Le récit de soi comporte une puissance qui conjugue les dynamiques de formation de soi et de compréhension du monde (Dominicé, 1990; Leray, 1995; Pineau, 2006). Par le passage de l’expérience au langage et le travail de mise en mots du vécu, des processus de compréhension de soi et d’intercompréhension biographique peuvent advenir, permettant de produire de nouvelles connaissances (Breton, 2017). Dans ce colloque, nous interrogeons les usages contemporains des récits de vie en situant leurs ancrages théoriques et en déployant des aspects méthodologiques afin de caractériser les effets de compréhension qu’ils génèrent à la fois chez les chercheurs et chez les sujets qui s’impliquent.
L’utilisation des récits de vie en sciences sociales et humaines à des fins de recherche est loin de s’épuiser si l’on considère l’élargissement et la multiplicité de son emploi dans différents champs. Initialement employés en histoire, en anthropologie et en sociologie (Gottschalk, Kluckhohn et Angell, 1945), ils le sont à présent dans d’autres domaines (psychologie, travail social, sciences de la santé, sciences de l’éducation, etc.). La diversité des applications touche les aspects méthodologiques de l’emploi des récits de vie et concerne aussi les ancrages théoriques qui les orientent (interactionnisme symbolique, phénoménologie, ethnométhodologie, herméneutique, entre autres) (Bernard, 2014; Breton, 2019; Finger, 1984; Legrand, 1992; Malet, 2000; Woods, 1990). Les personnes et groupes sociaux concernés par les récits sont également diversifiés et les objets théoriques sont pluriels : décrochage scolaire, résilience, incidents critiques, événement biographique, pour en nommer quelques-uns (Barrère, 2002; Bessin, 2009; Demba, 2012; Lani-Bayle et Slowik, 2016). Le colloque est l’occasion, par l’exposition de recherches provenant des champs de l’éducation, de la formation et de la santé, d’examiner, de caractériser et de mettre à jour : les protocoles de recherche mobilisant le récit dans une visée compréhensive; les procédés de catégorisation propres à l’analyse de contenu lors des enquêtes narratives; les effets de compréhension et les connaissances produites par les approches narratives et biographiques (Delory-Momberger, 2017; Poirier, Clapier-Valladon et Raybaud, 1996).
Remerciements
Nous remercions l'Association internationale des récits de vie en formation et de recherche biographique en éducation (ASIHVIF), le Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) et l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) pour le soutien offert pour la réalisation de ce colloque.