Les journalistes scientifiques jouent un rôle fondamental dans la construction d’une véritable société du savoir.
Les médias ont un rôle plus important que jamais à jouer pour la diffusion d’une information scientifique de qualité. L'influence des mouvements religieux, le poids des lobbies industriels et des organismes militants, couplés à l'explosion d’internet, ont décuplé la quantité d’informations scientifiques biaisées auxquelles peut accéder la population.
Cette désinformation scientifique à grande échelle n’est pas sans conséquence.
D’une part, elle dévalorise la recherche et les études supérieures, et décourage nombre de jeunes de se lancer alors même que cette relève est indispensable à la prospérité socioéconomique.
Plus grave encore, elle amène une partie de la population à adopter des comportements contre-productifs pour son propre bien-être et conduit les « politiques » à prendre de mauvaises décisions. Par exemple, sous l’influence des mouvements antivaccination très actifs sur internet, des maladies infantiles comme la rougeole sont en recrudescence.
Le soutien aux politiques vigoureuses en matière de lutte aux changements climatiques, quant à lui, est affaibli par les « climatosceptiques » très actifs sur la Toile et soutenus par de puissants lobbies, qui brouillent les cartes en semant le doute sur les évidences bien appuyées des spécialistes.
Et alors que la lutte au surpoids et à l’obésité revêt une importance cruciale pour la santé de la population, celle-ci ne sait plus à quel saint se vouer en matière de nutrition alors qu’elle est sans cesse bombardée de nouvelles études vantées par communiqués qui, sans mise en contexte, disent tout et son contraire.
Du pourquoi de solides journalistes
Les journalistes scientifiques jouent un rôle fondamental dans la construction d’une véritable société du savoir. Usant de leurs talents de vulgarisateurs, ils apportent sur la place publique des connaissances et des faits, décodent le discours des experts, dénoncent les démagogues ou les charlatans, permettant au public d’adopter une attitude ouverte et éclairée à l'égard des grands dossiers d’actualité de la science et de la technologie et de mieux comprendre comment se construit le savoir dans tous les domaines de la recherche.
«Le congrès de l’Acfas est une occasion idéale pour parfaire la formation des aspirants journalistes scientifiques.»
Or aujourd’hui, les journalistes sont trop souvent mal préparés à traiter ces questions et commettent régulièrement des erreurs parfois lourdes de conséquences. Ils contribuent ainsi à propager des faits erronés ou des opinions qui ne reflètent pas l’état des connaissances issues de la recherche scientifique, que ce soit à propos des questions d’environnement, de santé, d’éducation ou de géopolitique.
De plus en plus conscients de ces lacunes, les étudiants en journalisme sont toujours plus nombreux à recevoir dans leur formation un cours en journalisme scientifique. Le nombre d’inscrits aux cours dispensés par la Chaire de journalisme scientifique Bell Globemedia, par exemple,augmente d’année en année.
Sur le plancher du congrès
Le congrès de l’Acfas, au cours duquel des milliers de chercheurs de toutes disciplines présentent leurs travaux, est une occasion idéale pour parfaire la formation de ces aspirants journalistes. Au cours de cette semaine, cinq stagiaires couvriront l’événement et partageront jour après jour leurs découvertes avec les lecteurs du magazine Découvrir. Vous pourrez suivre toute la semaine Bérengère Capdequi, Alexandre Guertin-Pasquier, Laurence Houde-Roy, Rabéa Kabbaj et Renaud Manuguerra.
En tant que chargée de cours en journalisme scientifique et vieille routarde dans ce métier ô combien passionnant, j’aurai grand plaisir à les aider à faire leurs premières armes.
Je tiens ici à remercier toute l’équipe du magazine Découvrir de leur permettre de vivre cette expérience enrichissante, ainsi que la Chaire en journalisme Bell Globemedia de l’Université Laval qui soutient cette initiative. Quel bel exemple de partenariat!
Et maintenant, place à la relève! Bonne lecture.
- Valérie Borde
Journaliste scientifiquePrésentation de l’auteure :Valérie Borde est journaliste scientifique depuis plus de 20 ans et a publié au-delà de 800 reportages, enquêtes, portraits ou entrevues dans des magazines français et québécois. Elle écrit maintenant surtout pour le magazine L’actualité, et dans son blogue sur le site du magazine. Reconnue pour ses talents de vulgarisatrice, Valérie Borde ne craint pas de se frotter aux sujets les plus complexes. Journaliste très rigoureuse dans ses recherches, elle a remporté plusieurs prix de journalisme au Québec, au Canada et en France. Valérie Borde est aussi chargée de cours en journalisme scientifique à l’Université Laval, membre de la Commission d’éthique en science et en technologie du Québec et consultante en communication scientifique.
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