"Je voulais commencer là où Milner s’était arrêtée. Je voulais me frotter à l’aspect le plus complexe et le plus intéressant de la mémoire – la genèse de la mémoire à long terme […]. Je voulais donc concentrer mes efforts sur l’hippocampe dont Milner avait montré le rôle essentiel […]", Eric R. Kandel
Les organisateurs du Symposium du centenaire de Brenda Milner, avec à leur tête le Pr Gabriel Leonard, naguère l’un des postdoctorants de la grande dame!, réfléchissent « au savoir acquis [depuis] 100 ans » quant aux recherches sur le cerveau dans les disciplines de la neuropsychologie et des neurosciences cognitives. Et pour ce faire, ils ont invité à Montréal des sommités mondiales de ces domaines, mais pas seulement; des figures célébrées qui ont en outre marché dans les pas mêmes de celle que l’on désigne aujourd’hui, sans aucune enflure, mais alors là vraiment pas, comme l’une des cofondatrices de la neuropsychologie moderne. Ainsi apparaît au programme du Symposium, dès le premier jour (jeudi 6 septembre), l’Autrichien Eric R. Kandel (né en 1929) prix Nobel de Physiologie et de Médecine 2000. On peut lire ici sur le site des Prix Nobel, l’autobiographie de présentation du lauréat.
Dans son ouvrage À la recherche de la mémoire : une nouvelle théorie de l’esprit, paru par la suite en 2006 (version anglaise en 2006, version français en 2007), où il raconte par le menu détail cette forte expérience qu’est une recherche au long cours, la figure de Brenda Milner apparaît, pour le chercheur originaire de Vienne, telle une pionnière incontournable, la passeuse d’un savoir maintenant inscrit tout entier dans l’histoire même de la neurologie et, plus particulièrement, dans celle de la dimension neuronale de la mémoire :
- « Avant les découvertes de Brenda Milner, de nombreux behavioristes et certains psychologues cognitifs avaient suivi la piste de Freud et de Skinner, et délaissé la voie de la biologie pour étudier l’apprentissage et la mémoire. S’ils avaient agi ainsi, ce n’est pas parce qu’ils étaient dualistes, comme Descartes, mais parce qu’ils n’imaginaient pas voir la biologie jouer un rôle significatif, dans l’étude de l’apprentissage, dans un futur proche . […] Les travaux de Milner sont venues modifier tout ça. Ses découvertes sur le rôle nécessaire joué par certaines régions du cerveau [tels les hippocampes] désignaient pour la première fois un endroit où divers souvenirs étaient traités puis stockés. Mais la question de savoir comment la mémoire est stockée demeurait sans réponse, et elle me fascinait. ».1
Kandel va encore plus loin dans la reconnaissance du travail de celle de qui il partage, à toutes fins utiles, la même génération, Milner ne le devançant que de 11 ans. Il n’empêche… Celle-ci ayant réalisé ses découvertes relativement tôt dans sa carrière, Kandel aura pu fonder solidement ses propres travaux – et comment ! – sur ceux de la neuropsychologue du Neuro.
- Je voulais commencer là où Milner s’était arrêtée. Je voulais me frotter à l’aspect le plus complexe et le plus intéressant de la mémoire – la genèse de la mémoire à long terme […]. Je voulais donc concentrer mes efforts sur l’hippocampe dont Milner avait montré le rôle essentiel […]. Eric R. Kandel1
- Luc Dupont
Journaliste scientifique et UQAM
Colauréat de la Bourse Fernand Seguin (1983), récipiendaire du prix Molson de journalisme (1991), Luc Dupont poursuit depuis 1985 une carrière en journalisme scientifique, avec une spécialisation de plus en plus accrue du côté de la médecine. À ce titre, il réalise actuellement, de concert avec le Pr Denis Goulet, une Histoire de la recherche biomédicale au Québec. Il compte terminer, d'ici à 2020, une maîtrise en Science, Technologie et Société à l'Université du Québec à Montréal.
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