Aujourd’hui, il existe un engagement international accru en faveur de l’éducation à la petite enfance. Cependant, de nombreux pays sont confrontés à une tension entre vouloir scolariser les enfants de plus en plus tôt dans une perspective centrée sur les contenus afin de les préparer à l’école et celle d’adhérer à une philosophie centrée sur les besoins des enfants visant leur développement global (OCDE, 2007). C’est une tension que certains considèrent comme irréconciliable (Lee et Ginsburg, 2009), alors que dans les milieux il semble que les deux approches coexistent (Conseil supérieur de l’éducation, 2012).
Cela entraîne une incertitude sur la manière dont les mathématiques dans les institutions préscolaires devraient être abordées (Helenius et coll., 2016). Dans ce contexte, nous devons nous interroger sur le rôle de l’adulte pour l’engagement des enfants dans des activités mathématiques et dans le développement de leur pensée mathématique (Doverborg et Samuelsson, 2011). Si le rôle de l’adulte est crucial pour appuyer l’apprentissage des enfants, cet adulte est confronté à la difficulté de mettre en place des conditions propices à l’apprentissage des mathématiques et au développement global de l’enfant.
Puisque les points de vue sont divers et évolutifs, nous proposons une discussion élargie grâce à une collaboration interdisciplinaire et intersectorielle sur l’apprentissage des mathématiques au préscolaire. En quoi et comment l’apprentissage des mathématiques et l’approche développementale peuvent-ils coexister? Est-ce forcément l’un au détriment de l’autre? Quelles mathématiques devraient être apprises afin de contribuer au développement global de l’enfant? Comment est-il possible au sein de l’institution scolaire d’être dans une approche développementale tout en abordant des contenus mathématiques? Quels rôles seraient accordés à l’enfant et à l’adulte?