, de la promotion des activités de recherche effectuées à Bishop’s et de l’organisation de la Semaine annuelle de la recherche. De plus, elle coordonne les comités d’éthique de la recherche avec des êtres humains, des animaux et du matériel à biorisques. Elle détient un doctorat en littérature canadienne comparée de l’Université de Sherbrooke.
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