21 - La recherche-développement au service de contextes éducatifs complexes et en mouvance

Dans cette communication, nous souhaitons exposer les dessous du processus de recherche-développement (RD) (Bergeron et al., 2021) ayant mené à la création de la formation Camie. Cette formation en ligne, qui se déploiera peu à peu dans toutes les constituantes de l’Université du Québec, vise à améliorer nos milieux afin qu’ils soient plus inclusifs pour les personnes étudiantes de l’international. Issue d’un processus collaboratif au sein d’une équipe interdisciplinaire multisituée, la RD liée à la formation Camie a connu de nombreux ajustements au fil de ses trois années, lesquels se poursuivent dans la phase de diffusion qui se déroule en ce moment.

Sous la forme d’un récit d’expérience, nous aborderons les moments-clés où il a été nécessaire de se positionner, en tant qu’équipe de recherche, pour éviter certaines dérives méthodologiques ou pour conserver l’équilibre entre « recherche » et « développement » sans compromettre la qualité de chacune des avenues. Jusqu’où aller dans l’analyse et l’application des commentaires à la suite des phases de mise à l’essai ? Comment ajuster les objectifs de RD aux objectifs dynamiques des milieux dans lesquels le produit prendra place ? Jusqu’où s’étend la responsabilité de l’équipe de recherche dans la phase de diffusion et comment concilier la temporalité d’une RD aux attentes des milieux ? Ces exemples de questionnements et leurs réponses guideront notre récit ainsi que des pistes de solution à envisager.

Pour réfléchir à la mise en œuvre de la différenciation pédagogique (DP), observer et consigner des informations sur les élèves semblent être une voie fort intéressante pour le personnel enseignant (Chaubert, 2012). Or, avec les nombreux aspects qui peuvent être recueillis et notés, il peut s’avérer complexe pour le personnel enseignant de savoir ce sur quoi ils doivent porter leur regard et déterminer ce qui est le plus pertinent à consigner (Kahn et Rolland, 2021). Un projet de recherche-développement, s’appuyant sur le modèle proposé par Bergeron et ses collaborateurs (2020), a été mené afin de comprendre ce qui soutient les personnes enseignantes dans la récolte d’informations et la prise de notes au sujet des élèves dans l’intention de différencier. Ce projet a permis de développer un outil de consignation utile pour analyser et prendre des décisions quant aux actions les plus pertinentes dans une perspective de différenciation pédagogique. Lors ce cette communication, les grands constats au terme de cette RD seront abordés. Puis, la communication terminera sur des réflexions que le projet permet de poser sur les enjeux vécus autours de la phase de la mise à l’essai.

Le fait de réaliser une analyse de besoins dans une approche plus compréhensive permet entre autres d’approfondir les perceptions des utilisateurs et utilisatrices cibles afin d’identifier les besoins auxquels nous désirons répondre permettant ainsi d’inscrire l’analyse dans une visée plus participative et transformative (Sankofa, 2021). Cette communication présentera les résultats d’un projet de recherche de 2e cycle ayant pour objectif d’identifier les besoins du personnel enseignant au secondaire afin de faciliter la mise en œuvre de pratiques évaluatives inclusives (Lachance, accepté). Dans un premier temps, nous tracerons le cheminement réalisé lors de l’analyse de besoins. Il sera question du processus décisionnel menant aux choix méthodologiques privilégiés (outils mobilisés, présence d’une diversité de participant.es, analyse réalisée en deux phases, la transparence auprès des personnes participantes, etc.). Dans un deuxième temps, nous aborderons des défis et des limites rencontrées dans un contexte de recherche autour d’un objet touchant aux valeurs et croyances éducatives. Enfin, nous conclurons avec des questionnements autour desquels une réflexion s’avère importante afin d’assurer l’intégrité de cette étape cruciale de la recherche-développement. 

Les enfants à risque d’être en situation de handicap rencontrent de nombreux défis lorsqu’ils prennent part aux activités de tinkering des laboratoires créatifs (LC). Pourtant, de nombreuses recherches font état d’effets positifs de leur participation, notamment sur leur agentivité (Lepage et Courey, 2011 ; Martin et al., 2020). Cette recherche vise à créer des modalités contribuant à réduire les multiples obstacles environnementaux ou liés à l’animation inadaptée qu’ils y rencontrent. Leurs perspectives sont recherchées pour codévelopper, aux côtés des praticiens de LC, des prototypes de modalités permettant d'amplifier la visée d’inclusion des activités de LC. Le projet se déroulera au LC Exploratek du Musée des sciences et de la technologie du Canada, à travers l’atelier « Tech à jouer » qui regroupe des d’opportunités de tinkering tactiles et numérique sous-exploitées. La recherche s’appuie sur la démarche méthodologique de recherche-développement élaborée par Bergeron et al. (2021) en employant cinq séquences d’activités incluant des consultations et des boucles de développement et de mises à l’essai des modalités conçues. L’évaluation des modalités et l’analyse par questionnement analytique s’appuie sur les modèles de développement humain — processus de production du handicap, ainsi que les concepts de la participation et de la pédagogie de tinkering. Cette recherche se veut un point de repère pour les praticiens de LC lors de l’élaboration et l’évaluation d’ateliers.

Constatant une maitrise peu assurée de la compétence professionnelle « agir comme médiatrice ou médiateur d’éléments de culture » chez les personnes étudiantes en enseignement du français au secondaire, une équipe de formatrices en littérature, en linguistique et en didactique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) s’attache à concevoir et à implanter des stratégies de soutien au développement de cette compétence dans des cours disciplinaires (linguistique et littérature). On sait que lorsque les personnes formées interagissent avec des pratiques ou des objets culturels signifiants et vivent des expériences de médiation culturelle de qualité (Bordeaux, 2018; Dewey, 1968/2022), deux retombées sont possibles : 1) les personnes formées s’approprient de nouvelles connaissances et portent un regard critique sur leurs pratiques personnelles et professionnelles, et 2) elles sont outillées pour offrir à leurs élèves des activités d’apprentissage ayant une forte valeur culturelle (Lépine et al. 2022 ; Beaudry et Crêtes-Reizes, 2022).

L’équipe est actuellement dans la phase de structuration de la solution (élaboration et intégration des stratégies de soutien au développement de la compétence) (Bergeron et al. 2021). Sa réflexion porte sur les conditions à mettre en place pour préserver l’esprit du projet, notamment dans un contexte de fluctuation dans le personnel enseignant ou d’entraves au travail collaboratif inhérentes à l’enseignement universitaire.