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«On a fait les tests en début de maladie, parce que plus tard, ils ne sont même pas "étudiables". Ils ne reconnaissent plus rien», souligne Maxime Montembeault

[Colloque 109 - Perspectives actuelles sur les présentations atypiques de la démence]

Démence sémantique ou maladie d'Alzheimer

Perdre ses connaissances sans perdre la mémoire. Manger une asperge, mais ne pas la reconnaitre, ne pas l'identifier comme un légume, et ignorer même l'idée de cuisson. C'est la perte conceptuelle totale, une perte de références. C'est la démence sémantique (DS): une maladie neurodégénérative rare. Elle peut s'apparenter à première vue à certaines formes de maladies d'Alzheimer (MA) et poser des doutes lors du diagnostic en clinique.

L'étude de Maxime Montembeault, chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, a mis en parallèle la démence sémantique et la maladie d'Alzheimer avec symptômes langagiers.

« Alzheimer et démence sémantique ne sont pas difficile à différencier. Dans la maladie d'Alzheimer, il y a un trouble de la mémoire épisodique. Les gens ne se rappellent pas bien ce qu'ils ont fait la veille, et ils ne sont pas capables de fabriquer de nouveaux souvenirs. Ce n'est pas le cas avec les patients qui ont des démences sémantiques. Leur mémoire épisodique fonctionne relativement normalement », explique la professeure qui a dirigé l'étude, Isabelle Rouleau.

«Dans la maladie d'Alzheimer, il y a un trouble de la mémoire épisodique. Les gens ne se rappellent pas bien ce qu'ils ont fait la veille, et ils ne sont pas capables de fabriquer de nouveaux souvenirs. Ce n'est pas le cas avec les patients qui ont des démences sémantiques».

Les gens atteints de DS ont un trouble sémantique qui est énorme par rapport à leur trouble épisodique. Contrairement à la MA où le trouble sémantique, surtout en début de maladie, est faible.

La DS est une maladie qui se développe en vieillissant, mais elle peut aussi apparaître dans la cinquantaine. C'est une maladie qui est très rare comparativement à la MA. « Nous avons eu la ''chance'' d'avoir dix participants atteints de DS pour notre étude à l'Hôpital de l'Enfant-Jésus de Québec. On a fait les tests en début de maladie, parce que plus tard, ils ne sont même pas "étudiables". Ils ne reconnaissent plus rien », souligne Maxime Montembault. La démence sémantique est tellement extrême comme déficit en dénomination, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un groupe de 30 pour montrer une tendance.  « Ce qui est surprenant avec les patients, c'est le grand écart entre leur état normal et leurs déficits en sémantique. La personne conduit sa voiture, tu lui parles, elle a l'air tout à fait normal et puis tu lui montres un logo de McDonald's, et elle ne le reconnait pas », ajoute Isabelle Rouleau.

Qu'est que cette Tour Eiffel que je ne saurais nommer?

L'objectif du chercheur Maxime Montembeault était de caractériser les troubles sémantiques langagiers de chacune des populations, DS et MA, à l'aide d'un test de dénomination, le Boston naming test. Les patients DS et MA devaient nommer l'image qu'ils avaient devant les yeux. L'exercice a été fait avec des objets communs et des items sémantiquement uniques. « Céline Dion et la Tour Eiffel sont sémantiquement uniques. Un table est un objet commun, il y en a de toute sorte, de différents modèles», explique le chercheur. Des études en imagerie cérébrale montrent que pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer cela demande plus au métabolisme du cerveau de nommer un objet sémantiquement unique qu'un objet commun.

« Généralement, en clinique, c'est le test avec les objets communs qui est utilisé. En ce sens, notre étude avec les items uniques est très utile parce que dans le contexte où les patients atteints de la maladie d'Alzheimer ne paraissent pas avoir trop de troubles de dénomination, si on utilise le même test, avec les items uniques, il devient alors plus facile de poser un diagnostic différentiel en clinique », précise Maxime Montembeault. 


  • Geneviève Quevillon
    Journaliste
    Présentation de l’auteureGenevieve Quevillon est étudiante en dernière année de baccalauréat de journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Impliquée dans plusieurs médias étudiants et communautaires, son approche est collaborative et ses savoirs multidisciplinaires. Autonome et créative, Genevieve aime trouver des angles originaux qui font comprendre le plus aisément possible l’essentiel d’une information à ses publics.

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