Le portrait de la diplomation collégiale et universitaire soulève d'importants enjeux. Au Québec, le taux de diplomation dans les temps aux études collégiales se situe autour de 33 % et 64 % lorsque les études sont prolongées d’un à 3 ans. Le taux d’accès à un programme universitaire de grade se situe à 48 % et entre 20 % (temps plein) et 40 % (temps partiel) des personnes étudiantes inscrites dans un programme de 1er cycle quittent l’université sans diplôme. Des résultats de recherches récentes indiquent que les défis liés à la persévérance sont plus importants dans la première année de formation et que de 25 à 30 % des personnes étudiantes ne se sentent pas assez outillés, sur les plans académique et psychosocial, pour réussir leurs études. Sachant que la qualité des transitions est une condition favorable à la réussite du projet d’études (CTREQ, 2018 ; CSÉ, 2010), l’insuffisance du soutien s’avère problématique.
S’il existe certains modèles visant à expliquer les dynamiques qui caractérisent les transitions interordres (Shreiner, 2020; De Clercq, 2019; Kuh, 2007), il y a lieu de questionner si ces derniers permettent de répondre aux besoins, contextes et contingences actuels des situations de transitions. Comment les personnes étudiantes vivent-elles les transitions et quels besoins expriment-elles? Comment prendre en compte l’évolution de ces besoins et accompagner les personnes étudiantes à cet égard? Comment les acteur·trices de l’enseignement supérieur vivent-ils cet accompagnement? Quelles pratiques mettent-ils en œuvre et avec quels effets? Comment partager la responsabilité de cet accompagnement en concertation interordres? Les regards croisés des acteurs·trices des transitions et des chercheurs·euses apparaissent essentiels pour répondre à ces questions, pour assurer le dynamisme et l’actualisation de notre compréhension des transitions réussies et pour dégager des clés d’analyse et de modélisation englobantes et fondamentales du phénomène des transitions