Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Aujourd’hui, il existe un engagement international accru en faveur de l’éducation à la petite enfance. Cependant, de nombreux pays sont confrontés à une tension entre vouloir scolariser les enfants de plus en plus tôt dans une perspective centrée sur les contenus afin de les préparer à l’école et celle d’adhérer à une philosophie centrée sur les besoins des enfants visant leur développement global (OCDE, 2007). C’est une tension que certains considèrent comme irréconciliable (Lee et Ginsburg, 2009), alors que dans les milieux il semble que les deux approches coexistent (Conseil supérieur de l’éducation, 2012).
Cela entraîne une incertitude sur la manière dont les mathématiques dans les institutions préscolaires devraient être abordées (Helenius et coll., 2016). Dans ce contexte, nous devons nous interroger sur le rôle de l’adulte pour l’engagement des enfants dans des activités mathématiques et dans le développement de leur pensée mathématique (Doverborg et Samuelsson, 2011). Si le rôle de l’adulte est crucial pour appuyer l’apprentissage des enfants, cet adulte est confronté à la difficulté de mettre en place des conditions propices à l’apprentissage des mathématiques et au développement global de l’enfant.
Puisque les points de vue sont divers et évolutifs, nous proposons une discussion élargie grâce à une collaboration interdisciplinaire et intersectorielle sur l’apprentissage des mathématiques au préscolaire. En quoi et comment l’apprentissage des mathématiques et l’approche développementale peuvent-ils coexister? Est-ce forcément l’un au détriment de l’autre? Quelles mathématiques devraient être apprises afin de contribuer au développement global de l’enfant? Comment est-il possible au sein de l’institution scolaire d’être dans une approche développementale tout en abordant des contenus mathématiques? Quels rôles seraient accordés à l’enfant et à l’adulte?
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Nathalie Anwandter Cuellar (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Manon Boily (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Geneviève Lessard (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Elena Polotskaia (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Programme
Intervention
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Communication orale
L’apport du modèle de la transposition didactique à l’approche développementale au préscolaire : un atout pour le soutien à l’apprentissage de l’enfantManon Boily (UQAM), Isabelle Deshaies (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
La recherche de Deshaies, Miron et Masson (2015), suggère qu’au moins trois préalables sont essentiels à l’apprentissage de l’arithmétique à l’éducation préscolaire : le développement du sens des nombres, le lien entre ce sens des nombres et les nombres symboliques, ainsi que le développement du contrôle inhibiteur. Une intervention concernant le développement de ces préalables a été réalisée et a démontré une différence statistique significative (Deshaies, Miron et Masson, 2020). Un volet soutien à l’apprentissage a également été apporté mettant l’accent sur l’importance du questionnement et de l’étayage de l’adulte pour soutenir le développement de l’enfant face aux différentes habiletés mathématiques (Deshaies et Dansereau, 2020). Suite à ces différentes interventions, le modèle de la transposition didactique de Chevallard (1985) a été mis en place dans le respect de l’approche développementale. Cette recherche réalisée dans deux classes d’éducation préscolaire 5 ans lors de l’année 2020-2021 permet d’apporter un éclairage nouveau sur la transposition didactique des savoirs liés à la mathématique, plus précisément l’habileté de dénombrement. Cette conférence expose donc à la fois le modèle de la transposition didactique de Chevallard (1985) utilisé et adapté pour le préscolaire, ainsi que les situations d’apprentissage didactiques (Brousseau, 2000), qui ont permis aux enfants de faire des apprentissages qu’ils ont transposés à l’intérieur de leurs scénarios ludiques.
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Communication orale
Impact d’une intervention combinée en philosophie pour enfants et présence attentive sur l’autodétermination d’élèves du préscolaire : résultats d’une étude de faisabilité.Geneviève Mageau (Université de Montréal), Mathieu Gagnon (Université de Sherbrooke), David Lefrançois (Université du Québec en Outaouais), Catherine Malboeuf-Hurtubise (Bishop’s University), Geneviève Taylor (Université du Québec à Montréal), Marc-André Éthier (Université de Montréal)
Afin de s’acquitter de sa mission, l’école québécoise doit s’assurer du développement psychosocial de ses élèves, où les concepts de santé psychologique et de bien-être sont prédominants. À cet effet, les interventions de présence attentive (IBPA) et la philosophie pour enfants (PPE) ont été identifiées comme prometteuse pour favoriser une meilleure santé mentale chez les élèves du préscolaire. Cette étude de faisabilité visait à évaluer l’impact d’une intervention nouvelle combinant l’IBPA et la PPE sur la santé psychologique d’élèves en pré-maternelle (N=38) par le biais d’un essai randomisé. Les résultats d’anovas mixtes montrent une diminution significative des symptômes internalisés et de l’hyperactivité au post-test chez les élèves des deux groupes. Ces premiers résultats semblent indiquer que l’intervention combinée n’a pas été plus efficace que le simple passage du temps chez ces élèves. Ainsi, elle ne semble pas représenter l’alternative la plus efficace pour favoriser une meilleure santé psychologique chez les élèves. Néanmoins, il appert que la PPE, qui favorise le développement de la pensée critique et du raisonnement logique, pourrait s’avérer un choix d’intervention intéressant puisqu’il combine l’enseignement formel scolarisant (dont les mathématiques) à une approche centrée sur les besoins psychosociaux des élèves. Cette présentation permettra ainsi de faire des ponts entre la psychologie et la didactique des mathématiques auprès des élèves de pré-maternelle.
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Communication orale
L’enseignement des mathématiques au préscolaire en débatS : jouer ou apprendre ? ou comment jouer pour bien apprendre ?Joëlle Vlassis (Université du Luxembourg)
L’enseignement des mathématiques au préscolaire (3 - 6 ans) est actuellement au cœur de multiples débats. Pour certains chercheurs, le préscolaire doit avant tout contribuer au développement social et émotionnel des enfants, tandis que pour d’autres, il s’agit également de cibler les apprentissages académiques. En mathématiques, de nombreux travaux montrent l’importance pour la réussite future des enfants, de leur enseigner les premières compétences numériques (Nguyen, et al., 2016). L’une des problématiques les plus discutées actuellement concerne la relation entre le jeu et l'enseignement : L'enseignement doit-il être intégré ou séparé du jeu (Bjorklund, 2017)? D’autres questions se posent également : Quels types de jeux proposer ? Quel rôle attribuer à l’enseignant ?
Dans cette communication, nous montrerons qu’une approche basée sur des jeux peut permettre de rejoindre des objectifs d’apprentissage et de développement social des enfants. Dans ce contexte, l’enseignant a un rôle primordial à jouer. Il est de son ressort de partir des actions des enfants dans le jeu pour leur attribuer une signification mathématique et ainsi de faire progressivement émerger une pensée mathématique (van Oers, 2010).
Pour illustrer ces débats, nous présenterons quelques résultats d’une recherche menée au Luxembourg. Celle-ci visait le développement des compétences numériques au préscolaire sur la base d’une approche basée sur des jeux de société traditionnels, avec une composante parentale.
Dîner
Accompagnement
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Communication orale
Regard sur l’approche éducative intégrée et les progressions développementales : éveil aux mathématiques à l’éducation préscolaireMarilyn Dupuis Brouillette (UdeS - Université de Sherbrooke), Thomas Rajotte (Université du Québec à Rimouski), Charlaine St-Jean (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
L’approche éducative intégrée (AEI) comporte différents principes pédagogiques qui influencent directement les pratiques enseignantes mises en place auprès des enfants. Ainsi, plusieurs aspects du quotidien à l’éducation préscolaire sont teintés par les principes pédagogiques de l’AEI, dont l’accompagnement des enseignants lors du développement des notions en mathématiques. Certaines pratiques éducatives développées par l’enseignant peuvent encourager tous les enfants à explorer, à découvrir et à laisser place à une plus grande curiosité et, par conséquent, à favoriser le développement de leur plein potentiel (Morin, 2005), dont leur potentiel en mathématiques (McGuire, 2010).
Cette communication présente une analyse des pratiques enseignantes en lien avec l‘AEI et de l’éveil aux mathématiques. Une présentation d’une activité mathématique qui aborde la notion de mesure est réalisée, suivie des analyses contextualisées sur le plan des pratiques enseignantes et sur le plan de la progression développementale de l’éveil aux mathématiques (Clements et Sarama, 2009). Conformément à d’autres études, les pratiques suggérées ici stimulent la curiosité intellectuelle, encourage le questionnement, l’exploration et la discussion avec les pairs (McGuire, 2010), ce qui favorise le développement de l’éveil aux mathématiques.
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Communication orale
Soutenir les activités numériques des enseignants de maternelle dans leur classeAnne Lafay (Université Concordia), Rebecca Maccaul (Université Concordia), Helena Osana (Université Concordia), Quessia Sinda (Université Concordia)
Les compétences numériques précoces (ex : dénombrement, représentations symboliques du nombre) des enfants sont fortement reliées à leur réussite mathématique future à l’école. Au cours des premières années, les compétences numériques des enfants se développent grâce à des activités qui ciblent les compétences de base et à des conversations en classe conceptuellement riches qui permettent de poser les bases des mathématiques. Les enseignants de maternelle s’interrogent toutefois souvent sur les types d’activités appropriées et nécessaires pour leurs élèves. Par conséquent, ils bénéficient d’un développement professionnel soutenu qui cible les compétences et les stratégies clés en numératie pour faire participer les jeunes enfants à des activités productives à propos des nombres.
Le Partenariat en numératie précoce (Early Numeracy Partnership) a été créé pour offrir du développement professionnel aux enseignants de maternelle dans une région urbaine socioéconomique défavorisée du Québec. Nous avons offert trois ateliers d’un jour axés sur la pensée mathématique des enfants et sur les façons de les engager dans des conversations qui appuieraient le développement de compétences numériques clés. Nous avons aussi offert un soutien intensif directement en classe aux enseignants qui interagissaient avec leurs élèves. Nous présenterons une description des activités du projet et des données sur les compétences numériques des enfants au début et à la fin de l’année scolaire.
Curriculum
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Communication orale
Un référentiel de compétences et de nouveaux programmes pour l’enseignement préscolaire en Belgique francophone : quels enjeux pour les enseignants ?Annick Fagnant (UNIVERSITÉ DE LIÈGE)
Dans le cadre du « Pacte pour un enseignement d’Excellence », la Belgique francophone connaît actuellement des réformes dont les ambitions sont notamment de réduire l’échec scolaire et de créer un tronc commun jusqu’à l’âge de 15 ans. Dans ce cadre, un référentiel balisant les apprentissages à réaliser durant les trois années du préscolaire a vu le jour pour la première fois. Ce référentiel a été approuvé par le gouvernement en été 2020 et les différents réseaux d’enseignement sont en train de créer leurs programmes en cohérence avec ce nouveau prescrit légal. Il tente de conjuguer une vision globale de l’enfant (prenant notamment en compte le développement de l’autonomie dans les registres affectifs, sociaux, psychomoteurs, cognitifs et langagiers) avec une définition précise des savoirs, savoir-faire et compétences propres aux différents domaines, ainsi que des « attendus » que devront maîtriser les élèves au terme de la 2e et de la 3e année du préscolaire.
La communication questionnera, sous trois angles, les enjeux auxquels auront à faire face les enseignants : (1) conjuguer une vision globale de l’enfant et un apparent morcellement des contenus à enseigner ; (2) concilier le respect des rythmes de chacun et la lutte contre l’échec scolaire avec un découpage annuel des « attendus » ; (3) développer des activités mathématiques structurées, mais aussi se saisir des moments de jeux libres pour promouvoir les apprentissage (Gasteiger, & Benz, 2018 ; Ginsburg, & Amit, 2008).
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Communication orale
L’éducation préscolaire : une approche à développerLouis Côté (Université de Sherbrooke), Julie Myre-Bisaillon (UdeS - Université de Sherbrooke)
Alors que la maternelle 5 ans posait déjà le défi de s’entendre sur l’approche à déployer dans la classe, l’arrivée des maternelle 4 ans vient confirmer l’urgence de se pencher sur cette approche. Alors que le discours ambiant politique semble vouloir scolariser les enfants de plus en plus tôt, que les spécialistes de contenus se questionnent sur la place de ces derniers au préscolaire, une réflexion s’impose. À partir de 15 ans de recherche dans le domaine de la petite enfance et de l’éducation préscolaire, de constats appuyés de résultats de recherche, cette présentation sera une occasion de se pencher sur l’approche qu’on pourrait souhaiter voir se développer à l’éducation préscolaire, le rôle de l’adulte auprès des enfants de 4 et 5 ans et les défis de la formation des maîtres, la délicate question de la place des garçons dans cette « nouvelle » éducation. Si les résultats qui serviront de point de départ à cette réflexion sont issus de travaux majoritairement menés en littératie, ils posent eux aussi la question de la cohabitation des approches développementales et des approches liées au contenu. Ainsi, la présentation devrait permettre de contribuer à la réflexion sur la définition ou redéfinition de l’approche à déployer à l’éducation préscolaire.
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Communication orale
Comment faire des mathématiques, une activité naturelle au préscolaire, en contextes d’apprentissage et/ou d’évaluation ?Manon Boily (Université du Québec à Montréal), Geneviève Lessard (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Dans le cadre d’une démarche de développement professionnel des mathématiques au préscolaire, nous avons accompagné des enseignantes qui souhaitaient s’extraire d’une évaluation « traditionnelle » afin d’être cohérentes avec les pratiques d’apprentissage par le jeu qu’elles prônent dans leur classe. Lors de cette recherche collaborative réunissant 16 enseignantes, deux chercheures et deux conseillères pédagogiques, nous nous sommes interrogées à savoir : Comment voir les mathématiques dans le jeu libre des enfants et les repérer dans les centres? Quel questionnement et quelles formes d’évaluation réaliser et mettre en œuvre pour soutenir adéquatement l’enfant dans l’élaboration d’une pensée mathématique lui permettant une meilleure compréhension du monde et de multiples possibilités pour l’explorer. Cette recherche nous a permis de documenter les occasions et les modes d’évaluation en contexte réel et informel en mathématiques ainsi que les rôles de l’adulte dans le jeu spontané (guidé ou libre) de l’enfant afin de respecter son développement. Elle nous a permis de mettre en lumière les composantes à intégrer dans une approche développementale et à réfléchir aux questions suivantes : Comment permettre aux enfants d’accéder à des expériences mathématiques en privilégiant une approche développementale? Quelle posture prioriser chez l’adulte et l’enfant pour l’amener vers de nombreuses possibilités d’apprentissage qui s’offrent à lui, notamment ceux en mathématiques?
Dîner
Construction de concepts mathématiques
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Communication orale
Travailler avec les formes géométriques en maternelle : activisme ou activité intellectuelle ?Valentina Celi (Université de Bordeaux)
Dans les pratiques enseignantes de l’école maternelle (3-5 ans), en France, nous constatons des usages très contrastés des matériels autours des formes géométriques : soit ils sont exploités comme situations d’éveil ou de loisir, soit le travail ne porte que sur des figures usuelles, en se focalisant trop rapidement sur la mémorisation d’un lexique géométrique formel et sans se soucier véritablement de la construction des concepts qu’il sous-entend ; le faire prenant une place importante à cet âge-là, une sorte d’activisme l’emporte souvent sur l’activité intellectuelle qui pourrait être visée.
Peut-on postuler qu’un travail sur les formes géométriques permet, dès la maternelle, la construction des premières connaissances géométriques ? Une telle construction est-elle réalisable, en respectant le développement global de l’enfant (notamment cognitif, langagier et moteur) ?
Le rôle de l’enseignant est alors interrogé : reconnaît-il le potentiel des matériels qu’il met dans les mains de ses élèves et des activités dans lesquelles il les implique ? Sait-il que ce travail peut correspondre à un prélude essentiel aux apprentissages géométriques futurs ? (Celi & Semmarty, 2018 ; Celi et al., 2019)
En cherchant des éléments de réponse à ces questions, nous participons à un débat plus large sur une éventuelle voie possible, pour l’école maternelle, entre un lieu de jeu et de récréation et une école élémentaire (6-10 ans) édulcorée. -
Communication orale
La perspective développementale dans les recherches sur la pensée algébrique au préscolaireNathalie Anwandter Cuellar (UQO - Université du Québec en Outaouais), Elena Polotskaia (Université du Québec en Outaouais)
En mathématiques, plusieurs recherches proposent de développer la « pensée algébrique » au primaire et au préscolaire afin de soutenir l’apprentissage de l’algèbre formelle du secondaire. Cependant, il existe une incertitude quant aux approches et pratiques à mettre en place par les éducateurs et éducatrices afin d’introduire la pensée algébrique. En particulier, deux philosophies existent concernant l’apprentissage au préscolaire. La première met l’accent sur les contenus dans une visée de préparation à l’école et l’autre se centre sur les besoins de l’enfant et son développement globale.
Dans un récent projet, nous avons réalisé une synthèse de la littérature scientifique sur les pratiques favorables au développement de la pensée algébrique chez les élèves du préscolaire. Dans cette présentation, nous allons questionner les approches mises de l’avant par ces recherches du point de vue de la perspective développementale et de celle centrée sur les contenus : Comment tiennent-elles compte des besoins développementaux de l’enfant ? Dans quelle mesure et de quelle manière répondent-elles aux besoins développementaux de l’enfant ? L’objectif étant de donner des pistes sur les approches favorables à la coexistence de l’apprentissage des mathématiques et de la perspective développementale au préscolaire.