En 1992, Louis Berlinguet accorde un entretien audio à Yves Gingras. C'est celui qui a été président de l'Acfas en 1969 qui intéresse ici l'historien et sociologue des sciences, en train de terminer son ouvrage sur l'histoire de l'Association. En rendant disponibles ces quelques extraits audio, nous voudrions ainsi rendre hommage à l'homme et à son oeuvre.
Le scientifique
C'est à la Faculté des sciences de l'Université de Montréal, au début des années 1940, que Louis Berlinguet entreprend ses études supérieures. Il y effectue, pendant quatre ans, un baccalauréat en chimie, en se spécialisant en biochimie. Léon Lortie, Abel Gauthier, Roger Barré et Marcel Rinfret sont parmi ses professeurs. Pour la suite, on lui conseillera de joindre une autre institution : « Berlinguet, allez-vous-en de Montréal, on vous a donné pendant quatre ans ce que l'on pouvait vous donner. »1. C'est en feuilletant le Canadian Journal of chemistry qu'il repère l'un de ses fréquents contributeurs, le biochimiste Roger Gaudry2. Il ira réaliser sous sa gouverne, de 1947 à 1950, à l'Université Laval, un doctorat en chimie organique sur la synthèse des acides aminés.
Sa carrière universitaire se déroulera entièrement au Département de biochimie de la Faculté de médecine de l'Université Laval. « À l’époque où l’on découvrait la structure de l’ADN, Louis Berlinguet se penchait sur la synthèse des acides aminés, la chimie et la biochimie des protéines, et la chimiothérapie du cancer » 3.
ENTRETIEN AUDIO AVEC LOUIS BERLINGUET - 1992
Le bâtisseur
Pour l'historien et sociologue des sciences, Yves Gingras, le scientifique fait partie de cette génération de bâtisseurs d'institutions; ces lieux qui permettent, entre autres, d'encadrer et de penser les pratiques. Les chercheurs ne doivent jamais tenir pour acquises les institutions de la recherche, souligne l'historien, « et c'est à eux de les habiter ». Ce sera le cas de Louis Berlinguet, sans contredit.
Ses contributions au système de recherche sont tout simplement remarquables, tant par leur importance que par leur nombre4. Les repères biographiques, colligés par l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), et reproduits à la fin du présent article, sont éloquents.
Soulignons aussi sa participation à la création de l’Université du Québec et de l'INRS. « Dédié à ce projet [l'Université du Québec], il en est nommé vice-président à la recherche. C’est avec le développement de ce réseau universitaire, qui a joué un important rôle dans l’essor de l’éducation supérieure au Québec, que M. Berlinguet devient le premier président du conseil d’administration de l’Institut national de la recherche scientifique fondé en 1969. Il s’investit notamment dans l’établissement des centres INRS-Eau, à Québec, et INRS-Énergie, à Varennes! »5
Le président de l’Acfas
Quand il devient président de l'Acfas en 1969, Louis Berlinguet connait déjà très bien cette institution. Depuis 1947, il présente régulièrement des communications au congrès, et en 1967, il rejoint le Conseil exécutif à titre de 2e, puis de 1er vice-président. « À peine élu [président], à l’Assemblée générale de novembre 1969, Louis Berlinguet annonce qu’il faut démocratiser l’Acfas et "penser à l’élément scientifique féminin" »6. C'est en 1970 que Lise Nicole, qui avait été l'une des ses étudiantes, devient la première femme à prendre part au Conseil d'administration. Puis, en 1974, la première présidente est élue : l'économiste Livia Thur, alors vice-rectrice à l'enseignement et à la recherche à l'UQTR.
Mais pour avoir un meilleur aperçu de son mandat à la présidence de l'Acfas, au moment de la Crise d'octobre, entre autres, quoi de mieux que de l'entendre nous en parler...
- Extraits d'un entretien avec Louis Berlinguet, en 1992, avec l'historien et sociologue des sciences, Yves Gingras, UQAM. Cet entretien a été réalisé en préparation de l'ouvrage Pour l'avancement des sciences : Histoire de l'Acfas 1923-1993, qui paraîtra aux Éditions du Boréal en 1994.
En 1981, le nouveau prix Acfas Jacques-Rousseau, crée pour honorer des personnes qui se sont distingués dans plus d’une sphère de l’activité scientifique, est remis à Louis Berlinguet.
- 1Extrait du début de l'entretien audio, disponible dans le présent article.
- 2Chimiste qui deviendra le premier recteur laïc de l'Université de Montréal 1965-1975 (Source Wikipédia).
- 3"L’INRS perd un de ses fondateurs", 25 janvier 2018, par Stéphanie Thibault - http://www.inrs.ca/actualites/deces-de-louis-berlinguet-linrs-perd-un-de-ses-fondateurs
- 4À cet effet, il est pertinent de consulter l'hommage que lui ont rendu ses anciens collègues dans les pages du quotidien Le Devoir, le 27 janvier 2018. Lien : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/518631/hommage-a-louis-berlinguet-1926-2018
- 5Stéphanie Thibault, "L’INRS perd un de ses fondateurs", 25 janvier 2018, www.inrs.ca/actualites/deces-de-louis-berlinguet-linrs-perd-un-de-ses-fondateurs.
- 6Yves Gingras, "Pour l'avancement des sciences : Histoire de l'ACFAS 1923-1993", Éditions du Boréal,1994, p. 122.
- Johanne Lebel
Rédactrice en chef
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